5/6 Comment Alice Guy a vu naître Hollywood

ILLUSTRATION : LOUISE DE CROZALS

ILLUSTRATION : LOUISE DE CROZALS

Au début de cet épisode 5 d’Une Autre Histoire Alice a 38 ans. Elle est enceinte de son deuxième enfant lorsqu’elle installe, à Fort-Lee, dans la banlieue de New York, ses nouveaux studios, pas loin de ceux de Carl Lammle, futur fondateur d’Universal et ceux d’Adolphe Zukor, futur patron de la Paramount. 

Les studios de la Solax sont impressionnants, près de 500 m2 construits, avec au rez-de chaussée, les bureaux d’Alice, ainsi que le département vente et publicité, à l’étage, une salle pour les scénaristes, des laboratoires, une salle de projection et au deuxième étage, les studios de tournage à proprement parler. 

L’année 1912, celle où Alice s’installe à Fort-Lee, va marquer un tournant dans l’histoire de l’industrie du cinéma américain, donc du film. Alice n’est pas la seule à avoir envie d’envoyer valser le trust d’Edison qui fait la loi dans le cinéma américain et impose une production incessante de films courts, les fameux « one reel », films  d’une bobine, pas plus de quinze minutes.

Petit à petit le long métrage, film d’une heure et d’avantage va s’imposer comme la norme. Alice va enfin pouvoir faire les films dont elle a envie. Des films longs, des films qui ont plus d’ampleur. Mais alors qu’un film d’une bobine demande deux ou trois jours de préparation, les premiers « trois bobines » mobilisent le personnel pendant tout un mois. Ces films sont amples certes, mais chers, et difficile à produire. 

Alice a des ambitions artistiques et elle veut garder l’indépendance de la Solax.  Mais peut-on vraiment être libre dans un monde qui porte en germe les futurs et hégémoniques studios d’Hollywood ? 

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Article tiré d’un texte rédigé par Yasmine Benkiran.

4/6 Comment le cinéma français s'est exporté en Amérique

ILLUSTRATION : LOUISE DE CROZALS

ILLUSTRATION : LOUISE DE CROZALS

L’épisode 4 d’Une Autre Histoire débute en 1907. Il est quatre heures du matin. Sur son paquebot, en pleine traversée de l’Atlantique, Alice Guy ne pourrait pas dire quel jour on est tant cette traversée lui semble interminable. Elle a le mal de mer, elle sort sur le pont du paquebot. Une nuit sans lune, une brume épaisse. Mais on distingue enfin des lumières au loin : des gratte-ciel et bientôt la statue de la liberté. 

Autour d’Alice, on crie, on applaudit, on se réjouit. Alice ne parle pas l’anglais. Elle n’a pas envie d’être là. Les studios Gaumont, les équipes de tournages, les comédiens lui manquent déjà. Pourtant les policiers d’Ellis Island ne se montrent pas désagréables avec Alice et Herbert, son tout nouveau mari, qui a près de dix ans de moins qu’elle. Ils semblent être des candidats idéaux à l’immigration. Le couple remplit le formulaire qu’on leur donne. Les questions leur semblent absurdes : oui, leur casier judiciaire est vierge, non, ils ne sont pas bigames.

Tout est nouveau pour Alice. A Broadway, des centaines de passants se bousculent. Elle croit à une révolution. C’est simplement l’heure de pointe. Après quelques jours à New York, il faut partir pour Cleveland, dans le Midwest, sur les rives du lac Erié. C’est là que les clients de Gaumont résident. Ils ont acquis le chronophone, cette machine qui tente de synchroniser le son et l’image. Herbert a été envoyé aux Etats Unis pour les aider à faire fonctionner l’appareil. 

Encore 650 km de voyage. En train cette fois-ci. Alice a l’impression que tous les villages qu’elle traverse se ressemblent : une grande épicerie, des bars, un hôtel avec une véranda où les hommes se balancent sur des rocking-chairs. Et ce paysage qui recommence sans cesse.

Alice a 34 ans. La vie dans le Midwest est douce... mais terriblement ennuyeuse pour celle qui a participé à la naissance du cinéma. Alice s’inscrit à l’Alliance française pour apprendre l’anglais, elle adopte la robe à l’américaine : courte et plus pratique. Bientôt, elle accouche de sa première fille, Simone. C’est un grand bonheur pour le couple Guy-Blaché mais Alice n’en peut plus de ne pas travailler. Elle trépigne. Le cinéma lui manque terriblement. Elle est faite pour ça.

Nous sommes aux Etats Unis au début du XXème siècle et le rêve américain existe bel et bien. Surtout lorsqu’on a s’appelle Alice Guy e3t qu’on a le talent, l’expérience, et l’audace des pionniers.

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Article tiré d’un texte rédigé par Yasmine Benkiran.