Marcia Burnier : “Les groupes de meufs peuvent constituer une famille choisie”

Générique 

Agathe le Taillandier  : Le mot “sororité” vient du latin soror, que l’on peut traduire par “soeur”. Il signifie au Moyen-âge “une communauté religieuse de femmes”. Rabelais au 16ème siècle délaisse sa connotation religieuse pour désigner plus librement une “ communauté de femmes ayant une relation, des liens.” La sororité n’est donc plus lien de sang ou cercle lié par la foi : elle s'émancipe peu à peu de ses origines étymologiques. Le terme disparaît ensuite de l’usage, pour ne reprendre vie que des siècles plus tard. C’est l’écrivaine Chloé Delaume qui raconte cela dans son texte Mes bien chères soeurs, paru en 2019. Dans le chapitre consacré aux “aventures du mot sororité”, elle propose deux responsables à cette disparition. D’un côté, l’Eglise qui appréciait peu qu’en dehors des couvents, les femmes se réunissent ; de l’autre la méfiance des hommes face à ces liens desquels pouvaient jaillir indépendance et autogestion. Chloé Delaume conclut : “quand un mot n’est plus dit, plus prononcé, ce qu’il désigne disparaît aussi des esprits.” 

La sororité est de nouveau en lumière et elle au coeur du livre du jour, un essai personnel, choisi par l’écrivaine franco-suisse Marcia Burnier. Elle signe Les orageuses aux éditions Cambourakis, son premier roman autour des violences sexuelles et des solidarités féminines. 

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Générique 

Marcia Burnier J’habite dans un appartement avec quatre autres personnes et deux chats. Et donc ma chambre, c’est un peu l’endroit où je suis tranquille. Ça n’appartient qu’à moi, c’est moi qui ai choisi la déco, c’est le seul endroit où je peux être tranquille. Et donc c’est une assez grande chambre avec un parquet qui grince, deux grandes fenêtres qui donnent sur une cour intérieure et de laquelle je peux observer la vie du voisinage. Là, si je me tourne et que je suis dos au bureau, j’ai deux petits rayonnages sur le côté gauche, où il y a la fin de la collection de livres plus la pile “à lire”. Et à droite, j’ai deux grands meubles, où certains des rayonnages sont utilisés comme bibliothèque. Puis un autre grand rayonnage au-dessus de mon lit avec toute une partie des livres. 

Alors, on a l’impression que c’est bordélique mais il y a quand même un type de rangement. Déjà il y a trois rayonnantes, quatre rayonnages qui sont, ah non cinq rayonnages ! En fait, il y en a cinq, qui sont utilisés par des essais. Ils sont classés par ordre alphabétique. Mes romans sont aussi classés par ordre alphabétique. C’est pas moi qui l’ai fait. Je crois que je fantasmais beaucoup d’avoir une bibliothèque rangée par ordre alphabétique. Et puis, il se trouve que pour une sombre histoire de cuisse brûlée à l’eau chaude, par accident, j’ai obtenu en compensation de ma copine, qu’elle range cette bibliothèque par ordre alphabétique. Et j’essaie de la maintenir, du coup, depuis un an et demi comme ça et ça ne marche pas trop mal. Et c’est vrai que c’est beaucoup plus facile pour trouver des livres. Ça je dois lui accorder ! 

Musique

Là, tout de suite à côté de la pile de livres à lire, il y a un livre que j’aime énormément, qui s’appelle Peau, de Dorothy Allison. Alors le titre en entier c’est Peau, à propos de sexe, de classe et de littérature. Donc moi j’ai la version qui a été publiée en 2015 dans la collection Sorcières par les éditions Cambourakis. Mais c’est déjà un livre qui avait déjà été publié en français en 1999. Il est sorti aux Etats-Unis en 1994. C’est un livre qui doit faire à peu près 300 pages. Le mien est extrêmement déchiré. J’ai vraiment mis en pièce la couverture parce que je l’ai vraiment lu énormément de fois. La couverture est d’ailleurs vraiment très belle. 

Et c’est vrai que Peau, je l’ai lu pour la première fois en mars 2016, et j’ai été complètement absorbée ! Je l’avais choisi parce que je voyais beaucoup de gens en parler, sur les réseaux sociaux, de cette réédition, que c’était super. Je crois qu’en 2016, je suis à une période de ma vie où j’ai envie de lire - et c’est marrant parce qu’elle en parle, Dorothy Allison dedans - mais j’ai envie de lire tout ce qui peut avoir trait aux lesbiennes. Et donc je ne me pose pas trop la question du contenu. Je veux dire, je ne suis pas spécialement attirée par la quatrième de couverture ou… Je me dis juste bah, tout le monde dit que Dorothy Allison c’est une autrice vraiment emblématique, bah j’ai envie de lire ça ! Je pense que j’avais vraiment cette espèce de soif de lire des livres à propos de gens qui me ressemblent. Et elle le dit d’ailleurs, elle dit que pendant une grande partie de sa vie si un livre parle d’une lesbienne, elle le lit, même s’il s’agit de fiction assomante, et d’études franchement grotesques. Moi je pense que j’ai choisi ce livre pour ça. Mais par contre, heureusement, ça n’était ni assommant, ni grotesque. Mais je crois que je ne m’attendais pas à grand-chose en lisant ce livre-là.

Et là j’ai été complètement transformée. Je crois que je ne l’ai pas lâché. Je l’ai lu, voilà, pendant plusieurs jours. Je crois que j’ai même annulé des choses que je devais faire juste pour pouvoir le lire. Et c’est vrai que moi ça n’est pas spécialement rare mais c’est un moment que j’adore : quand un livre arrive à me prendre comme ça, et que j’ai pas l’impression que c’est une corvée de devoir continuer parce que j’ai envie de savoir ce qu’il se passe. Et l’autre chose qui est très rare c’est que, moi j’ai peu d’essais qui me font cet effet là hein. Et elle, c’est une collection d’essais mais c’est vrai que je trouve ça presque réducteur de dire que c’est des essais. Elle parle de son rapport à elle à la sexualité, à la violence, à l’inceste, à la manière dont elle écrit etc. Et donc je pense que je l’ai lu une première fois, en étant bouleversée par certaines choses. Et puis ensuite, j’ai acheté tous ses livres. J’ai acheté les livres qui avaient été traduits en français, puis j’ai acheté les livres en anglais. Notamment un recueil de nouvelles qui s’appelle Trash, qui va être traduit mais qui est absolument incroyable. J’ai lu ses romans. Et puis après j’ai relu Peau une deuxième fois, avec toute cette littérature là en tête. Et je crois que ça m’a fait à nouveau un énorme choc. Parce qu'entre-temps, moi je m’étais mis à vraiment écrire, à me lancer quoi. Et de le relire, parce qu’elle parle beaucoup de la littérature, de son rapport à la fois à l’écriture et aux livres qu’elle a lus. Et du coup ça m’a fait une deuxième claque de lire ça. C’était plus, juste, que je le lisais et que j’avais l’impression d’être représentée en tant que lesbienne, c’était encore autre chose. J’avais l’impression qu’elle me parlait en tant qu’autrice. Et Peau c’est un livre qui m’a fait me sentir autrice. Ce qui est très rare. J’ai encore du mal, après avoir publié Les Orageuses, à me sentir réellement écrivaine ou autrice. Mais je crois quand j’ai un problème de confiance en moi, ou quand j’ai l’impression de ne pas être légitime,  ou quand j’ai l’impression de ne pas écrire assez bien pour pouvoir être considérée comme une autrice, eh bien je relis Peau et c’est instantané. Elle me parle, directement, comme si c’était Dorothy Allison qui me disait en direct mais bien sûr que si, ce que tu écris c’est de la littérature ! Et d’ailleurs, quand j’ai appris que Les Orageuses allaient être imprimé, pas édité mais il a été lancé  sur presse (je crois qu’on dit), j’ai écrit à Dorothy Allison. Alors je lui ai écrit via Instagram, ce qui était un peu étrange mais c’était le confinement et je crois que je n’avais rien à perdre. Et en fait elle m’a répondu. Moi je lui avais écrit pour la remercier. Pour lui dire qu’elle avait vraiment révolutionné ma vie. Qu’elle n’avait pas juste révolutionné, je ne sais pas, mon rapport à la sexualité. Mais elle m’avait vraiment, elle m’avait presque transformée en autrice et que pour ça je la remerciais. Et elle m’a écrit quelque chose de très chou. Elle m’a écrit un petit texte et elle m’a souhaité bonne chance. Ce que j’ai trouvé très chouette. Et en tous cas, qui m’a énormément touchée. 

Je pense aussi qu’il y a une autre chose qui m’a fait prendre conscience de, à quel point c’est difficile de se dire autrice quand on est une femme. Quand on est une femme lesbienne. Ou quand on est féministe. C’est la question des conditions matérielles. Et elle, je pense qu’elle va plus loin. Je crois que j’avais commencé Virginia Woolf, Une chambre à soi. Ou Une pièce à soi dans la dernière traduction. Je trouvais ça hyper intéressant. Mais Dorothy Allison, elle parle aussi de sa vie en tant que militante féministe : du fait qu’à un moment donné elle essaie de créer un centre d’appels pour victimes de viol, qu’elle est éditrice dans un magazine. Elle essaie de faire plein de choses. Elle a son boulot pour gagner sa vie. Elle fait beaucoup de choses et que du coup, donner du temps à l’écriture, est compliqué. Et ça aussi c’est quelque chose qui m’a vraiment marquée, c’est que moi pendant longtemps j’ai été dans cet espèce de dilemme là qui était que, je militais dans des organisations féministes, il se trouve que là en ce moment j’ai deux travails. Je travaille au planning familial et dans une association d’aide juridique pour les migrants. J’essaie de faire aussi un peu de bénévolat… Enfin voilà, ma vie est… J’essaie de la remplir en fonction de ce que je pense être juste. Et de comment redonner mon temps pour en gros faire avancer une cause. Mais du coup, ça ne donne pas tellement de temps pour l’écriture. Et je pense, qu’à un moment donné, se dire autrice c’est aussi accepter de donner du temps à ça, à la littérature, et d’accepter qu’il faut donner de la valeur à ce que l’on écrit. Parce que donner de la valeur, ça veut dire qu’on accepte de prendre le temps de notre journée, ou de nos vacances etc. Et de ne faire que ça. 

Moi j’ai avancé dans mon écriture le jour où, d’abord, j’ai été au chômage, où j’ai commencé à écrire, beaucoup. Puis ensuite j’ai retrouvé du travail. Et là j’ai de nouveau arrêté d’écrire. Et ensuite, quand je me suis lancée dans le roman, un peu pour la dernière ligne droite, j’ai quitté mon boulot, enfin un de mes boulots, pour pouvoir avoir un peu de temps mental. Donc je me suis mise au chômage et ça m’a permis, j’ai eu le luxe d’avoir du temps pour pouvoir écrire. 

Je pense, Peau, c’est un livre qui montre que… En fait, il n’y a aucune raison que nous, nos vies, plus ou moins marginales aient pas voie au chapitre dans la littérature. Il n’y aucune raison qu’on se sente si peu légitime à écrire sur nous. Et c’est vrai que moi ça m’arrive, en m’endormant le soir, d’oser rêver que ma vie puisse uniquement dépendre de l’écriture. Je pense que je suis encore convaincue que ça n’arrivera jamais mais en tous cas, ça me fait rêver. 

Je pense qu’il y a autre chose qui m’a vraiment touchée dans Peau. C’est une scène dans un essai qui s’appelle La stratégie du fusil de chasse. Qui est une scène où il y a deux femmes, qui sont dans un groupe de paroles. Dorothy Allison y est. Il y a une femme qui raconte à quel point elle déteste son père. Et qui dit qu’elle rêve de prendre un fusil de chasse et de le tuer. Et Dorothy Allison, elle raconte à quel point ça lui a fait du bien d’entendre ça. D’entendre cette femme dire à quel point elle déteste son père, parce que son père est un agresseur. Et elle lui dit : “je tuerai votre père si vous tuez le mien”. Elle raconte le lien que ça crée entre les deux. Et c’est vrai qu’en lisant ça, on se dit que cette question là, de l’entraide entre femmes, elle est trop souvent, je trouve, pas mise en avant ! Et c’est que moi j’espère qu’il y ait de plus en plus de livres avec des personnages féminins très riches et très développés qui s’entraident entre elles. Qu’on arrête de mettre, d’écrire, à propos de femmes qui sont en concurrence ou qui se trahissent ou qui se sauvent grâce à un homme qui arrive dans leur vie. Moi je pense qu’il faut qu’on arrive à accepter que des romans peuvent être très bons, seulement avec des personnages féminins. Moi c’est sûr que c’est ça que j’ai eu envie d’entreprendre dans le livre. J’ai eu envie que les femmes lisent ce livre en se disant, et le terminent en se disant : d’une je vais le passer à mes copines et de deux peut-être que je vais les appeler, je vais voir comment elles vont.  Et je vais voir si je peux faire quelque chose pour elles ou si elles peuvent faire quelque chose pour moi. Ça c’est sûr que c’est quelque chose que j’avais en tête. Je crois même, en allant plus loin, que les premières personnes pour qui j’ai écrit ce livre, c’est mes copines. Je m’en rappelle qu’on en a beaucoup parlé. C’est un livre qui n’est pas du tout resté secret, qui a été écrit, nourrit par toutes les discussions qu’on a pu avoir entre copines, toutes les réflexions, toutes les colères qu’on a eues. Et c’était un moyen de leur dire : toutes ces discussions là, on va les faire sortir dans le monde, on va leur donner de la valeur, on va les publier. Et on se disait toujours : si personne ne le publie, ça sera un livre qu’on se passera nous, entre nous. Ça sera un cadeau que l’on se fait. On aura mis nos histoires sur papier. 

Moi, je pense que cette histoire de valoriser les groupes de meufs, c’est très important et ça m’a accompagnée dans Les Orageuses. Et je trouve que dans Peau, le collectif ressort énormément là-dedans. 

Elle parle aussi, dans l’un des essais, de ses amies qui viennent tout d’un coup, de toutes ces lesbiennes qui viennent l’aider à retaper sa maison. Bon, moi je crois vraiment que les groupes de meufs peuvent constituer une famille choisie. Si on en prend soin ça peut être des liens qui sont de l’ordre de la famille, qui sont de l’ordre sororal au sens premier du terme. C’est pas tant que l’on ne s’entend pas avec la famille avec laquelle on a grandi et que du coup on va chercher une autre famille. Ça peut. Mais c’est aussi que les familles élargies, d’autres types de liens familiaux doivent pouvoir exister. On doit pouvoir arriver à mettre ça en scène, à les valoriser. A montrer que ces liens là, en dehors du couple, et en dehors des parents peuvent avoir une importance énorme dans la vie des femmes, et de tout le monde. 

Je crois que, l’une des choses qui m’a marquée sur Peau, c’est quand elle dit que les meilleures fictions viennent de l’endroit où se tapit la terreur, à la lisière des pires choses en nous. Je crois qu’elle pose la question de : est-ce que les choses les plus dures à écrire, celles qui nous font le plus peur sont les seules qui valent la peine d’être racontées ? Moi je ne pense pas que ça soit les seules qui valent la peine d’être racontées mais je pense que c’est intéressant d’aller les chercher. Je ne sais pas s’il m’a fallu du courage pour écrire ce livre. Moi je crois plutôt que, je ne me suis pas sentie courageuse mais je me suis sentie dans l’urgence de l’écrire. En tous cas, par contre, je sais que j’ai eu une facilité à écrire dans un état d’esprit. Que ça soit en colère soit mélancolique. Et que c’était cet état d’esprit là qui me permettait d’écrire des pages et des pages. Et c’est vrai que du coup je ne pense pas que ça me demande du courage. Mais je pense par contre qu’il y a un moment donné où j’ai dû choisir. Et que j’ai dû décider de ne pas censurer ce que j’avais envie de raconter. Que j’ai dû décider de tout dire. Et de donner tous les aspects de ce qu’il me semblait important à dire sur la question du trauma, après le viol, sans édulcorer. Sans penser à mes parents, sans penser à l’entourage qui lirait. Voilà ! En me disant : bah la vérité c’est ça et tant pis si ensuite ils projettent, tant pis si ensuite ils se demandent si c’est moi qui suis décrite. Voilà, il faut y aller. Il faut écrire tout ce que j’ai envie d’écrire. 

Musique

Les livres qui m’ont marquée récemment, c’est quand même un livre incroyable. Et je pense que ça a influencé mon projet de roman, c’est ce livre qui s’appelle Dans la forêt de Jean Hegland, qui est un livre incroyable qui a été réédité récemment. Qui, pour le coup, illustre très bien la question de la sororité au sens premier c’est-à-dire que c’est deux sœurs qui se retrouvent à habiter dans la forêt, au milieu de la l’apocalypse. Et ce livre est incroyable, justement sur ce qu’est ce que ça veut dire de choisir sa sœur plutôt qu’une autre forme de famille. Et qu’est ce que ça veut dire de constituer une famille à deux, comme ça ? Qu’est ce qu’on peut y faire ? Et je trouve ça vraiment absolument magique. 

Et un autre livre que je trouve fantastique c’est Trouver l’enfant de Rene Denfeld. Qui est un roman policier et c’est vrai que moi je lis énormément de romans policiers. Je trouve que c’est dommage que ça ne soit pas plus valorisé dans la littérature. Moi je trouve qu’il y a des trucs incroyables qui sont faits dans la littérature policière. Et donc celui-là, c’est un livre qui a été écrit par une ancienne victime d’inceste. Qui est une ancienne fille qui a dû fuir son foyer suite à un beau père incestueux, qui en plus, évidemment a nié les faits. Donc elle n’a pas pu se protéger de ces agissements. Et donc elle a écrit deux romans. Peut-être trois mais en tout cas deux que j’ai lu. Donc Trouver l’enfant qui est fantastique, justement sur l’effet du trauma des violences sexuelles sur les enfants. Elle est extrêmement juste. Et je me dis, parfois, ces récits-là ils ne sont pas à chercher forcément là où on s’attend à les trouver. Voilà, là c’est un roman policier et j’ai envie de le conseiller à tout, tout le monde ! Il est ni voyeuriste, il est vraiment juste intéressant ! Et ça je pense que je suis assez contente d’avoir hérité ça de mes parents : toute forme de littérature est intéressante. Il n’y a pas de hiérarchie. Nous, à la maison, on lisait de tout. Bon, de tout… Peut-être très peu de classiques mais on lisait quand même énormément de choses. Et oui je pense que ça, ça m’accompagne encore. 

Sur cette question de justesse et de quelle vie on a le droit de mettre en mot, et en livre, il y a un autre livre qui est incroyable et là, je le vois si je me tourne, dans ma bibliothèque. Et si je le prends, je crois qu’il y a encore les traces de mes larmes sur les derniers… Oui sur les dernières pages ! Parce qu’il est très très triste, la fin est très triste. C’est un livre qui s’appelle Une vie comme les autres de Hanya Yanagihara. C’est un livre incroyable ! Qui raconte. Alors ça va vous paraître étrange parce que c’est l’histoire de quatre hommes, de quatre hommes qui sont amis depuis l’université aux EU, à New York. Et il y a un des hommes qui a été victime d’un traumatisme pendant l’enfance, énorme. Et du coup c’est l’un des romans les plus justes et les plus incroyables  sur qu’est-ce que c’es que l’amitié. C’est un roman très honnête sur qu’est ce que c’est que le traumatisme sexuel. Enfin le traumatisme de la violence sexuelle. Il est splendide, il est très dur à lire. Enfin j’ai trouvé. Il est vraiment incroyable. C’est des hommes vulnérables. C’est des hommes dont la sexualité est fluide. Vraiment, je pense que des livres comme ça il y en a très peu. Et vraiment ça dit des choses qui sont très peu dites, qui sont très peu représentées. Voilà : comment des amitiés d’hommes peuvent se transformer en histoires d’amour, comment des hétéros peuvent cohabiter avec des homos. Comment, on peut être un homme et avoir été violé dans l’enfance.  Et qu’est-ce que ça a comme conséquence. Vraiment, je trouve que c’est splendide. Et voilà, c’est vraiment un livre que je conseille tout en mettant comme bémole que moi j’ai trouvé ça vraiment dur à lire. Mais en même temps vraiment splendide si on se sent de le faire. 

Générique 

Agathe le Taillandier : Vous venez d’écouter Marcia Burnier, à son micro, et elle répondait aux questions d’Oriane Olivier. Elle vous recommande le livre Peau, à propos de sexe, de classe et de littérature, de Dorothy Alisson, réédité aux Editions Cambourakis, dans une traduction de Nicolas Milon et Camille Olivier. 

Marcia Burnier est écrivaine : son premier roman Les orageuses vient de paraître aux Éditions Cambourakis. 

Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Lucile Rousseau Garcia a fait le montage de cet épisode et Jean-Baptiste Aubonnet a réalisé le mixage.
Ce podcast est aussi rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale et Mélissa Bounoua, directrice des productions.

Cette semaine, notre nouveau podcast d’histoires vraies sort : il s’appelle Passages et questionne la pluralité de nos points de vue. Vous pouvez le télécharger sur toutes vos applications de podcasts préférés.

Bonne écoute et à très vite !

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