Le Book Club - Pauline Chalamet

Agathe Le Taillandier

Une lecture m'a marqué l'année dernière, c'est Nickel Boys, un roman américain écrit par Colson Whitehead, qui a reçu le prix Pulitzer la même année. C'est l'histoire du jeune Elwood, un homme noir brillant, prêt à intégrer l'université et biberonné au message de paix de Martin Luther King. Mais une terrible erreur judiciaire bouleverse le début du roman. En une page, il est arrêté par un policier blanc pour un soit disant vol qu'il n'a pas commis et envoyé dans une maison de correction, la Nickel Academy. Sur le chemin du livre, Elwood et son idéalisme, il découvre un endroit terrifiant où les pensionnaires subissent violences et humiliations jusqu'à y ronger leur personnalité. A travers cette chute insupportable, c'est toute l'Amérique ségrégationniste que l'auteur explore et la brutalité crasse transmise en héritage. En tant que lectrice, je me souviens précisément du sentiment d'injustice ressenti avec Elwood et l'attente au fil des pages de la réparation. Cette émotion est celle de l'actrice et scénariste Pauline Chalamet à la lecture d'un grand classique, Le Comte de Monte-Cristo, tout y commence aussi avec une injustice dont il sera chez Alexandre Dumas, vengé par le héros au fil des pages. Pauline Chalamet partage ce plaisir de lecture avec nous et sa conscience aiguë de l'injustice en France comme aux Etats-Unis, ces deux pays.  Je suis Agathe Le Taillandier. Bienvenue dans le Book club !

Pauline Chalamet

En ce moment, je suis chez moi, dans mon petit appartement parisien, dans le 18ᵉ arrondissement. Je suis assise à mon bureau qui donne sur une grande fenêtre. Juste avant de lancer cet enregistrement, j'étais en train de lire une BD sur la vie de Alice Guy qui était la première femme cinéaste. Mon appartement est très calme. Il donne sur la cour. La rue en bas est très bruyante, mais de mon appartement, on entend absolument rien. Et même après cinq ans dans cet appartement, je suis toujours choquée quand je rentre chez moi de ne rien entendre de la rue. Aujourd'hui, je me sens bien. J'ai bien dormi hier soir. J'ai été plutôt efficace en termes de choses à faire aujourd'hui. Je les ai toutes faites, donc je me sens bien. Alors la bibliothèque chez moi se situe à trois endroits. Parce que, comme je l'ai déjà dit, mon appartement est très petit, donc la première partie de la bibliothèque se trouve dans ma petite chambre. Donc là, c'est la plus grande partie de ma bibliothèque.

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La deuxième partie de ma bibliothèque se trouve au dessus de mon piano, dans mon salon. Et la troisième et dernière partie se trouve au dessus de la cheminée. Il y a que des livres. Ma bibliothèque n'est pas du tout bien organisée. Il y a dans la chambre une partie consacrée aux pièces de théâtre. Donc là, je sais que toutes mes pièces de théâtre se trouvent là, en français, anglais, mélangés. Et sinon, le reste, c'est un bazar, mais un joli bazar. Pour moi, c'est très important d'avoir une bibliothèque. C'est un truc qui manque. J'adore mes livres, ce sont mes amis et je trouve que vivre à côté des livres, ça m'aide à me souvenir des endroits où j'ai voyagé. C'est très important aussi pour moi quand je rentre chez quelqu'un de voir leurs livres. Donc pas forcément, ce n'est pas obligé beaucoup de livres, mais mais les livres, je trouve que ça raconte vraiment quelque chose.

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La vue que je suis dans mon salon, je vais aller vers la cheminée et au dessus de la cheminée, là où il y a des livres. J'ai dit avant qu'elle était pas du tout organisée, mais je vois devant moi qu'on fait presque toute la partie des livres qui sont sur la cheminée sont des livres écrites par des femmes ou sur la sexualité. Là, je vois Les femmes et leur sexe, Au delà de la pénétration de Martin Page. Beaucoup de Hannah Arendt aussi, mais sinon, il y a plein d'autres choses. Alors il y a deux cendriers un bol avec des cailloux ramassés partout, mais je ne me souviens plus du tout d'où viennent des cailloux. Une statue d'une femme qui fait partie de la tribu des Tonga qui vivent au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Ah là, des tickets de métro, un ancien téléphone qui est totalement cassé, cinq stylos et il y a des billets d'Afrique du Sud. Tout ça avec mes livres. C'est un joyeux bazar. Je suis quelqu'un qui a toujours aimé lire. Mais pas autant qu'aujourd'hui. Quand j'étais plus jeune, ça m'arrivait souvent l'été de beaucoup lire ou de trouver un livre que je dévorais, que j'adorais.

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C'était tout le temps de la fiction. Après, quand j'étais à l'école, j'avais beaucoup de mal à lire les livres qu'on nous obligeait de lire. Moi, j'ai grandi à New York et je me souviens quand j'étais au lycée, je faisais dans un lycée public, on lisait Of mouse and men, donc c'est Des souris et des hommes, en français de Steinbeck, John Steinbeck. Et je me souviens que je voulais vraiment pas lire ce livre. J'étais assise dans le salon et je faisais pas trop mes devoirs au lycée, j'étais pas vraiment une très très bonne élève, je faisais le minimum. Et ma mère a vu que j'avais sorti le livre et elle m'avait dit Mais c'est génial, tu vas adorer ! Je lui ai répondu que je ne voulais pas lire le livre, que ça avait l'air nul. Petite crise d'adolescence en réponse à ce livre et en fait, je ne sais pas comment ça s'est fait, mais je ne sais pas. Peut être qu'elle m'a interdit d'allumer la télé et du coup j'ai commencé à lire le livre et je l'ai lu d'un trait et à la fin du livre, je pleurais et je disais à ma mère Ce livre est merveilleux et j'adore ce livre, C'est mon livre préféré et ça c'est vraiment ma, la seule fois je pense où j'ai véritablement lu un livre pour l'école que j'ai adoré.

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Mais quand je suis arrivée à la fac, j'ai fait ma fac aux Etats-Unis, à la campagne de New York, donc dans une petite fac qui s'appelle Bard College. Et c'est vraiment une fac assez littéraire on va dire, et on devait beaucoup lire pour les cours et j'étais submergée. Il y en avait trop, je n'arrivais pas à lire assez rapidement et je pense que là, c'est à la fac où j'ai appris comment lire, que parfois, si le langage était difficile, il ne fallait pas s'arrêter sur chaque mot pour comprendre chaque mot, qu'en fait, au fur et à mesure de rentrer un peu dans l'univers de l'auteur, tu pouvais lire sans s'arrêter sur toutes les choses que tu comprenais pas et comprendre globalement ce qui se passait. Donc je pense qu'à la fac, j'ai commencé à lire plus et depuis la fac, c'est là où je dévore les livres. Je pense que vraiment, les trois quatre dernières années de ma vie, j'ai commencé vraiment à beaucoup lire parce que aussi, mes amis les plus proches lisent beaucoup.

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Moi, j'adore lire de la fiction. Le soir, avant de m'endormir, j'ai du mal à m'endormir et très souvent je m'endors avec la lumière encore allumée. Mais quand je me réveille avec les lumières au milieu de la nuit, je l'éteins et j'arrive très facilement à me rendormir et souvent pour m'endormir, pour que ce ne soit pas toutes mes angoisses et mes inquiétudes qui reviennent, je repense aux derniers moments que j'ai lus dans la fiction que je suis actuellement en train de lire. Par contre, le matin, je commence toujours avec de la non fiction. Je lis The New Yorker quasiment tous les jours et j'aime bien tous les essais, que ce soit des essais féministes, des essais politiques. Je lis ça le matin, Je dirais que je lis environ un livre par semaine et ce que je cherche dans mes lectures, c'est c'est souvent de voyager et d'apprendre. Alors aujourd'hui, je vais vous parler du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas. C'est un roman, la plus belle histoire de vengeance, je trouve. En gros, c'est l'histoire de Edmond Dantès qui est un jeune matelot qui se fait injustement emprisonné pendant trop longtemps et qui réussit à s'échapper et se venger.

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Moi, j'ai lu Le Comte de Monte-Cristo pour la première fois en 2020. Je l'ai acheté juste avant le confinement avec une amie qui est une grande lectrice aussi, et on s'est dit qu'on allait lire le livre en même temps parce qu'il est si gros et qu'on s'est dit Mais est ce qu'on va le finir si on commence juste tout seul ? Et en fait, je l'ai lu plus vite parce que je pouvais pas le poser une fois que j'ai commencé. Je me souviens que mes journées se ressemblaient toutes, comme pour beaucoup de gens, parce que je ne travaillais pas. Je me réveillais le matin, je lisais Le Comte de Monte-Cristo, je déjeunais, je lisais Le Comte de Monte-Cristo, j'allais me coucher. Le soir, je lisais Le Comte de Monte-Cristo. J'avais une insomnie, je lisais Le Comte de Monte-cristo, donc je l'ai lu partout dans mon appartement, à New York, quand je croyais encore que ça allait être une histoire de deux ou trois semaines. Ce livre m'a beaucoup apporté. C'est un gros livre et du coup j'ai vraiment. Je pense que ça m'a pris trois semaines, trois semaines, peut être un mois pour le lire. C'était mon meilleur ami.

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J'étais toute seule pendant le confinement. Vraiment, vraiment toute seule. Je voyais personne. Et du coup, ce livre, c'était vraiment une aventure. Ce qui était assez cool de lire ce livre pendant le premier confinement, c'était que très vite au début de l'histoire, tant elles se retrouvent emprisonnées pendant des longues années. Et en fait, ils vivent la même chose tous les jours, mais pendant des années et des années. Et donc, bah là, on était tous enfermés chez nous. Évidemment que je me suis beaucoup reconnue en fait dans ce quotidien de vivre la même chose tous les jours. Et pourtant c'était bien pire que chez moi où moi j'avais une douche, que je pouvais manger quand je voulais. Ce que j'ai, ce que j'ai adoré, c'est le moment où il s'échappe. Donc ce que j'ai adoré, c'est ce moment où Dantès s'est échappé. Moi, j'étais encore chez moi, mais je pouvais vivre à travers lui et à travers son histoire.

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Je me suis posée vraiment beaucoup de questions en lisant Le Comte de Monte-Cristo. Parce que le personnage d'Edmond Dantès est quelqu'un de si gentil et simple et ouvert. Quelque chose horrible lui arrive, et il le mérite tellement pas. Et en fait, c'est comment et comment il fait pour s'en sortir après. Et en fait, il trouve que, avec l'aide de l'abbé Faria, il trouve qu'en fait que le savoir ça peut beaucoup servir et que c'est quelqu'un au début du livre qui, c'est un matelot, c'est quelqu'un qui est juste très amoureux  d'une jeune femme. Il est très jeune et en fait, quand il est emprisonné, il se rend compte de l'injustice qui lui a été faite et Il a énormément de rancune et en fait c'est le savoir qui l'aide un peu. Knowledge is power, comme on dit en anglais et c'est vraiment, on comprend très vite que dans cette histoire c'est vrai. Donc l'histoire du Comte de Monte-Cristo est tout d abord une histoire de trahison et de vengeance. Et en fait, je trouve que ce qui est incroyable dans Le Comte de Monte-Cristo, c'est que on voit que la vie n'est pas noir et blanc.

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Dantès, c'est quelqu'un de très lumineux, de très ouvert, qui part en prison. Il est en prison pendant plus de dix ans. En fait, quand il sort de la prison, on comprend que quelque chose a changé en lui. Quand le monde est si injuste envers toi, je pense qu'au fur et à mesure, ça pèse sur toi comme sur tout le monde. On le voit aujourd'hui dans notre société, il y a tant de personnes qui sont opprimées et on voit à quel point ça dure des années et des années et des années et rien ne change. Et cette envie de vengeance, je peux la comprendre en fait. L'histoire dans Le Comte de Monte-Cristo, de Edmond Dantès, de sa vengeance, est assez incroyable, parce que ce n'est pas une vengeance rapide. C'est vraiment quelque chose de très calculé. Et souvent je trouve que quand, pour n'importe quoi, que ce soit la vengeance ou  même de juste pouvoir s'exprimer clairement, on a besoin de temps, on a besoin de temps de réflexion, on a besoin de pouvoir bien comprendre une situation pour pouvoir bien s'exprimer.

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Et ce qui est incroyable, c'est que quand Dantès sort de prison, il réussit à passer aux actes de vengeance grâce au savoir qu'il a appris en prison avec son son professeur, on va dire, qui est l'abbé Faria et il prend son temps et comprend que oui, il pourrait aller tuer ces personnes qui ont fait en sorte qu'il soit allé en prison. Mais c'est pas vraiment son but de tuer. Il a plus envie d'aller comprendre ce qui s'est passé pendant ces années qu'il a manqué parce qu'il était en prison. Et du coup, en tant que lecteur, on trouve que la vengeance, elle est méritée. Elle est juste en grande partie parce que elle est si précise. Je pense que ce qui m'a beaucoup attiré, c'est que dans ma vie, quand j'étais plus jeune, je pense que j'ai déjà ressenti un peu la trahison mais que j'ai rien su faire, que souvent quand j'étais avec des copines, quand j'étais au collège ou plus tard avec, je pense notamment à un garçon en particulier qui m'a trahi. J'aurais voulu me venger de la manière que le fait Edmond Dantès, même si ce n'est pas aussi grave, on va dire que d'être emprisonné plus de dix ans injustement.

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Mais la vengeance, c'est une chose qui m'a toujours intéressé, parce que c'est tellement loin de moi. Je sais comment pleurer et me mettre dans un, on va dire, dans un coquillage ou je sais comment hurler et claquer la porte et partir en courant. Mais la vengeance de vraiment pouvoir prendre le temps de se dire mais comment je fais pour vraiment l'avoir ? Ça j'ai jamais su faire. Et donc je suis très admirative d'Edmond Dantès qui réussit si bien à passer dans ces actes de vengeance.

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Je pense qu'aujourd'hui moi en tout cas, avec des gens qui sont dans mon entourage, j'entends souvent ce mot de karma, j'y crois pas trop comme ça, mais je crois vachement aux énergies parce que l'énergie qu'on dégage, qu'on donne, qu'on met dans l'univers est une énergie qui existe dans l'univers et qu'on qu'on dégage et du coup qu'on attire. Et je pense que du coup dans ma vie, j'ai jamais eu l'occasion de pouvoir me venger de quelqu'un. Mais j'ai déjà eu la satisfaction de voir un peu une vengeance universelle se passer sur quelqu'un que j'ai trouvé que le comportement ou son énergie était assez moche on va dire.

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Je trouve pas d'autre mot. Et du coup j'ai déjà vu, on va dire l'univers se venger. Et c'est assez ça les failles dans nos sociétés contemporaines. Il est convenu qu'on peut pas se faire justice soi même. Et pourtant c'est ce que fait Edmond Dantès. Je comprends et j'ai énormément d'empathie pour ce sentiment. Je pense notamment au système juridique et judiciaire aux Etats-Unis, qui est même aujourd'hui en 2021, incroyablement basé sur le système de l'esclavage. Et je comprends que aujourd'hui être noir aux États-Unis était incroyablement difficile, beaucoup plus difficile que d'être blanc. Et cette idée de vouloir se venger d'un système qui a été incroyablement injuste. J'ai énormément d'empathie pour ce sentiment de se dire que les choses bougent pas, rien ne change et du coup, il faut qu'on prenne les choses en main. En fait, on est seul et on meurt seul. Et du coup, pour pouvoir bénéficier de notre vie, je ne dis pas qu'il faut aller tous, dès que quelque chose ou quelque chose nous arrive, il faut tout de suite qu'on prenne les choses en main, non, on vit dans une société et voilà, il faut adhérer aux règles de la société. Mais je comprends aussi cette colère qui monte parfois dans chacun de nous quand on sait que quelque chose n'a pas été juste. Même avec les enfants, on le ressent. Comme moi j'ai un petit frère. Quand on était petit et que c'était souvent moi, j'étais plus grande, donc j'avais plus de force et que je ne sais pas, je lui tirais les cheveux ou que je le tapais et qu'ensuite lui me retapais que machin et que lui il allait voir un parent parce qu'il était plus petit qu'il disait "mais elle m'a tapé". Et que le parent disait non mais "arrêtez de vous taper dessus, vous avez pas le droit". Je comprends même, Je me souviens un peu de la colère qui montait dans son visage quand il disait "Mais c'est pas moi, c'est elle qu'a commencé". Il avait entièrement raison. Moi je ne suis pas allé voir mes parents en disant "ah non mais en fait c'est moi qui a commencé". Non, Quand tu es du bon côté de la justice, quand ça marche pour toi, ben là on remet pas en question cette sensation d'injustice.

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Je comprends que ça nourri au fait qu'il y a une flamme d'injustice. Elle peut être nourrie par l'injustice qui continue et continue et du coup cette envie de vouloir se venger, je comprends qu'elle puisse monter. Quelque chose que j'admire énormément chez Dantès, c'est une fois qu'il sort de prison et qu'il retourne petit à petit dans la société, il retrouve les personnes qui l'ont toujours aidé, qui ont toujours été. J'ai pas envie de dire gentils, c'est trop général. Mais des personnes, des bonnes personnes qui ont toujours été bon avec lui, il va les trouver et en fait il les aide gratuitement. Je trouve que Dantès en fait il est, une fois qu'il retrouve tout son argent, qu'il a un peu ça en tête et il se dit j'ai énormément de choses et comment je peux faire pour les répartir mais sans qu'on sache que c'est lui qui a envie de réparer les choses. Et ça je trouve que c'est C'est très beau comme acte parce que déjà dans le livre, il y a plein de personnages qui pensent qu'à leur gueule.

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Je sais pas si j'ai le droit de dire gueule mais qu'ils ne pensent qu'à leur gueule et qui ne pensent qu'à être riches ou alors leur statut dans la société. Et comment on va les voir, comment ils vont être aperçus. Et donc je pense qu'en fait ce contraste est très intéressant. Aujourd'hui, faire le bien, c'est bien. On en parle souvent parce que ce sont nos téléphones, nos ordinateurs. On a accès à tellement de choses dans le monde qui vont mal. Je pense notamment aux crises climatiques qui touchent chaque personne sur Terre en ce moment. Sinon, il y a énormément de choses. Il y a les camps de concentration des Ouïghours, il y a la crise en Syrie qui continue. Même si on en parle de moins en moins. Je pense juste aux femmes partout dans le monde, qui continuent à se battre, qui sont obligées de se battre plus dans certains pays que dans d'autres. Bref, je pense aux droits des des Noirs aux Etats-Unis. Je sais qu'en France, c'est très tabou de parler de race.

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On ne parle pas de noir ou de arabe, on aime bien, on a pas parler de race, on parle de français ou non-français mais. Mais bon, ça je pense que ça contribue au non-dit. Bref, tout ça pour dire on a accès à tant de choses, à tant de problèmes, à tant de possibilités d'engagement civil pour la société qu'on est submergé par ces informations et du coup on s'y perd et on voit passer des choses. Ça paraît urgent, on poste, on partage et après on compte, on est ce qu'on suit nos actions, est ce qu'on poste et est ce qu'on promet d'être engagé plus sur le sujet ? Moi je pense que déjà de partager c'est une première étape. Donc si les gens commencent par faire ça, tant mieux et vaut vraiment suivre avec les actions. Après c'est comme des gens qui donnent des dons à des musées, il y en a qui mettent les noms, il y en a qui aiment être anonymes, ça n'a rien à voir. Tant mieux qu'on aide les musées, donc je pense que c'est pareil avec avec les actes sociaux. Il y a des Edmond Dantès qui aiment bien garder l'anonymat. Il y a des tas d'autres personnes qui sont des personnes qui ont envie d'être reconnues, qui ont envie de de partager. Et je pense qu'il n'y a pas de mal. Le plus important c'est c'est est ce que vraiment dans le jour au jour, est ce qu'on s'engage à à contribuer, contribuer au bien de la société ? Moi je sais que pendant le mouvement des Black Lives Matter, j'ai j'ai rencontré des jeunes activistes qui m'ont changé la vie et qui m'ont qui m'ont obligé de faire un travail sur les privilèges que j'avais en tant que femme blanche. C'est un travail qui a été parfois un peu difficile. Mais mais, mais j'aime même pas dire ce mot parce que non, c'était pas difficile, c'était enrichissant. J'ai lu des de la littérature que j'avais jamais lu, des auteurs absolument incroyables. Je pense notamment à Bill Hicks. Vraiment très intéressant. Un autre livre, So You will talk about race.

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Comme j'ai suivi un peu un groupe d'activistes qui s'appelle Warriors in the Garde, j'ai énormément appris. Une chose que j'ai vraiment adoré dans le livre, j'ai adoré tout le livre, mais c'est que Edmond Dantès se déguise en fait, il joue le rôle de plein de personnages différents et seul le lecteur est au courant que c'est lui à chaque fois. Ce que j'ai adoré dans le fait que Dantès se déguise, c'est que c'est vrai que selon son environnement, on est obligé de se changer un peu. Dantès se transforme littéralement pour pouvoir jouer le jeu et rentrer par exemple dans dans la société des de toutes ces familles parisiennes, bourgeois, on va dire, ou aristocrate même. Et du coup j'adore parce que moi vu que j'ai grandi entre la France et les Etats-Unis, j'avais souvent, surtout quand j'étais enfant, mais en vrai, même aujourd'hui, c'est ce désir, ce besoin de te voir, ce besoin de me transformer un peu selon le groupe et selon la culture dans laquelle je me trouvais.

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Et du coup, j'avais toujours l'impression, et je l'ai même encore aujourd'hui, d'être parfois deux personnes différentes quand j'étais, même si je le ressens encore aujourd'hui, aujourd'hui, tous mes amis se connaissent et tout de mes deux mondes. Donc ça, ça aide la chose. Et quand j'étais plus jeune, je venais en France, je m'habillais différemment, par exemple mes baskets, c'était très important, je voulais les baskets, les Bensimon. Je me rappelle à une époque où les converses...tandis qu'Aux Etats-Unis, je m'en fichais complètement de mes chaussures. Par contre, c'était, je sais pas, des des habits de Juicy Couture quand j'étais au collège. C'était une marque que toutes les filles portaient, donc je la voulais, je les voulais absolument. Donc du coup, c'était comment rentrer dans la société ? Faut savoir s'habiller, parler, ça laisse la question après de soi même. On est qui en fait ? C'est très beau à la fin du livre parce qu'on comprend qu'il est tous ces personnages. Oh ! Quand j'ai fini Le Comte de Monte-Cristo, j'ai eu la sensation d'avoir traversé une chose énorme.

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Je n'étais pas triste d'avoir fini le livre. J'étais pleine d'espoir. Et je trouve que souvent, quand je lis quelque chose que j'aime bien, Je suis triste de l'avoir terminé. J'ai pas envie de lire les dernières pages parce que je veux savourer les moments. Et en fait, au contraire, Le Comte de Monte-Cristo est un livre qui est tellement bien détaillé qu'on rentre dans la tête de chaque personnage qu'il y a des chapitres qui nous emmène, mais loin de l'histoire principale, mais qui nous fait comprendre encore mieux les enjeux entre les différents personnages. À la fin du livre, j'avais l'impression d'avoir tout compris sur ce qui s'était passé. Je trouvais que c'était presque un cadeau de terminer le livre comme il l'a fait, parce que ça nous laisse travailler notre imaginaire sur la suite de l'histoire. C'est un livre auquel je pense très souvent. Il est à côté de mon lit. Parfois je l'ouvre à n'importe quelle page et je lis un chapitre et je replonge dedans directement après avoir lu Le Monte-Cristo.

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J'ai lu trois ou quatre autres livres d'Alexandre Dumas. Et ensuite j'ai commencé du Victor Hugo et je suis un peu parti dans ce délire littérature française classique, vu que moi j'ai passé ma scolarité en France. En même temps, je me rends compte que ce sont des hommes et j'essaye de lire de plus en plus de femmes. Donc j'ai pris une petite pause avec Alexandre Dumas, Victor Hugo, Émile Zola. Mais ça reste des amis très proches on va dire.

 Agathe Le Taillandier

Vous venez d'écouter Pauline Chalamet, à son micro et elle répondait aux questions de la journaliste Myriam Douminc. Elle vous recommande Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, disponible en poche. Pauline Chalamet est actrice et scénariste. Soukaina Qabbal est à l'édition et à la coordination du Book Club. Julien Courtois a fait le montage de cet épisode et Jean-Baptiste Aubonnet a réalisé le mixage. Le Book Club est une création Louie Media aussi rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale. Marion Girard, responsable de production, Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale et Mélissa Bounoua, directrice des productions. A très vite !