Retranscription : À quoi rêve la génération Z ?

Générique 

Micro-trottoir : Mon rapport au travail, moi c’est mon moyen de gagner ma vie et de pouvoir satisfaire les besoins de ma famille et des mieux. 

Micro-trottoir : Moi mon rapport au travail ce serait de trouver un vrai équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle parce que je traverse quelques trucs un peu difficiles actuellement. Déjà je suis en train de bien équilibrer, ne serait-ce que, études et vie personnelle. Je me rends compte que je ne m'en sortirais juste pas avec mon futur travail en fait… si je suis pas, si je trouve pas cet équilibre.

Micro-trottoir : C’est compliqué en fait de trouver quelque chose. On peut s’épanouir et gagner pas mal d'argent parce que, bon, comme tout le monde on a des rêves je pense et il faut savoir faire sacrifice, pour moi c’est 50-50. Faut que ça me plaise et faut que je me dise que le matin, je peux me lever sans que ça me dérange plus que ça. Même si, imaginons on me propose 10,000 euros, je peux pas faire quelque chose qui me plaît pas, faut pas que je sois triste dans ma vie sinon l’argent que je vais faire, ça me sert à rien.

Micro-trottoir :  Moi franchement je… Tant qu’en fait le travail me plaît parce que j’aimerai seulement vivre de ma passion, y a… je peux être flexible genre sur beaucoup de choses. Y’a, y’a… je peux me conformer. 

Micro-trottoir : Je peux faire un métier que j’aime mais mon métier ce sera pas une passion. C’est impossible que mon métier soit une passion. Personne se dit “wouah cet après-midi je vais aller travailler”.

Micro-trottoir : Moi je suis pas forcément d’accord hein… Y a bien des personnes qui vivent de leur passion. Regarde les artistes mêmes les acteurs tu vois ils travaillent de leur passion genre.

Micro-trottoir : C’est pas un travail comme on parle de travail genre… Pour moi un travail, je sais pas, c’est tu fais ton 8-17 heures et tout, t’arrives t’as ton café et tout, puis t’as ta journée qui est pas ouf, tu vois. Bah le travail pour moi c’est jamais signe de… c’est pas un truc cool genre. C’est pas un truc qui m’anime, qui me fait sentir différent ou…je pense pas que je peux concilier ma passion et le travail.

Micro-trottoir : Mais moi je pense que ça peut vraiment stimuler ce qu’on aime faire vraiment. Je sais que, en tout cas, si je travaille, je serai forcément motivée par quelque chose et ce qui me motivera ce sera ma passion justement parce que sinon je pourrais pas forcément travailler. A part par l’argent ouais ! 

Micro-trottoir : En gros l’argent , c’est… comme dit Booba hein ! L’argent c’est la liberté genre ! Du coup bah moi j’ai envie d’être libre. 

Camille Maestracci : Moi, du haut de mes 33 ans, je fais partie de ce que l’on appelle la génération Y, ou encore, les millenials. J’ai connu les débuts d'internet, les premières consoles de jeu, et j’ai grandi avec l’essor des messageries instantanées. Vous vous rappelez peut-être des chats sur Caramail ou, bien sûr, d’MSN Messenger ! Et c’est en toute logique qu’après les Y, il y a les Z. La génération Z, c’est tous ceux qui sont nés après 1995. On les appelle aussi : les digital natives, parce qu’ils sont nés à l’ère du numérique. Ils sont littéralement tombés dedans dès leur plus jeune âge, comme Obélix dans la potion magique! 

Comme ils ont moins de 25 ans, la plupart sont encore au collège, au lycée, à l’université, ou bien en stage, en alternance ou en apprentissage. Ce sont eux qui vont entrer sur le marché du travail dans les prochaines années. 

Mais qu’est ce qu’ils attendent du travail exactement ? Quand j’ai posé la question à certains d’entre eux, j’ai vu que leurs espoirs et leurs aspirations étaient variés et complexes. 

Pourtant, j’ai l’impression que dans l’imaginaire collectif, on a tendance à voir ces jeunes comme des procrastinateurs, qui sont peu attachés à l’entreprise, sans plan de carrière. Bref, on a souvent l’image de jeunes désintéressés du travail. Dans le même temps, j’ai l’impression que la jeune génération est de plus en plus préoccupée par le sens de son travail, ses conditions, et la qualité des relations professionnelles. 

Dans cet épisode, j’ai cherché à savoir si tout ça était vrai, et si on pouvait dégager des grandes tendances pour mieux comprendre cette génération.

Comment les Z envisagent-ils leur rapport au travail ? Comment expliquer à la fois leurs nouvelles exigences et en même temps une certaine mise à distance du travail ? En quoi est-ce différent des générations précédentes, et quel impact cela peut avoir sur le monde professionnel  ?

(Musique) 

Je suis Camille Maestracci, Bienvenue dans Travail (en cours) 

Pour cet épisode,  je me suis entretenue avec Elodie Gentina. Elle est enseignant chercheur à l'IESEG School of Management, autrice d’une thèse de doctorat sur le comportement des ados, et de plusieurs ouvrages sur la génération Z, notamment le livre « Génération Z : Des Z consommateurs aux Z collaborateurs » aux éditions Dunod.

Quand je demande à Elodie Gentina ce que recherchent avant tout les Z dans le travail. La première chose qui lui vient à l’esprit, c’est la question des valeurs.

Elodie Gentina : Ces jeunes recherchent un travail qui fait du sens, donc ça, c'est pas nouveau. Ce n'est pas non plus uniquement après l'effet Covid et confinement. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, encore plus, ils ont besoin d'une mission dans lesquels ils se sentent grandir, dans laquelle ils se sentent passionnés et une mission dans laquelle ils se sentent aussi un véritable intérêt d'un point de vue social, environnemental.

La crise de la Covid 19 qu'ils ont traversée et qu'ils vivent toujours, en eux, ça a resurgi en fait un sentiment d'urgence.

OK. Moi, je veux plus m'engager pour toutes ces questions liées à l'environnement. Pour toutes ces questions liées au social, et j’ai envie, demain, d'avoir un job dans lequel je me sens véritablement utile

Donc, ce sentiment d'utilité? Cette quête de sens, c'est quelque chose qui les anime.

Ils recherchent un travail en quête de sens, en adéquation avec leurs valeurs et c'est pareil pour les marques quand ils consomment des marques, ils ne veulent pas des marques qui font du greenwashing et qui ne sont que du discours, ils veulent des marques qui s'engagent 

C'est pareil avec la marque employeur.

Camille Maestracci : Les entreprises doivent faire face à l’évolution des attentes de leurs consommateurs, mais aussi de leurs employés.

D’après une étude publiée en 2020 du Boston Consulting Group et de l’Ipsos auprès d’étudiants et alumni de grandes écoles, 76% d’entre eux, les trois quart donc, recherchent avant tout un métier en phase avec leurs valeurs. C’est même dans le top 3 des critères primordiaux dans le choix de leur futur métier. 

Mais attention : cette étude concerne seulement une frange de la population : les jeunes des grandes écoles. Donc même si la question des valeurs est quelque chose qui revient souvent dans les enquêtes auprès des jeunes, il faut tout de même nuancer car tous les jeunes n’ont pas les mêmes priorités, notamment en fonction de leur milieu social et de leur niveau de diplôme. 

Dans l’un de ses articles récents sur les jeunes face au travail, l’Injep, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire alerte justement sur la mise en avant de spécificités qui seraient propres à la génération Z. Comme les autres classes d’âge, elle recouvre des réalités diverses : les jeunes qui occupent les positions professionnelles les plus favorables vont mettre en avant l’équilibre entre travail et hors travail, les relations entre collègues, l’intérêt du poste ou l’autonomie, parmi leurs principales attentes. Tandis que ceux qui ont des situations professionnelles plus complexes et plus précaires, vont mettre davantage l’accent sur le niveau de rémunération ou la sécurité de l’emploi.

C’est la même chose pour l’importance portée aux valeurs. Il existe une enquête menée par l’Injep qui étudie le comportement des jeunes 3 ans après leur entrée dans le monde du travail. Ça s’appelle Génération 2013 car ils ont commencé à travailler en 2013 et sont interrogés en 2016. Dans cette étude, on voit bien que cette question de l’utilité sociale n’a pas la même importance pour tous. Au total, près d’un jeune sur trois estime que le fait d’être utile à la société dans le cadre de son emploi est « très important ». Mais en détail, ils sont beaucoup plus nombreux à penser que le fait d’être utile à la société dans le cadre de son emploi est très important parmi les jeunes en CDI, que parmi les jeunes en intérim par exemple.

En revanche, ce que note l’enquête de l’Injep, c’est que l’épanouissement ou la réalisation de soi par le travail semble être un critère important pour tous. C’est-à-dire que les jeunes voient le travail avant tout comme un élément qui doit leur apporter quelque chose à eux-mêmes, comme un moyen de se faire plaisir et de s’exprimer. C’est aussi ce que constate aussi Elodie Gentina.

Elodie Gentina :  L'entreprise de demain est un lieu de vie dans lequel ils veulent se sentir bien. C'est plus uniquement un lieu de travail, c'est un lieu de vie dans lequel ils veulent avoir du plaisir. Donc on voit que le rapport au travail est différent. On est passé d'un rapport rationnel à un rapport beaucoup plus affectif. Ce n'est pas la fin du travail, c'est un autre rapport au travail.

Camille Maestracci : Et ce nouveau rapport au travail induit de nouvelles attentes. 

Elodie Gentina : J'ai mené une étude auprès de 2300 jeunes en 2019 2020 et je leur ai posé la question qu'est ce qui fait demain que t'as envie de rentrer dans cette entreprise? Ce n'est pas le salaire qui est venu en premier parmi les différents critères. Ils ont plutôt d'abord dit l'esprit d'équipe, la volonté d'apprendre, la volonté de renouveler ses compétences avant même le salaire.

Mais attention, j'étais sur des jeunes qui n'étaient pas encore rentrés dans le monde de l'entreprise, donc peut être que les choses vont aussi changer. Le salaire continue pour moi et pour eux à être un critère important, mais c'est plus uniquement le seul critère déterminant qui permettra de les fidéliser demain dans l'entreprise. 

Camille Maestracci : C’est aussi ce qui ressort du dernier baromètre L'Etudiant-BVA-Orange des 15-20 ans publié en octobre 2020. Les jeunes placent l'ambiance de travail en numéro 1 dans leurs attentes au moment d'aborder leur vie professionnelle. Avoir une bonne rémunération figure à la seconde place. 

Selon Elodie Gentina, ce rapport affectif au travail implique aussi une nouvelle vision du management : 

Elodie Gentina : Le leader aujourd'hui, le manager, c'est quelqu'un qui est proche de ses équipes, qui fait preuve d'empathie, qui fait preuve d'inspiration.

Ils ont besoin d'un manager qui est coach. Ils ont besoin sans cesse de feedback. Ils ont besoin de suivi et d'être encadrés, mais différemment. Il ne faut pas attendre l'entretien d'évaluation au bout d'un an pour fidéliser un jeune et moi même qui suis enseignant chercheur en école de commerce. La manière avec laquelle on fait nos cours à l'IESEG sont en train de changer. On n'est plus sur un rapport sachants apprenants uniquement via un port pointu qu'on récite pendant trois heures. On est beaucoup plus avec nos jeunes aujourd'hui sur un rapport coaching, on les fait travailler de manière concrète, on les fait expérimenter sur des projets et on est sur un rapport donnant donnant, très, beaucoup plus équilibré, égalitaire

Par exemple, on peut faire appel non plus uniquement au mail en interne, mais utiliser un système de messagerie instantanée pour pouvoir contacter notre manager quand on en a envie, sans mettre en copie le n+1 n+2 sous un rapport hyper hiérarchique. Ça peut être des team building où ça se fait de plus en plus pour fédérer l'équipe et donc on se voit aussi au delà des frontières de l'entreprise. Donc on est dans une société liquide, on apprend au delà de l'école, on apprend au delà de l'entreprise.

Le leader, le manager, c'est pas uniquement celui qui a le plus beau bureau au dernier étage. Et plus on ont gravi les échelons, plus on a un bureau qui se retrouve aux étages supérieurs de l'entreprise. Non, ça peut être aussi un manager. C'est peut être aussi celui qui n'a pas de bureau. On a en open space et on travaille ensemble. Et donc, le matin, on dit bonjour à tout le monde et on prend pourquoi pas le petit déjeuner avec tout le monde. Donc, il existe des techniques, évidemment, pour barrer un peu toutes ces formes hiérarchiques qu'on peut ressentir parfois dans des entreprises très traditionnaliste, ce qu'on ne retrouve pas dans des start up.

Camille Maestracci : Pour Elodie Gentina, ce rapport affectif plutôt que rationnel au travail ne veut pas forcément dire une plus grande fidélité à l’entreprise. C’est même le contraire. 

Elodie Gentina : Les générations d'avant la génération de nos parents et de nos grands parents. Les geeks, les baby boomers. En fait, l'entreprise était comme une extension d'eux-mêmes. L'entreprise leur donnait tout : le salaire, le statut et on se réalisait par et pour le travail. Les jeunes, aujourd'hui, l'entreprise, c'est un peu comme un couple amoureux. On va trouver un boulot, on l'aime. Mais si le boulot devient routinier, on ferme la porte, on part, on change et on ne va pas rester dans l'entreprise comme un devoir de loyauté. Ces jeunes aujourd'hui souhaitent réussir non plus uniquement par le travail, mais ils souhaitent réussir pleinement leur vie et c'est très important. Il faut comprendre qu'ils ont un nouvel équilibre de vie. Ils recherchent un équilibre vie pro vie perso et on passe d'une fidélité négative ou avant on était fidèles à l'entreprise. Même si on était peut être malheureux, à une fidélité positive. Aujourd'hui, ces jeunes veulent rester dans l'entreprise si et seulement si s'y sentent bien et heureux.

Camille Maestracci : Selon l’enquête Génération 2013 de l’Injep, près de la moitié des jeunes pensent que l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle est une facette « très importante » du travail. Ca signifie que leur vie, leur identité, leur système de valeurs sont structurés autour de plusieurs sphères d’existence que sont le travail, la famille, les loisirs, etc. 

Pour autant l’enquête est très claire : “cette importance accordée aux possibilités de jongler entre travail et hors travail ne doit pas laisser penser que les jeunes délaissent le travail”. L’enquête atteste que la majorité des jeunes déclarent que le travail représente une part importante de leur vie, ils sont même plus nombreux que les autres classes d’âges à l’affirmer. Donc, contrairement aux idées reçues, les jeunes expriment une véritable forme d’attachement au travail. Mais la différence avec les générations précédentes, c’est que le travail n’a plus le même rôle qu’avant. C’est ce que dit Elodie Gentina quand elle dit qu’on est passé d’un rapport rationnel au travail, à un rapport affectif. Les jeunes ne perçoivent plus le travail comme un devoir social, mais plus comme une expérience humaine. Et ça, c’est vraiment une question de génération. 

Il y a deux principales explications : premièrement, la conjoncture économique, et deuxièmement : un nouveau rapport au temps.

Elodie Gentina : La fragilité économique et l'évolution de la société permettent aux jeunes d'être beaucoup plus critiques, qui sont beaucoup plus exigeants dans leurs choix parce qu'ils sont nés dans l'incertitude économique. Et ils sont prêts à prendre beaucoup plus de risques par rapport à leur avenir qui est incertain. 

Ils vivent dans le présent, ils sont. Ils ont une relation à l'avenir extrêmement courte. Donc comme ils sont dans le présent, ils disent Bah voilà, je suis prêt à prendre un risque et demain, je verrai bien ce qui se passera. Contrairement à avant, on était beaucoup plus dans la réflexion, dans l'horizon de temps beaucoup plus long et donc on recherchait plutôt une stabilité liée à l'emploi. Ils sont moins dans cette stabilité, ils sont plus dans la quête de plaisir. Si je reste pour mon poste, c'est parce que je l'aime bien. Si je m'ennuie demain, je pars. Je ne veux pas d'une routine.

Camille Maestracci : C’est sûr que l’entrée sur le marché de l’emploi aujourd’hui n’a rien à voir avec celle des baby boomers. Le chômage est beaucoup plus important - il est aujourd’hui autour de 8%, il était à moins de 4% au milieu des années 70 -  les emplois sont plus précaires - on voit se multiplier les petits contrats alors que les CDI sont de plus en plus rares - et les carrières sont plus éclatées avec une alternance entre des périodes de chômage et d’activité. 

Comme l’explique Elodie Gentina, les jeunes ont fini par intérioriser cette insécurité du marché de l’emploi. C’est pourquoi, paradoxalement, ils vont être plus exigeants et cherchent davantage un travail qui leur correspond. Ils ne vont pas attendre d’évoluer dans la boîte pour être mieux lotis, ils veulent tout, tout de suite, puisqu’il n’est pas certain qu’ils restent longtemps dans l’entreprise. 

Elodie Gentina : Ils ont beaucoup de mal à se projeter dans l'avenir et qu'on dise projeter. En fait, ils vivent l'instant présent et donc certains remettent même en cause le CDI. Ils vont refuser un job parce qu'on leur propose un contrat à durée indéterminée indéterminée et vont préférer privilégier un CDD qui leur donnera une une plus grande liberté s'ils ont envie de prendre dans un an une année sabbatique ou dans quelques mois, faire le tour du monde contrairement à avant ou passer uniquement par le travail et le travail est une priorité et faire le tour du monde.

On attendait la retraite pour le faire. Aujourd'hui, ces jeunes, ils n'attendent pas la retraite. Ils le font demain après demain parce que c'est quelque chose en eux qui est extrêmement important. Et ils se disent j'arriverais toujours à se débrouiller et je retrouverai un travail. C'est pour ça que quand on pose la question du salaire, avant, c'était voilà. J'avais un job , je ne vais pas l'arrêter. Je vais continuer à travailler et ma passion, je s'accomplira après mon travail. Aujourd'hui, ces jeunes, s'ils ont une passion ou une envie, un sport qui pratique, qu'ils adorent, qu'ils affectionnent, ils ne vont pas mettre entre parenthèses pour le travail.

Camille Maestracci : De ce nouveau rapport au temps, beaucoup plus court et immédiat, découle une autre façon d’envisager sa carrière. Les jeunes la voit plus comme un parcours que comme un objectif à atteindre. 

Elodie Gentina :  Est ce que demain parlera toujours de métiers ou plutôt de mode mission? Ça, c'est aussi quelque chose qui recherche dans l'entreprise et non pas uniquement un métier que je vais exercer pendant cinq ans. Voilà, aujourd'hui recherchent plutôt des missions qui vont évoluer au fur et à mesure de leur vie. Et pour éviter toute routine, ils ont envie d'évoluer rapidement. Donc, quand j'ai mené cette étude, je leur ai. C'est quoi l'élément qui fait que demain, t'as envie de rester dans l'entreprise

Pour 30% d'entre eux, la possibilité d'évoluer rapidement et la possibilité de développer des compétences en faisant plusieurs missions, c'est quelque chose d'important. L'entreprise doit être apprenantes, partageante, proposer des formations avec des jobs description et des missions sur mesure. Donc ça, c'est aussi des attentes qui sont importantes.

En fait, contrairement à avant, on pouvait dire t'intègres une entreprise et comment tu dois dans 5 ans et dans 10 ans. Et donc là, on devait expliquer. Voilà toute cette évolution au fur et à mesure des années au sein de la même entreprise. Aujourd'hui, continue à se poser, à poser cette question en entretien de recrutement. Ça peut faire sourire, voire même faire peur à certains jeunes qui vont répondre dans 5 ans. Je ne sais pas si je serai encore chez vous et ça ne veut pas dire que ces jeunes ne sont pas motivés ou intéressés par l'entreprise et qu'ils ont un rapport au temps et à l'avenir qui est complètement différent puisqu'ils vivent dans une société de l'immédiateté

Camille Maestracci : Dans un article de La Tribune datant de 2019, le sociologue Arnaud Vallin explique ceci : 

“Les jeunes qui entrent sur le marché du travail sont beaucoup plus nombreux à prévoir qu'ils changeront plusieurs fois d'entreprise, voire de métier, pendant leur carrière. Cela modifie la manière dont ils envisagent leur progression : ils cherchent à obtenir des compétences qu'ils pourront valoriser ailleurs, plutôt qu'à se placer pour monter dans l'organigramme interne.”

Pour son ouvrage Génération Z – Des Z consommateurs aux Z collaborateurs, Elodie Gentina a réalisé une étude en 2018 auprès de plus de 2000 jeunes Français entre 15 et 22 ans. Elle observe que parmi leurs principaux leviers de motivation pour trouver un travail il y a la possibilité de développer ses compétences en faisant plusieurs missions. C’est ce qu’Elodie Gentina appelle le phénomène du slasher.

Elodie Gentina : En 2013 avait trois pour cent de slasher. Aujourd'hui, on a à peu près à 18 pour cent. Quand je parle de slasher, c'est la polyactivité qui est qui a été multipliée par deux en dix ans.

C'est un terme qu'on utilise couramment, pas couramment dans le domaine RH. Quand on dit qu'on veut cumuler plusieurs activités, on travaille plus non plus forcément pour une seule entreprise avec le même job. Mais on peut travailler dans la même entreprise et être sur plusieurs missions en même temps. On travaille en mois de missions avec différents leader. Aujourd'hui, on parle pas toujours manager. Est ce différent là où on peut aussi être en prestation?

On travaille pour différentes entreprises sur des missions différentes. On peut travailler dans une entreprise sur quatre jours, puis un autre jour, on fait autre chose.

Par exemple, je ne sais pas si vous connaissez, mais l'entreprise, c'est l'association Vendredi qui propose un job quatre jours en entreprise et un jour en association. Ça permet aux jeunes d'avoir une polyvalence et de pouvoir considérer à la fois le travail et la possibilité de continuer à travailler pour une association ou pour d'avoir un acte environnemental social.

Camille Maestracci : Si je résume : les jeunes considèrent le travail comme très important, c’est juste qu’ils ont changé leur rapport à celui-ci. Ils l’envisagent comme une source d'épanouissement personnel et de plaisir et comme un moyen de développer leurs compétences pour mieux rebondir. Cela s’explique par un nouveau rapport au temps, beaucoup plus à court terme, lui-même lié à la précarisation de l’emploi. 

Essayer de mieux comprendre la génération Z, c’est comprendre non seulement les évolutions du monde du travail mais aussi des différentes sphères de la société en général.

Elodie Gentina :

On voit que le monde va de plus en plus vite, que les règles du jeu sont en train de changer. On passe de la structure au réseau, du vertical à l'horizontal, de la subordination à la collaboration, du légal ou légitime, du contrôle à la confiance, du fixe ou mobile. Et donc, en fait, ce que je veux dire ici, c'est que au delà d'un phénomène générationnel, c'est toute une époque qui est en train de se remettre en cause.

Les Z ne sont que le symptôme vivant d'un monde qui est en profonde mutation, qui vient perturber les codes de la société, mais aussi les codes de l'entreprise, au même titre que la numérisation, par exemple.

Générique 

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Louise Hemmerlé est chargée de production. Cyril Marchan était au montage et à la réalisation. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par le studio La Fugitive. 

Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale. 

Travail (en cours) c’est un jeudi sur deux, et vous pouvez nous retrouver là où vous avez l’habitude d’écouter vos podcasts : Deezer, iTunes, Spotify, Soundcloud. Vous pouvez aussi nous laisser des commentaires et des étoiles, et si l’épisode vous a plu, n’hésitez pas à en parler autour de vous. 

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