Le conseil podcast de Nadia Daam: «Sex and sounds»
/Nadia Daam est journaliste pour 28 minutes sur Arte,
pour Europe 1 et Slate.
SEX AND SOUNDS. «J’aurais bien aimé recommander un podcast sur l’entreprenariat au féminin ou sur l’art contemporain, parce que c’est classe quand même. La vérité, c’est que ce sont des sujets qui m’intéressent finalement assez peu et qui sont par ailleurs traités dans beaucoup d‘autres médias. Ce qui n’est pas le cas du sexe. Hormis les très bons sites ou blogs, l’offre sonore était somme toute limitée. Il y a bien quelques podcasts anglophones mais ils nécessitent un très bon niveau d’anglais ou impliquent de chercher régulièrement, pendant l’écoute, le sens sur internet de termes obscurs (j’ignorais par exemple ce que signifiait “cum” avant de googler, ça a pas mal limité ma compréhension du podcast américain “Guys we fucked”). Bénie soit Arte Radio, bénie soit Maïa Mazaurette. Avec “Sex and sounds”, il existe enfin un podcast “dédié aux liaisons fructueuses entre plaisirs d'en-bas et sons d'en-haut”. Le son, c’est précisément le prisme choisi pour ce podcast court (5 minutes en moyenne). Maïa nous parle à l’oreille d’ouïe et de sexe, comme une mise en abyme (oui, “mise en abyme”, j’écoute pas de podcast sur l’art contemporain, mais on est pas chez les cons). Maïa, qui connaît son sujet (elle est sexperte pour GQ et Le Monde) se demande si parler français est si sexy que ça, évoque le son de l’orgasme masculin, les bandes originales du porno…
Je recommande particulièrement à tous, sauf à ma mère, l’épisode consacré au “dirty talking”. Sujet souvent évoqué dans la presse féminine mais de façon bien crétine (“Pimentez votre couple : demandez-lui de vous appeler ma petite cochonne”). Comment parler sale sans imiter Joey Starr dans “Ma Benz”? Pourquoi c’est rigolo de dire des gros mots, surtout quand on est une femme? Pourquoi dispose-t-on d’aussi peu de vocabulaire pour exprimer son désir sans emprunter au champ lexical animalier ou à la torture? Et si Maïa confesse elle-même préférer aller sur Twitter si elle veut qu’on lui parle mal, elle pose néanmoins les bonnes questions…»