Bonnes résolutions : pour l’amour des seuils

J’ai cette fâcheuse habitude de penser, quand il ne reste que quelques minutes - dans le métro, entre deux rendez-vous, avant que le cours de Pilates ne commence, avant qu’un ami n’arrive à la maison - que rien n’est plus possible. Que je n’aurai jamais le temps de faire quelque chose de nouveau (lire un chapitre du livre qui est dans mon sac, le lancement d’une machine à laver…) Alors généralement, je continue ce que j’étais en train de faire : mes mails, travailler - scroller sur Instagram. Je ne commence pas autre chose. 

🕰️ Je sais, en réalité désormais que j’ai peur des seuils : de passer d’un instant à un autre, d’une activité à une autre. Que ces petits instants sont des arrachements. C’est une peur minuscule, qui se niche dans mon oubli de clefs, de téléphones, de mon portable, du livre en cours, du chargeur si jamais… Je reviens en arrière, je remonte l’escalier, je repasse chez moi. C’est une peur dans laquelle se dissolvent des minutes entières qui pourraient être consacrées à des lectures, des podcasts et des films. Je me fais croire que le temps ne suffira jamais.

Je m’en suis rendu compte en discutant avec mon meilleur ami, lors d’une de ces conversations qui voguent de noyau en noyau, dans lesquelles on brasse et l’enfance, et le dernier achat de fleurs, un rendez-vous manqué, la honte d’un retard inacceptable et le récit d’une séance de psy. 

🫶 Et autant que d’avoir compris ma peur des seuils, je me dis “quelle chance d’avoir quelqu’un par qui la comprendre”. Quelle chance, ces conversations ininterrompues où l’on se dit assez de choses pour ne pas passer à côté des gens, se voir vraiment.

Pour cette nouvelle année, en plus des lectures, des podcasts et des films, en plus du sport et du rangement, je vous souhaite ça : ne plus craindre les petits arrachements, et une foule de gens pour comprendre ces peurs, et les traverser.