Retranscription - La Gifle

Charlotte Pudlowski

Quand je suis née, ma sœur n'a plus parlé à ma mère pendant des semaines, sauf en lui criant dessus. On aurait pu imaginer que ça n'inaugurait pas d'une immense simplicité entre nous, mais cette colère, c'était leur affaire. Ma soeur et moi, on s'est toujours aimées, même quand je l'ai mordue si fort, qu'elle en garde la cicatrice au mollet. Même quand elle m'a dit que le père Noël n'existait pas, alors que je n'avais rien vu venir. Même quand elle n'a plus voulu que je dorme dans sa chambre, que je traîne avec ses copains. J'ai avancé derrière ma sœur dans la vie comme un soldat va à la guerre en ordre serré, protégée par le premier combattant. Elle a été en première ligne pour tous nos combats, face à nos parents, face aux autres, face au monde. Elle a toujours été l'évidence de l'autorité mise sur le piédestal de la jeunesse. Le parent contre lequel on ne se rebelle pas. Celui qui peut vous gronder d'avoir fumé et vous taxer une cigarette. Comme une armure, de la texture d'un nuage. Aujourd'hui, une histoire de sœur, de grande sœur, par Bruno Bottero.

Bienvenue dans Passages.

Brune Bottero

Avec ma soeur Caroline, on a dix ans d'écart. C'est pratique pour compter. Dix ans d'écart, c'est beaucoup, mais ça ne nous a jamais empêché d'être proche l'une de l'autre. Lorsque j'étais triste, elle avait toujours des mots pour me réconforter et aussi pour m'expliquer les choses de la vie. C'est à Caroline que je me suis toujours confiée dans l'enfance et encore aujourd'hui. On a grandi ensemble. On a joué aux Playmobil, on a dévoré des cornets de glace toutes les deux allongés dans l'herbe, fait du camping l'été, du ski l'hiver. Je l'ai regardée devenir une jeune femme, médusée par ses copines, folle de curiosité pour ses amoureux et pour les petites billes de cire chaude qu'elle utilisait pour s'épiler. Caroline m'a toujours un peu impressionnée, m'a toujours semblée plus forte, plus mature, avec du caractère et de la personnalité. Le genre de fille à qui on la fait pas, qui sait se rebeller, qui ne se laisse pas faire. Une vraie grande soeur quoi !

Il y a trois ans, pendant l'été, j'avais 30 ans et elle, 40. C'était la fin de la journée. On était sur sa terrasse et on buvait probablement un verre de vin blanc pendant que nos enfants jouaient quelque part dans le jardin. On discutait de choses et d'autres. Et puis, un peu soudainement, elle a évoqué la gifle.

Caroline

Tu as un an et demi et moi j'ai 11 ans et on jouait toutes les deux, dans ta chambre et je veux que tu fasses quelque chose que tu ne veux pas faire. Ça m'a énervé, je te crie un peu dessus et tu continues et... Je te mets une gifle. Mais une gifle. Je ne te mets pas une tape, je te mets une gifle. Et tu pleures donc forcément, ta mère arrive. Elle me dit "Mais qu'est ce qui se passe ?" Et je mens, je dis dit "mais non, mais je sais pas, elle s'est fait mal, donc elle s'est mise à pleurer", et c'est horrible.

Brune Bottero

Je n'ai aucun souvenir de cette gifle, d'ailleurs, je crois pas me souvenir d'un seul conflit avec ma grande soeur. Je me suis toujours sentie proche d'elle. On s'est toujours bien entendues. Et elle me la raconte comme on se raconte souvent les petits détails qui ont ponctué notre enfance. Elle me raconte comme si c'était la dixième fois qu'elle le faisait. Mais cette histoire, c'est la première fois que je l'entends et elle me fait l'effet d'une autre gifle, violente, imprévue, injuste. Je me sens soudain très triste pour la petite fille de 1 an que j'étais à l'époque, qui avait rien demandé à personne. Qui avait certainement pas mérité, ça. Puis, j'avais une pointe de colère aussi, d'incompréhension. Comment Caroline a-t-elle pu faire ça ? Me faire ça à moi?... Ça peut sembler un peu insignifiant, banal même. Tout le monde sait que ce sont des choses courantes entre frères et sœurs. Mais ce que je ressens là, c'est assez différent, comme si c'était une anomalie qui venait mettre le doigt sur autre chose. Cette gifle devient pour moi un point de départ. Est-ce que ma vision de notre enfance et de notre relation est erronée ? Comment un moment de notre passé qui lui semble si anodin peut-il me surprendre à ce point ? Je commence à réaliser qu'il a peut être deux histoires de notre enfance et que pendant 30 ans, je n'en ai vu qu'une. La mienne. On a toujours parlé de tout, assez simplement. Et au fond de moi, je crois pouvoir comprendre ce qui a provoqué la gifle. Mais curieusement, je n'ai jamais poussé la réflexion plus loin. J'ai un peu honte, à 30 ans, d'avoir refusé de comprendre ce qui a pu se jouer dans notre histoire de soeurs. Parce que ce qu'il se passe, c'est que ma soeur n'a pas toujours été ma soeur.

Caroline

J'ai grandi à Jausiers. C'est un village à côté de Barcelonnette qui est vraiment très, très petit. Tout le monde se connaît. Tout le monde critique tout le monde et personne n'aide personne. C'est entouré de montagnes partout, partout, partout. Il y a des montagnes hautes et je me rappelle regarder autour de moi et de me dire "je suis renfermée, il y a des montagnes de partout". Ma mère, historiquement, avait des crises, de quoi comment dire n'importe quoi de... À partir du moment où je suis née, elle a tout fait pour que je n'aime qu'elle. Elle me dit sans cesse "Si tu dis ce qui se passe, on va tendre vers moi". Et ça... Ça me pétrifie. C'est impossible, c'est ma peur. Donc je ne dis rien, jamais. Mais je vois bien que tout ce qui se passe, c'est quand même pas normal.

J'ai 10 ans, c'est très compliqué, je vais plus à l'école le samedi matin parce qu'on est dans des bars jusqu'à très tard et que je n'arrive pas à me lever et que ma mère vu qu'elle ne travaille pas le samedi, ne me lève pas. Donc je me fais gronder par la maîtresse; qui... Bon on était dans un village donc qui sait ce qui se passe. Mais voilà, la maîtresse convoque ma mère. Ma mère me dit "Mais t'inquiète pas, ma chérie, bien sûr, je vais tout expliquer. Je vais lui dire que c'est ma faute, que vraiment, je suis désolée. Je suis désolée". Et arrive le jour où ma mère et la maîtresse se rencontrent et je suis là. Et donc là, ma mère dit "non, mais je ne comprends pas, vraiment ! Caroline ne se réveille pas. Je suis complètement d'accord avec vous. C'est vraiment une fainéante. C'est inadmissible. Je vais la punir". Quand je vis ça, que j'ai 10 ans, je veux aller à l'école le samedi matin. Je veux me lever. Je veux que ma mère me réveille, je veux y aller, je veux être normale. Là, je comprends pas parce que ma mère a tout fait pour qu'il y ait qu'elle dans ma vie. Et il y a qu'elle et ma vie, et un peu en désordre et c'est un peu le chaos. Et là, elle me trahit. Elle me plante un couteau dans le cœur en fait. Donc là, je suis en CM2, c'est les vacances de février. C'est le dernier jour, je sors de l'école et devant l'école, tout le monde est super content. On crie tous "oui, c'est les vacances", on est tous contents et moi, je sens que c'est la dernière fois que je suis dans cette école. Et je l'ai regardée et je me suis dit "je viendrai plus".

Comme toutes les vacances scolaires depuis que je suis née pratiquement, je suis en vacances chez mes grands parents dans le Sud. De manière générale, quand je pars de chez moi pour aller chez eux, je suis triste.  Forcément, je n'ai pas envie de quitter mes parents, je ne veux pas quitter ma maison, etc. Mais une fois que j'arrive dans la maison de mes grands parents, c'est juste le bonheur.

Le rituel, c'est que mamie prend ma valise, sors tous les habits, les mets tous dans la machine à laver puisque mes parents fument donc, ça sent la cigarette à plein nez. Et j'adore, parce que je trouve qu'il y a une odeur toute particulière chez mes grands parents et j'adore m'approprier cette odeur. J'ai ma chambre, donc j'ai mon univers à moi. Après, ils sont quand même assez sévères. Je n'ai pas le droit d'aller m'amuser dans le quartier avec les autres enfants. Il ne faut pas trop faire de bruit dans les escaliers. Il y a quand même des règles qui sont assez strictes. Mais on fait des gâteaux, on fait des crêpes, on fait des gniocchi avec Pépé. C'est quand même une parenthèse enchantée.

Pendant ces vacances, je suis dans la chambre avec mamie. Mamie, c'est une mamie que tous les enfants rêvent d'avoir. Elle est toute douce, elle répare tous les bobos. Elle est un peu sorcière, mamie donc elle sait les choses, elles sent les choses. Et on est dans sa chambre, on est sur le lit toutes les deux et on discute un petit moment privilégié entre toutes les deux. Et je crois qu'elle me demande simplement comment je vais, parce que je crois que Caroline de 10 ans, elle, n'en peut plus. Je lui raconte tout. Et là, je parle. Je pense que je fais un monologue pendant au moins une heure et je lui raconte tout ce que je n'ai pas le droit de dire. Je lui raconte les bars, je lui raconte les tentatives de suicide. Tous ces hommes qui viennent à la maison, qui passent, qui... Tout ce qui ne va pas, tout ce qui est malsain, tout l'alcool, les drogues, les armes à feu, les... Tout, tout ! Et elle ne dit rien, elle m'écoute, elle me coupe absolument pas la parole. Et je vide tout ça. Je vide, je vide, je vide. Et elle, elle prend, elle prend, elle prend et heu...  Elle prend sa petite fille, qui lui raconte déjà des choses horribles, mais des choses que sa fille fait à sa petite fille, et elle bronche pas. Elle dit rien. Et une fois que j'ai eu fini de tout raconter, j'ai déjà vraiment cette sensation de... Comme si j'étais remplie d'un liquide opaque, mais vraiment à l'intérieur de moi et au fur et à mesure, je sens que ça s'évacue. Je me vide complètement au fur et à mesure que je parle et je sens que ça me fait vraiment du bien... De le dire à voix haute. Je me rends compte de la gravité aussi de ce qui se passe. Parce que je sais que ce n'est pas normal, mais, c'est ma mère. J'ai 10 ans, je suis une petite fille. Et ça dure une seconde, cet état, parce que de suite, je me dis "haaan ! Qu'est ce que j'ai fait? J'ai tout raconté et là, vraiment, on va m'enlever à ma mère". Et même si je me rends compte que c'est grave, que ça ne va pas... Non pas à ma mère, c'est hors de question, c'est pas possible. Donc là, je pars en panique vraiment et je dis à mamie je lui dis : "Mais vraiment, tu n'en parles à personne". Si elle doit garder un secret dans sa vie, c'est celui là, vraiment, je suis tétanisée. Et encore, avec toute la douceur qu'elle peut avoir, elle me dit "Mais ma chérie, je peux pas garder ça. Tu te rends compte que ce que tu m'expliques, c'est beaucoup trop grave. C'est beaucoup trop important et je dois au moins en parler à Pépé ».

Et je comprends. Il y a une partie de moi. Je me dis "oui, elle a raison. On ne peut pas le garder juste pour toutes les deux".  J'ai ouvert quelque chose qui est plus grand que moi. Je suis libérée et tétanisée. Moi, à ce moment là, je ne veux pas assister à ça. Mais je sais que mamie descend dans la cuisine et qu'elle explique tout à son mari, à Pépé. Et je n'ose même pas imaginer ce qui s'est passé dans cette cuisine au delà de la nouvelle qu'elle amenait, c'est que mes grands parents avaient déjà donné énormément de leur vie. Ma mère leur a causé des problèmes incroyables, mais ce qu'ils ont dû vivre quand je leur ai balancé tout ça, au delà de ce que leur petite fille vivait, c'est de se rendre compte de ce que ta fille est capable de faire à ta petite fille. Pépé, quand il apprend tout ça appelle ton père. Et il lui lance la patate chaude j'ai envie de dire. Il lui dit "Voilà, il se passe ça. Il lui raconte". Et concrètement, ce qui s'est passé, c'est que ton père est venu chez ses parents, donc chez mes grands parents. Et concrètement, ils ont discuté entre eux de tout ce qui se passait et de la situation. Et il a été décidé que ton père et ta mère allaient me prendre, entre guillemets, s'occuper de moi jusqu'à ce que ma mère aille mieux. Donc, on est en vacances de février, je suis en CM2. Ton père est instit' en CM2, donc pas de soucis. J'intègre sa classe au moins jusqu'à la fin de l'année. Enfin, le temps que ma mère se reprenne un peu en main et que je puisse retourner avec elle. Donc, tout ça se décide, je pense en cinq heures. Et à ce moment là, on me pose pas la question. On me dit "Ben voilà Pierre est là, tu veux aller vivre avec Pierre et Claudine quelque temps parce que là, on est d'accord pour dire que tu peux pas retourner là bas. C'est complètement impossible".

Je suis soulagée. Je suis soulagée parce qu'il respire le bonheur. C'est la famille Ingalls, Pierre et Claude avec la petite fille, toi. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont en bonne santé, ils ne fument pas, ils ne boivent pas, ils ont des relations saines, ils sont, ils font du sport. Je passe du noir au blanc et c'est bien. Voilà. Tout va très vite. Pierre et Pépé partent voir ma mère et mon instit. Je trouve déjà très bizarre que ma mère dise "oui oui, prenez la !" parce que je suis élevée depuis que je suis née pour ne faire qu'un avec elle et en fait, là je n'ai pas vraiment d'infos parce que je pense que voilà, il commence un peu à me protéger, donc je ne sais pas vraiment ce qui s'est dit. Toujours est il qu'il revient avec des affaires à moi, mes affaires scolaires et que ma mère, elle, a dit "OK, prenez là", voilà.

J'arrive donc dans cette famille. Avec ce petit bébé d'un an et demi qui est trop mignonne et tout est parfait.

Brune Bottero

Il y a une photo que j'aime beaucoup, qui était encadrée dans le couloir de ma maison d'enfance. On y voit Caroline, son minois de petite jeune fille, ses taches de rousseur. Elle porte une salopette en jean clair et un pull large couleurs pastel, vert ou violet, typique des années 90. Elle est un peu penchée devant une fenêtre et on devine que derrière le soleil en train de se coucher, parce que la lumière qui teinte toute la photo est un peu jaune, orange. Agrippée à son dos comme un koala, il y a moi. Je dois avoir deux ans. J'ai des boucles plein la tête, un pyjama en pilou et un air ravi. Ce que cette photo raconte de ces années, c'est beaucoup de douceur, des couchers de soleil aux fenêtres branlantes de l'appartement de fonction qu'on occupait alors, juste au dessus de l'école primaire où travaillaient mes parents. Ce petit trois pièces dans lequel ils se sont installés était miteux à leur arrivée, quand il était encore un jeune couple sans enfant. Ils ont tout repeint, monter des étagères, cousu des rideaux. Mes parents ont toujours été doués pour transformer quelque chose de moche en oeuvres d'art.

Et puis, à peu près un an plus tard, Caroline est arrivée et nous avons grandi ensemble. J'avais une grande sœur de 10 ans de plus que moi qui n'était pas vraiment ma sœur, et je trouvais ça très original et mystérieux. Quand on faisait de longs trajets en voiture et que nos parents mettaient RFM, je regardais Caroline qui chantait par coeur les chansons de Renaud, France Galles, Jean-Jacques Goldman. J'étais folle d'admiration. Avec Caroline, on jouait à "tu préfères?" Et elle acceptait toujours de me faire plaisir en choisissant vanille quand je disais chocolat. Je trouvais ça incroyable qu'on soit aussi complémentaires.

Caroline

L'éducation de mes parents, ce que j'ai vécu avec mes parents, est à l'opposé totale de ce que j'ai vécu après avec tes parents, à toi, avec mon oncle et ma tante qui m'ont adoptée. Et la Caroline de Jausiers est à l'opposé totale de celle que je suis devenue après, quand je suis arrivée dans le Sud. J'ai changé complètement. J'ai saisi l'opportunité de devenir une autre Caroline et de ne plus me laisser faire au moins sur des domaines que je pouvais maîtriser.

Les semaines passent, les mois passent et du coup, je crois que c'est des amis ou l'entourage qui conseillent à tes parents de m'emmener voir un psy. Tes parents viennent me voir : "Caroline, je vais aller voir un psy". Ouais, ok. Sauf qu'à ce moment là, je vais bien, je vais super bien ! Moi, je suis encore sur mon nuage et dans mon film à la télé, avec la famille de la télé, tu vois, tout va bien quoi. Mais bon, ok, donc je vais voir un monsieur d'apparence un peu repoussante quand même. Je crois qu'il avait une espèce de pustule sur le nez, un espèce de pull un peu col roulé marron avec un pantalon côtelé. Tu vois, un peu un peu décalé dans le temps, sorti des années 70, mais ce n'est pas pris une touche entre temps enfin... Son bureau aussi. Il y a de la moquette aux murs. Tout est un peu dans cet univers un peu bizarre, mais bon... Donc je rentre dans son bureau, il me reprend et il me dit "alors d'après toi, pourquoi tu es là. Donc je lui explique. Et en fait, ce monsieur, ce psychologue ne me parle que de toi, "Brune, comment ça se passe? Est ce que tu l'aimes bien? Est ce que vous avez des bons rapports?" Et je trouve ça très, très bizarre. Vraiment. Et je m'ennuie, j'en peux plus. Je m'en fous de ce qui me raconte, ça n'a aucun intérêt. Je vais bien là, je vais bien. Et j'ai dû y aller du coup, trois fois. Et la troisième fois, quand je rentrée, je suis allée voir Pierre et Claudine et je leur ai dit "si je vais voir un psychologue c'est pour parler de moi, mais il me parle pas de moi. Il me demande pas moi. Il me parlait que de toi, comment tu étais, etc". Donc on en a un peu ri et je suis plus allé... Même quand j'allais moins bien.

Brune Bottero

C'est à peu près à cette période que Caroline me donne "la" gifle.

Caroline

C'est un peu je joue à la grande sœur au début, je joue un peu à la poupée. Je vois comme ça, mais très vite, très vite, je deviens très jalouse. C'est pas un sentiment qui me plaît, mais en fait, tu as tout ce que je veux et tout ce que je n'ai pas. Parce que même si je vis chez toi avec tes parents, ce ne sont pas mes parents. T'es toute petite, mais ils t'aiment tellement tes parents, ils sont là et tout ce qu'ils font, c'est pour ton bonheur. Tout ce qu'ils font, c'est pour toi. Et en fait, quand je vois ça, je me prends en pleine figure, que moi, mes parents ils m'aiment pas. Tu as tout ce que je n'ai pas et tu t'en rends pas compte. C'est ça qui m'énerve, c'est que tu t'en rends pas compte. Tout est normal pour toi. T'as déjà des parents géniaux. T'as une super chambre. T'es jolie, tu vas avoir une vie géniale. Moi, j'ai galéré de 0 à 10 ans. Tu peux au moins mettre la case dans le truc que je veux. Voilà, et tu le fais pas. Ça m'énerve. Non ouais, tu te rends pas compte... Et je crois que c'est à ce moment là que j'ai commencé aussi à avoir peur de ressembler à ma mère. Voilà, que la jalousie me porte dans des comportements atroces. Voilà, c'est horrible. C'est vraiment un moment horrible parce que je te vois tel que tu es : 18 mois. Et donc, non, j'ai très honte, vraiment très honte, et je me rends compte que je t'aime beaucoup, que je tiens beaucoup à toi. Donc, je suis vraiment désolée.

Brune Bottero

Est ce que tu arrives à te rappeler s'il y a un moment où je suis devenue ta soeur? Dans ton esprit?

Caroline

Il y a un moment où je me suis rendu compte que je voulais te protéger. On est dans l'appartement et on est sur la fin de journée. On est en automne. Toi, tu es dans le salon. Tu n'as pas encore deux ans. Tu as une petite tenue trop mignonne, un tee shirt assorti au pantalon rose avec des petites inscriptions un peu chinoises dessus, qui fait un peu pyjama, mais qui est pas un pyjama. Tu es trop mignonne. Et tu joues tranquillement au milieu du salon, mais vraiment, derrière toi, il y a se coucher de soleil et il y a une porte fenêtre parce qu'il y a un balcon. Tu as des petits cheveux bouclés blonds et tu as vraiment les bouclettes qui ressortent avec le soleil qui tombe comme ça. C'est une photo dans la famille parfaite, la photo instant T parfaite.  Je sais que je te vois parce que je passe à un moment donné et je te vois là et je fais une photo dans ma tête. Et je ne sais pas, Pierre est dans la cuisine, Claudine dans la salle de bain qu'importe. Je suis seule. Et en fait au dessus de cette porte vitrée qui donne sur le balcon, il y avait une espèce de vasistas, une fenêtre qui s'ouvre, mais uniquement par le haut pour faire rentrer un peu d'air. Et donc, cette fenêtre est ouverte. Tout le monde est calme, il n'y a pas de bruit, il n'y à rien. On est tranquille. Et d'un coup, il y a un énorme bruit de vitre qui se brise. Mais vraiment un bruit retentissant. Et dans la seconde qui suit, tu hurles. Un cri d'enfant qui te glace, qui te prend et qui te glace de la tête aux pieds. Donc, on arrive de suite dans le salon. On vient, on te voi.  Tu es assise par terre et tu hurles, tu n'as pas bougé et tu es recouverte au tout autour de toi et un peu sur toi d'éclats de verre. Et c'est l'apocalypse. C'est une vision d'horreur parce qu'il y ait deux secondes t'étais belle dans ce soleil couchant. Et là d'un coup, tu es en zone de guerre. Et en fait, c'est ce fameux vasistas. Il y a eu un courant d'air et le vasistas a claqué et la fenêtre a explosé. Donc toi, tu n'as rien. Comme un petit ange au milieu du chaos, tu n'as rien du tout, mais tu as eu la peur de ta vie. Voilà donc nous, bien évidemment, avec tes parents aussi, parce que on voit que tu n'as rien, que tu n'as pas été coupée. Ç'aurait pu être dramatique, mais non, tu n'as rien. Et en fait, ce qui se passe, c'est qu'à partir de ce moment là, tu fais des cauchemars. Tu as peur. Tu ne veux plus rester seule dans une pièce. Tu suis traumatisée. Et là, je t'ai vue, enfin je te vois au fur et à mesure quand je vois le tes premières peurs, je te protège. Je suis celle que je n'ai pas eue. Se déclenche en moi un sentiment de protection. "Il t'arrivera à rien, quoi qu'il arrive dans toute ta vie, je serai toujours là pour toi". Et à partir de ce moment là, il y avait plus de jalousies. Il y avait plus de "Tu te rends pas compte de la chance que t'as", oui tu es devenue ma soeur à ce moment là, mais quelque chose de plus que ça.

Brune Bottero

Pour Caroline, il y a eu un moment, un déclic, mais pour moi, Caroline a toujours été là. Personne ne m'a jamais caché la vérité. Je savais que Caroline n'était pas ma vraie soeur, mais ma cousine. Et je crois que quand j'ai été en âge de poser des questions, on m'a expliqué que Caroline était venue vivre avec nous parce que sa maman ne pouvait pas s'occuper d'elle. Et je me suis longtemps contenté de cette réponse comme unique explication parce que c'était plus facile d'imaginer dans mon esprit d'enfant que j'étais autant sa sœur qu'elle était la mienne.

Caroline

L'année scolaire se poursuit et un jour, tes parents viennent me voir pour me dire qu'on va officialiser les choses, "tu ne vas pas retourner chez ta mère, finalement, ça ne va pas mieux. Donc on va passer devant un juge des enfants pour faire en sorte qu'on devienne ton tuteur et ta tutrice légale". Qu'ils aient l'autorisation de faire plein de choses qu'ils n'avaient pas le droit de faire. Parce que sur le papier, c'est juste mon oncle et ma tante et je suis leur nièce et point.

Je crois que je m'en fous un peu. Je m'en fous parce que de toute façon, moi, je suis rentrée en guerre avec ma mère. Toujours dans les extrêmes. Elle était tout, elle est devenue plus rien. Alors plus rien... C'est ce que je veux, c'est ce que je me fais croire. Quand tes parents font la démarche, pour moi, c'est de l'administratif. C'est un truc de grand. Ça change rien à ce que je vis. Moi, je veux plus y retourner. On en a jamais parlé de façon, c'est un sujet tabou, tout ça. Tout ce dossier là, on n'en parlait pas. Je suis avec tes parents. Je suis avec toi. On fait les papiers. On fait des choses bien parce qu'avec Pierre et Claudine on fait les choses bien, on fait les choses dans l'ordre, on fait les choses comme il faut. On part : Pierre, Claudine et moi dans la voiture. On va à Digne. Étaient présents ma mère et mon père. On passe d'abord tous ensemble devant le juge et il est derrière ce grand bureau avec plein de dossiers partout. Ça se passe. Ensuite, c'est moi qui passe en premier. Toute seule. J'ai le droit à la parole et j'ai le droit de dire avec qui je veux vivre. Et c'est largement entendu. Voilà. Et il me demande comment ça se passe avec mes parents. Donc, je dis que ça se passe pas, je lui dis qu'il n'y a aucune relation, de tout façons, ma mère je la déteste et mon père est alcoolique. Donc voilà, point. Et il me dit "Mais tu veux vivre avec qui ?" Et je lui dis "moi je veux vivre avec mon oncle et ma tante et ma cousine". Il me dit "OK, très bien".  Pas d'émotion, mais je sens qu'il m'écoute. Donc je sors, je suis plutôt rassuré. Ma mère est soûle je pense et je la supporte pas. Je ne veux pas la voir, je vois, je la connais par coeur. Je vois qu'elle titube à moitié. Elle va trop longtemps aux toilettes, elle revient, elle se frotte le nez. Il n'y a rien qui va quoi. Y a rien qui colle. Il y a mon père, mon père que je découvre. La couverture s'est enlevée et je voyais l'homme, mais l'homme que j'avais appris à détester et à mépriser. Et je voyais un homme pas du tout détestable et méprisable. Je voyais un papa rempli d'amour et un homme vraiment bon. Et ce jour là, il a fait la plus belle preuve d'amour qu'il aurait pu me faire. Il a dit "Moi, monsieur le juge, je ne suis pas apte à élever ma fille. Malheureusement, je suis malade, mais ma femme, sa mère, elle, n'est pas non plus. Il faut qu'elle reste avec son oncle et sa tante. Il faut vraiment qu'elle reste avec son oncle et sa tante". Je pense que pour lui, ça a été très dur d'avoir cette objectivité là sur la femme de sa vie, vraiment, il a accepté et il a fait des choses incroyables, incroyables et insurmontables pour elle. Il est mort d'amour pour elle, des années plus tard, mais il est mort d'amour pour elle. Et là, je suis passé avant. Enfin ! Et je suis passée avant peut être qu'une fois, mais la bonne foi. C'était une journée assez dure.

Et on retourne donc dans le bureau du magistrat qui nous annonce que effectivement, Pierre et Claudine ont la tutelle de Caroline. Donc, Pierre et Claudine sont contents. C'est réglé. On remonte dans la voiture tous les trois et moi, je suis plutôt contente. Voilà, je suis libéré quand même. Et puis voilà, on part et ouh... Je n'en pouvais plus. Émotionnellement, c'est lourd, c'est bon. La journée elle se finit.

À l'époque, encore une fois, on s'attachaient pas à l'arrière. Donc j'avais ma tête collée, comme tous les enfants de l'époque, entre le siège du passager et le siège du conducteur. On avait tous les trois la tête au même niveau et j'étais contente. C'était un petit moment sympa. Et puis j'étais seul avec eux. C'était rare. Tu étais tout le temps là. Rires. Et donc je suis contente. On prend la route et ton père me regarde dans le rétroviseur, il se retourne et il me dit "bah maintenant, t'as plus de raison de pas travailler à l'école". Et là, tout s'effondre. Le soulagement, la joie, le moment privilégié, cette petite parenthèse. Elle s'effondre parce que ça n'a rien à voir, parce que ça n'a aucun sens. La phrase qu'il dit n'a aucun sens. 

Brune Bottero

Les contes de fées, ça n'existe pas. Je sais que j'ai une vision excessivement édulcorée de mon enfance. Mes proches ont tendance à se moquer de moi là dessus d'ailleurs. Ma naïveté, mon enfance soi disant paradisiaque et parfaite. Je déforme, je mets une sorte de filtre magique sur notre passé, un peu malgré moi. J'aime me dire que c'est par optimisme, mais parfois, je me demande si ce n'est pas par égoïsme, par privilège, parce que j'ai eu la chance de grandir avec mes deux parents, que j'ai été élevé dans l'amour. Je grossis le trait, j'édulcore. Je me voile parfois la face sur une réalité plus nuancée.

Brune Bottero

L'enfance, pour moi, c'est un été perpétuel. Des longues journées qui s'étirent, des jeux dans le jardin, des promenades dans la colline. Dans mes souvenirs, mes parents sont parfaits. Ils passent beaucoup de temps avec nous. Ils ne nous parlent pas comme à des bébés. Ils nous apprennent des tas de choses. Ma mère m'apprend à lire, mon père m'emmène faire du VTT. Tout est parfait. Concernant Caroline, c'est un peu la même chose. Toute notre enfance, je trouve ça plus pratique, plus confortable et sans doute plus joli de simplement me dire que c'est ma sœur, de me dire que mes parents ne font jamais d'erreurs, qu'ils sont toujours juste. Je ne trouve pas mes parents sévères. Il y a des règles à respecter, mais je désire si ardemment leur plaire que je me tiens toujours à carreau. Je déteste l'idée de me faire gronder. C'est Caroline qui se fait gronder. Caroline est perçue par mes parents comme une enfant difficile, un peu rebelle, farouche. Et dans mon envie de leur plaire, leur vision déteint forcément sur la mienne. Je grandis avec la même impression, la même certitude que ma grande sœur n'est pas facile.

Caroline

Si mes résultats scolaires étaient pas satisfaisants, ce n'était en aucun cas parce que je n'ai jamais joué du fait de ne pas être leur fille, j'avais bien trop peur qu'ils me mettent dehors. Et du coup, quand ils me disent cette phrase... Ça me glace et en fait, je pense que cette phrase, elle voulait surtout dire "maintenant, le dossier est clôturé. On n'en parle plus". Je me vois me remettre à ma place dans mon siège. J'étais au milieu avec eux et je dis "ah ok" et je me remets et j'ai pu parlé du voyage.

Brune Bottero

Je trouve ça fou qu'il ait dit ça. Quel paradoxe hein ? C'est fou. Mais il était comme ça, il était parfait, mais il y a des choses dont on ne parle pas. En rigolant, on dit qu'on est une famille "n'a pas mal". Tu sais, on se plaint pas, jamais ! Il y a toujours pire à côté. Non, tu as un problème "bon oK, bah on avance, c'est pas grave, on n'est pas des faibles". On n'a pas le droit de pleurer. On n'a pas le droit d'être triste. On n'a pas le droit d'être malheureux. On n'a pas le droit de se plaindre. Non, non, jamais. Donc il était conditionné comme ça et... A ce moment là, il a 25 ans. Tu te rends compte, il a 25 ans, il commence sa vie avec sa femme, sa petite fille. Il a une ado de 11 ans qui arrive. Je pense qu'il fait comme il peut. Voilà, je pense que c'est compliqué aussi pour lui.

Brune Bottero

J'ai 7 ans et Caroline, 17. C'est le soir, veille d'école et ça crie dans la maison. Mon père est très en colère. Je crois me souvenir d'une phrase comme "tu nous déçoit beaucoup" et je me dis que quand même, c'est grave de décevoir ses parents. Je suis une enfant et ma grande soeur, une adolescente. Je me dis que Caroline a des problèmes parce qu'elle est adolescente, qu'être adolescente, ça signifie contrarier ses parents, leur jouer des tours, avoir des mauvaises notes, fumer en cachette, mentir. Je me jure que je ne serai jamais une adolescente. Je ferai toujours tout pour éviter qu'ils soient déçus ou en colère.

Caroline

Moi, je deviens adolescente et je suis là, je fais partie de la famille, je suis présentée comme leur fille. Moi, je parle d'eux en disant mon oncle, ma tante, mais je vis avec eux. Je parle de toi, tu, ma soeur. Le truc il est installé, il est closé. Tout va bien. J'ai toujours pas de rapport avec ma mère et mon père non plus, mais elle est quand même toujours là, un peu en mode fantôme, etc et moi, j'essaye de me construire pendant l'adolescence qui est jamais trop facile avec tout ce que j'ai dans ma tête, dans mon coeur et tout ce qui se passe, mais sans jamais avoir la possibilité d'en parler avec tes parents. Il y a des moments qui sont compliqués parce qu'ils comprennent pas en fait ce que je vis. Parce que vu que ton père a été vraiment traumatisé par ma mère enfant, dès que je fais quelque chose de pas parfait, je pense qu'il a peur que je devienne comme elle, clairement. Et c'est pas que lui, toute la famille, voilà, pendant très longtemps. Et ils sont très, très stricts. Donc c'est compliqué parce que je le sais pas. J'ai 15 ans, j'ai voila... Mais je suis pas bien. Il y a plein de trucs qui vont pas. Mais finalement, je suis quand même pas une ado trop compliquée et trop à problèmes. Je n'ai jamais fait de bêtise. Je j'ai jamais séché l'école. J'avais bien trop peur.

Brune Bottero

C'est fou quand même, Caroline et moi, on a grandi ensemble sous le même toit, avec les mêmes règles. Évidemment, ça ne pouvait pas être aussi simple. Grandir dans la même maison en partageant les mêmes repas, les mêmes Noëls, les mêmes activités, mais pas les mêmes parents. Il a fallu que j'ai 30 ans et que ressorte cette histoire de gifle pour que je comprenne que non, on n'a vraiment pas eu la même enfance. Il y a dix années d'enfance pour Caroline, qui précède son arrivée dans notre famille. Dix années qui sont à l'opposé de mes dix premières à moi. L'enfant de 1 an, qui s'est pris une gifle, ne pouvait pas saisir cette différence là, mais plus tard, je crois qu'au fond, moi, je comprenais les manifestations de la jalousie de Caroline, mais je la balayais rapidement comme une pensée un peu gênante. Est ce que cette jalousie, elle me renvoyait à la figure, ma chance à moi. C'était plus pratique de me dire qu'on était à égalité, qu'on avait le même socle solide et de surtout pas creuser pour me mettre davantage à sa place. Quand je propose à Caroline qu'on parle de tout ça, qu'elle me raconte vraiment son histoire, j'ai l'impression que c'est évident, qu'elle attendait juste que je sois prête. Et puis, plus elle me raconte, plus tout s'imbrique avec clarté dans mon esprit. L'image de cette soeur un peu grande gueule, qui fait parfois des bêtises, conteste l'autorité parentale s'effrite. Notre relation sans vague, complice, sereine, se complexifie. Tout d'un coup. Je vois sa jalousie de l'époque et je la ressens comme si j'étais elle. Je repense à la gifle et je suis plus triste pour la petite fille que j'étais. J'ai juste envie de prendre dans mes bras la grande fille qu'elle était. Elle.

Caroline

Et ben voilà! Et puis toi, tu grandis, tu deviens vraiment voilà, c'est officiel, t'es ma soeur. Et puis tu m'embêtes. Tu m'embêtes parce que je ne peux pas être tranquille avec mon mec dans ma chambre. Tu veux tout le temps être avec moi souvent, mais bon, t'es quand même très... T'es dans les nuages, t'es un peu lunaire, donc t'es dans ton monde, t'as des amis imaginaires. Donc toi, ça va. Après, il y a Camille qui arrive. Camille, notre petite sœur, le petit boucan, le trublion qui n'est pas du tout toi qui ne me lâche pas. Pourtant, n'a pas habité longtemps ensemble parce que forcément, j'avais 15 ans d'écart avec elle. Mais voilà, la vie suit son cours et la relation avec Pierre et Claudine avec l'adolescence, elle devient un peu comme les adolescents avec leurs vrais parents. On s'engueule, je claque des portes. En revanche, ce qui est plus compliqué, c'est que au fur et à mesure que tu grandis, moi, je me prends encore une fois clairement la différence d'éducation que tes parents vont avoir avec moi. Et ils vont avoir avec toi et Camille. Ils sont beaucoup plus tolérants avec vous. Toi très rapidement, tu as eu le droit de faire des petites sorties, d'aller à droite, à gauche. Je pense pas que tu aies déjà pris une fois le bus pour aller à la ville d'à côté. Bien sûr, moi, j'y allais tout le temps à pied, au lycée, au collège, au bus. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'importe. Donc, non, c'était forcément des traitements différents. Mais je pense que voilà, il y avait cette épée de Damoclès, vraiment, ils n'avait pas confiance en moi. Et puis, un moment donné, voilà, tu es leur fille, et pas moi. Sauf qu'en fait, on a toujours fait semblant. On n'a jamais dit ça. Ça il n'y a que moi qui le dit. Ça énerve tout le monde, mais toujours fait semblant de "non, c'est tout pareil". A un moment donné, on a tous fait semblant quand même, on a vraiment tous fait semblant.

Brune Bottero

Tu trouves qu'il aurait pas fallu?

Caroline

J'ai envie de te dire comme ça sans réfléchir, "non, il aurait pas fallu. Non" mais... Je sais pas. Ils ont vraiment fait de leur mieux. Je pense que ce qu'il aurait fallu, c'est parler, c'est dire les choses. Tout le monde a fait de son mieux, mais qu'avec de la parole, ça se serait quand même beaucoup mieux passé. Nous, on essaye de casser ça. Je pense que là, c'est la preuve. Ce qui est vachement bien, c'est qu'on s'est choisi et qu'on le sait et qu'on se le dit. C'est ce qu'on dit à chaque fois mais heu... Ce côté soeur qu'on a, c'est au delà du sang. On est heureuse et on revendique d'être soeurs.

Charlotte Pudlowski

Cet épisode de passage a été tourné et monté par Bruno Bottero sous la responsabilité éditoriale de Maureen Wilson, qui était aussi à l'édition et à la coordination. Il a été réalisé par Léa Fosset. Marine Quéméré a composé la musique. L'épisode a été mixé par Jean-Baptiste Bonnet. Marion Girard est responsable de production et Mélissa Bounoua, directrice des productions. Le générique de passage a été composé par November Ultra, Je suis Charlotte Pudlowski et Passages est une production Louie Media.

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