Histoires de rencards (1/3) : Sarah, Paul & Maud

Introduction 

Longtemps la rencontre entre Mademoiselle de Chartres et le duc de Nemours dans La Princesse de Clèves a incarné pour moi la définition même de la rencontre amoureuse. La scène se déroule lors d'un bal donné au Louvre. Lorsqu'elle arriva, on admirera sa beauté et sa parure, écrit madame de La Fayette. Le bal commença et comme elle dansait avec Monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait et à qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et pendant qu'elle cherchait des yeux, quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours, qui passait par dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il parut difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu. Surtout ce soir là où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne. Mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement. Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que lorsqu'il fut proche d'elle et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louange. Le roi et les reines se souvint qu'il ne s'était jamais vu et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. C'est le mythe de la rencontre amoureuse qui se fait dans des jeux de regards éperdus, une manière de se reconnaître sans s'être jamais vue. Le sentiment d'un flou qui enveloppe tous les personnages secondaires, qui illumine les amoureux d'un halo de lumière. Un élan irréfrénable immédiat. Mais vous qui nous écouter, qui êtes peut être déjà tombés amoureux, amoureuse peut être plusieurs fois, vous savez comme moi désormais que la rencontre amoureuse, ça ne ressemble pas toujours à ça, que c'est parfois une petite moue en regardant la tenue du type assis dans un coin et qui deviendra pourtant le père de vos enfants. Un rendez vous arrangé par des amis au goût douteux. Un premier baiser dans des effluves d'odeurs incommodantes. Une rencontre que vous avez cru anodine et qui changera votre vie. Je suis Charlotte Pudlowski. Vous écoutez Passages et dans cette minisérie, on se penche sur les premiers rendez vous épisode un, au micro de Marie Salah.

Sarah - C'est un soir d'hiver. J'ai rendez vous avec des amis pour aller prendre un verre sur un dans un restaurant sur le canal de la Villette. Donc je suis avec mon copain de l'époque, une copine et un autre copain. Et puis on est content de se voir, on discute. Il y a plein de gens à l'intérieur. Et puis, tout à coup, ma copine me dit Moi, j'ai vraiment envie de fumer, mais elle ne fume pas. Moi, je ne fume pas vraiment non plus. Il m'arrive de fumer comme ça et à ce moment là, je mets mes mains dans mon manteau et je me rends compte que j'ai un paquet de cigarettes. Mais je lui dis J'ai un paquet de clopes, on peut aller fumer si tu veux.

Paul - Il est vers le 20h dans le 19ᵉ à Paris. Je suis assis en terrasse dans un bistrot où j'allais depuis quelques années. Je suis seul en terrasse. Il fait froid bien avec un verre de vin et j'ai un livre que j'ai lu. Mon père est décédé en mars ou deux mois avant et je suis en train de lire un livre que j'avais pas vu auparavant dans sa bibliothèque. Voilà, c'est bien. Et puis deux jeunes femmes sortent du bistrot. Il y a une dizaine de tables dehors. Ils prennent le côté vers moi, s'approche de moi. Ils disent Est ce que ça vous dérange si on fume une clope à côté ?

Sarah - Et là, la personne me répond, "mais pas du tout. J'adore l'odeur du tabac" et donc on trouve sa réaction marrante et on se dit qu'il est sympa machin. Et donc pour rigoler, on lui souffle la fumée de la cigarette au visage et on dit bah voilà, on vous enfume alors ! Et puis voilà, on rigole un peu.

Paul - Elle s'assoit, fume, terminent leur cigarette. Se mettent debout. Bonsoir, bonsoir et l'on rentre dans le restaurant. Et puis voilà, je continue à boire, à lire. Et puis une amie passe. Cette amie, elle s'installe à ma table, dort. On commande quelque chose et puis grosso modo, 2h passent, il est vers les presque 22 h. Cette amie, elle habite juste à côté, elle part et moi je rentre pour payer.

Sarah - Et donc, suite à ça, avec cette amie, on rentre dans le restaurant. C'est très bruyant, il y a plein de gens, c'est sympa. Cette amie et un autre copain partent et je me retrouve à dîner avec mon copain. On discute, on discute, on mange, je l'écoute et je me trouve dos à la façade du restaurant. Et puis, tout à coup, je sens une présence dans mon dos et en fait, je comprends qu'il y a une cette silhouette qui était dehors. Je comprends que l'homme qu'avec lequel j'ai parlé dehors, il y a quelque chose qui me dit mince, il va partir et je ne sais pas pourquoi et je le suis des yeux, mais dans un champ visuel assez large, parce que je sais, je ne tourne pas la tête vers lui, mais juste mon cerveau fait remarque OK, il est là. Et puis je me rends compte qu'en fait il ne part pas. Il va aux toilettes parce que je vois qu'il passe derrière le bar. Et puis quelques minutes après, là, je le vois qui va au bar et je me dis Mince, il va partir et là, je l'interrompt mon copain et je lui dis Excuse moi et je suis là. "Tu vois le mec au bar ? Ben en fait, je pense qu'il ira hyper bien avec ma mère". J'ai vraiment envie d'aller lui parler et il me dit vas y, je suis hyper satisfaite qu'il m'est dit ça parce que normalement, dans ce genre de situation là, souvent les gens vont me dire mais tu le fais pas, ça, c'est absurde. Bon, on va dire arrête tes conneries et là il me dit oui tout simplement. Et donc j'y vais et je vais voir cet inconnu qui s'apprête à partir à quitter le restaurant et je lui dis Excusez moi, vous allez sûrement penser que je suis folle, mais je pense que vous devriez rencontrer ma mère.

Paul - Alors ça cette approche, c'est pas encore vu dans une situation comme ça. On a quelques quelques instants pour réfléchir à qu'est ce que je fais ? Est ce que je l'envoie balader ? Va jouer ailleurs ou. Mais en fait, quand je les ai vus tout à l'heure sortir, j'ai trouvé, elle n'était pas du quartier, j'étais en confiance et elle me paraissait quelque part, ce n'est pas branché ou je projeté quelque chose sur elle. En tout cas, j'y réfléchis. L'année avait déjà commencé en mars, avait commencé autrement qu'habituellement.

Sarah - Et là, il me regarde et il me dit "Mais c'est un excellent choix pour votre mère" et je lui dis "bah très bien, donnez moi votre numéro" et donc je prends son numéro et je lui demande son prénom. Il me dit Paul et je l'enregistre dans mon répertoire à Paul pour Maude. Et il part.

Paul - J'ai vais à côté, la maison à côté, où il y a mon ami qui avec qui j'ai dîné, qui habite. Je sonne et je lui dis "Regarde ce qui m'arrive" et je raconte l histoire. Elle me dit "C'est dingue ça, c'est toi, crazy things !" Et puis une amie est avec elle et elle me dit "fait gaffe. C'est la fille qui chasse pour la mère" et j'ai dit à "Attends doucement, n'enlève pas tout de suite la poésie de cet événement". Et puis je pars pour ma voiture, je pars, je suis heureux et c'est crazy crazy dans le sens inattendu. Oui, oui, joyeux. A cette époque là, je vis pas en relation avec une femme et j'étais bien comme ça je cherchais rien. Voilà, et la chose arrive. OK, je rentre chez moi.

Maud - Et donc la soirée se passe. Je suis avec mon copain, on retourne dehors et j'écris à ma mère un message en lui disant "ben j'ai rencontré quelqu'un, voilà, c'est pour toi et je lui envoie la fiche Paul pour Maude". Je suis à la maison et tout d'un coup, je reçois un message de ma fille. J'ai deux filles de ma fille aînée, Sarah, et je reçois un message qui me surprend beaucoup et m'amuse tout de suite. C'est "maman, j'ai rencontré un homme, il est pour toi. Voici son téléphone". Non seulement elle m'envoie ce message, mais en plus dans l'intitulé, elle m'envoie le nom d'une personne qui s'appelle Paul et elle intitule la fiche contact. Elle l'intitule Paul pour Maude. Je me dis mais qu'est ce qu'elle fait ? Pourquoi ? De quoi elle me parle ?

Sarah - Et donc elle m'appelle. Mais comme on est dehors, mon téléphone ne marche pas bien quand il fait froid et j'ai du mal à décrocher avec le mode tactile. Et donc là, je vois ces appels, mais impossible de décrocher. Je ne peux pas lui expliquer ce qui se passe et donc je lui envoie juste un message en disant "je te expliquerai tout. Mais mais t'inquiète pas", et je crois qu'on se voit le lendemain ou qu'on, le surlendemain. Et puis évidemment, on parle de cette histoire et elle, elle me dit mais c'est super drôle, mais ça n'a aucun sens et je ne vais quand même pas appeler un inconnu. Et puis c'est pas son genre de faire des dates et d'avoir des rencards. Elle a 60 ans, elle n'est pas du tout dans une génération ou en tout cas elle personnellement, elle n'est pas sur les sur aucun réseau social, elle n'est pas inscrite sur aucun site de rencontres, jamais.

Maud - Et elle insiste. Elle insiste Je lui dis message Je n'ai pas besoin de toi. J'ai à l'époque, j'avais un ami. C'était en effet une histoire qui se terminait. Et puis elle insiste Elle me dit Maman, je te dis cet homme, il est pour toi et c'est toujours ce "pour toi". Donc je lui dis "Mais comment il est ?". Moi ça m'intéressait un petit peu. Elle me dit "Il est grand", je lui dis "il a quel âge?". Elle me dit "il a ton âge". Puis elle me dit "Je pense qu'il doit être étranger". Là, ça tombe "Ah, Mais tu sais bien, moi, je n'aime pas parler anglais tout ça. Est ce que tu veux que je fasse avec quelqu'un qui est un étranger ?" Et je lui dis "Tu sais peut être qu'il a une femme, des enfants, une maîtresse, deux maîtresses. On ne sait pas sa vie à ce monsieur, donc je n'ai pas de raison de y aller". Et puis elle continue vraiment. Mais ma fille est très têtue. Je lui dis "Mais t'as parlé avec lui ?"Elle me dit "non". Je lui dis mais comment tu peux le savoir que cet homme est pour moi, Alors tu n'as même pas parlé avec lui, me dit "Mais si j'ai échangé deux phrases", je lui dis c'est "quand même, c'est peut être pas beaucoup pour pour pouvoir être aussi déterminant dans ma vie".

Sarah - Et elle me dit mais c'est absurde. Mais je lui dis, "t'inquiète pas maman, c'est un gentleman". Et à cette phrase bizarrement, je ne sais même pas pourquoi je dis ça. Peut être parce que j'avais trouvé cet homme élégant, atypique et puis très respectueux. A cette phrase, elle dit "ah bah d'accord". Bizarrement, c'est lui, ça lui fait comprendre que ce qui est en jeu, en fait, ce serait quelque chose de bien.

Maud - Gentleman. Je ne sais pas ce que ça a éveillé en moi. J'ai envisagé cet homme sous cet angle là et donc je me suis dit Allez, banco, j'y vais, donc la nuit passe. Je suis donc un rendez vous de travail et j'attends, je suis dans, je travaille dans les musées et donc j'attends, comme j'attends, Je me dis, je repense à l'histoire d'hier et je me dis bon, ben je vais répondre. Alors je prends mon téléphone et donc je lui envoie un message où je chiade un peu le message et je n'hésite pas à tout mettre sur le dos de ma fille Sarah.

Sarah - Et ce message, elle me l'avait restitué. Je l'avais trouvée parfaite. J'aurais dû la conseiller, je ne l'aurais pas conseillée mieux et je crois qu'elle lui écrit. "Bonjour ! Ah oui, ma fille insiste pour que je vous vois. Voulez vous boire un verre avec une inconnue ?"

Paul - Je lis le message, je me dis pas de fautes de frappe, et cetera ou de très bien je reprends, je dis "oui avec plaisir". Soit il y a, là on est vendredi, soit il y a un échange par SMS qui se fait pour prendre rendez vous lundi. La semaine d'après.

Maud - Je ne sais pas trop les émotions qui me traversent, mais je suis en train de terminer une relation. Je bosse beaucoup, je suis très entourée, je cherche pas un homme de façon. Voilà, je suis dans quelque chose de très libre en fait. Et puis je me dis cet homme déjà, je vais le rencontrer peut être qu'il deviendra un ami, donc j'envisage rien en fait, j'ai 60 ans donc on envisage les choses différemment. Donc je n'ai pas d'attentes particulières vis à vis de cet homme.

Paul - Et du coup, le lundi, on avait initialement rendez vous. Je vais dans ce quartier mais elle m'a indiqué l'endroit où se trouver parce que je me suis dit laisse laisse à la personne, la liberté de choisir les lieux, être en confiance, et cetera Soit c'est très bien, et je vais dans son quartier, dans le bistrot qu'elle a indiqué et je découvre. Je connaissais pas ce quartier, c'était dans le 20ᵉ et je découvre l'environnement pour me faire une idée. C'est quoi l'espace qu'elle choisit pour se sentir bien, pour rencontrer un inconnu, je sniffe un peu l'environnement. Je commande à boire, je sens comment sont les gens, et cetera Et je me dis peut être qu'elle est là, peut être cette société. Quand je bois un verre de réfléchir, mais peut être qu'elle est là, qu'elle regarde. Puis je laisse filer cette idée de cheminement, je bois quelque chose, je pars, me dit OK, ça, c'est les lieux, c'est un lieu un peu mieux, un branché. Moi, je dis baba cool. Bon, la semaine passe, je crois qu'on a peut être pas d'échange, ou peu, et le dimanche, je pense à elle. Je me dis est ce que tu envoies un mot ? Et puis un SMS arrive.

Maud - "Bonjour, est ce que voilà, Si vous avez envie de changer d'avis, vous pouvez changer d'avis. N'hésitez pas. On peut annuler si vous voulez". Et il me dit "non, non, pas du tout, On maintient notre rendez vous". Bon ok, banco, je trouve ça. Je trouve ça bien. Je trouve ça chouette. Tout d'un coup il y a quelque chose de je sais, pas d'insolite de nouveau, de vivant de, tout d'un coup, je me met vraiment en marche. Là, c'est peut être là où je me dis tiens ! J'aime bien cette cette fantaisie qui arrive dans ma vie et qui vient illuminer un peu le quotidien avec quelque chose de totalement extraordinaire.

Paul - J'ai dit par contre comment je vais vous reconnaître et me dit Voilà, je suis comme ci comme ça. Et d'ailleurs ma fille m'a dit Vous êtes un gentlemen et j'ai dit Wow ! Qu'est ce que la fille a projeté sur moi pour dire que je suis un gentlemen, j'étais dans un packaging emballage, vêtements professionnels ok, mais gentlemen, bon et gentlemen, je me dis c'est à l'opposé du bistrot où la femme, la mère va m'accueillir. En tout cas, je trouve que c'était pas un lieu de gentlemen. En termes de look, certainement. C'était des gens très nobles de cœur et d'âmes, mais voilà, cool. Je me suis dit OK.

Maud - Et donc on se donne rendez vous. Moi je suis une vraie feignante. Je je ne sors jamais du 19ᵉ, si ce n'est pour aller dans le 20ᵉ à mon travail. Donc je lui donne rendez vous à deux pas de la maison, dans un café qui est situé à de rue de Belleville. J'arrive un peu en avance. Je m'étais fait un chignon, je m'étais fait élégante, je me coiffe. Je suis au taquet, si on peut dire. Je m'assois. Et là, ce qu'il y a de marrant, c'est comment, je commence à regarder donc les hommes qui sont là, qui passent, mais j'en vois plein. Je me dis il y a plein d'hommes en fait qui passent. Je me dis tiens, ça va peut être être lui. Je guette au loin, Non, il passe son chemin, un autre, et cetera.

Paul - On a rendez vous à 19 h, je vais dans ce dans ce lieu. Par contre, je m'habille différemment que quand j'ai vu la fille. Je suis en allemand, pas tous les Allemands sont comme  ça, mais en tout cas j'ai mis les sandales, il y a pas les chaussettes blanches, mais mes amies aussi un bonnet rouge, c'est que je suis tout sauf dans le look gentleman et et je me plaisante et j'approche et avant d'approcher, bien sûr, j'ai un peu le bati bati, un battement de cœur accéléré. On peut dire trac peut être, et c'est mon premier date. J'ai jamais eu de date et voilà, j'arrive devant ce bistrot. Il y a d'autres tables aussi dehors peut être. Si cette table.

Paul - Arrive, un monsieur qui n'est pas habillé du tout comme un gentleman. Il est habillé tout en rouge, des pieds à la tête. Il est très grand. Un pantalon rouge, des sandales je crois, un pull rouge, un bonnet rouge avec une grand, très, très grand comme ça. Eh bien, il s'installe devant moi. Il me dit Paul, je lui dis Maud avec un léger accent qui sonne bien à mon oreille. Et là, je me dis Sarah, qu'est ce que c'est que ce traquenard ? Il est habillé comme l'as de pique tout en rouge. Qu'est ce que c'est que ce truc ?

Sarah - Quand je sais que ma mère a rendez vous avec lui, j'ai un peu d'appréhension pour elle. Parce que comme je l'aime plus que tout, je me dis mince, j'espère que ça va pas être ratée parce que si c'est ma mère, je la connais et je pense peut être que j'ai aussi idéalisé l'homme que j'ai vu en me disant ça se trouve, il va être, je ne sais pas. Il va y avoir un décalage entre eux ou dans un sens ou dans l'autre. Mais en fait, je voulais surtout pas que ma mère se prenne ou un râteau ou qu'elle ne soit pas maîtresse de la situation et que ça lui échappe et que ce soit un sale rencard pour elle.

Maud - Et à peine on est assis, on discute. Et là, tout d'un coup, comme c'est mon quartier, il y a plein de gens que je connais. En plus, je vais beaucoup dans les cafés. Et puis j'ai une vie sociale assez importante. Et puis là, j'ai un copain qui passe et qui me dit un mot avec un accent comme ça, Parisien  "Et Maud, Mais qu'est ce que tu fais avec le Père Noël ?" Je me dis bon, bon, bon, je vais, je me dis il a peut être pas entendu et c'est pas forcément qu'il parle, qu'on parle de lui, puis il sourit, il sourit, et cetera.

Paul - Et je me dis Wow ! La fille assure. Elle a même de Bodyguard brigade, on ne sait jamais pour un date où elle est pas seule. L'homme, il passe, on commande un verre et puis on échange. Et j'ai pas de bati bâti, c'est fluide. Ici, on discute, on prend un deuxième verre et puis elle me propose "Est ce que vous aurez envie, ou est ce que tu as envie ?" On est au tutoiement. "Envie de manger quelque chose" Je dis, ok, je me dis laisse là faire. Elle est dans son espace, confiance. Si elle propose quelque chose, je suis, on traverse. On va dans un autre établissement.

Maud - J'ai bu deux verres de vin. Je supporte bien l'alcool, mais voilà, ça commence à faire son effet. Je suis assez grisée par ce grand grand homme là qui est devant moi. Je suis toute petite. Lui, il est très grand. Au moins 40 centimètres, on a peut-être pas 40 centimètres mais au moins 30 centimètres qui nous sépare. On rentre dans un bistrot, on s'assied. Je le vois très civil aussi. Et je je vois le côté gentleman dont parlait Sarah déjà. Et puis, comme on continue de parler, on prend la carte, je prends un tartare et il prend un tartare. Donc je me dis tiens, c'est sympa. On prend la même chose.

Paul - Au moment de la commande, c'est un moment joyeux pour moi parce qu'elle commande un tartare, free tartare. Et je me dis yes, j'aime les légumes vegan, mais c'est ayatollah vegan, du coup, wow, c'est bon vivant aussi. Et c'est des petites tables dans ce bistrot et à un moment donné, on continue à échanger nos bouts de doigts se touchent. Et je suis comme dans un Walt Disney. C'est comme des doigts électrisés et je me dis wow, ça c'est c'est étonnant. C'est pas la première fois que je touche les doigts de quelqu'un, mais il y a en tout cas mon ressenti et c'est pas qualifié de divin. Je me dis wow. 

Maud - On est bien, je trouve que c'est sympa. Je sens en lui quelqu'un de très très différent de moi. C'est vraiment l'altérité dans toute ça, dans toute sa puissance, c'est à dire qu'on est, on est très loin. Déjà il est étranger, il est dans des métiers qui ne sont pas les miens. On est vraiment dans deux mondes pour moi qui se rencontrent. Je vois très vite chez lui sa singularité.

Paul - J'ai vu l'instant et j'ai vu l'instant de la rencontre. J'avais divorcé dix ans avant de la rencontrer après 30 ans presque de vie commune. C'est aussi de dire s'il y a un stade, peut être de la vie où je me dis bon, vis l'instant, au lieu de faire des projections sur 20 ou 30 ans en plus à mon âge, j'ai 60 ans, mais d'être plus ici maintenant et voir ce qui arrive, voir ce qui arrive. Et puis ça continue. On échange sous forme de flirt, qui s'installe et les mots doux. Et puis elle me demande à un moment donné.

Maud - Excusez moi, vous ne voulez pas m'embrasser ? Je ne sais pas d'où est venu mon audace. J'aurais pu me prendre un vent, comme on dit. Je me dis waouh ! Mais je me dit, tu es complètement dingue. Tu demande à quelqu'un de t'embrasser que tu connais vraiment pas du tout.

Paul - Alors, mais qu'est ce que tu fais avec ça ? Tu pars, je dis oui et je me mets debout. Je traverse la petite table et je l'embrasse. Et là, au moment des, des lèvres se touchent comme avec les petits doigts électrisés, je me dis "wow c'est Cool" et je me rassois en continu. Et puis ça, ça prend de plus en plus fluide en échange et c'est très joyeux.

Maud - On dirait qu'il y a une sorte de, comme une électricité dans l'air. Comme si, en fin de compte, on était appelé l'un par l'autre. Il y avait une forme de magnétisme de on était comme dans une bulle, il y avait une forme de symbiose et à la fois de gaîté parce que j'adore, il me fait marrer. Il a des expressions qui sont drôles, il est, il est fin, il est décalé. Et puis on finit de dîner, on parle, on boit, on se raconte un peu qui on est, et m'explique qu'il est donc allemand, qu'il a perdu son père il y a quelques semaines, qu'il a envie de rentrer en Allemagne, que sa vie, elle va plutôt maintenant se dérouler entre la France et l'Allemagne, mais qu'il a envie de s'installer plus en Allemagne pour se rapprocher de sa mère et de sa sœur. Moi, je parle de mon travail. On est, on est bien, on discute, on fait connaissance. On est en train de saisir l'importance de la rencontre.

Paul - On termine et puis après le repas, moi j'habitais à Versailles. Je lui propose de la ramener chez elle et du coup, on va chercher ma voiture, je la ramène chez elle et j'attends en bas. Pour moi, c'était de un monter. Le premier contact décélère un peu. Donc, je la laisse en bas, un bisous, et je repars. Et avant de repartir, on prend rendez vous pour se voir lun, là on est lundi soir, pour se voir jeudi.

Maud - Très bien. Donc moi j'étais beau, j'étais heureuse qu'on se revoit et et puis le lendemain, je suis à la maison, il doit être 9h. Je reçois un message que je comprends pas tout à fait ce qu'il me dit. Il me dit qu'il veut me dire quelque chose et qu'il va passer à la maison.

Paul - En fait, il y a un changement de programme. Je dois repartir en Allemagne, pour des raisons persos et du coup j'ai voulu communiquer ça. Je ne voulais pas le faire par SMS, Je tenais à le dire en face à face pour ne pas créer des interprétations. Il veut plus ou quoi que ce soit, se disait J'ai besoin de te voir que je reviens à Paris.

Maud - Donc je comprends pas parce que je sais qu'il habite à Versailles, je me dis pourquoi il est en bas. Je trouve ça un peu bizarre. Et puis je suis en train de regarder un film, Je suis tranquille, je ne suis vraiment, pas en pyjama, mais en tout cas à la maison. Sans fard aucun. Je lui dis bien monte là, au troisième étage, à gauche, Je viens, je t'attends, je t'ouvre la porte.

Paul - Je monte chez elle, en rentrant, je scanne entre guillemets, je regarde c'est comment son espace de vie, ça a l'air bien, je me dis chouette, ça c'est différent, ça a un impact aussi. C'est cool, je me sens bien. On s'assoit chez lui, je lui explique pourquoi j'ai demandé de monter et que je pars. Mais je reviendrai après. C'est juste avant Pâques.

Maud - Et il me dit Voilà, je suis venu te voir parce que je dois partir en Allemagne plus tôt que prévu et je ne voulais pas envoyer un SMS où je te dirais je pars en Allemagne et on se verra plus tard comme si cette rencontre n'avait pas été importante. Et je trouve ça, je me dis "Waouh, quelle classe, quelle classe !" Il habite à Versailles, il prend la peine de venir me dire quelque chose, un message en face pour me dire qu'il a envie de continuer à faire ma connaissance. Et il le fait de vive voix. Je me dis Wow, mais quel homme déjà ? Je commence vraiment à être très heureuse à l'idée de se rencontrer.

Paul - On boit un verre, un moment doux et je repars. Là, je pars en Allemagne et on prend rendez vous pour le mardi et le week end après. Et je rentre d'Allemagne le mardi après. On se voir le soir et c'est très agréable et je suis invitée à rester pour prendre le petit déjeuner le lendemain et la relation commence et.

Maud - Je crois qu'on est vraiment très heureux de d'être surpris par la vie. Une bonne étoile. Sara, très bonne étoile, magnifique étoile qui fait notre vie, Les planètes sont alignées et on se rencontre.

Sarah - En fait, j'avais l'impression que c'était quelqu'un de familier. Il m'a fait penser à un certain ami que ma mère a, qui sont des gens du voyage, qui vivent sur des bateaux et qui sont très libres. Et ils avaient cette espèce de liberté qui m'a fait me dire il faut que je lui parle et en tout cas, je ne peux pas le laisser s'échapper dans la nature comme ça. J'avais beaucoup d'appréhension sur Serge. J'ai eu ce feeling en allant vers lui, mais peut être que ça va être un drame. Peut être que ça va être une catastrophe. Le mec va être macho, il va être pas respectueux, que le mec va être bête, que le mec, j'ai, j'avais beaucoup d'appréhension en me disant Mince, je veux faire entrer quelqu'un dans une famille. C'est quand même beaucoup de responsabilités. Évidemment, ça ne tient pas qu'à moi, mais en tout cas, j'aurais été la petite fée qui a qui a créé la rencontre. Plus c'était merveilleux pour eux, plus je me disais Mince, la chute peut être très très très difficile. Mais j'ai eu de la chance. Il s'est avéré que j'ai jamais été déçue de cette personne et que toutes les intuitions que j'avais au départ, mais qui n'étaient même pas une somme d'intuition, juste l'élan que j'ai eu vers lui a été cohérent, en tout cas avec avec lui toutes les qualités qu'il a et c'est quelqu'un que j'aime énormément.

Maud - Je me dis que la vie en fait elle et elle est bien plus incroyable que ce qu'on peut imaginer et que je pense qu'il faut garder les yeux grands ouverts. Tous, quels que soient notre âge, voilà. C'est que Sarah a eu une intuition magnifique de nous mettre en relation. Je ne sais pas s'il y a quelque chose de plus grand. Je ne suis pas très perchée. Je suis assez rationnelle, contrairement aux deux autres. Donc pour moi, c'est la vie dans toute sa magie. Une opportunité qu'on sait saisir.

Sarah - Et à chaque fois que je demande à ma mère, je n'ose pas forcément demander à Paul directement. Mais quand je demande très, très souvent à ma mère, ça se passe bien avec Paul et elle me dit à chaque fois "on est de plus en plus amoureux".

Maud - Voilà, maintenant, ça fait quatre ans et depuis un an, on habite ensemble dans la même maison, le même appartement. On est très heureux. On est très très, très heureux et très conscients de la chance de cette rencontre.

Paul - Le bonheur et le bonheur et vraiment chance, c'est faire confiance à la vie et faire face à une forme de destin. Mais de rester ouvert et de se laisser toucher par la vie aussi pas avoir peur. Se laisser toucher, me laisser décentrer et voir ce qui se passe puisque ce que je vis avec Maud, c'est magnifique. Je veux dire que quand j'avais quinze ans, j'avais une tante qui avait 60 ans et elle a rencontré un homme qui avait 72 ans et ils ont fait 20 ans ensemble, ou 25 ans. Ils avaient ça en tête mais je me suis dit, cool peut être c'est un clin d'oeil aussi. Et puis de 60 à 80, j'en sais rien qu'étant donné de vivre, mais, mais en tout cas super.

Maud - Et je pense qu'on est on s'est plus ou moins mariés. Paul, lors du dernier confinement, m'a demandé un confinement éternel et je l'ai accepté.

Conclusion

Vous venez d'écouter Passages et dans cette mini série, sur les premiers rendez vous, on parle de rencontres qui finissent bien, moins bien et de rencontres improbables. Cet épisode a été tourné et monté par Marie Salah. Thomas Rozes a composé la musique, fait la réalisation et le mix. Maude Benakcha est en charge de la production de passages. Maureen Wilson et Mélissa Bounoua ont supervisé l'éditorial et la production. Le générique de passage a été composé par November Ultra. Je suis Charlotte Pudlowski et Passages est une production Louie Média. Vous pouvez vous abonner sur toutes les plateformes de podcasts, nous envoyer vos histoires à Hello@louiemedia.com. Et si vous voulez nous soutenir, n'hésitez pas à vous abonner au club Louie. Vous y trouverez des bonus et newsletters, des rencontres avec l'équipe, des masterclass : louiemedia.com/club. A très vite.