Histoires de rencards (2/3) : Anna & Pauline

Introduction

Rien à voir avec La Princesse de Clèves. Un autre genre de rencontres amoureuses. Dans Freedom, de Jonathan Franzen, livre sur les faux semblants de la liberté et terrible roman d'amour et d'amitié l'héroïne s'appelle Patty. Sa meilleure amie s'appelle Eliza. Elisa a rencontré Richard. "Oh mon dieu", dit Eliza. Je crois que je pourrais bien être amoureuse. Je crois qu'il va peut être falloir que je devienne sage. Il est si grand, c'est comme être percuté par une étoile à neutrons. C'est comme être gommée par une gomme géante. Un peu plus loin, Patty, en colocation avec Eliza, découvre Richard. Patty, rencontré à la gomme géante dans la moiteur d'un dimanche matin d'août, en rentrant de sa séance de jogging, elle le trouva assis dans le canapé du salon qui le rendait tout petit par sa grande taille, tandis que Lisa prenait une douche dans leur ineffable salle de bains. Richard portait un T-shirt shirt noir et lisait un livre de poche avec un grand V sur la couverture. Les premiers mots qu'il adressa à Patti, prononcés seulement après que Patti se fut versé un verre de thé glacé et se fut planté là en sueur pour le boire, furent "Et tu fais quoi toi ?" "Je te demande pardon". "Tu fais quoi ici ?" "Moi, je vis ici", dit elle. "Oui, je vois ça". C'est ça aussi une première rencontre. Pas de salle de bal, pas d'entrée lumineuse, une gomme géante, du thé glacé, de la sueur, de l'ennui. Une rencontre provoquée par quelqu'un qui vous a mis sur le chemin l'un de l'autre, sans le vouloir, sans mesurer ce qu'elle mettait en branle. Je suis Charlotte Pudlowski. Bienvenue dans Passage.

Anna - On est en septembre 2019. Je suis invitée à une soirée d'anniversaire par une copine. La soirée est très sympa, il y a pas mal de groupes de gens différents. Et puis, un moment donné, je me retrouve dans une discussion avec un groupe de policiers. Là, c'est pas hyper cool parce qu'il y a des mecs qui font des propos un peu limite et tout. Donc je ne me sens pas très à l'aise. Et puis il y en a un qui sort un peu du lot et qui se positionne de manière plus normale, on va dire. Et ma copine me dit "Ah bah oui, c'est William, c'est un pote à moi et il est là avec sa copine". Donc le couple a l'air sympa et quelques semaines après ma copine qui m'invitait à la soirée, je dis "Ah bah écoute ton pote William contrairement aux autres qui étaient là, j'ai trouvé ça bien les valeurs qu'il dégageait". Elle me dit "oui oui, c'est un mec, c'est un mec très droit". Je crois qu'elle l'évoque rapidement, comme ça, un peu ou deux dans son couple. Mais voilà. Et puis la fin de 2019 se passe début 202, le confinement arrive. Ma copine qui connaît William, me dit William après la soirée, j'ai dit que tu l'avais trouvé très sympathique et il m'a demandé ton numéro. Alors il est quand même en couple. Et puis en plus, le mec ne m'intéresse pas plus que ça. En fait, je le trouve sympa mais mais pas du tout dans mon style de mec. Et puis ma copine en reparle plusieurs fois. Et puis en fait, ça avait été un peu un truc qui avait trainé en toile de fond de "Donne moi le numéro de ta copine" comme ça pendant pendant plusieurs semaines. Et puis le déconfinement arrive enfin. Le mec me retrouve sur un insta et il envoie un message. Il vient un peu aux nouvelles pour me demander comment s'est passé mon confinement. Du coup, je prends de ses nouvelles aussi. Et là, il me dit fraîchement célibataire ou un truc comme ça, ça y est, ça va être la fête, le déconfinement. Alors moi, ça me fait rire. Et puis on échange comme ça pendant peut être quelques semaines. On apprend à se connaître. Donc en fait, il m'envoie des messages quasiment tous les jours. Et puis, au bout d'un moment, on se dit qu'on va aller quand même boire un verre. Donc ça doit être mi juin ou fin juin. Un samedi soir, il va prendre son travail la nuit, peut être à 22 h ou 21 h 22 h. Et donc on se voit pour boire l'apéro. Finalement, il me dit non, Je me suis arrangé qu'un collègue. C'est bon, j'ai ma soirée, c'est cool et tout. Donc en fait, la soirée se passe. On boit des verre, puis on dîne. Et puis finalement, on rigole bien et tout. Donc on finit par aller chez moi et passer un bout de nuit ensemble. Je crois qu'on reste ensemble jusqu'à 4 h du matin et puis après il s'en va. Et puis on se revoit. Et puis finalement, les vacances arrivent. Donc moi, je pars au mois d'août.

Pauline - On est en août 2020. Je suis en couple avec William, qui est policier. Ça fait deux ans et demi, trois ans qu'on est ensemble. Et oui, ça fait quelques mois que ça ne va plus trop entre nous. On a pas mal de discussions pour essayer d'améliorer notre relation, mais en vain. J'ai plusieurs fois proposé qu'on en parle avec une psy ou qu'on essaye de trouver des alternatives pour essayer de recoller les morceaux, de trouver ce qui n'allait pas pour que l'on puisse évoluer ensemble. Donc William, qui travaille de nuit comme d'habitude et qui part travailler en fin de soirée et revient le matin vers h 6 h et demie en fonction du boulot qu'il a pu avoir. Et ce soir là, comme à son habitude donc, il part au boulot et au lieu de rentrer à 6h et demie, il est rentré au milieu de la nuit vers 2 h et demie 3 h et ne sachant pas qu'il allait rentrer, en fait, forcément, je prenais toute la place dans le lit. Il m'a bougé un peu méchamment. Vas y, dégage, je vais me coucher. Ça m'a un peu saoulée sur le coup et en fait, il s'est endormi comme une pierre. En fait, il a oublié de mettre son téléphone sur silencieux. Il n'arrêtait pas de sonner. Et forcément, quand ça fait un moment que ça ne va pas dans ton couple et bah tu regardes ton téléphone et donc je me suis rendue compte qu'il recevait des messages d'une certaine Anna. Donc sur le coup, je ne savais pas trop quoi faire, s'il fallait que je lui saute dessus. Et après toutes les horribles visions que j'ai pu avoir, j'ai préféré prendre du recul et pas le réveiller et qu'on s'engueule en plein milieu de la nuit. Je ne pense pas que ça soit vraiment et qu'on y gagne quelque chose. En fait, ça ne va pas être très constructif. Du coup, je décide de partir à mon travail. Je prends mes affaires dans la chambre et je pars plutôt au boulot et travaillant en 24 h. En fait, je l'ai revu que le jour d'après. Entre temps, j'avais envoyé des messages en disant si il voulait  qu'on parle de quelque chose, est-ce qu'il me cachait  quelque chose, j'essaye un peu de mettre des mouillettes pour voir si ça prenait. Il m'a dit non, que je me faisais des films, et cetera Donc deux jours après, je le retrouve à notre appart. Je lui dis Est ce qu'on peut parler ? Est ce que t'es dispo ? Il me dit oui. Je demande s'il me cache quelque chose. Il me dit non et au bout d'un moment, je dis "est ce que tu me fais confiance ?  Est ce que je peux regarder ton téléphone ?". Et en fait, au moment où je regarde, il avait tout supprimé, il me jure qu'il me ment pas, et cetera, c'est assez violent et je lui dis comment ça se fait, alors que il y a deux jours, j'ai pu lire ça, ça dans ton message, dans tes messages, il se met à pleurer, il s'effondre devant moi. Il est désolé, ce n'est pas du tout ce que je crois, forcément. Donc je pars en vacances et il continue à envoyer messages tous les jours, tous les jours, tous les jours.  Pour prendre des nouvelles, savoir ce que j'ai fait de ma journée et tout. Et puis je rentre de mes vacances, je reprends le boulot, j'ai encore des nouvelles de William. Voilà. Comme à son habitude, il me propose de passer chez moi un soir après le boulot. Alors je lui dis non. En fait, je trouve ça un peu glauque, moi. Enfin. Merci mais non merci. Et en fait, à ce moment là, je lui dis mais je vais avoir sa version des faits. Il arrondit un peu les angles à sa façon, donc ils se sont vus une fois, c'est arrivé, une fois. Il reste assez vague là dessus et en fait, j'avais quinze jours de vacances début septembre et ne sachant pas trop quoi faire en fait, je décide de partir en vacances avec ma mère et avant de partir, je trouvais ça intéressant en fait d'aller voir justement Anna pour avoir sa version des faits et d'avoir, après du temps pour faire un peu décompresser, prendre du recul par rapport à tout ça. Et donc j'arrive à trouver des infos. Et là, c'est pareil, au début, ils ne voulait pas me dire où elle habitait, où elle travaillait. Je pense qu'il avait peut-être que je la tape ou je ne sais pas. C'est assez drôle et donc j'arrive à avoir des infos. Je sais où elle travaille et donc j'arrive en fin de journée devant son cabinet et l'attente est très longue parce que je ne sais pas forcément quoi lui dire. Mais en même temps, je me pose beaucoup de questions est ce que c'est bien ou pas de faire ça ? Est ce que...Moi je ressentais de la colère par rapport à William mais j'avais besoin en fait d'avoir des réponses à mes questions pour évoluer, passer à autre chose, tourner la page. Et franchement, j'ai dû attendre peut être 3h, 3h et demie et je me suis dit ça se trouve peut être que ce jour là, elle travaille pas. Je me suis dit ça se trouve, je suis complètement à côté de la plaque. J'ai envoyé des messages et je n'avais plus de batterie à la fin parce que tous mes potes étaient là "alors, qu'est ce que tu fais ?" "Je suis toujours sur le trottoir, elle est toujours pas sortie".

Pauline - C'était un lundi, c'était fin août. Je venais de reprendre mon boulot pas longtemps avant. Je passe une super journée, il fait beau et tout, et je sors de mon travail. Et là, il y a une nana qui est là en habits de moto. Et Puis elle me regarde, je la regarde donc je dis bonjour, comme je travaille dans le médical, en gros, je croise souvent des patients en sortant du boulot, je ne me souviens pas toujours qui est que avec les masques et tout, je reconnais personne. Je dis bonjour poliment. Et puis je vais à ma voiture. J'allais à la piscine ce soir là et là, je vois que la nana me suit.

Anna - Je dis "je suis la copine de William" et elle me dit "bah l'ex", il y a eu un "OK, ok. Je crois que je sens un peu la problématique".

Pauline - Et donc là, il y a un petit blanc. Alors moi je rigole intérieurement parce que je me dis "mais quel connard, il a essayé de jouer sur tous les tableaux". Et donc, je dis à Pauline "je pense qu'on a des choses à se dire". On va boire une bière donc on retourne dans mon bureau. Je lui dis surtout t'inquiète pas, je vais, je ne vais pas taper, alors ça l'a fait rire. Mais ce n'était pas ce que je voulais. Ce que je veux, c'était juste avoir des réponses à mes questions. Et je lui ai fait part un peu de la situation de ce qui s'était passé récemment avec William et du coup, elle n'était absolument pas au courant qu'il était encore en couple. En gros, elle, la version qu'elle avait eue, c'était qu'on s'était séparé il y a quelques mois et que j'étais un peu l'ex relou qui n'arrivait pas de l'oublier, qu'il le coulait un peu, un truc un peu sale. Je ressent de la colère et de l'énervement envers lui parce que il m'a menti en fait ce qu'à la limite, elle, elle s'est fait avoir aussi dans l'histoire. Alors je pense qu'à ce moment là, en fait, ça nous rapproche peut être un peu plus toutes les deux.

Anna - Là, en gros m'explique qu'elle est tombée sur des messages. Donc là, dans ma tête, j'ai fait le petit film de sur quoi elle a pu tomber. Putain, c'est chaud, la pauvre, elle a vu tout ça. Et il avait très très très édulcoré le fait qu'on se soit vu et il avait visiblement un peu romancé l'histoire en disant que c'était moi qui était venu le chercher, enfin que tout était arrivé un peu par hasard comme ça et donc je rétablis la vérité sur le fait que ben non, c'est pas comme ça que ça s'est passé et en fait on parle assez vite de ça. Donc la question est finalement réglée. Je ne sais pas en une demi heure on a, on a traité le sujet William.

Pauline - Je me suis confiée donc à Anna alors que je la connaissais absolument pas. C'est assez bizarre de se mettre à nu devant quelqu'un qu'on connaît pas, mais au final, on s'est rendu compte qu'on avait pas mal de points communs et la discussion a suivi son cours. C'était très spécial en fait. Quand j'étais face à elle, il y avait son bureau qui nous séparait. J'avais vraiment l'impression que mon corps était un peu dissocié de mon esprit. Il y avait un truc un peu chelou. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui m'attirait quand j'étais face à elle et j'ai l'impression que mon corps ne pouvait plus bouger comme quand c'était assez bizarre. Genre un peu de la tétanie. Il y a  eu quelque chose qui s'est passé et en même temps, avec tous ces récents événements, j'avais accumulé beaucoup de fatigue. Je sais que je ne dormais plus beaucoup les nuits et je me suis dit Mais pour l'instant, là, dans tes émotions, c'est le bordel, quoi.

Anna - Et on discute, on discute, on discute avec Pauline de plein de trucs, d'autres choses. Et moi, je suis dans un état un peu bizarre. Je suis presque un peu fébrile. Je ne comprends même pas trop ce qui se passe. Je sais pas si c'est la bière, si c'est le fait qu'elle vienne comme ça, sorti de nulle part. Et elle est ultra sportive, elle a une carrure, elle avec ses affaires de moto et tout et en même temps elle a un truc ultra fragile qui me touche mais vraiment hyper profondément. A ce moment là, c'est de l'émotion brute, il n'y a pas de voilà, il n'y a pas de faux semblants, il n'y a pas de filtre. Donc en fait, j'ai envie de tout faire pour l'aider à se sortir de cette histoire. Je conseille, je ne sais plus, des bouquins et puis et puis voilà. Et on parle rapidement du fait qu'elle est  bisexuelle, que moi aussi, j'ai déjà essayé avec des nanas et tout. Et puis je me dis c'est quand même bizarre d'avoir cette discussion. Et voilà. Et puis à un moment, elle regarde l'heure et en fait, il s'est passé, je ne sais pas combien de temps.

Pauline - À ce moment là on a décidé, c'est elle qui me propose, elle me dit "bah si tu veux, on peut s'échanger nos numéros" et en fait, elle m'avait parlé un peu d'un bouquin de développement personnel. Des trucs qui auraient pu m'intéresser. Et du coup, on s'échange les numéros sous ce prétexte là, ça m'arrange bien.

Anna - Elle part du cabinet, on se dit au revoir. Je ne sais même plus si, je crois qu'on ne se fait pas la bise, mais on est des échanges de regards et elle part. Et moi, je crois que je me rassoit, monte à mon fauteuil là et je suis, mais, je pense que je suis sur le cul. Mais vraiment, je ne comprends pas ce qui se passe et tout. Et je reprends ma voiture pour rentrer donc, c'est plus l'heure d'aller à la piscine, je rentre chez moi et je, j'appelle ou j'envoie un message à ma copine qui connaît William et je lui dis mais attends, "mais tu te tends pas compte de ce qui s'est passé. C'est hallucinant. C'est vraiment le stade de découverte du pot aux roses". Et puis voilà, j'arrive à la maison, je n'arrive pas à dormir. Je n'arrête pas de repenser à ce qui se passe. Je suis hyper troublée. Je cogite énormément sur l'attitude à avoir par rapport à William, par rapport à Pauline.

Pauline - Du coup, quand je suis rentrée, je suis allée voir des amis qui habitent dans le même immeuble que moi. J'avais besoin de débriefer sur ce qui s'était passé. J'étais un peu satellisée. Et puis eux, ils avaient suivi un peu l'histoire et ils m'avaient dit de les tenir au courant. Et donc je leur raconte vaguement le truc que j'ai attendu pendant 3 h et demie dans le cabinet et qu'au final, après, je me suis retrouvé à boire une bière avec Anna et c'était trop chelou. Ils tombent de haut, ils me font franchement tu as dû passer pour une un peu cinglée. J'ai dit non, mais franchement, c'était trop bizarre parce que j'étais un peu vénère en arrivant et au final, c'était trop bizarre. On s'est super bien entendus. Ils ont un feeling de ouf et on s'est échanger des numéros. Et quand tu vas boire une bière avec la nana avec qui ton mec t'a trompé, c'est que ça va enfin. Il y a un truc assez détente, quoi. On peut dire que c'était un rencard un peu lunaire mais absolument pas prévu. Mais oui, clairement, c'était c'est assez étonnant.

Anna - Je vois que le lendemain, on s'échange des messages. Moi, rapidement, j'envoie un message à William pour lui dire que Pauline est venue au cabinet, que je sais ce qui s'est passé et que s'il a une version à donner, que je l'écoute, mais que voilà clairement, on ne va pas être amenés à se revoir ni se recontacter. Et puis il m'envoie un message un peu pourri qui s'excuse 12 000 fois, il s'autoflagelle, et cetera et cetera Et puis il met un truc du genre "Oui. La seule fois où on s'est vus". En fait, je comprends que dans son message, mais ça ne m'est pas destiné et qu'en fait c'est plutôt un message au cas où il se fasse choper son téléphone parce qu'en fait, ça correspond pas à ce qu'on a vécu. Du coup, finalement, je finis par le bloquer parce que je me dit "OK, donc le mec il est mytho, mais vraiment jusqu'au bout", même pour clôturer l'affaire, il n'est pas capable d'avoir une démarche sincère. Je le bloque et puis je me dis je suis très transparente avec Pauline, donc je la tiens informé, soit je lui screenshote les messages pour qu'elle soit au courant de tout que moi. De mon côté, il ne se passera rien, plus rien. Voilà, c'est fini. Fini. Ça m'intéresse plus quoi.

Pauline - Suite à ça, moi je suis partie en vacances avec ma mère pour prendre un peu de recul. Ça m'a fait beaucoup de bien. Mais bizarrement, j'avais envie d'envoyer des messages Anna, juste prendre des nouvelles, savoir un peu comment ça allait et on a dû s'échanger. Je ne sais pas. Peut être une dizaine de messages. En gros, j'ai juste à chaque fois j'envoyais le message et elle me répondait et elle me disait "Bon bah bisous bonne soirée". Un truc qui coupe un peu l'herbe sous le pied, donc c'est tout. Je me suis dit bon, va pas faire ta meuf relou, pense à toi, prends du recul. Et puis enfin tu es en vacances donc coupe.

Anna - Ben je suis contente de recevoir des messages parce que je sens qu'il s'est passé quelque chose, mais je ne sais pas quoi. En fait, je fais attention à ce que je dis et en même temps je m'autorise pas vraiment à ressentir ce que je ressentais. Parce ce que l'histoire est complètement farfelue, lui, il est à moitié mythomane. Elle, elle débarque comme ça au milieu de nulle part et je ne sais pas trop quoi en penser. Il y a mon cœur qui bat quand je reçois des messages. En même temps, ma tête me dit "Oulala, non, non, en fait, c'est quand même vraiment bizarre". Et puis elle me propose qu'on se revoit à son retour de vacances. Puis je me dis bah oui, pourquoi pas. J'ai envie de la revoir parce que je suis hyper intriguée. Je sens qu'on a encore plein de choses à dire. L'idée de pas la revoir  me dérange.

Pauline - On décide de se revoir sur un pique nique rando, au bout d'un peu plus de quinze jours. C'est en semaine, on se retrouve sur le parking pour partir faire une balade en forêt.

Anna - Je suis hyper stressée, en fait, ce jour là, enfin stressé, Je suis assez nerveuse, j'ai préparé à manger, j'ai réfléchi à quelle tenue J'allais mettre alors que c'est une balade en forêt, on s'en fout. Mais en fait, en fait, je me pose plein de questions parce qu'on se connaît absolument pas. On est dans des milieux professionnels, sociaux complètement différents. Enfin, on a aucun code en commun, on a, on n'a rien en commun, si ce n'est cette histoire avec ce mec au milieu. Mais je la connais pas et en même temps je l'ai découverte tellement à nue pendant les quelques heures qu'on a passé ensemble, qu'en fait j'ai l'impression d'être très proche d'elle. Et donc c'est tout le paradoxe de ça n'avait pas trop de sens de faire un espèce de dates. "salut, tu fais quoi dans la vie ?" Parce qu'en fait, on est passé à un cap d'intimité émotionnel tellement rapidement que du coup, je le voyais pas comme un rencard. Quand tu dis je vais faire un date avec un mec pour me vendre ou je sais pas quoi, et en même temps je n'arrive pas à définir ce que j'attends. En fait, je sais juste que j'ai envie de la voir et que ce qui va lui arriver m'importe. Et c'est vraiment ça. C'est c'est oui, je sais pas, je ressens un truc là, j'ai à la fois peur pour elle et en même temps, j'ai envie que lui arrive le meilleur. C'est un truc, donc peu importe ce qui se passe. Mais j'ai envie que ça se passe bien pour elle, quoi. Et du coup, c'est pour ça que je me casse la tête pour trouver la ballade hyper hyper bien. Je cuisine pour que ce soit bon. Je sais même pas si je suis la personne qui faut pour elle. En fait, je ne le sais pas encore. Je sais juste qu'en fait, on passe un super moment. On parle de plein, plein de trucs. Et puis un moment, on se pose pour pique niquer. Et puis les temps de silence sont de plus en plus longs, les regards sont de plus en plus longs.

Pauline - Moi, je ne sais pas. Au début, il y a être un peu les premières minutes, un peu un peu gênées, je pense, parce qu'en fait, on voulait se voir, mais on ne voulait pas forcément reparler de William, on s'en foutait et au final, dans mes souvenirs, je ne sais même pas si on a évoqué son nom. C'est assez drôle.  Donc elle me fait un peu découvrir sa famille, ou est ce qu'elle a vécu ses études, enfin, elle me raconte un peu toute sa vie. Après on décide de se poser vraiment pour pour pique niquer. Je vois bien en fait que je me suis pas forcément trompé sur les émotions que j'ai pu ressentir le premier jour parce que je ressens de l'attirance pour elle et je me dis que je ne sais pas trop comment aborder le sujet. Mais en même temps, je ne me vois pas ne pas l'aborder. Ça, c'est bizarre parce qu'au début, je me dis que si jamais je lui fais part de mes émotions, elle va me prendre pour une nana un peu cinglée qui veut se venger de son mec. Un peu la triangulation chelou. Je sens bien qu'elle a envie de plus, mais qu'elle sera pas forcément à l'initiative de quoi que ce soit. Et du coup je décide de mettre les pieds dans le plat. Je lui dis mais "concrètement, qu'est ce que t'as envie ? Parce que moi je sors de trois ans de relation ? J'ai pas forcément envie de me remettre en couple demain et j'ai pas envie de te manquer de respect".

Anna - Je suis assez subjuguée par elle parce qu'elle a une sorte de force de naturel. Je la trouve très belle en fait, dans cette forêt, avec cette lumière très fraîche, Il y a vraiment un truc qui me touche énormément à la fois. Il y a une attirance très forte. Et puis à un moment, je ne sais pas pourquoi on parle un peu de nos parcours. Et puis j'apprends son âge et là, je me rends compte qu'on a huit ans d'écart et là je me dis, "mon dieu en fait, elle est super jeune". Et là, je prends un peu un coup de massue derrière la tête et en plus, elle me dit oui, moi j'ai n'ai pas du tout envie de me mettre dans une histoire. Et puis voilà. Donc il y a toutes ces informations très rationnelles qui devraient mettre des warning. Et puis en même temps on est là et et puis on se regarde et puis on finit par s'embrasser. Je crois que c'est elle qui m'embrasse. Et puis en fait on s'embrasse, on s'embrasse et puis on reste là un bon moment.

Pauline - On était un peu sur une autre planète. Oui, c'était magique. Peut être qu'au fond, moi, je ne voulais peut être pas tout de suite me remettre en couple. Mais en fait, ce n'est pas moi qui ait décidé, quand ton corps, il te dit que cette personne là, tu veux la revoir, tu veux la revoir, tu veux la voir, bah tu la revois. Mais en même temps, je me disais mais c'est improbable, c'est improbable comme histoire. A chaque fois que j'en parlais autour de moi, des gens étaient morts de rire. Ça n'arrive qu'à toi ces histoire, C'est pas possible.

Anna - Là, je me pose pas de question à ce moment là. Je me dis est ce que c'est sain de faire ça, est ce que si ça se trouve, c'est un couple un peu chelou ? Finalement, je me tape le mec, et puis après, la nana arrive. Et puis finalement, je vais me faire avoir par les deux. Ils vont se remettre ensemble et je pense que tous les scénarii passent dans ma tête et donc j'imagine toutes les choses horribles qui peuvent arriver et en même temps en même temps, on compte se revoir le samedi et bien sûr que j'ai envie de la revoir le samedi.

Pauline - Et donc deux jours plus tard on se revoit. On était censé passer donc l'après midi ensemble, chose qu'on a faite. Et en fait j'ai vachement insisté pour que je reste la soirée. Je me suis un petit peu incrustée.

Anna - Donc là, je me dis oui, il faut absolument qu'on se voit le soir. Je lui dit par contre, on en parle, mon appart, c'est pas possible. Écoute, je range, je Range, je m'occupe de gérer pour le dîner et puis on se retrouve après. Donc je range clean tout et je suis un peu dans un état un peu second. Je suis hyper impatiente qu'elle arrive et en même temps ça me parait complètement irréel. En fait je trouve, je comprends rien à ce qui se passe, tout. Voilà, elle arrive le soir, il pleut elle est, elle est trempé, elle arrive dans son truc de moto, je la trouve encore hyper belle et tout, elle m'impressionne de ouf enfin. J'ouvre une bouteille de champagne et puis on boit la bouteille. Et puis je crois qu'on mange quasiment pas quoi là, comme elle sort d'un contexte de rupture et tout, je ne veux absolument pas faire. Moi, je n'ai qu'une obsession, c'est faire les choses bien, ne pas la brusquer. Et puis, en fait, elle ne se pose pas, absolument pas ces questions. Elle, c'est hyper directe, hyper frontale et tout est donc bah, on passe la nuit ensemble. Puis elle part bosser le lendemain. Je ne pense pas à ce moment là qu'elle soit vraiment dans une démarche revancharde. En revanche, je me dis qu'il y a de fortes chances qu'elle soit paumée, que je fasse un peu le pansement. Et puis ça se trouve dans trois mois, elle se rend compte que maintenant, en fait, elle n'a pas du tout envie de se poser. Et puis moi, l'été, pendant mes vacances, j'avais bien décidé avec moi même que j'allais rencontrer la personne avec qui je devais faire ma vie, que j'avais envie d'avancer, que c'était fini les conneries les mecs chelou, les plans cul, les mecs pas dispo, j'ai pas quoi. J'avais fait acte de maturité et je comptais bien m'y tenir. Donc en fait je me dis là, la nana plus jeune du coup, qui n'a pas l'air méga stable en ce moment dans sa vie, ça coche pas trop mes cases là tout de suite. Donc voilà, puis c'était drôle et plus je la découvre, plus je me rends compte qu'en fait tous les trucs cools qu'il y avait chez William le sport, l'alpinisme, la plongée, tout ça, c'est elle en fait tous les projets cool, tous les projets de vie et tout. En fait, le mec c'est une coquille vide qui a complètement siphonné sa vie à elle. Et en fait au début ça même pas perturbant parce qu'en fait elle me raconte des trucs et j'ai entendu trois mois avant et en fait des fois, c'est un peu dissonant ou là c'est trop bizarre. Et puis en fait, voilà donc les trois premiers mois de la relation. On est un peu en train d'étalonner tout ça, d'évacuer un peu aussi tous les mensonges, tous les trucs qui ont été dit. C'est pas forcément simple pour démarrer une histoire.

Pauline - Je pense que, à partir de ce moment là, officiellement, on est ensemble. Donc il y a eu beaucoup de questions par rapport à William. En fait, on avait peur que s'il apprenait par des amis qu'on avait en commun, qu'on était aujourd'hui ensemble, qui pète un peu les ponts et vu qu'il est policier, c'est pas forcément hyper rassurant.

Anna - Et là, je crois qu'on se pose un peu la question de ce qu'on dit ou pas à William, qu'on est ensemble ou pas. Et on convient de ne pas lui dire parce que oui, il est souvent armé et émotionnellement pas très stable. On se dit on va laisser passer un peu d'eau sous les ponts. Et puis attendre de voir déjà ce que ça donne et ne pas compliquer un peu trop les choses, quoi.

Pauline - Deux mois après, William a commencé à se réveiller en mode "Je vais te récupérer. Je me suis rendu compte de ce que j'ai fait, du mal que j'ai pu de faire". Sauf que, à ce moment là, en fait, j'étais avec Anna. Du coup, je lui ai gentiment dit que je m'étais mis en couple et que notre relation était terminée et qu'il fallait qu'il me laisse tranquille, chose qu'il n'a pas voulu faire. Ça devenait limite du harcèlement. Et puis le souci, c'est que pour se revaloriser, lui, il enterrait un petit peu Anna, il disait que c'était de sa faute. C'était elle qui était venue vers lui, que lui, il a cédé. Forcément, c'est la faute des autres. Le problème, c'est que vu que j'étais avec Anna, je lui ai montré les messages, on en parlait et je pense qu'au bout d'un moment, il y a quelque chose qui, c'était la goutte de trop, quoi.

Anna - Il dit que, en gros, c'est de ma faute que j'étais folle amoureuse de lui, que je lui ai couru après. Je ne sais pas quoi faire, mais un truc. Mais c'était quand même ubuesque. Et en fait, là Pauline me le raconte. Je ne sais pas, je sens dans sa voix ou dans ses yeux qu'il y a un léger doute, un truc. Et là, ça me brise le cœur. Mais vraiment, ça me glace le sang et je me dis non, non, c'est hors de question que le truc qu'on vit puisse être gâché par ces propos calomnieux. Moi, je suis resté très calme et très neutre pendant trois mois et là, le lendemain, j'appelle, j'appelle le mec et ça a duré un quart d'heure. Je me souviens, je l'ai mis sur un haut parleur parce que Pauline a écouté, parce que je voulais qu'elle entende aussi la conversation. Et là, je l'ai démontée.

Pauline - Je suivais la conversation à distance, mais c'était une jouissance. Franchement, c'était juste génial quand il s'est pris ces quatre vérités dans la tronche et c'était vraiment trop bon. La sensation, c'est vraiment, enfin, il y a une justice, il y a un truc un peu fou comme ça, c'est vraiment énorme. Suite à ça, il n'a pas répondu. Il bégaye un petit peu. Je crois qu'il en fait. Il n'a toujours pas compris. Il a dû se dire c'est un mauvais rêve. Je pense qu'il a pas compris ce qui lui est arrivé. Le lendemain, il me rappelle parce que j'étais au boulot. Il me rappelle pour reconfirmer en fait ce qu'on lui avait dit. Je lui dis oui, effectivement, je suis en couple avec elle. C'est là que je lui avait  envoyer un ultimatum en lui disant que si jamais en fait il ne cessait pas ses messages, j'allais déposer une main courante, enfin porter plainte pour qu'il comprenne. Et je pense que ça aurait nui en fait à sa carrière et en fait suite à ça, il a arrêté et non après, effectivement, il savait, il savait où on habitait, mais vraiment enfin, concrètement, rien n'aurait pu l'empêcher de faire quoi que ce soit. Mais on essaye, on essaye de se rassurer comme on pouvait. Mais sur le coup, effectivement, il y a des fois où on n'était pas forcément sereine.

Anna - Entretemps, Pauline l'avait menacé de le dénoncer ou j'sais pas quoi. Enfin bref, ça l'a bien calmé aussi. Là, on n'a plus vraiment commencé à souffler et être tranquille. Et puis notre histoire va bien quoi.

Pauline - Donc aujourd'hui, ça fait un an et demi que je suis avec Anna. On a emménagé ensemble il y a quatre-six mois et voilà, on a plein de projets ensemble. Je repense au passage dans son cabinet pour la première fois, je me dis qu'il n'y a pas de hasard. C'était écrit comme ça que de toute façon, avec William, peut être que le fait que je le rencontre, c'était peut être pour la rencontrer, elle.

Anna - C'était vraiment pas gagné dès le début et en fait, je suis super contente de tout ce qu'on a construit. On est très très heureuse et même plus amoureuse qu'au début je pense. Donc finalement, ce que j'avais demandé pendant mes vacances, je l'ai eu, la personne avec qui j'avais envie de faire ma vie, elle est littéralement tombé du ciel quoi.

Conclusion

Vous venez d'écouter Passages. Et dans cette mini série sur les premiers rendez-vous, on parle de rencontres qui finissent bien, moins bien et de rencontres improbables. Cet épisode deux a été tourné et monté par Marie Salah. Thomas Rozes a composé la musique et fait la réalisation et le mix. Maud Benakch est en charge de la production de Passages. Maureen Wilson et Mélissa Bounoua ont supervisé l'éditorial et la production. Le générique de Passages a été composé par November Ultra. Je suis Charlotte Pudlowski et Passages est une production Louie Media. Vous pouvez vous abonner sur toutes les plateformes de podcasts, nous envoyer vos histoires à hello@louiemedia.Com. Et si vous voulez soutenir Louie, n'hésitez pas, abonnez vous au club louiemedia.com/club. A très vite.