Le Book Club présidentiel #2 : "L'identité nationale", c'est quoi ?

Fatima Ouassak est une politologue, militante et co-fondatrice du collectif Front de mères. Son premier essai La Puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire, publié aux éditions La Découverte en 2020, a reçu le prix de l’essai féministe du magazine Causette.

Dans cet épisode, Agathe Le Taillandier a souhaité l’interroger sur la notion d’identité nationale. D’abord, afin de saisir ce qu’elle met derrière ces mots et leur utilisation politique. Mais aussi, plus intimement, pour savoir s’ils lui font mal, ou même, si elle estime qu’ils la racontent, en dehors des débats publics.

Pour l’occasion, Fatima Ouassak nous invite à Verdragon, la Maison de l’écologie populaire qu’elle a participé à créer, dans le quartier de la Noue, à Bagnolet. 

Un livre qui a participé à sa construction “identitaire et politique”, c’est L’Assommoir d’Émile Zola, dévoré lorsqu’elle n’avait que 11 ans. Issue d’un milieu ouvrier, Fatima Ouassak entre en empathie avec cette héroïne, Gervaise, qui aspire à s’extraire de sa classe sociale. Elle estime d’ailleurs que cette “histoire universelle”, faisant écho à tant de destins bien au-delà du Paris du XIXème siècle, devrait faire partie de notre “identité commune.”

Car la question n’est pas de dénigrer a priori la notion d’identité nationale : “charge à nous d’y mettre autre chose”. En intégrant par exemple dans nos références partagées des récits plus complexes, à l’image du livre de Joseph Andras, De nos frères blessés. L’histoire se base sur la vie réelle du militant Fernand Iveton, membre du FLN, considéré comme un traître à la nation française, torturé puis condamné à mort.

Il est très loin de moi, si on s’en tient à des critères identitaires, parce que c’est un Français, Européen, blanc. C’est un homme qui est en Algérie et qui est dans le camp a priori des colons. (…) Et pourtant, c’est quelqu’un qui incarne, qui symbolise notre identité commune et notre dignité humaine.”

Plus fondamentalement, cet épisode nous invite donc à nous interroger sur la nécessité de se défaire de la rigidité – et de l’illusion – d’une identité unique et figée. Nos identités sont en fait multiples, plurielles et “toujours plus bavardes et vagabondes qu’on pourra les décrire.”

Agathe Le Taillandier a écrit et monté cet épisode, Maylis Collet l’a réalisé et mixé. Soukaïna Qabbal est à l’édition et à la production du Book Club. Le Book Club est une création Louie Media aussi rendue possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale et Mélissa Bounoua, directrice des productions.

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Le Book Club présidentiel #1 : En attendant l'homme providentiel

Dans cette nouvelle saison du Book Club, nous avons voulu redonner un souffle de vie à l’émission : vous faire entendre des lieux, des sons, des gens qui font l’actualité pour réussir à mieux la comprendre. Alors que le bruit et la fureur du débat public peuvent nous donner l’impression d’être démunis, de ne pas avoir les outils pour saisir pleinement les enjeux du monde contemporain, nous avons voulu prendre le temps d’essayer de les comprendre en faisant appel à la littérature.

Jean Garrigues est historien spécialiste d’histoire politique. Son livre La Tentation du Sauveur. Histoire d'une passion française est réédité chez Payot, en mars 2022.

Dans ce premier épisode, il nous éclaire sur le “mythe bien Français” de l’homme providentiel. Il nous parle, pour cela, de trois grands auteurs français du XIXème siècle : Stendhal, Balzac et Hugo. A travers La chartreuse de Parme, Le colonel Chabert et Cromwell, Jean Garrigues nous donne à comprendre ce mythe qui nourrit le paysage politique français.

Ensemble, nous nous demandons s’il est “dangereux de tout attendre d’une figure politique”. Et pourquoi ce mythe est une composante majeure du storytelling de toute campagne électorale, alors qu’il est si loin de ce que Jean Garrigues appelle “nos désirs de démocratie participative”.

Pour répondre à ces questions, Jean Garrigues revient sur le premier homme providentiel, une femme : Jeanne d’Arc. Venue du peuple, elle inaugure une lignée de personnages qui, a posteriori, seront construits comme des figures providentielles dont se revendiquent aujourd’hui nombre de nos politiques. 

Hors du champ des élites traditionnelles, elles émergent en “temps de crise” et donnent l’impression de pouvoir, d’un coup d’un seul, rebattre les cartes pour sauver la France. Nourries par les représentations politico-médiatique, ces figures messianiques contemporaines sont travaillées, pensées, scénarisées pour contribuer à construire le récit d’un roman national millénaire dans lequel elles s’inscriraient. A “toutes les époques”, nous dit l'historien, "les jeunes générations ont ressenti ce besoin de rupture” et c’est sans doute cela qui rend toujours aussi actuelle cette figure de l’homme providentiel, ce mythe du sauveur. 

Agathe Le Taillandier a écrit et monté cet épisode, Lola Constantini l’a réalisé et Etienne Gatianette s’est occupé du mixage. La musique est signée par Antoine Graugnard et Mélodie Lauret.

Soukaïna Qabbal est à l’édition et à la production du Book Club.

Le Book Club est une création Louie Media aussi rendue possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale et Mélissa Bounoua, directrice des productions.