Faire un métier plus grand que soi

En ces temps d’épidémie du coronavirus, on les appelle les “héro.ïne.s du quotidien”. Ceux et celles qui continuent de sortir de leur domicile pour aller travailler, car leur métier remplit une mission d’utilité publique. Dans leur travail, il.elle.s endossent une mission qui les transcende, et qui parfois, les dépasse. 

Comment vivent-ils leur mission, leur devoir déontologique, alors que la majorité de la population est appelée à rester chez elle pour se protéger ? Dans cet épisode, nous recueillons les témoignages de Fanny Maccagnan, caissière dans un supermarché à Carpentras ; de Matthieu Mondoloni, grand reporter à franceinfo, et de Marie-Solenn, une sage-femme qui est tombée malade du coronavirus. 

Cette situation les fait évaluer sous une nouvelle lumière l’importance de leur métier, et les risques qu’ils sont prêts à prendre pour l’accomplir : “Je pars du principe que quand je suis dehors, que je vais faire mon métier de journaliste, je risque de propager le virus. […] Est-ce que les reportages valent le coup ?” (10:31) 

Chacun d’eux a dû faire face à ses doutes et à ses peurs : “J’ai eu des moments très égoïstes où j'avais juste envie de penser à  moi, mon mari et mes enfants. […] Et puis il y a quand même une partie de moi qui me dit que je ne suis pas là par hasard et qu’une crise sanitaire comme ça, je n’ai pas envie de la passer chez moi à regarder les choses avec mon téléphone, c'est aussi mon rôle.” (24:24) 

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin. Louise Hemmerlé est chargée de production. Cet épisode a été monté et réalisé par Cyril Marchan. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par Olivier Bodin. Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale. 

Comment la crise sanitaire renverse-t-elle la hiérarchie sociale des métiers ? Entretien avec Dominique Méda

D’habitude, il·elle·s sont presque invisibles. Il·elle·s gagnent des petits salaires, et il·elle·s font des boulots souvent ignorés ou méprisés. Mais, depuis le début de la crise sanitaire, on ne parle que d’eux·elles: ceux·elles qui ne sont pas confiné.e.s...  parce qu’il·elle·s travaillent. 

Les travailleur·euse·s de l'hôpital evidemment, ceux·elles des supermarchés, ceux·elles qui traversent la France avec dans leur camion des tonnes de nourriture, ou ceux·elles qui continuent de ramasser nos poubelles. Tous ces travailleur·euse·s, qu’on ne voyait pas forcément hier, nous semblent aujourd’hui indispensables.  

Dominique Méda, philosophe et sociologue du travail, voit dans cette crise sanitaire un renversement de la valorisation et de la hiérarchie sociale des métiers : “Ce sont les métiers les moins valorisés et les moins bien payés, les aides à domicile qui font les toilettes, les éboueurs, les caissières dont souvent on se moque et bien soudainement, ce sont ces métiers là qui deviennent absolument essentiels et dont on va découvrir le caractère presque absolument vital.” (4:53)

Partant de ce constat, Dominique Méda trace, au micro d’Adrien Naselli, les lignes de ce à quoi pourrait ressembler le monde du travail à la sortie de cette crise, et évoque un renversement de la hiérarchie des salaires. 

Engagée, Dominique Méda prône aussi une reconversion écologique où le travail aurait une place différente : “Avec la reconversion écologique on va avoir besoin de plus de travail humain, de plus d’huile de coude. J’imagine une société avec plus de métiers manuels, [...] une division internationale du travail beaucoup plus réduite et beaucoup plus de métiers finalement aisément accessibles à tous.” (30:18)

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin, et réalisé par Cyril Marchan. Le mix a été fait par Olivier Bodin et la musique est de Jean Thevenin. À la production de cet épisode : Louise Hemmerlé, avec Maureen Wilson, et Charlotte Pudlowski.

Bonus confinement : Comment télétravailler quand on est prof ou kiné ?

Pour faire face à l’épidémie du coronavirus, toutes les personnes qui peuvent travailler de chez elles sont appelées à le faire. Pour certaines professions, c’est plutôt facile, avec les technologies et les outils de télécommunication actuels, de se mettre au 100% télétravail. Pour d’autres, c’est un véritable casse-tête.

Dans cet épisode bonus de Travail (en cours), nous vous proposons les témoignages de deux personnes dont le métier n’est pas du tout adapté au télétravail, mais qui doivent pourtant s’y plier en période de confinement.

Géraldine Nguirane est professeur dans une école primaire. Son école a fermé ses portes pour une durée indéterminée, mais elle tente d’assurer, à distance, le suivi pédagogique de ses élèves. Elle nous explique toute la difficulté de sa tâche : “Les familles ne sont pas du tout équipées de la même manière, [...] il y en a qui ont ordinateurs et imprimantes, et il y a des élèves qui n’ont rien. ” (8:30)

Loris Mangogna, lui, est kinésithérapeute. Le cabinet libéral dans lequel il travaille a aussi dû fermer, mais il ne veut pas abandonner ses patients : “On a des patients qui sortent d’hospitalisations et de chirurgies, ces gens là si on ne leur fait pas un suivi ils risquent des séquelles”. (01:59) Il nous explique comment il arrive à maintenir le lien avec ses patients, et à continuer à les soigner, à distance.

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin, et réalisé par Cyril Marchan. Le mix a été fait par Olivier Bodin et la musique est de Jean Thévenin. À la production de cet épisode : Louise Hemmerlé, avec Maureen Wilson, et Charlotte Pudlowski.

Pourquoi le télétravail ne deviendra pas la norme

Le coronavirus et les mesures de confinement ont brutalement précipité de nombreuses entreprises dans le 100% télétravail. Beaucoup goûtent aujourd’hui à marche forcée aux réunions par visioconférence, ou à la transformation de leur table à manger en bureau improvisé. 

Le travail à distance a toujours été un réservoir à fantasmes, et plein d’entreprises ont longtemps tourné autour, en se demandant si c’était vraiment une si bonne idée que ça. Selon une étude réalisée en 2019 par l’IFOP avec Malakoff Médéric-Humanis, 29 % des salariés des entreprises de plus de 10 salariés télétravaillent, de manière le plus souvent occasionnelle et non contractuelle. 

On s’est demandé pourquoi, avec les technologies et moyens de communication actuels, on ne télétravaille pas davantage en temps normal - hors période de confinement, quand les choses tournent à peu près rond. Et pourquoi on a l’intuition qu’on n’allait pas vouloir prolonger ce télétravail obligatoire plus que de raison, une fois la crise passée. 

Au micro de Judith Chetrit, Rodolphe Dutel nous raconte son expérience lorsqu’il travaillait chez Buffer, une entreprise américaine qui a la particularité de ne pas avoir de bureaux : ses salariés sont dispatchés aux quatre coins du monde, en télétravail. Il nous explique les atouts et les risques posés par cette organisation du travail : “C’est assez solitaire. C’est pour ça que je suis membre d’espaces de travail partagés, parce que si on ne recrée pas la camaraderie, on se sent vite très seuls. C’est mon plus gros problème là-dessus, c’est l’isolation et la solitude.”  (17:11) 

Nous avons voulu savoir si cette solitude et ce manque de lien social pouvait avoir un impact dans notre travail. Nous sommes allées interroger Driss Boussaoud, un neuroscientifique qui nous explique que notre cerveau ne fonctionne pas exactement de la même manière si on est seul ou si l’on est entouré : “Les neurones sociaux, ce sont ceux qui fonctionnent de préférence quand je suis en présence de quelqu’un. Et les neurones asociaux ce sont les neurones qui fonctionnent le préférence quand je suis seul.” (26:59)

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin, et réalisé par Cyril Marchan. La prise de son a été faite par Bernard Natier, le mix par Olivier Bodin et la musique est de Jean Thévenin. À la production de cet épisode : Louise Hemmerlé, avec Maureen Wilson, et Charlotte Pudlowski.

Faire le deuil de son travail idéal

ILLUSTRATION : ADRIEN DEYDIER

ILLUSTRATION : ADRIEN DEYDIER

Est-ce que vous aussi, vous vous surprenez parfois à rêver à votre travail idéal ? Peut-être est-ce ce job qui vous permet de partir tous les jours à 17h ? Ou bien ce poste qui vous apporte un certain confort économique ? Très probablement, votre travail idéal combinerait les deux.

Dans ses différents travaux, la sociologue Dominique Méda explique que les attentes qui sont placées sur le travail sont immenses, et qu’elles s’intensifient pour les jeunes générations. On attend de son travail non seulement un salaire, mais aussi un statut, des droits sociaux, du sens, une utilité, la possibilité d’exprimer sa créativité, de s’épanouir. 

Dans Travail (en cours), nous allons explorer les bouleversements du travail et sa place dans nos vies. Avant de vous apporter des éclairages et explications d’expert.e.s, de scientifiques, de sociologues, on vous propose dans ce premier épisode une histoire. Celle de Clémence Bodoc, l’ancienne rédactrice en chef de Madmoizelle.com, un magazine féminin en ligne. Au micro de Judith Chetrit, elle raconte toute la difficulté de trouver un travail qui nous convienne, qui réponde à tous nos critères. 

Clémence Bodoc a exploré les contrastes. Elle a démarré sa carrière dans un travail très stable et bien rémunéré dans le BTP, mais qu’elle quitte finalement après un burn-out. Par la suite elle est embauchée à Madmoizelle.com, un travail précaire mais qui la passionnait : «Je trouvais ça tellement incroyable d’avoir une telle tribune, d’avoir une telle liberté.» (13:19)  

Clémence Bodoc raconte aussi comment ses attentes se sont fracassées contre la violence du monde du travail, et les enseignements qu’elle en tire : «Avoir un travail qui ait du sens, c’est un luxe. J’avais ce luxe, il m’a coûté cher.» (32:58)

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin, et réalisé par Cyril Marchan. La prise de son a été faite par Bernard Natier, le mix par Tristan Mazire et  la musique est de Jean Thevenin . À la production de cet épisode : Louise Hemmerlé, avec Maureen Wilson, et Charlotte Pudlowski, Mélissa Bounoua, Marion Girard.

La retranscription de cet épisode est disponible ici.