Pourquoi la douleur doit-elle être visible pour exister ?

A-t-on déjà nié ou minimisé votre douleur simplement parce qu’elle n’était pas visible ? Et est-ce qu’à force d’entendre que “c’est dans votre tête”, vous l’avez finalement niée à votre tour ? 

En 2017, le Livre blanc de la douleur affirme que près d’un Français sur cinq souffre de douleur chronique - une douleur qui dure de manière permanente ou intermittente depuis plus de trois mois, avec ou sans explication. Et pourtant, l’OMS la reconnaît comme une maladie seulement depuis 2019. Est-ce que cela veut dire qu’avant elle n’existait pas ? Comment le fait de ne pas reconnaître la douleur peut-elle l’aggraver ? Et alors, pourquoi est-ce important de reconnaître la douleur des autres ? 

Dans cet épisode, la journaliste Léna Coutrot tend son micro à Léa, 31 ans. Atteinte d’endométriose depuis son adolescence, elle a attendu sept ans avant qu’un médecin prenne au sérieux ses douleurs et détecte la maladie qui l’handicape au quotidien. 

Léna Coutrot interroge aussi Pascale Wiedemann Toutzevitch, psychologue clinicienne à l’hôpital St Joseph à Paris au sein de l’équipe “douleur”, une unité pluridisciplinaire. Parmi les personnes qu’elle reçoit, certains souffrent de douleurs chroniques depuis plus de 20 ans. Selon elle, le fait que le monde médical ne prenne pas suffisamment en compte les émotions des patients peut aggraver leurs maladies. 

Enfin, vous entendrez la psychiatre Stéphanie Hahusseau qui s’intéresse à la manière dont nos émotions peuvent nous faire tomber malade. Elle nous explique pourquoi tous les troubles physiques ont une dimension psychologique, et comment le mécanisme de dissociation peut amener les patients à ne plus rien ressentir. 

Quelques références sur le sujet:

Et aussi quelques interviews du média Lyv dédié à l'endométriose et la santé des femmes: 

Si vous avez aimé écouter cet épisode, nous vous recommandons également celui-ci, de Travail (en cours), dans lequel on explore les répercussions des handicaps invisibles dans le monde du travail.

Émotions est un podcast de Louie Media présenté par Brune Bottero. Cet épisode a été tourné et écrit par la journaliste Léna Coutrot. L’épisode a été réalisé par Marine Quéméré. Jean-Baptiste Aubonnet s’est occupé de la prise de son et du mix. C’est Nicolas de Gélis qui a composé le générique d’Émotions.  

Maud Benakcha est la chargée de production d'Émotions, accompagnée d’Agathe Le Taillandier et de Capucine Rouault pour cet épisode. 

Ce podcast est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard responsable de production, Mélissa Bounoua directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale. 

La retranscription de cet épisode est bientôt disponible. 

La souffrance: que ressent-on quand quelqu’un nie notre douleur ?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

Qu’est-ce qu’on dit quand on dit “j’ai mal” ? Exprimer sa douleur, que ce soit en s’adressant à un proche ou à un médecin, c'est faire confiance à l’autre pour vous écouter. Cela demande du courage : on peut avoir peur de demander de l'attention, de déranger. En français, l’expression "souffrir en silence" indique que le fait de taire sa douleur serait vertueux, dénoterait une force de caractère. Dire "j'ai mal", c'est accepter de s'exposer à l'autre dans un moment de vulnérabilité. C'est lui conférer le pouvoir de nous écouter et de nous venir en aide.

Alors que se passe-t-il quand la personne à qui on accorde cette confiance refuse de nous croire ? Si elle balaie d'un revers de main la douleur que nous tentons de lui communiquer ? Dans cet épisode d'Émotions, nous explorons ce qu'il se passe lorsque la douleur est niée.

Voir sa douleur niée peut arriver à tout le monde bien sûr, mais certaines personnes risquent plus d'en être victimes. Karima nous raconte comment à plusieurs reprises au cours de sa vie, on n'a pas voulu la croire lorsqu'elle exprimait sa douleur et comment des stéréotypes racistes ont empêché certains médecins de prendre ses symptômes au sérieux. Nous parlons ensuite avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, qui lorsqu'il était jeune médecin s'est retrouvé de l'autre côté du diagnostic.

Enfin, nous nous posons la question de ce que cette négation provoque en nous. C'est Smadar Bustan, philosophe et chercheuse à l'Inserm, qui nous explique la distinction entre souffrance et douleur. Grâce à elle, nous avons compris pourquoi voir sa douleur niée, entendre des phrases comme "roh, ça va, arrête de faire ta chochotte", était si insupportable et ne faisait qu'ajouter de la souffrance à la douleur- car souffrance et douleur sont deux choses distinctes.

S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

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