Le pouvoir : est-ce agréable de se sentir puissant.e ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Au sens le plus strict, pouvoir, c’est être en capacité de faire quelque chose. C’est une porte ouverte sur de nouvelles expériences de vie, de nouvelles sensations. Votre coeur qui palpite en dévalant une pente à vélo pour la première fois sans les petites roulettes, prendre le volant d’une voiture seul.e une fois votre permis en poche. Vous avez comme de l’électricité qui traverse vos membres, remonte votre colonne vertébrale. Vous crépitez à l’intérieur, de peur et d’excitation. Dans la langue, on distingue “pouvoir de” et “pouvoir sur”. Une petite préposition et les images évoquées sont bien différentes. Avoir le pouvoir “sur”, c’est souvent avoir le pouvoir sur une situation ou sur d’autres personnes. Ça peut être le pouvoir de faire changer les choses, une situation sur laquelle on peut avoir une emprise. Ça aussi, ça peut être exaltant. Mais c’est aussi être en position d’autorité sur d’autres. Vos enfants si vous en avez, vos employé.e.s, vos “N-1” comme on dit dans le monde de l’entreprise. Le pouvoir, certains le cherchent, le briguent, font tout pour y accéder. Il offre un statut social, une contenance, le respect des autres éventuellement. Dans notre société, le pouvoir est érigé en idéal, un but auquel il faudrait aspirer : une promotion, un poste de manager, un mandat peut-être même.

Mais une fois ce pouvoir acquis, est-ce si agréable d’en être en possession ? Quel effets a-t-il sur nous et comment faire pour résister à ses excès ? Et s’il était possible de penser le pouvoir autrement, au delà des rapports verticaux de hiérarchie ? Et si on pouvait trouver en nous ce sentiment de puissance, si on pouvait le construire et en être assurée, même dans les moments où d’autres essayent de nous écraser ?

Dans cet épisode, nous rencontrons Christian Verrier, un homme qui a tout fait pour refuser le pouvoir qu’on voulait lui conférer ; Sabine Parisis, DRH, qui a toujours voulu accéder à un poste important mais qui très tôt dans sa carrière a pris conscience des abus vers lesquels ce pouvoir pouvait mener ; et enfin, Marie Dasylva, qui est coach et travaille exclusivement avec des personnes non-blanches qui font face à des situations de discriminations raciales et sexistes dans le monde professionnel. Elle nous explique à travers son parcours comment après avoir subie la puissance abusive des autres, elle avait reconstruit et nourrit une puissance qui lui était propre et qu’elle cherche aujourd’hui à transmettre aux personnes qu’elle coach. Sebastian Dieguez, un chercheur en neuropsychologie de l’université de Fribourg, nous apprend à quel point le le pouvoir peut nous changer, malgré nous.

Un grand merci à Elizabeth Tran et Nicky Gentil, autrice de Petits dialogues en taxi, d’avoir prêté leur voix à la lettre de Clementine Churchill.

Quelle relation avec-vous avec le pouvoir ? Le recherchez-vous ? En avez-vous peur ?  N’hésitez pas à nous raconter vos histoires sur Twitter ou sur Instagram ! S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

La souffrance: que ressent-on quand quelqu’un nie notre douleur ?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

Qu’est-ce qu’on dit quand on dit “j’ai mal” ? Exprimer sa douleur, que ce soit en s’adressant à un proche ou à un médecin, c'est faire confiance à l’autre pour vous écouter. Cela demande du courage : on peut avoir peur de demander de l'attention, de déranger. En français, l’expression "souffrir en silence" indique que le fait de taire sa douleur serait vertueux, dénoterait une force de caractère. Dire "j'ai mal", c'est accepter de s'exposer à l'autre dans un moment de vulnérabilité. C'est lui conférer le pouvoir de nous écouter et de nous venir en aide.

Alors que se passe-t-il quand la personne à qui on accorde cette confiance refuse de nous croire ? Si elle balaie d'un revers de main la douleur que nous tentons de lui communiquer ? Dans cet épisode d'Émotions, nous explorons ce qu'il se passe lorsque la douleur est niée.

Voir sa douleur niée peut arriver à tout le monde bien sûr, mais certaines personnes risquent plus d'en être victimes. Karima nous raconte comment à plusieurs reprises au cours de sa vie, on n'a pas voulu la croire lorsqu'elle exprimait sa douleur et comment des stéréotypes racistes ont empêché certains médecins de prendre ses symptômes au sérieux. Nous parlons ensuite avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, qui lorsqu'il était jeune médecin s'est retrouvé de l'autre côté du diagnostic.

Enfin, nous nous posons la question de ce que cette négation provoque en nous. C'est Smadar Bustan, philosophe et chercheuse à l'Inserm, qui nous explique la distinction entre souffrance et douleur. Grâce à elle, nous avons compris pourquoi voir sa douleur niée, entendre des phrases comme "roh, ça va, arrête de faire ta chochotte", était si insupportable et ne faisait qu'ajouter de la souffrance à la douleur- car souffrance et douleur sont deux choses distinctes.

S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

Vous pouvez vous abonner à Émotions sur Apple Podcasts, sur votre appli préférée grâce à notre flux, sur Google podcasts, sur Soundcloud, Spotify, YouTube, Stitcher...