L’inquiétude : vivons-nous dans une société particulièrement inquiète ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Dans ce quatorzième épisode d’Émotions, Maud Benakcha et Amel Almia, deux journalistes de Louie, se confrontent à leurs propres inquiétudes. Elles sont inquiètes pour l’écologie, pour leur avenir, pour leur carrière : tout, à 25 ans, leur semble si incertain. Bien plus que pour les générations précédentes. Alors elles se sont demandées : vit-on dans une société particulièrement inquiète ? Sommes-nous, à 25 ans, à un âge où tout semble plus menaçant ? Que faire quand ce sentiment obscurcit notre horizon ? 

Pour répondre à ces questions, elles ont interrogé Myriam Klinger, une sociologue chercheuse au Laboratoire des dynamiques européennes à l’université de Strasbourg. Amel Almia a beaucoup réfléchi à la manière dont l’inquiétude s’incarne, chez elle en Suisse, par la présence d’un bunker anti-atomique dans presque chaque immeuble d’habitation. C’est Silvia Berger Ziauddin, historienne spécialiste des bunkers qui nous aide à comprendre l’origine de cette particularité. Et enfin, grâce à l’histoire de Camille, membre de l’association étudiante Lupa de la Sorbonne, on s’interroge sur la manière dont l’inquiétude nous pousse à agir, à chercher des solutions au-delà de nous-mêmes. 

S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com. 

L’espoir : nous permet-il d’avancer ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

La guerre de Troie terminée et gagnée, Ulysse prend la mer pour rentrer chez lui, à Ithaque, son île, retrouver sa femme Pénélope, son fils Télémaque et son chien. Sauf que vous connaissez la suite, Ulysse se perd en chemin et vit des aventures folles pendant dix ans : c’est l’Odyssée. Et que fait sa femme, Pénélope pendant que son mari fait la guerre et vogue à travers le monde ? Que fait-elle pendant vingt ans ? Elle l’attend. Elle entreprend de tisser et retisser la même tapisserie, croyant dur comme fer au retour de son mari.

L’espoir de Pénélope est-il la force qui lui permet de tenir toutes ces années, sans savoir si son mari rentrera un jour ? Ou est-ce au contraire un poids qui l’empêche de refaire sa vie ? Dans ce treizième épisode, Iris Ouédraogo cherche à comprendre ce qu’est l’espoir. Est-ce un moteur qui nous permet d’atteindre nos rêves ou est-il, au contraire, contemplatif ?

D’un côté, Jonathan Daudey, philosophe, défend l’idée que cette émotion nous empêche de trouver des portes de sortie à des situations qui ne nous conviennent pas, au risque de nous rendre même carrément apathiques. De l’autre, Charles-Martin Krumm, chercheur en psychologie et ancien boxeur de haut niveau, étudie la manière dont l’espoir nous permet ou non de nous réaliser. Avec son équipe, il a même mis au point un “test d’espoir” qui permet de voir si nous sommes naturellement plus ou moins enclin à en éprouver.

Pour répondre à cette question, nous avons également deux histoires. Celle de Laura, qui a attendu, longtemps, que l’homme qu’elle aimait quitte sa femme pour être avec elle. De l’autre Virginie Dedieux, triple championne du monde de natation synchronisée qui a toujours cru qu’elle pouvait décrocher ces médailles. La différence ? Virginie Dedieux, elle, pouvait travailler pour atteindre son but.

Et vous, avez-vous beaucoup d’espoir ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

Le rire: qu’est-ce qui fait que parfois on est le seul à ne pas rire ?

ILLUSTRATION : JEAN MALLARD

ILLUSTRATION : JEAN MALLARD

Lorsqu’on rit d’une même chose, ou lorsqu’on fait rire quelqu’un, c’est parce qu’on reconnaît ce qu’il y a de commun entre nous. On reconnaît par exemple la drôlerie d’un jeu de mots parce qu’on voit bien l’image incongrue qu’il fait naître. Si vous demandez à quelqu’un comment il va et qu’il vous répond “Imhotep”, vous pourrez rire ensemble d’avoir tous les deux vu Astérix et Obélix Mission Cléopâtre, et d’avoir partagé, peut-être à la même époque, une référence culturelle.

Mais parfois, la situation ne vous fait pas rire... Comme lorsqu'Adélie Pojzman-Pontay s'est rendue au cours de yoga du rire de Françoise Rousse, la fondatrice de l'Université du rire et qu'elle était super gênée. Contrairement aux autres participants comme Zaia et Simon qui riaient à gorge déployée.

Alors pourquoi est-ce que dans certaines situations, on n'arrive pas à rire ? Pourquoi on n'arrive pas toujours à entrer dans le truc et décocher des flèches de rire avec les autres ? Qu'est-ce qui fait que parfois on se retrouve seul dans une pièce où tout le monde rigole autour de nous et que l'on se demande "mais pourquoi” ?

Comme toutes nos émotions, le rire peut s'exprimer de manière sincère, mais il est codé. Pour nous aider à le décortiquer, nous avons interrogé David Le Breton, sociologue à l'université de Strasbourg et Eric Smadja, psychiatre et psychanalyste. L'humoriste Shirley Souagnon nous explique les mécanismes de la langue française avec lesquels jouent les humoristes pour créer leurs sketchs. Des mécanismes et un style propres à chaque pays. Nous avons échangé avec Ingri. Elle vient de Norvège et l'humour français ne lui semble pas toujours évident. Tamara Guénoun, psychologue clinicienne auprès d'enfants et d'adolescents avec autisme et maître de conférence à Lyon II nous apprend pourquoi les personnes avec autisme n’ont pas accès à tous ces codes qui permettent au rire d’émerger. Comme Thomas Poncelet qui est consultant conférencier sur les thématiques liées à l'autisme et atteint du syndrome d'Asperger et Valérie Jessica Laporte, une québécoise de 41 ans a appris à rire avec le syndrome d’asperger.


David Le Breton a publié Rire, une anthropologie du rieur aux éditions Métaillé

Eric Smadja a publié Le Rire aux éditions Puf

La résilience: comment redonner du sens à sa vie après un traumatisme?

Dans ce nouvel épisode d’Émotions, vous allez rencontrer trois personnes. Elles ont chacune vécu un traumatisme: Marie-Line Silvert un accident, Nadalette La Fonta Six une opération et Hervé Zabukovec, une agression sexuelle.

ILLUSTRATION: JEAN MALLARD

ILLUSTRATION: JEAN MALLARD

Lorsque certains événements nous tombent dessus, ils sont tellement difficiles à vivre, tellement violents et lourds, qu’il est presque impossible de les comprendre. Que faire, quand de telles catastrophes chamboulent l’ordre de notre vie? Comment dépasser un traumatisme? Qu’est-ce que cette résilience, qui se joue dans les mois ou les années qui suivent ce bouleversement?

Murielle Villani est psychologue clinicienne et chercheuse. Elle a étudié la résilience au sein des familles confrontées à la maladie chronique rare d’un enfant. Elle nous accompagne tout au long de l’épisode pour comprendre le processus et les facteurs de la résilience. Line Bernier est psychologue. Elle a exercé de nombreuses années au service correctionnel du Canada où elle exerçait comme psychologue correctionnel. Aujourd’hui, elle s’investie dans le centre de services de justice réparatrice de Montréal. Elle travaille avec des victimes et des agresseurs pour qu’il.elle.s se reconstruisent après un crime.

Nous comprendrons comment Nadalette La Fonta Six, Hervé Zabukovec et Marie-Line Silvert ont fait pour se relever, au sens propre comme au sens figuré, de leur traumatisme.

Nadalette La Fonta Six a publié Le roseau penchant, histoire d’une merveilleuse opération aux éditions Fauves.

Êtes-vous quelqu’un.e de résilient.e? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com.


La retranscription de l’épisode est disponible ici.

La surprise: pourquoi c’est une émotion pas comme les autres?

Imaginez, vous rentrez du boulot. Votre programme, c'est de commander à manger et de regarder le dernier épisode de votre série du moment. Vous montez les escaliers de votre immeuble, vous tournez la clef dans la serrure, vous ouvrez la porte de chez vous et là... dans votre entrée, vous voyez tous vos amis qui crient: "Surprise!". C'est un fait, il s'agit d'une surprise et vous, vous êtes surpris.e. Mais est-elle bonne ou mauvaise?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

En fait, la surprise, contrairement aux autres émotions (la tristesse est négative, la joie positive) peut être soit l'un, soit l'autre, en fonction de son contenu. Par exemple, une facture imprévue est généralement une mauvaise surprise alors qu'une fête organisée par vos amis sans que vous soyez au courant, est normalement bonne. Cela dépend encore des personnes qui se trouvent dans votre appartement au moment où vous avez ouvert la porte, s'il s'agit de personnes que vous détestez ou de vos plus proches amis.

Le caractère négatif ou positif de la surprise dépend aussi de vous. Vous faites peut-être partie de celles et ceux qui sautent de joie face à une soirée imprévue. Mais vous pouvez aussi faire partie de ces personnes qui détestent être prises de court, et qui, même face à la plus belle des surprises ressentiront de la peur et de la colère.

Ce caractère ambivalent de la surprise est le point de départ des recherches menées par Natalie Depraz, professeure de philosophie à l'université de Rouen. Elle et Thomas Desmidt, psychiatre au CHU de Tours travaillent avec d'autres chercheurs sur la surprise depuis 2012. Grâce à leurs expériences, ils décortiquent cette émotion. Plus encore, ils remettent en cause la classification de la surprise, est-elle même une émotion? Ce qui est sûr, c'est que c'est une émotion à part.

Dans cet épisode, nous remontons à l'histoire de la classification des émotions. Les émotions primaires, le bleu, le jaune et le rouge des émotions sont: la joie, la tristesse, la peur, la colère, le dégoût et la surprise. Comment ont-elles été catégorisées? Et y aurait-il eu une erreur? L'équipe de chercheurs français tend à enlever la surprise de cette liste et ils nous expliquent pourquoi.

Et vous, avez-vous déjà vécu une grosse surprise ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com.