Estine Coquerelle : "J'aime bien me laisser guider par l'envie"

Vous connaissez peut-être cette pile de livres. Celle qui est au chevet de votre lit, ou sur votre table basse, peut-être même qu’il y en a plusieurs, disséminées un peu partout chez vous. Des livres que vous avez achetés puis jamais ouverts, d’autres que vous aimez tant que vous avez besoin de les garder près de vous, ou bien simplement des livres entamés, que vous prenez le temps de découvrir page par page, chapitre par chapitre. 

L’illustratrice Estine Coquerelle fait partie de ces lectrices à la bibliothèque dispersée. Aux quatre coins de son appartement on trouve des bandes-dessinées de Riad Sattouf comme La vie secrète des jeunes, qu’elle trouve fascinant: “ce travail, d’arriver à retranscrire la manière de parler des gens , à quel point c’est drôle toutes ces mimiques qu’on acquiert selon le milieu social duquel on vient (...) et il y a des trucs du quotidien dans lesquels on se reconnaît.”. Elle raconte également son amour pour les recueils de nouvelles de Milan Kundera car elle aime “sa façon de raconter l’amour, la vie, le désir, la culpabilité”. Enfin, son trésor à elle, c’est “un gros livre” de Louis Aragon, qu’elle a hérité de sa grand-mère et dont elle a lu la première page à son amoureux quand elle l’a rencontré. Cependant, il y a un livre cher à son coeur qui manque à sa collection. Il s’agit de Journal d’un corps, de Daniel Pennac, qu’elle a lu et relu, offert, prêté et perdu. Ce livre, “Il est drôle, dégoûtant, il est tout ce qu’on veut”, et il résonne avec son art, où le corps est central et sublimé, mais honnête. 

Dans cet épisode du Book Club spécial confinement, Estine Coquerelle nous raconte qu’elle aime lire, mais surtout en vacances, quand elle a le temps. Ce qu’elle préfère, c’est “se laisser guider par l’envie”, et si ces temps-ci elle n’a pas forcément loisir à se plonger dans un roman, elle garde auprès d’elle quelques œuvres qu’elle aime feuilleter pour s’inspirer quand elle “tourne en rond” dans son travail d’illustratrice. 

Vous pouvez retrouver l’oeuvre d’Estine Coquerelle sur Instagram et vous procurer ses illustrations sur sa boutique en ligne

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maureen Wilson était responsable éditorial, Maële Diallo était au montage, Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. Le Book Club est un podcast coordonné par Maud Benakcha. 

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Alice Zeniter : “J'ai une admiration de romancière à romancière”

Les tragédies que subit un pays lui appartiennent, de manière presque intime. Elles appartiennent également à sa population, habitée par la mémoire de ces événements. Mais cette capacité à porter une histoire en soi ne s’arrête pas aux frontières. L’autrice Alice Zeniter n’est pas Nigériane, pourtant, en se plongeant dans le roman de Chimamanda Ngozi Adichie L’autre moitié du soleil, publié en 2006, elle s’est sentie transportée au cœur de la guerre civile qui a bouleversé le pays dans les années 1970. “Le Nigéria devient une part de ma carte intime” dit-elle. Ce livre qui l’a tant marquée devient alors une extension d’elle: “j’ai prêté mon corps aux personnages pour ressentir ce qu’éprouvait Adichie, et donc leur souffrance, leur traversée de la guerre elle est passée par moi, par cette identification, et du coup ça devient un peu mon histoire”. 

Pour Alice Zeniter, la lecture de ce roman est une expérience, mais aussi un cours d’écriture. Elle s’enthousiasme devant la plume de Chimamanda Ngozi Adichie, sa capacité à mélanger les genres et à s’approprier le roman de guerre, que l’on associe (à tort) plutôt aux écrivains hommes: “Je trouve ça admirable qu’elle n’ait pas eu peur de ça, qu’elle ait pu dire: ceci est ma place et c’est là que je vais déployer l’immensité de mon talent”. Elle-même autrice, elle lui voue une admiration “de romancière à romancière” qu’elle décrit dans ce nouvel épisode du Book Club spécial confinement. 


Entre ses lectures et ses rendez-vous à distance avec son éditrice, Alice Zeniter se confie également sur la prochaine rentrée littéraire et se demande si son mois de septembre sera comme les autres. En attendant, elle continue de travailler sur son roman même si elle a “vraiment des problèmes pour imaginer le futur ces derniers temps”.

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Marie Pavlenko : “Il ne faut pas bouder les classiques”

Vous est-il déjà arrivé d’ouvrir un vieux livre — publié plusieurs décennies, voire plusieurs siècles avant votre naissance — en pensant ne jamais vous retrouver dans l’histoire de ces personnages si lointains? Et pourtant, au bout de quelques chapitres, cette histoire, ces personnages vous ont saisis et vous les avez compris. Peut-être parce que leur situation faisait écho à vos ressentis du moment, ou parce qu’ils vous rappelaient de vieilles histoires familiales. C’est ce qu’a vécu l’autrice jeunesse Marie Pavlenko en ouvrant Germinal d’Emile Zola, un jour d’été, pendant son adolescence:  « Je n’ai jamais connu mon grand-père maternel - il est mort quand ma Maman avait dix ans — et il était mineur. Et Germinal est un livre qui a beaucoup compté pour moi parce qu’il m’a fait rentrer dans un monde que je ne connaissais pas et qui pourtant appartenait à mon passé. » 

Si sa bibliothèque est remplie de mangas et de livres jeunesse, Marie Pavlenko revendique également son amour des classiques qui ont fait la littérature: « Il ne faut pas bouder les classiques. Les classiques ils ne sont pas là pour rien, ils sont là parce qu’ils ont traversé les temps et ils portent quelque chose. Ils portent une époque, mais ils portent aussi une espèce de parole universelle et intemporelle. » D’ailleurs, la littérature jeunesse a aussi ses œuvres incontournables. C’est le cas des romans de l’écrivain britannique Roald Dahl qui ont passionné l’autrice pendant son enfance. Ses favoris restent  Le Bon Gros Géant et Sacrées Sorcières mais c’est avec La Potion Magique de George Bouillon qu’elle comprend le cœur de l’œuvre de l’auteur: “J’ai eu l’un de mes premiers chocs purement littéraire qui était de découvrir la puissance de la métaphore [...] il y a ces quelques mots à un moment donné : « elle avait la bouche ridée comme le derrière d’un chien » Et je me souviens que du haut de mes huit ans j’ai vu le derrière du chien, et j’ai vu la bouche de la grand-mère. Et j’ai éclaté de rire. Et ces deux choses qui entraient en collusion dans ce bout de phrase eh bien ça va bientôt faire 40 ans et je m’en souviens encore. » 

Dans ce septième épisode du Book Club spécial confinement, Marie Pavlenko nous recommande de nous « plonger dans des pavés », même si, de son côté, elle n’a pas tellement le temps de le faire car elle doit terminer son prochain roman et aller écouter les oiseaux se remettre à chanter.

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Vous pouvez retrouver les livres de Marie Pavlenko chez Flammarion Jeunesse

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com