La souffrance: que ressent-on quand quelqu’un nie notre douleur ?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

Qu’est-ce qu’on dit quand on dit “j’ai mal” ? Exprimer sa douleur, que ce soit en s’adressant à un proche ou à un médecin, c'est faire confiance à l’autre pour vous écouter. Cela demande du courage : on peut avoir peur de demander de l'attention, de déranger. En français, l’expression "souffrir en silence" indique que le fait de taire sa douleur serait vertueux, dénoterait une force de caractère. Dire "j'ai mal", c'est accepter de s'exposer à l'autre dans un moment de vulnérabilité. C'est lui conférer le pouvoir de nous écouter et de nous venir en aide.

Alors que se passe-t-il quand la personne à qui on accorde cette confiance refuse de nous croire ? Si elle balaie d'un revers de main la douleur que nous tentons de lui communiquer ? Dans cet épisode d'Émotions, nous explorons ce qu'il se passe lorsque la douleur est niée.

Voir sa douleur niée peut arriver à tout le monde bien sûr, mais certaines personnes risquent plus d'en être victimes. Karima nous raconte comment à plusieurs reprises au cours de sa vie, on n'a pas voulu la croire lorsqu'elle exprimait sa douleur et comment des stéréotypes racistes ont empêché certains médecins de prendre ses symptômes au sérieux. Nous parlons ensuite avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, qui lorsqu'il était jeune médecin s'est retrouvé de l'autre côté du diagnostic.

Enfin, nous nous posons la question de ce que cette négation provoque en nous. C'est Smadar Bustan, philosophe et chercheuse à l'Inserm, qui nous explique la distinction entre souffrance et douleur. Grâce à elle, nous avons compris pourquoi voir sa douleur niée, entendre des phrases comme "roh, ça va, arrête de faire ta chochotte", était si insupportable et ne faisait qu'ajouter de la souffrance à la douleur- car souffrance et douleur sont deux choses distinctes.

S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

Vous pouvez vous abonner à Émotions sur Apple Podcasts, sur votre appli préférée grâce à notre flux, sur Google podcasts, sur Soundcloud, Spotify, YouTube, Stitcher...

Le trac : si vous l’avez c’est, une bonne chose

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Ça y est le moment est venu, vous devez vous lever et parler devant tout le monde, votre cœur palpite, votre respiration est saccadée, vos mains moites. Impossible de vous souvenir de votre présentation, de votre morceau de musique, des pas de votre chorégraphie, dans votre esprit tout est blanc, tout est vide. Vous bafouillez… Vous avez le trac.

Nous aussi, en préparant ce premier épisode d’Émotions, on a eu l’impression d’être cachées derrière un rideau, en coulisses, là où rien n’est encore arrivé et que tout peut advenir. Le trac, c’est l’émotion de l’avant, du moment juste avant d’oser faire quelque chose devant les autres. De présenter son travail, par exemple. C’est donc dans notre propre trac qu’on a décidé de se plonger pour ce premier épisode : pourquoi a-t-on le trac ? N’existe-t-il que pour nous faire perdre nos moyens ? Est-ce que, en France, on l’aurait particulièrement ?

Nous avons rencontré deux personnes, un avocat et un jeune dessinateur, qui ont vu leurs vies bouleversées par le trac. La psychiatre Christine Barois nous a expliqué pourquoi avoir le trac, c’était avoir peur d’être seul.e. Patrick Tort, théoricien des sciences et expert de Charles Darwin, a démenti une théorie largement partagée selon laquelle Darwin a théorisé le trac et nous a proposé la sienne. En préparant l’émission, nous avons aussi beaucoup entendu le cliché selon lequel «les français» seraient «nuls à l’oral» contrairement aux États-Unis par exemple. On est donc allé.e.s discuter avec l’humoriste Sebastian Marx, un américain installé à Paris depuis plus de dix ans et avec Roberte Langlois, docteure, professeure des écoles, chercheuse en sciences de l’éducation, spécialiste de la place de l’oralité dans l’école française.

Nous espérons donc, qu’après cette émission, vous serez moins désemparé.e.s la prochaine fois que vous sentirez le trac monter en vous et que vous vous réconcilierez avec l’inconfort qu’elle nous procure.

N’hésitez pas à nous raconter vos histoires de trac sur Twitter ou sur Instagram ! S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.


Vous pouvez vous abonner à Émotions sur Apple Podcasts, sur votre appli préférée grâce à notre flux, sur Google podcasts, sur Soundcloud, Spotify, YouTube, Stitcher...

La retranscription de cet épisode est disponible ici.