La culpabilité : y a-t-il une bonne dose avec laquelle on peut vivre ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Dans Expiation, un roman de Ian McEwan, une jeune fille de 13 ans, Briony, fait une déposition à la police. Elle affirme avoir vu, et pouvoir identifier avec certitude, le violeur de sa cousine. Mais dans cette déposition, elle ment. Elle sait qu’elle ment mais s’évertue à se convaincre du contraire. Elle qui se rêve écrivain, joue avec le pouvoir que la fiction lui donne, le pouvoir de faire croire, le pouvoir de faire de la fiction une réalité. Ce mensonge va détruire la vie de ses proches, de ceux qu’elle aime. Que faire, en grandissant, de cette culpabilité originelle, de cet acte qui a causé tant de mal, tant de douleur autour d’elle ? Comment continuer sa vie avec cet acte en toile de fond ? Y a-t-il une juste dose de culpabilité ?

C’est la question qu’on se pose dans ce cinquième épisode d’Émotions : que faire de la culpabilité ? Comment vivre avec ? Dans cet épisode, nous allons à la rencontre de deux personnes, l’une culpabilise pour tout, tout le temps. L’autre, a commis un crime quand elle avait 21 ans. Cet homme vit depuis avec le souvenir de ce crime et a dû apprendre à reconstruire sa vie au-delà de ce moment, pendant et après la prison.

Pour guider notre réflexion et nous aider à comprendre les ressorts de la culpabilité, nous avons rencontré Aurélien Graton, un chercheur en psychologie de l’Université Savoie-Mont Blanc et Magali Bodon-Bruzel, psychiatre et directrice de pôle à l’hôpital psychiatrique de la prison de Fresne.

Et vous, ressentez-vous beaucoup de culpabilité ? N’hésitez pas à nous raconter vos histoires sur Twitter ou sur Instagram. S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

La retranscription de cet épisode est disponible ici.

Le pouvoir : est-ce agréable de se sentir puissant.e ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Au sens le plus strict, pouvoir, c’est être en capacité de faire quelque chose. C’est une porte ouverte sur de nouvelles expériences de vie, de nouvelles sensations. Votre coeur qui palpite en dévalant une pente à vélo pour la première fois sans les petites roulettes, prendre le volant d’une voiture seul.e une fois votre permis en poche. Vous avez comme de l’électricité qui traverse vos membres, remonte votre colonne vertébrale. Vous crépitez à l’intérieur, de peur et d’excitation. Dans la langue, on distingue “pouvoir de” et “pouvoir sur”. Une petite préposition et les images évoquées sont bien différentes. Avoir le pouvoir “sur”, c’est souvent avoir le pouvoir sur une situation ou sur d’autres personnes. Ça peut être le pouvoir de faire changer les choses, une situation sur laquelle on peut avoir une emprise. Ça aussi, ça peut être exaltant. Mais c’est aussi être en position d’autorité sur d’autres. Vos enfants si vous en avez, vos employé.e.s, vos “N-1” comme on dit dans le monde de l’entreprise. Le pouvoir, certains le cherchent, le briguent, font tout pour y accéder. Il offre un statut social, une contenance, le respect des autres éventuellement. Dans notre société, le pouvoir est érigé en idéal, un but auquel il faudrait aspirer : une promotion, un poste de manager, un mandat peut-être même.

Mais une fois ce pouvoir acquis, est-ce si agréable d’en être en possession ? Quel effets a-t-il sur nous et comment faire pour résister à ses excès ? Et s’il était possible de penser le pouvoir autrement, au delà des rapports verticaux de hiérarchie ? Et si on pouvait trouver en nous ce sentiment de puissance, si on pouvait le construire et en être assurée, même dans les moments où d’autres essayent de nous écraser ?

Dans cet épisode, nous rencontrons Christian Verrier, un homme qui a tout fait pour refuser le pouvoir qu’on voulait lui conférer ; Sabine Parisis, DRH, qui a toujours voulu accéder à un poste important mais qui très tôt dans sa carrière a pris conscience des abus vers lesquels ce pouvoir pouvait mener ; et enfin, Marie Dasylva, qui est coach et travaille exclusivement avec des personnes non-blanches qui font face à des situations de discriminations raciales et sexistes dans le monde professionnel. Elle nous explique à travers son parcours comment après avoir subie la puissance abusive des autres, elle avait reconstruit et nourrit une puissance qui lui était propre et qu’elle cherche aujourd’hui à transmettre aux personnes qu’elle coach. Sebastian Dieguez, un chercheur en neuropsychologie de l’université de Fribourg, nous apprend à quel point le le pouvoir peut nous changer, malgré nous.

Un grand merci à Elizabeth Tran et Nicky Gentil, autrice de Petits dialogues en taxi, d’avoir prêté leur voix à la lettre de Clementine Churchill.

Quelle relation avec-vous avec le pouvoir ? Le recherchez-vous ? En avez-vous peur ?  N’hésitez pas à nous raconter vos histoires sur Twitter ou sur Instagram ! S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

L’amitié: comment sait-on qu’on est ami.e avec quelqu’un ?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

La culture populaire est fascinée par les relations amoureuses. Des rom-coms, dont tout le scénario tend vers la scène du baiser, aux adaptations cinématographiques de grands classiques, comme Anna Karénine ou Orgueil et Préjugés qui mettent en scène les tourments amoureux: il existe des centaines de films et de livres qui explorent différentes manières de tomber et d’être amoureux. A côté de ces personnages en quête d’amour éternel, il y a souvent des amis. Ils sont là, ce sont des confidents attentifs, qui vous accompagnent dans les bars pour draguer et vous achètent de la glace quand vous vous êtes fait larguer. Tout au plus y a-t-il une scène de vague jalousie, souvent au sujet d’un intérêt amoureux d’ailleurs. A côté de l’amour, l’amitié semble toujours tiède et accessoire. Elle est toujours représentée comme ayant les atours de la facilité. On voit rarement des personnages devenir ami.e.s et vivre des tourments amicaux.

Comment faire quand dans nos vies, l’amitié n’est pas si évidente ? Si on trouve ces relations plus difficiles à naviguer que l’amour justement car elles n’ont aucun cadre, aucun passage obligé –ni premier baiser, ni premier je t’aime, ni rupture radicale ? Comment on sait qu’on est ami.e avec quelqu’un ? Est-ce qu’il y certaines sensations, certaines émotions, que l’amitié est censée nous faire ressentir ?

Dans ce troisième épisode d’Émotions, Adélie Pojzman-Pontay cherche des pistes pour répondre à ces questions qui la taraudent depuis l’enfance. Elle refait le chemin de ses propres amitiés pour essayer de comprendre pourquoi l’amitié lui a toujours paru si compliquée. Saverio Tomasella, docteur en psychologie, psychanalyste et auteur Ces amitiés qui nous transforment l’aide à comprendre les ressorts psychologiques de l’amitié et Anne Vincent Buffault, historienne des sensibilités, autrice d’une Histoire de l’amitié et de L’Exercice de l’amitié, lui racontent comment les signes de l’amitié n’ont pas toujours été aussi flous en fonction des époques.

Et vous, comment savez-vous que vous êtes ami.e avec quelqu’un ? N’hésitez pas à nous raconter vos histoires d’amitiés, de doutes ou de certitude sur Twitter ou sur Instagram ! S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, n’hésitez pas à nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

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La souffrance: que ressent-on quand quelqu’un nie notre douleur ?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

Qu’est-ce qu’on dit quand on dit “j’ai mal” ? Exprimer sa douleur, que ce soit en s’adressant à un proche ou à un médecin, c'est faire confiance à l’autre pour vous écouter. Cela demande du courage : on peut avoir peur de demander de l'attention, de déranger. En français, l’expression "souffrir en silence" indique que le fait de taire sa douleur serait vertueux, dénoterait une force de caractère. Dire "j'ai mal", c'est accepter de s'exposer à l'autre dans un moment de vulnérabilité. C'est lui conférer le pouvoir de nous écouter et de nous venir en aide.

Alors que se passe-t-il quand la personne à qui on accorde cette confiance refuse de nous croire ? Si elle balaie d'un revers de main la douleur que nous tentons de lui communiquer ? Dans cet épisode d'Émotions, nous explorons ce qu'il se passe lorsque la douleur est niée.

Voir sa douleur niée peut arriver à tout le monde bien sûr, mais certaines personnes risquent plus d'en être victimes. Karima nous raconte comment à plusieurs reprises au cours de sa vie, on n'a pas voulu la croire lorsqu'elle exprimait sa douleur et comment des stéréotypes racistes ont empêché certains médecins de prendre ses symptômes au sérieux. Nous parlons ensuite avec Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, qui lorsqu'il était jeune médecin s'est retrouvé de l'autre côté du diagnostic.

Enfin, nous nous posons la question de ce que cette négation provoque en nous. C'est Smadar Bustan, philosophe et chercheuse à l'Inserm, qui nous explique la distinction entre souffrance et douleur. Grâce à elle, nous avons compris pourquoi voir sa douleur niée, entendre des phrases comme "roh, ça va, arrête de faire ta chochotte", était si insupportable et ne faisait qu'ajouter de la souffrance à la douleur- car souffrance et douleur sont deux choses distinctes.

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Le trac : si vous l’avez c’est, une bonne chose

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Ça y est le moment est venu, vous devez vous lever et parler devant tout le monde, votre cœur palpite, votre respiration est saccadée, vos mains moites. Impossible de vous souvenir de votre présentation, de votre morceau de musique, des pas de votre chorégraphie, dans votre esprit tout est blanc, tout est vide. Vous bafouillez… Vous avez le trac.

Nous aussi, en préparant ce premier épisode d’Émotions, on a eu l’impression d’être cachées derrière un rideau, en coulisses, là où rien n’est encore arrivé et que tout peut advenir. Le trac, c’est l’émotion de l’avant, du moment juste avant d’oser faire quelque chose devant les autres. De présenter son travail, par exemple. C’est donc dans notre propre trac qu’on a décidé de se plonger pour ce premier épisode : pourquoi a-t-on le trac ? N’existe-t-il que pour nous faire perdre nos moyens ? Est-ce que, en France, on l’aurait particulièrement ?

Nous avons rencontré deux personnes, un avocat et un jeune dessinateur, qui ont vu leurs vies bouleversées par le trac. La psychiatre Christine Barois nous a expliqué pourquoi avoir le trac, c’était avoir peur d’être seul.e. Patrick Tort, théoricien des sciences et expert de Charles Darwin, a démenti une théorie largement partagée selon laquelle Darwin a théorisé le trac et nous a proposé la sienne. En préparant l’émission, nous avons aussi beaucoup entendu le cliché selon lequel «les français» seraient «nuls à l’oral» contrairement aux États-Unis par exemple. On est donc allé.e.s discuter avec l’humoriste Sebastian Marx, un américain installé à Paris depuis plus de dix ans et avec Roberte Langlois, docteure, professeure des écoles, chercheuse en sciences de l’éducation, spécialiste de la place de l’oralité dans l’école française.

Nous espérons donc, qu’après cette émission, vous serez moins désemparé.e.s la prochaine fois que vous sentirez le trac monter en vous et que vous vous réconcilierez avec l’inconfort qu’elle nous procure.

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