Fatima Daas : “J’ai mis du temps à parler, et à aimer parler”

Nous sommes très heureuses de vous présenter Fracas, notre tout nouveau podcast produit en partenariat avec Radio Nova. Créé et présenté par Charlotte Pudlowski, il explore notre rapport à la parole. Dans le premier épisode, elle reçoit l’autrice Fatima Daas. Et comme son premier roman, La petite dernière, fait partie des romans de la rentrée littéraire, il nous a paru pertinent de partager cet entretien avec vous, les auditeur.ices du Book Club. 

Fatima Daas est en réalité un pseudonyme. C’est aussi le nom de l’héroïne de son roman, avec laquelle l’écrivaine partage de nombreuses similitudes. Toutes les deux ont grandi à Clichy-sous-Bois en région parisienne, dans des familles originaires d’Algérie. Toutes les deux sont musulmanes pratiquantes et aussi lesbiennes. Et toutes les deux travaillent au quotidien pour jongler entre ces deux identités, et bien d’autres encore. Son roman, l’autrice le résume ainsi: “c’est juste, comment tu te construis en étant plusieurs choses, en ayant plusieurs facettes et parfois des éléments qui te semblent contradictoires”. 

Il aura fallu plusieurs années à Fatima Daas pour concilier sa foi et son homosexualité. Aujourd’hui l’autrice l’affiche fièrement, mais elle a conscience que son livre aborde des sujets qui justement, suscitent encore des débats. “Plus j’allais vers la fin du roman et plus je me questionnais sur ce que ça pouvait faire à des personnes qui pouvaient se reconnaître”. Alors si elle a choisi de publier son travail sous un pseudonyme, c’est aussi pour protéger ses proches, pour ne pas  “les exposer à des gens, à des mondes qui ne les concernent pas”

Fatima Daas a grandi dans une famille où “les non-dits”  faisaient partie intégrantes des conversations. C’est finalement grâce à l’écriture qu’elle a trouvé sa voix. “Ça t’oblige à te regarder, à regarder les autres, à regarder le monde et après t’en parles”. Aujourd’hui, il n’est plus question pour elle de se taire. “Une fois qu’on est dans la parole, on a envie de garder cette parole et de le montrer, parce qu’on a tenu trop longtemps dans le silence”.

Fracas est un podcast créé et présenté par Charlotte Pudlowski. Il est produit par Louie Media et Radio Nova. 

Cet épisode a été réalisé par Anna Buy, et le mix est de Jean-Baptiste Aubonnet.

Chaque interview est diffusée dans une version courte dans la matinale de Radio Nova, Un Nova jour se lève, le jeudi matin à 8h10.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est en charge de l’édition et de la coordination. 

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Nina Bouraoui : “Je suis née dans une famille où les livres mangeaient l’appartement”

Nina Bouraoui est autrice. Comme dans beaucoup de ses livres, son dernier roman Otages, apporte une réflexion sur la place des femmes dans la société, et sur les violences qu’elles subissent. Il raconte l’histoire de Sylvie Meyer, une quinquagénaire en apparence sans soucis, qui est employée dans une usine de caoutchouc. Après une énième demande de son patron, elle décide de le séquestrer, révélant ainsi de profondes blessures refoulées depuis longtemps.

Dans cet épisode, Nina Bouraoui nous accueille dans son salon, devant sa bibliothèque qui fait office de “matrice du lieu”. Elle nous parle de son amour pour la Méditerranée, de sa jeunesse en Algérie. La romancière se confie aussi sur ses craintes de retourner un jour là-bas. “J’ai écrit une sorte de légende autour de ce pays, et cette fiction j’aurais peur qu’elle s'éteigne, qu’elle soit déçue”. Alors entre temps, elle lit. Beaucoup. Parmi ses auteur.ices algérien.nes favori.te.s, on trouve Albert Camus, qu’elle considère comme “un père algérien, qui a décrit l’Algérie comme [elle a] pu envisager de la décrire”

Elle nous présente Le Mausolée des Amants, le journal intime posthume de l’écrivain et photographe Hervé Guibert. Cet ouvrage retrace la vie de cet homme, tiraillé entre sa passion pour l’écriture, son combat pour faire accepter l’homosexualité, et sa maladie, le Sida. Des passages très crus parfois, mais que Nina Bouraoui relit sans cesse, tant elle est admirative du travail d’Hervé Guibert. “Il a cette façon d’écrire qui fait dire que finalement lorsqu’on a en soi cette dimension poétique, cette dimension esthétique de l’écriture, et bien je crois que l’on peut tout écrire”

Figure très présente dans la vie d’Hervé Guibert, c’est aussi grâce au Mausolée des Amants que Nina Bouraoui a découvert l’écrivain Thomas Bernhard, que nous recommandait Julia Kerninon dans l’épisode précédent du Book Club.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé  les questions de cette interview à Nina Bouraoui. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com