Pourquoi est-ce qu'on ne va pas au travail en short et en marcel ?

Est-ce que vous aussi, pendant cette période de confinement et de télétravail que nous laissons derrière nous avec précaution, il vous est arrivé de travailler une bonne partie de la journée en t-shirt, puis d’enfiler une chemise juste avant une visioconférence avec un client, ou votre patron.ne ? 

Mais pourquoi la chemise serait-elle importante lorsqu’on discute de contrats ou de rétro-plannings à tenir ?  Dans ce nouvel épisode de Travail (en cours), on s’intéresse aux codes vestimentaires plus ou moins explicites qui régissent notre interface avec le monde, la manière dont on s’y présente, lorsqu’on travaille.

Globalement, 2 salariés sur 3 en France disent ne pas avoir de code vestimentaire imposé au bureau, selon un sondage Opinionway de 2015. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont autant à pouvoir s’habiller exactement comme ils veulent - en réalité 60% d’entre eux disent veiller à leur tenue au travail, dans le souci de ne pas nuire à l’image de l’entreprise. Quels sont, au juste, les enjeux qui pèsent sur notre manière de nous habiller au boulot ?  Quelle image est-ce qu’on véhicule par nos vêtements, et pourquoi ça compte autant pour les entreprises ? 

Pour répondre à ces questions, l'historien Jérémie Brucker, qui est spécialiste de l'histoire du vêtement de travail du 19e siècle à nos jours, revient sur l’apparition du vêtement de travail et ses évolutions au cours du temps. Il explique qu’en plus de son utilité pour assurer la sécurité ou l’hygiène des travailleurs dans certains métiers, le vêtement de travail a aussi une fonction sociale : “la fonction sociale du vêtement de travail, c'est d'abord de montrer qu'on appartient à l'entreprise ou à tout le moins, qu'on est un membre de l'entreprise.” (11:50) 

Marie de Tilly est coach en bonnes manières, et elle maîtrise les codes vestimentaires au travail sur le bout des doigts : Chaque métier a un code et un code vestimentaire et il faut savoir lequel. [...] J'ai besoin de par moments d'expliquer un peu le pourquoi du comment, il y a des jeunes qui n'ont pas eu la chance d'avoir ces codes et je suis là pour les aider.” (05:04) Elle parle de l’importance de respecter les codes vestimentaires au travail, et leur impact parfois discriminant. 

Et vous, comment est-ce que vous adaptez votre tenue à votre travail ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com

Travail (en cours) est un podcast de Louie Media. Journaliste et présentatrice : Marie Semelin. Louise Hemmerlé est chargée de production. Cet épisode a été monté et réalisé par Cyril Marchan. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par Olivier Bodin. Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale. 

Les leçons que tirent les chef.fe.s d’entreprise de la crise

Il y a d’abord eu l’urgence, la panique des premiers jours. L’annonce du confinement a précipité des milliers d’entreprises dans une crise brutale. Selon l’assureur-crédit Coface, les faillites devraient bondir de 15% en France cette année. Pourtant, malgré les nombreux commerces à l’arrêt, les chantiers interrompus, les salles de concert et les stades déserts, l'activité économique ne s’est pas complètement arrêtée pendant le confinement. Elle s’est poursuivie, à un autre rythme, complètement chamboulé. 

Dans un système économique féroce où il faut souvent s’adapter pour survivre, Louise Hemmerlé a demandé à six dirigeant.e.s d’entreprise comment il.elle.s avaient traversé cette période, et ce qu’il.elle.s allaient pouvoir en retenir. De l’agroalimentaire au conseil en passant par la cosmétique, il.elle.s racontent comment il.elle.s ont dû revoir des stratégies depuis longtemps en place, inventer de nouvelles manières de fonctionner, et les leçons qu’ils en tirent : sur leurs stratégies commerciales, sur la raison d’être de leur société, sur le télétravail, sur les rapports interpersonnels au travail en temps de pandémie. 

“La crise elle nous apprend qu'on ne peut rien faire tout seul, qu'on est tous dépendants les uns des autres, qu'il y a une chaîne, qu'il ne faut pas la briser. On ne peut rien faire sans nos fournisseurs d'emballages, on ne peut rien faire sans nos transporteurs. Donc on a vraiment besoin d'être ensemble” (21:00) nous dit par exemple Emmanuelle Roze, co-fondatrice de Lou Légumes. “Là, on a des interlocuteurs qu'on trouve plus à l'écoute, qui communiquent plus, avec qui on communique plus. Et j'espère que ça va rester, que cette solidarité elle va rester.” (22:17) 

Et vous, quelle leçon tirez-vous de cette période si particulière par rapport à votre travail ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com


Travail (en cours) est un podcast de Louie Media. Journaliste et présentatrice : Marie Semelin. Louise Hemmerlé est chargée de production. Cet épisode a été monté et réalisé par Cyril Marchan. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par Olivier Bodin. Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale.

Où est passé le temps libre ?

Est-ce que vous aussi, il vous arrive d’avoir l’impression de courir sans arrêt après le temps ? Et en général, de manquer cruellement de temps libre ? 

Dans ce nouvel épisode de Travail (en cours), Adrien Naselli s’entretient avec Jean Viard, sociologue spécialisé sur le temps libre et les loisirs. Auteur du livre Le Triomphe d’une utopie. Vacances, loisirs, voyages : la révolution des temps libres, Jean Viard décortique l’équilibre entre temps de travail et temps libre, et comment celui-ci a évolué au fil des siècles. 

En réalité, on n’a jamais eu autant de temps libre qu'aujourd'hui : “On travaille à peu près 10% de son existence aujourd'hui, alors qu'il y a un siècle, l'ouvrier et le paysan travaillaient à peu près 200 000 heures dans une vie de 500 000 heures”. (03:58) 

Comment le temps libre s’est-il installé dans nos quotidiens, comment les structure-t-il, et pourquoi avons-nous encore l’impression d’en manquer ? “On n'arrête pas de courir et on a le sentiment qu'on n'a plus de temps ; et on n'a plus de temps d'abord parce qu'on a tellement d'activités de temps libre !” (15:57) Jean Viard explique aussi que notre temps de travail et notre temps libre sont de moins en moins étanches à cause du numérique, et comment réussir à maîtriser ce mélange des temps.  

Et vous, comment vivez-vous l’équilibre entre votre temps de travail et votre temps libre ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com.


Travail (en cours) est un podcast de Louie Media. Journaliste et présentatrice : Marie Semelin. Louise Hemmerlé est chargée de production. Cet épisode a été monté et réalisé par Cyril Marchan. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par Olivier Bodin. Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale.

L’ennui au travail peut détruire votre santé

En 2011, Christian Bourion, docteur en sciences économiques et spécialiste de la gestion du travail,  étudie le syndrome du burn out  (l’épuisement professionnel par excès de stress et de travail) avec un logiciel du CNRS qui permet de repérer des mots-clés utilisés par les internautes. Un jour il écrit “bore” au lieu de “burn”, et à cause de cette faute de frappe, il découvre que les gens souffrent d’ennui au travail. 

Selon les études, selon les années, on oscille entre 30 et 45% des salarié.e.s en France qui disent s’ennuyer au travail. Evidemment, là dedans il y en a qui s’ennuient juste un peu, parfois, mais il y en a d’autres qui n’ont quasiment rien à faire et qui sont victimes de “bore out” : le syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui. 

Dans cet épisode, Marie Semelin s’entretient avec Christian Bourion, auteur du livre le “BORE OUT syndrom - quand l’ennui au travail rend fou”, ainsi qu’avec Jeanne, 28 ans, qui travaille dans l’industrie du luxe, et qui pendant d’interminables mois, n’a eu aucune mission. 

Jeanne nous raconte sa souffrance pendant ses longs mois d’inactivité : "C'était un marathon de l'ennui. Je n’avais absolument plus rien à faire, donc c’est-à-dire que je venais, je n'avais aucun mail dans ma boîte mail, et je repartais le soir je n’avais rien fait, et j’étais épuisée."  (7:59)

Et vous, avez-vous déjà connu l’ennui au travail, et comment l’avez-vous vécu ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com


Travail (en cours) est un podcast de Louie Media. Journaliste : Marie Semelin. Louise Hemmerlé est chargée de production. Cet épisode a été monté et réalisé par Cyril Marchan. La musique est de Jean Thévenin et le mix a été fait par Olivier Bodin. Marion Girard est responsable de production, et Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est à la direction des productions et Charlotte Pudlowski à la direction éditoriale.

Comment la crise sanitaire renverse-t-elle la hiérarchie sociale des métiers ? Entretien avec Dominique Méda

D’habitude, il·elle·s sont presque invisibles. Il·elle·s gagnent des petits salaires, et il·elle·s font des boulots souvent ignorés ou méprisés. Mais, depuis le début de la crise sanitaire, on ne parle que d’eux·elles: ceux·elles qui ne sont pas confiné.e.s...  parce qu’il·elle·s travaillent. 

Les travailleur·euse·s de l'hôpital evidemment, ceux·elles des supermarchés, ceux·elles qui traversent la France avec dans leur camion des tonnes de nourriture, ou ceux·elles qui continuent de ramasser nos poubelles. Tous ces travailleur·euse·s, qu’on ne voyait pas forcément hier, nous semblent aujourd’hui indispensables.  

Dominique Méda, philosophe et sociologue du travail, voit dans cette crise sanitaire un renversement de la valorisation et de la hiérarchie sociale des métiers : “Ce sont les métiers les moins valorisés et les moins bien payés, les aides à domicile qui font les toilettes, les éboueurs, les caissières dont souvent on se moque et bien soudainement, ce sont ces métiers là qui deviennent absolument essentiels et dont on va découvrir le caractère presque absolument vital.” (4:53)

Partant de ce constat, Dominique Méda trace, au micro d’Adrien Naselli, les lignes de ce à quoi pourrait ressembler le monde du travail à la sortie de cette crise, et évoque un renversement de la hiérarchie des salaires. 

Engagée, Dominique Méda prône aussi une reconversion écologique où le travail aurait une place différente : “Avec la reconversion écologique on va avoir besoin de plus de travail humain, de plus d’huile de coude. J’imagine une société avec plus de métiers manuels, [...] une division internationale du travail beaucoup plus réduite et beaucoup plus de métiers finalement aisément accessibles à tous.” (30:18)

Et vous, comment imaginez-vous le monde du travail post-crise ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com


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Bonus confinement : Comment télétravailler quand on est prof ou kiné ?

Pour faire face à l’épidémie du coronavirus, toutes les personnes qui peuvent travailler de chez elles sont appelées à le faire. Pour certaines professions, c’est plutôt facile, avec les technologies et les outils de télécommunication actuels, de se mettre au 100% télétravail. Pour d’autres, c’est un véritable casse-tête.

Dans cet épisode bonus de Travail (en cours), nous vous proposons les témoignages de deux personnes dont le métier n’est pas du tout adapté au télétravail, mais qui doivent pourtant s’y plier en période de confinement.

Géraldine Nguirane est professeur dans une école primaire. Son école a fermé ses portes pour une durée indéterminée, mais elle tente d’assurer, à distance, le suivi pédagogique de ses élèves. Elle nous explique toute la difficulté de sa tâche : “Les familles ne sont pas du tout équipées de la même manière, [...] il y en a qui ont ordinateurs et imprimantes, et il y a des élèves qui n’ont rien. ” (8:30)

Loris Mangogna, lui, est kinésithérapeute. Le cabinet libéral dans lequel il travaille a aussi dû fermer, mais il ne veut pas abandonner ses patients : “On a des patients qui sortent d’hospitalisations et de chirurgies, ces gens là si on ne leur fait pas un suivi ils risquent des séquelles”. (01:59) Il nous explique comment il arrive à maintenir le lien avec ses patients, et à continuer à les soigner, à distance.

Et pour vous, comment est-ce que ça se passe le télétravail ?  Racontez-le nous sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com

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Pourquoi le télétravail ne deviendra pas la norme

Le coronavirus et les mesures de confinement ont brutalement précipité de nombreuses entreprises dans le 100% télétravail. Beaucoup goûtent aujourd’hui à marche forcée aux réunions par visioconférence, ou à la transformation de leur table à manger en bureau improvisé. 

Le travail à distance a toujours été un réservoir à fantasmes, et plein d’entreprises ont longtemps tourné autour, en se demandant si c’était vraiment une si bonne idée que ça. Selon une étude réalisée en 2019 par l’IFOP avec Malakoff Médéric-Humanis, 29 % des salariés des entreprises de plus de 10 salariés télétravaillent, de manière le plus souvent occasionnelle et non contractuelle. 

On s’est demandé pourquoi, avec les technologies et moyens de communication actuels, on ne télétravaille pas davantage en temps normal - hors période de confinement, quand les choses tournent à peu près rond. Et pourquoi on a l’intuition qu’on n’allait pas vouloir prolonger ce télétravail obligatoire plus que de raison, une fois la crise passée. 

Au micro de Judith Chetrit, Rodolphe Dutel nous raconte son expérience lorsqu’il travaillait chez Buffer, une entreprise américaine qui a la particularité de ne pas avoir de bureaux : ses salariés sont dispatchés aux quatre coins du monde, en télétravail. Il nous explique les atouts et les risques posés par cette organisation du travail : “C’est assez solitaire. C’est pour ça que je suis membre d’espaces de travail partagés, parce que si on ne recrée pas la camaraderie, on se sent vite très seuls. C’est mon plus gros problème là-dessus, c’est l’isolation et la solitude.”  (17:11) 

Nous avons voulu savoir si cette solitude et ce manque de lien social pouvait avoir un impact dans notre travail. Nous sommes allées interroger Driss Boussaoud, un neuroscientifique qui nous explique que notre cerveau ne fonctionne pas exactement de la même manière si on est seul ou si l’on est entouré : “Les neurones sociaux, ce sont ceux qui fonctionnent de préférence quand je suis en présence de quelqu’un. Et les neurones asociaux ce sont les neurones qui fonctionnent le préférence quand je suis seul.” (26:59)

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Faire le deuil de son travail idéal

ILLUSTRATION : ADRIEN DEYDIER

ILLUSTRATION : ADRIEN DEYDIER

Est-ce que vous aussi, vous vous surprenez parfois à rêver à votre travail idéal ? Peut-être est-ce ce job qui vous permet de partir tous les jours à 17h ? Ou bien ce poste qui vous apporte un certain confort économique ? Très probablement, votre travail idéal combinerait les deux.

Dans ses différents travaux, la sociologue Dominique Méda explique que les attentes qui sont placées sur le travail sont immenses, et qu’elles s’intensifient pour les jeunes générations. On attend de son travail non seulement un salaire, mais aussi un statut, des droits sociaux, du sens, une utilité, la possibilité d’exprimer sa créativité, de s’épanouir. 

Dans Travail (en cours), nous allons explorer les bouleversements du travail et sa place dans nos vies. Avant de vous apporter des éclairages et explications d’expert.e.s, de scientifiques, de sociologues, on vous propose dans ce premier épisode une histoire. Celle de Clémence Bodoc, l’ancienne rédactrice en chef de Madmoizelle.com, un magazine féminin en ligne. Au micro de Judith Chetrit, elle raconte toute la difficulté de trouver un travail qui nous convienne, qui réponde à tous nos critères. 

Clémence Bodoc a exploré les contrastes. Elle a démarré sa carrière dans un travail très stable et bien rémunéré dans le BTP, mais qu’elle quitte finalement après un burn-out. Par la suite elle est embauchée à Madmoizelle.com, un travail précaire mais qui la passionnait : «Je trouvais ça tellement incroyable d’avoir une telle tribune, d’avoir une telle liberté.» (13:19)  

Clémence Bodoc raconte aussi comment ses attentes se sont fracassées contre la violence du monde du travail, et les enseignements qu’elle en tire : «Avoir un travail qui ait du sens, c’est un luxe. J’avais ce luxe, il m’a coûté cher.» (32:58)

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Travail (en cours) est un podcast de Louie Media présenté par Marie Semelin, et réalisé par Cyril Marchan. La prise de son a été faite par Bernard Natier, le mix par Tristan Mazire et  la musique est de Jean Thevenin . À la production de cet épisode : Louise Hemmerlé, avec Maureen Wilson, et Charlotte Pudlowski, Mélissa Bounoua, Marion Girard.

La retranscription de cet épisode est disponible ici.