La surprise: pourquoi c’est une émotion pas comme les autres?

Imaginez, vous rentrez du boulot. Votre programme, c'est de commander à manger et de regarder le dernier épisode de votre série du moment. Vous montez les escaliers de votre immeuble, vous tournez la clef dans la serrure, vous ouvrez la porte de chez vous et là... dans votre entrée, vous voyez tous vos amis qui crient: "Surprise!". C'est un fait, il s'agit d'une surprise et vous, vous êtes surpris.e. Mais est-elle bonne ou mauvaise?

Illustration: Jean Mallard

Illustration: Jean Mallard

En fait, la surprise, contrairement aux autres émotions (la tristesse est négative, la joie positive) peut être soit l'un, soit l'autre, en fonction de son contenu. Par exemple, une facture imprévue est généralement une mauvaise surprise alors qu'une fête organisée par vos amis sans que vous soyez au courant, est normalement bonne. Cela dépend encore des personnes qui se trouvent dans votre appartement au moment où vous avez ouvert la porte, s'il s'agit de personnes que vous détestez ou de vos plus proches amis.

Le caractère négatif ou positif de la surprise dépend aussi de vous. Vous faites peut-être partie de celles et ceux qui sautent de joie face à une soirée imprévue. Mais vous pouvez aussi faire partie de ces personnes qui détestent être prises de court, et qui, même face à la plus belle des surprises ressentiront de la peur et de la colère.

Ce caractère ambivalent de la surprise est le point de départ des recherches menées par Natalie Depraz, professeure de philosophie à l'université de Rouen. Elle et Thomas Desmidt, psychiatre au CHU de Tours travaillent avec d'autres chercheurs sur la surprise depuis 2012. Grâce à leurs expériences, ils décortiquent cette émotion. Plus encore, ils remettent en cause la classification de la surprise, est-elle même une émotion? Ce qui est sûr, c'est que c'est une émotion à part.

Dans cet épisode, nous remontons à l'histoire de la classification des émotions. Les émotions primaires, le bleu, le jaune et le rouge des émotions sont: la joie, la tristesse, la peur, la colère, le dégoût et la surprise. Comment ont-elles été catégorisées? Et y aurait-il eu une erreur? L'équipe de chercheurs français tend à enlever la surprise de cette liste et ils nous expliquent pourquoi.

Et vous, avez-vous déjà vécu une grosse surprise ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou à hello@louiemedia.com.

La frustration : comment peut-elle prendre des proportions démesurées?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Nous sommes à Melbourne en 2012, c’est le deuxième tour de l’Open d’Australie. Le chypriote Marcos Baghdatis affronte Stanislas Wawrinka, un joueur suisse, et le match se passe mal. Wawrinka mène à tous les sets, et Baghdatis ne fait que perdre pieds. Jusqu’au moment de trop, où pendant une minute et demi de pause, le joueur chypriote est si frustré qu’il passe ses nerfs sur son matériel et casse, en l’espace de 40 secondes, quatre raquettes –dont deux, encore emballées. Frustré par son jeu et la défaite qui se profil, il pète complètement les plombs sous les huées du public.

Ce genre de moment où on désespère de faire quelque chose, où les choses ne marchent pas comme on voudrait, tout le monde en connaît. La frustration monte, comme la pression dans une cocotte minute, jusqu’au moment où vous n’en pouvez plus, et c’est l'éruption.

Il y a une discipline où la frustration se fait énormément sentir, et où elle est particulièrement dangereuse… c’est le poker. Cette frustration qui monte, parce que les choses ne se passent pas comme prévues, et qui donne envie de tout envoyer balader, de tout casser, dans le poker, ça a un nom : c’est ce qu’on appelle, le tilt.

Guillaume Darcourt, ancien joueur de poker professionnel et champion international, nous raconte l’un de ses tilts les plus mémorables, ce moment où la frustration prend le dessus. Nous rencontrons également Axelle Moreau, psychologue clinicienne et chercheuse en psychopathologie à l’université de Laval au Québec, qui est experte du phénomène du tilt au poker. Pier Gauthier, le coach mental de Guillaume Darcourt mais aussi celui de joueurs de tennis comme Sébastien Grosjean et Gaël Monfils, nous éclaire sur manière dont il les aide à désamorcer la frustration pour réussir à continuer à se concentrer sur la partie.

Enfin nous faisons aussi un détour par l’esport, où le tilt est aussi un risque, avec Kayane, championne internationale de jeux de combats comme SoulCalibur. Sean Ross, analyste de données à Facebook, auteur pendant son temps libre du site d’analyse de données Datallama et joueur de League of Legends, nous explique quelles conclusions il a tirées a analysé plusieurs millions de parties de League of Legends pour comprendre l’impact du tilt sur son jeu et trouver comment y remédier.

Un grand merci à Laurent Dumont, Club Poker et Club Poker Radio pour leur aide sur cet épisode.

Et vous, êtes-vous sujet au tilt, à la frustration ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

La vengeance : est-ce que ça sert vraiment à quelque chose de se venger ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Dans ce nouvel épisode d’Émotions, nous nous interrogeons sur l’origine de la vengeance. Pourquoi, quand quelqu’un nous fait du mal, notre premier réflexe c’est d’imaginer le mal qu’on pourrait lui faire en retour ? D’où vient ce désir qui semble à la fois si juste alors même que la société l’interdit ? Est-ce que ça fait de nous des monstres si notre première envie quand on a été blessé, c’est de faire mal en retour ? Si on peut ressentir ce désir de vengeance au quotidien –lorsque votre coloc vous a encore laissé sa vaisselle sale ou lorsqu’un collègue vous a humilié en réunion– rares sont les personnes qui passent à l’acte.

Elizabeth, elle, l’a fait. C’est une femme d’une trentaine d’années, assistante maternelle à Nantes, et le jour où un ex la largue de manière lâche et mesquine, elle ne revêt pas la combinaison jaune d’Uma Thurman mais invente une autre identité, une femme imaginaire, sur mesure, pour charmer et mener en bateau celui qui ne l’a pas respectée.

Francesca Giardini, chercheuse en sciences cognitives et autrice d’un livre sur la vengeance et le psychanalyste Gérard Bonnet nous éclairent sur les raisons qui nous poussent à rêver de vengeance et à y résister. Ils nous aident à comprendre ce qui nous semble satisfaisant dans la vengeance alors même que la réalité est peut-être moins savoureuse. Car se venger nous permet-il d’apaiser notre souffrance ? Patrizia Lombardo, professeure honoraire de littérature de l’université de Genève jette le doute avec l’exemple de la duchesse de Sierra-Leone, femme adultère et vengeresse dans la nouvelle de Barbey d’Aurevilly, La Vengeance d’une femme.

Et vous, vous êtes-vous déjà vengé ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.

La compersion : peut-on apprendre à être heureux du bonheur de l’autre ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Tout le monde connaît la compassion. C’est, selon le Larousse, “un sentiment de pitié qui nous rend sensible aux malheurs d’autrui.” Et si on vous disait que la compassion avait une cousine éloignée et potentiellement beaucoup plus sympa ? Une cousine américaine, née dans les années 70 en Californie. Elle se veut libre, légère et révolutionnaire comme pouvait l’être San Francisco à cette époque-là. Son nom, c’est la compersion.

La compersion, c’est le bonheur qu’on peut éprouver lorsqu’on est témoin du bonheur ou de la joie de quelqu’un d’autre. Dans cet épisode, nous partons à la découverte de cette émotion relativement inconnue, dérivée de l’empathie, et de ce qu’elle pourrait nous apporter. Nous partons d’abord en Californie pour comprendre dans quelle contexte elle est née : Tom Reichert, un ancien membre de la communauté utopique Kerista, nous raconte une séance de spiritisme similaire à celle qui aurait vu apparaître ce mot. Depuis, la compersion s’est diffusée principalement dans les milieux pratiquant le “polyamour” ou “amours plurielles” –c’est-à-dire avoir plusieurs relations intimes en parallèle, de manière assumée, transparente et consentante. C’est un quatuor amoureux –celui de Gabrielle, Laurent, Fanny et Solal– qui nous raconte comment la compersion émerge et se vit au quotidien, parfois difficilement, et comment elle coexiste avec la jalousie et la peur de l’abandon.

Marie-Isabelle Thouin Savard, chercheuse en psychologie de l’université du California Institute of Integral Studies, Isabelle Broué, réalisatrice du film Lutine, François Simpère, ”papesse du polyamour”, journaliste et autrice du Guide des amours plurielles, décortiquent le concept et sa construction psychologique et sociale. Enfin Christophe Gautier, sociologue spécialiste du couple à l'université Paris Descartes et Katherine Aumer, une chercheuse en psychologie sociale de l’université de Hawaii expliquent comment la compersion peut modifier notre vision du couple, du rapport à l’autre et peut-être nous donner plus d’occasion pour être heureux.

Lutine, le film d’Isabelle Broué, sera diffusé le vendredi 5 avril à 20h30 au Studio Luxembourg-Accatone dans le 5e arrondissement à Paris. D’autres projections sont prévues notamment à Lausanne, Toulouse, Nantes.

Le 9 mars, Françoise Simpère a publié le Nouveau guide des amours plurielles aux éditions Autres Mondes, une version augmentée de son ouvrage de 2009.

Et vous, avez-vous déjà ressenti de la compersion ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.


La confiance en soi : comment peut-on apprendre à la ressentir ?

Illustration : Jean Mallard

Illustration : Jean Mallard

Vous vous souvenez peut-être d’avoir ânonné dans votre enfance les fables de La Fontaine, pour apprendre par coeur l’histoire du corbeau et de son camembert, de la cigale qui dépense sans compter, ou de la grenouille qui gonfle comme un ballon. Peut-être vous êtes-vous demandé à quoi rimaient ces histoires d’animaux bavards et pourquoi il était si important de se souvenirs de leurs leçons de morale. Et si on vous disait que la fable du chêne et du roseau pouvait vous aider à comprendre la confiance en soi ?

C’est ce que nous apprend dans cet épisode François Vialatte, un chercheur en sciences cognitives à l’ESPCI. Il nous a aidé à décortiquer les mécanismes de la confiance en soi, comment ils se construisaient et fonctionnaient en nous. Les chercheurs Jérôme Sackur de l’EHESS et Jan Stets, de l’université de Californie, nous aident à comprendre le rôle que joue les autres dans la construction, ou la destruction, de notre confiance en nous.

Nous avons aussi voulu comprendre comment ça se passait dans la tête des gens qui avaient vraiment confiance eux. Vous savez, ceux qui entrent dans une pièce et captent l’attention immédiatement, ceux qu’on écoute toujours et pas parce qu’il parlent plus fort, ces personnes dont la confiance émanent d’eux comme un halo magique. Pour cela, Cyrielle Bedu, une des journalistes de Louie, part à la recherche d’une fille qui dégageait énormément de confiance dans son lycée, pour comprendre si elle avait conscience de renvoyer cette image quinze ans plus tôt. Nous discutons aussi avec Navo, l’auteur, scénariste et réalisateur des séries humoristiques Bref et Serge le Mytho. Lui aussi a la réputation d’avoir énormément confiance en lui. Avec son amie, l’autrice Navie, nous essayons de comprendre d’où lui vient cette confiance en lui presque inébranlable.

Et vous avez-vous confiance en vous ? Avez-vous appris à la ressentir ? S’il vous est arrivé une histoire forte en lien avec une émotion, vous pouvez nous écrire sur Instagram, Twitter ou hello@louiemedia.com.


La retranscription de l’épisode est disponible ici.