Adélaïde Bon : “De la joie s'il vous plaît, de la joie !”

Adélaïde Bon est comédienne, autrice et lectrice à voix haute. En mars 2018, elle publie son premier roman, La Petite fille sur la banquise, dans lequel elle raconte le viol dont elle a été victime à l’âge de neuf ans. Elle y décrit la difficulté de parler avec justesse de ce qu’elle a subi. “La violence sexuelle nous prive de mots”. Pendant des années, elle a le sentiment que les mots lui font défaut, qu’ils mentent, et elle ne parvient plus à communiquer avec le monde qui l’entoure. 

C’est en partie grâce à la littérature qu’Adélaïde Bon réussit à se reconstruire. Elle se réfugie dans les “mondes imaginaires et fictifs”. Elle devient alors une “lectrice dévorante”. Mais Adélaïde Bon ne parvient pas à se détacher de cette méfiance qu’elle a envers les mots. Il lui manquait un livre “qui dirait les mots à l’endroit”.  Ce livre, elle est finalement tombée dessus par hasard il y a quelques années. C’est le roman L’art de la joie de  Goliarda Sapienza,  et elle a choisi de nous le présenter dans cet épisode. 

Il retrace la vie de Modesta, née en Italie au début du XXème siècle. Dans ce livre, il est aussi question de viol, d’inceste, de rapports de domination. Adélaïde Bon se sent alors rassurée de savoir qu’il est possible de “dire les choses, les vraies choses, celles qui sont tues”

Et puis il y a ce titre: L’art de la joie. C’est la première chose qui a attiré l’attention d’Adélaïde Bon quand elle a acheté ce livre. “La joie ça a été ma bouée de sauvetage pendant des années”. Adélaïde Bon voit à travers le portrait de cette femme la possibilité de se libérer de son passé, et de reprendre le contrôle de son récit. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marie Salah a envoyé les questions de cette interview à Adélaïde Bon. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast. 

Ce podcast est également rendu possible grâce à Marion Girard, responsable de productions. Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

La retranscription de l’épisode est disponible ici.

Marcia Burnier : “Les groupes de meufs peuvent constituer une famille choisie”

Marcia Burnier est autrice. Son premier roman, Les Orageuses, raconte l’histoire de deux femmes, toutes deux victimes de viol. Entourées par cinq autres amies, elles prennent un jour la décision de reprendre un pouvoir que l’on a essayé de leur ôter par la violence, en se faisant justice elles-mêmes. Ce livre, Marcia Burnier l’a écrit en premier “pour ses copines”. L’écrivaine a voulu redonner de la valeur à la parole des femmes autour d’elle, sa “famille choisie” comme elle l’appelle. Elle en est persuadée: “d’autres types de liens familiaux doivent pouvoir exister” au-delà des parents et du couple. D’où l’importance de valoriser la sororité. 

La solidarité entre femmes est un thème que Marcia Burnier voudrait voir se développer dans la littérature. “Il faut qu’on arrive à accepter que des romans peuvent être très bons avec pratiquement que des personnages féminins”. D’ailleurs, le livre qu’elle a choisi de nous présenter dans cet épisode est une histoire “d’entraide entre femmes”. Il s’agit du recueil d’essais autobiographiques Peau, à propos de sexe, de classe et de littérature de Dorothy Allison. Dans cet ouvrage, l’autrice américaine revient sur sa propre histoire. Elle analyse son rapport à la sexualité, à l’inceste qu’elle a subi dans son enfance. Mais à travers toute cette violence, elle valorise aussi le collectif, “les groupes de meufs”, et met en avant l’importance du soutien qu’elle a pu recevoir de la part d’autres femmes. 

L’histoire de Dorothy Allison résonne en Marcia Burnier. Si la première fois qu’elle la lit, c’est principalement parce qu’elle veut en savoir plus sur son identité de femme lesbienne, elle y attache rapidement une nouvelle signification. Peau c’est un livre qui m’a fait me sentir autrice”. Lorsqu’elle écrit son premier roman, il lui apprend à donner de la valeur à ce qu’elle veut raconter. Et surtout, à se laisser le temps pour l’écrire. “Se dire autrice c’est aussi accepter de donner du temps à la littérature”. À travers Peau, Marcia Burnier se laisser aller à la rêverie et espère qu’un jour, elle pourra devenir écrivaine à temps plein. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Oriane Olivier a envoyé les questions de cette interview à Marcia Burnier. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast. 

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

La transcription de cet épisode est disponible ici.

Giulia Foïs : “Jusqu’à Despentes j’étais en survie”

Giulia Foïs est journaliste et autrice. Dans son dernier livre, Je suis une sur deux, elle raconte le viol qu’elle a subi, en en faisant un récit combatif et un appel à la sororité. Dans cet épisode, elle nous invite dans sa cuisine, son “centre névralgique” (0’07) depuis toujours, pour nous parler de King Kong Théorie de Virginie Despentes. Cet essai féministe a une importance toute particulière pour elle puisqu’il s’agit du livre qui lui a permis de se relever, dix ans après son agression. 

“Je n’avais aucun modèle auquel me raccrocher” (5’02), confie Giulia Foïs. “Jusqu'à ce que je tombe sur ce livre qui a mis exactement des mots sur ce que je ressentais” (5’52). Pour la première fois, le récit de Despentes a fait écho au sien et l’a libérée de la culpabilité dont elle se sentait prisonnière. Cette “bouée” (9’14) à laquelle elle a pu s’accrocher, lui a permis de transformer cette blessure en “une énergie guerrière mais tournée vers l’extérieur et plus tournée contre moi” (9’23)

La journaliste explique comment les autrices telles que Virginie Despentes, Nina Bouraoui ou encore Clémentine Autain ont nourri ses réflexions sur le genre, le systémisme du patriarcat et sur sa propre identité. “Aujourd’hui, après la lecture de Despentes [...] je peux vous assurer que je préfère être une femme, parce qu’au moins j’ai eu à me poser deux trois questions sur qui j’étais” (9’31). Si le parcours des femmes est certainement plus rude et plus escarpé, elles sont, d’après elle, enrichies par l’ensemble de ces interrogations qui s’imposent à elles. “Et puis après on se lève et on se casse!” (10’34)

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Giulia Foïs a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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