Faïza Guène : “La lecture permet ce que la pauvreté empêche”

Faïza Guène est autrice. En 2004, alors âgée de 19 ans, la jeune franco-algérienne crée la surprise avec la sortie de son premier roman Kiffe Kiffe demain. Sous forme de journal intime, Doria, une adolescente franco-marocaine qui vit seule avec sa mère, raconte son quotidien dans une cité de Seine-Saint-Denis. Le succès de ce roman est immédiat, à tel point que le livre est aujourd’hui traduit dans 26 langues. Cet automne elle revient avec la publication de son sixième roman, La Discrétion, dans lequel elle dresse le portrait d’une famille algérienne ayant fui la guerre d’indépendance pour s’installer à Aubervilliers, au Nord de Paris. Des thèmes similaires, mais auxquels il ne faudrait pas restreindre l’écrivaine. “Je refuse maintenant, strictement, tout rôle que je ne choisis pas, à commencer par celui de porte-parole”. Avec Faïza Guène, les banlieues ne sont pas sujets d’écriture, simplement des lieux propices à la littérature et aux histoires. 

Faïza Guène développe très tôt un appétit pour la littérature, grâce à l’école et à sa bibliothèque municipale. Elle apprécie particulièrement l’intimité des romans. “J’ai l’impression d’être en mouvement avec l’histoire, avec les personnages.” À travers les livres elle trouve aussi le moyen de s’évader de son quotidien et “d’accéder à un autre monde que le sien”

C’est cette expérience que Faïza Guène souhaite partager dans cet épisode du Book Club, à travers l’essai La prochaine fois le feu, de l’écrivain James Baldwin. A l’aide d'une plume “trempée dans l’encre du réel de l’époque”, l’auteur afro-américain dénonce le racisme de la société américaine des années 1960, et la domination d’une majorité blanche sur une minorité noire. Presque soixante ans plus tard, Faïza Guène est frappée par l’intemporalité et l’universalité de ce texte. “C’est comme si son message s’adressait à moi, directement, en particulier, et aussi à l’humanité toute entière”. Le livre la replonge dans son enfance “de fille d’Algérien pauvre qui a grandi en banlieue”, mais il lui fait surtout prendre conscience que sa condition n’est pas une fatalité. “Il m’a aidé à comprendre à quel point c’était nécessaire d’empêcher qu’on colonise mon territoire imaginaire”. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marie Salah a envoyé  les questions de cette interview à Faïza Guène. Amel Almia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Fatima Daas : “J’ai mis du temps à parler, et à aimer parler”

Nous sommes très heureuses de vous présenter Fracas, notre tout nouveau podcast produit en partenariat avec Radio Nova. Créé et présenté par Charlotte Pudlowski, il explore notre rapport à la parole. Dans le premier épisode, elle reçoit l’autrice Fatima Daas. Et comme son premier roman, La petite dernière, fait partie des romans de la rentrée littéraire, il nous a paru pertinent de partager cet entretien avec vous, les auditeur.ices du Book Club. 

Fatima Daas est en réalité un pseudonyme. C’est aussi le nom de l’héroïne de son roman, avec laquelle l’écrivaine partage de nombreuses similitudes. Toutes les deux ont grandi à Clichy-sous-Bois en région parisienne, dans des familles originaires d’Algérie. Toutes les deux sont musulmanes pratiquantes et aussi lesbiennes. Et toutes les deux travaillent au quotidien pour jongler entre ces deux identités, et bien d’autres encore. Son roman, l’autrice le résume ainsi: “c’est juste, comment tu te construis en étant plusieurs choses, en ayant plusieurs facettes et parfois des éléments qui te semblent contradictoires”. 

Il aura fallu plusieurs années à Fatima Daas pour concilier sa foi et son homosexualité. Aujourd’hui l’autrice l’affiche fièrement, mais elle a conscience que son livre aborde des sujets qui justement, suscitent encore des débats. “Plus j’allais vers la fin du roman et plus je me questionnais sur ce que ça pouvait faire à des personnes qui pouvaient se reconnaître”. Alors si elle a choisi de publier son travail sous un pseudonyme, c’est aussi pour protéger ses proches, pour ne pas  “les exposer à des gens, à des mondes qui ne les concernent pas”

Fatima Daas a grandi dans une famille où “les non-dits”  faisaient partie intégrantes des conversations. C’est finalement grâce à l’écriture qu’elle a trouvé sa voix. “Ça t’oblige à te regarder, à regarder les autres, à regarder le monde et après t’en parles”. Aujourd’hui, il n’est plus question pour elle de se taire. “Une fois qu’on est dans la parole, on a envie de garder cette parole et de le montrer, parce qu’on a tenu trop longtemps dans le silence”.

Fracas est un podcast créé et présenté par Charlotte Pudlowski. Il est produit par Louie Media et Radio Nova. 

Cet épisode a été réalisé par Anna Buy, et le mix est de Jean-Baptiste Aubonnet.

Chaque interview est diffusée dans une version courte dans la matinale de Radio Nova, Un Nova jour se lève, le jeudi matin à 8h10.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est en charge de l’édition et de la coordination. 

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Emmanuelle Richard : “Pour qu’une chose fonctionne sur le lecteur, il faut passer par le ressenti”

Emmanuelle Richard est autrice. Dans son dernier livre, Les corps abstinents, elle a écrit ce qu'elle n'avait pas trouvé : “C’est un livre que j’ai cherché beaucoup à un moment donné dans ma vie personnelle où j’en avais besoin”. 

Depuis quelques mois, Emmanuelle Richard est en plein déménagement. Alors pour le moment, elle a été contrainte de mettre sa bibliothèque de côté. Cela ne l’empêche pas de nous décrire sa collection “éclectique” de livres. “Je peux lire autant de la BD, que du manga, que de la littérature dite de jeunesse”. Parmi ses lectures, la romancière nous recommande le livre Nino dans la nuit, que la journaliste Rebecca Manzoni nous avait déjà conseillé lors d’un précédent épisode du Book Club.

Dans cet épisode, Emmanuelle Richard nous présente le roman Sa Majesté des Mouches de l’écrivain britannique William Golding, un livre qui l’a “profondément plongée dans le trouble”. Souvent présenté comme une allégorie glaçante des sociétés humaines, l’histoire débute à la suite d’un crash d’avion. Un groupe de jeunes garçons issus de la bourgeoisie anglaise se retrouve livré à lui-même sur une île déserte. Tous doivent alors réapprendre à vivre ensemble, révélant petit à petit les instincts prédateurs et la “cruauté de l’âme humaine”. C’est au collège qu’Emmanuelle Richard découvre ce roman, à une période de sa vie où elle se sent particulièrement “vulnérable”.  Il la rassure, la bouleverse, elle le trouve juste. Exactement ce qu’elle recherche dans la littérature: “il faut que ça suscite des événements à l’intérieur du lecteur, qui soient de l’ordre de la sensation, de l’émotion”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé  les questions de cette interview à Emmanuelle Richard. Amel Almia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Nina Bouraoui : “Je suis née dans une famille où les livres mangeaient l’appartement”

Nina Bouraoui est autrice. Comme dans beaucoup de ses livres, son dernier roman Otages, apporte une réflexion sur la place des femmes dans la société, et sur les violences qu’elles subissent. Il raconte l’histoire de Sylvie Meyer, une quinquagénaire en apparence sans soucis, qui est employée dans une usine de caoutchouc. Après une énième demande de son patron, elle décide de le séquestrer, révélant ainsi de profondes blessures refoulées depuis longtemps.

Dans cet épisode, Nina Bouraoui nous accueille dans son salon, devant sa bibliothèque qui fait office de “matrice du lieu”. Elle nous parle de son amour pour la Méditerranée, de sa jeunesse en Algérie. La romancière se confie aussi sur ses craintes de retourner un jour là-bas. “J’ai écrit une sorte de légende autour de ce pays, et cette fiction j’aurais peur qu’elle s'éteigne, qu’elle soit déçue”. Alors entre temps, elle lit. Beaucoup. Parmi ses auteur.ices algérien.nes favori.te.s, on trouve Albert Camus, qu’elle considère comme “un père algérien, qui a décrit l’Algérie comme [elle a] pu envisager de la décrire”

Elle nous présente Le Mausolée des Amants, le journal intime posthume de l’écrivain et photographe Hervé Guibert. Cet ouvrage retrace la vie de cet homme, tiraillé entre sa passion pour l’écriture, son combat pour faire accepter l’homosexualité, et sa maladie, le Sida. Des passages très crus parfois, mais que Nina Bouraoui relit sans cesse, tant elle est admirative du travail d’Hervé Guibert. “Il a cette façon d’écrire qui fait dire que finalement lorsqu’on a en soi cette dimension poétique, cette dimension esthétique de l’écriture, et bien je crois que l’on peut tout écrire”

Figure très présente dans la vie d’Hervé Guibert, c’est aussi grâce au Mausolée des Amants que Nina Bouraoui a découvert l’écrivain Thomas Bernhard, que nous recommandait Julia Kerninon dans l’épisode précédent du Book Club.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé  les questions de cette interview à Nina Bouraoui. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Julia Kerninon : “La ligne directrice de ma vie, c’est l’écriture”

Julia Kerninon est autrice. Dans Liv Maria, son dernier roman, elle peint le portrait d’une jeune femme profondément amoureuse de la liberté. C’est aussi le portrait d’une mère nostalgique de son passé, qui tente de s’adapter à ce nouveau rôle.

Liv Maria est passionnée de lecture, tout comme Julia Kerninon, chez qui la bibliothèque occupe une place centrale. Elle aime la regarder, et “penser à tous les bons moments qu’ [elle a eu] avec ces livres”. Lectrice assidue depuis son enfance, la transition vers l’écriture s’est faite très tôt, et plutôt naturellement. “Ma mère m’a donné sa machine à écrire quand j’avais 5 ans et demi, et puis je me suis mise à écrire, et puis je n’ai jamais arrêté”

Dans cet épisode elle nous présente La Cave, un roman autobiographique de l’écrivain et dramaturge autrichien Thomas Bernhard. Il revient sur ce jour où il décida d’arrêter l’école au profit d’un emploi d’apprenti dans sa ville natale de Salzbourg. Outre le style “étrange” et le franc-parler de Thomas Bernhard, c’est l’audace du personnage qui séduit Julia Kerninon. La rupture brutale avec le système scolaire du jeune homme remue en elle le désir de se mettre au travail, pour réaliser ses rêves d’écriture. “A l'époque je pense que je ne comprenais pas à quel point moi aussi je voulais partir à l'opposé de ce qui était prévu. Je pense que je ne comprenais pas ce que j'étais prête à faire pour devenir écrivain”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé  les questions de cette interview à Julia Kerninon. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast avec l’aide de Maureen Wilson, responsable éditoriale. 

Marion Girard est responsable de productions. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Lison Daniel : "On passe beaucoup de temps à se regarder passer à côté de sa carrière"

Lison Daniel est scénariste et comédienne. En ce moment elle participe à l’écriture d’une série pour Netflix sous la direction de Fanny Herrero, la créatrice de la série Dix pour Cent. Elle tient aussi le compte instagram les.caractères, où elle incarne avec humour une galerie de personnages du quotidien, plus ou moins caricaturaux. On y rencontre Aurélie, esthéticienne à Marseille, Isabelle, une quadra qui a très mal vécu son confinement sur la côte d’Emeraude, ou encore Yvan, psychanalyste à la mine renfrognée. 

Les ami.e.s de Lison Daniel le lui disent volontiers en découvrant sa collection de romans et de pièces de théâtre: elle “n’est pas fâchée avec la lecture”. La comédienne aime flâner pendant des heures dans la librairie en bas de chez elle, à la recherche de nouveaux ouvrages. “Je parcours les rayonnages et je laisse faire parce qu'il y a toujours un livre ou deux qui m'interpelle. Le titre, l'auteur, la quatrième, il y a toujours quelque chose qui m'intrigue”

Dans cet épisode elle nous présente le livre Martin Eden, de l’écrivain américain Jack London. Ce roman d’aventures suit le jeune matelot Martin Eden près de San Francisco dans les années 1920. De condition très pauvre, il se lance pour défi de se cultiver, afin de séduire Ruth, une jeune femme issue de la bourgeoise dont il est éperdument amoureux. Cette soif de connaissances fait naître en lui le désir de devenir écrivain. Il s’efforcera alors de réaliser son rêve, envers et contre tout. Lison Daniel découvre ce roman pour la première fois il y a trois ans. “Quand je le lis, je suis dans une espèce de brouillard professionnel horrible. Je veux être comédienne, je veux être scénariste, mais en fait, je suis surtout serveuse parce qu’aucun agent ne veut de moi, parce qu’aucune boîte de production ne veut travailler avec moi”. La “ténacité incroyable du personnage” frappe la jeune femme, qui tire de cet ouvrage la force de persévérer dans le milieu artistique. La même année, elle lance le compte les.caractères avec sa cousine Laura. “J'ai décidé de ne pas attendre qu'on vienne me chercher et de faire mes choses de mon côté”. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marine Revol a envoyé  les questions de cette interview à Lison Daniel. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast, avec l’aide de Lucile Rousseau-Garcia.

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Fatoumata Kébé : “La Lune est le roman de ma vie”

Fatoumata Kébé est astrophysicienne et autrice. Son travail porte sur les débris spatiaux. Mais, dans l’espace, c’est avant tout la Lune qui la captive depuis toujours. Elle y a consacré un livre, La lune est un roman, dans lequel elle revient sur l’ensemble des croyances et des certitudes que nous avons sur cet astre céleste. Dans cet épisode, elle nous parle de la place de la Lune dans sa vie, mais aussi de ses origines maliennes, et de la chance de pouvoir appréhender son histoire personnelle à travers les témoignages d’autres.

Fatoumata Kébé explique avoir découvert sa passion pour l’espace, alors qu’elle était enfant, en lisant un livre. Depuis, elle a conservé un lien privilégié avec la lecture. “Le fait que ma passion pour l’espace a commencé avec un bouquin est peut être la raison pour laquelle j’ai toujours gardé la lecture comme loisir parce que ça me permettait de voyager”. Pour l’astrophysicienne, lire c’est “voyager tout en restant là où [l’on est]” et apprendre continuellement sur l’univers et sur l’humain.

Fatoumata Kébé a choisi de nous parler d’Amkoullel, l'enfant Peul, la première partie de l’autobiographie d’Amadou Hampâté Bâ. L’auteur malien, à travers le récit de ses rencontres, recueille l’histoire orale de son pays, à l’époque colonisé par la France. “Amadou Hampâté Bâ raconte de manière assez précise comment fonctionnait le Mali sous emprise coloniale, mais également comment les moeurs, les coutumes, les traditions étaient maintenues”. Cette lecture a permis à Fatoumata Kébé d’avoir une meilleure connaissance de l’histoire du pays dont sa famille est originaire. Elle s’est aussi rendue compte de la chance que cela représente de “pouvoir connaître de manière plus précise [ses] origines, [ses] racines, [son] histoire”.

Que ce soit dans cette quête de ses origines ou dans son parcours personnel, la Lune est pour Fatoumata Kébé un phare auquel elle se raccroche continuellement. “Avec le temps, j’ai toujours pu la contempler. A l’opposé, si elle me contemple, elle voit que j’évolue, que j’obtiens mes diplômes”. Cette Lune, qu’elle regarde et qui la regarde, est comme “un miroir de l’évolution de [sa] vie”. Ce magnétisme qui lie l'astrophysicienne à la Lune est tel qu’elle espère pouvoir, un jour, fouler son sol poussiéreux et ainsi rencontrer cet objet céleste qui la fascine tant. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier qui a également envoyé les questions de cette interview à Fatoumata Kébé. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Laëtitia Eïdo : “Cette bibliothèque, c’est mon ventre”

Laëtitia Eïdo est actrice, chanteuse, elle dessine et écrit. Elle joue dans la série Netflix Fauda, et sera à l’affiche du prochain film de Terrence Malick, The Last Planet. En parallèle de sa carrière au cinéma, elle pratique d’autres formes d’art. Cette expression plurielle est au coeur même de sa construction artistique. “Depuis que je suis petite je me suis toujours autorisée à tout pratiquer”. “Je ne comprends pas pourquoi il faudrait avoir honte ou avoir de la difficulté à assumer le fait qu’on ait plusieurs casquettes, à multiplier les talents. Je pense que faire un choix c’est réduire qui l’on est”. Si elle assume aujourd’hui ne pas vouloir se restreindre, elle nous confie combien les regards extérieurs sont parfois difficiles à vivre. 

Dans cet épisode, Laëtitia Eïdo nous présente un livre qui l’a “aidée à assumer ce désir de création multiple”: Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Dans cette correspondance épistolaire avec un jeune artiste, Franz Xaver Kappus, l’écrivain explore ce que renferme la création et délivre ses conseils sur l’ensemble du processus qui l’y conduit. Un texte qui lui a semblé être “une évidence”, tant il correspond à sa vision du chemin artistique. La principale leçon que Laëtitia Eïdo en retire est “de ne pas se soucier du regard des autres quand on crée”. Il y a “cette idée que notre intuition vient de l’innocence, et que moins on sait, plus on sait, mais pas la même chose”. Se libérer du poids des connaissances permettrait, d’après elle, de laisser la place à notre élan artistique de s’exprimer pleinement. 

Dans cette oeuvre, Laëtitia Eïdo a aussi été marquée par la réflexion proposée par Rainer Maria Rilke sur l’importance de la patience dans le processus artistique. “La création, comme une bonne recette de cuisine, ça prend du temps”, si bien que pour l’écrivain “patience est tout”. Si elle trouve d’un côté “rassurant de se dire qu’on a le temps”, elle confie la pression qu’elle ressent en tant que comédienne par rapport au temps qui passe et qui fait évoluer son image. Mais elle se répète l’adage de Rainer Maria Rilke pour cultiver un rapport sain au temps, ce temps qui lui est si précieux puisqu’il lui permet de créer. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier qui a également envoyé les questions de cette interview à Laëtitia Eïdo. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Samantha Bailly : “Je pense que le rapport à chez soi change quand on écrit”

Samantha Bailly est autrice et scénariste. Dans ses livres, elle traite, par le biais de la fiction, des sujets qui touchent les nouvelles générations. Son dernier roman, C'est pas ma faute, raconte une histoire de disparition à l’ère des réseaux sociaux et la nature des liens qui peuvent se tisser à travers les écrans. Dans cet épisode, elle nous invite dans l’intimité de son bureau, son “petit endroit de repli magique”, pour nous parler d’un livre qui souligne l’importance d’avoir un espace à soi. 

Samantha Bailly nous décrit sa bibliothèque où chaque exemplaire a été si consciencieusement choisi  qu’elle est uniquement composée de ses “livres chouchous”. Le dernier ouvrage qu’elle en a sorti de cette bibliothèque est Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés - par ailleurs recommandé par Flèche Love dans un épisode précédent du Book Club. Ce livre, qui propose “une réflexion sur tout un tas de récits de femmes”, trône régulièrement sur sa table de chevet tant il la nourrit.

Dans cet épisode, elle a choisi de se raconter à travers sa lecture de Chez Soi de Mona Chollet. “Où est-ce que je trouve refuge? Où est-ce que je suis chez moi?”: ces questions que posent cet essai ont immédiatement résonné chez l’autrice, tiraillée entre son côté casanier et ses envies d’ailleurs. Cet ouvrage “d’une très grande exigence intellectuelle mais plein de sensibilité” lui a fait changer son rapport à son espace intérieur. Elle l’identifie désormais comme un lieu d’ancrage indispensable, auprès duquel elle peut se ressourcer. 

Samantha Bailly ne s’est par contre pas retrouvée dans la peur du voyage dont témoigne Mona Chollet. En contraste, cette lecture l’a décidée à réaliser le périple autour du monde dont elle rêvait. Pendant ces trois mois de nomadisme, elle a reconsidéré son rapport à sa maison : “je me suis rendue compte que, d’abord, chez moi c’est avec l’homme que j’aime”. Une période hors de chez elle qui lui a aussi permis de constater “qu’il n’y a rien de plus doux que de rentrer chez soi quand on s’y sent bien”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Samantha Bailly a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

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Soko : “Les seuls livres que je lis, c’est les livres que je lis à mon fils”

Soko est musicienne, compositrice et actrice. Dans son nouvel album Feel Feelings, elle dévoile les émois qui la traversent et témoigne de l’importance de dire ses émotions. Dans cet épisode, elle nous parle de la nécessité qu’elle éprouve de dire son amour à son fils, Indigo. Elle raconte sa vision de l’amour maternel, son rapport aux livres pour enfants, et ce qu’elle chante pour endormir son bébé. 

Puisqu’elle ne lit en ce moment que la bibliothèque de son fils par manque de temps, Soko a choisi de nous confier sa tendresse pour le livre pour enfants Love You Forever de Robert Munsch, illustré par Sheila McGraw. Également disponible en version française. Cette “histoire d’amour entre une maman et son bébé” au fil des âges a particulièrement émue Soko. Elle l’a lue pour la première fois le soir où elle est rentrée de la clinique avec son fils après son accouchement. “J’ai été dévastée par ce livre, c’est à dire que je pleurais comme une folle à chaque page”. C’est toujours avec autant d’émotions, qu’elle continue de lui lire et de lui chanter, un an plus tard, les doux mots contenus entre ces pages. 

Cette histoire résonne avec la conception de la maternité de l’artiste en plaçant au cœur du récit le caractère inconditionnel de cet amour. Un principe d’autant plus important pour Soko qu’elle confie avoir grandi pensant que l’amour de ses parents était conditionné à sa bonne conduite. Leurs preuves d’affection lui ont “vraiment manqué en étant petite”. Aujourd’hui, elle a décidé de cultiver une toute autre relation avec son fils, Indigo, et lui répète l’amour qu’elle lui porte, et l’invariabilité de celui-ci. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Soko a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Marianne Chaillan : "Cette nouvelle a joué un rôle crucial dans ma vie"

Marianne Chaillan est autrice et professeure de philosophie. Dans sa salle de classe comme dans ses livres, elle veille à rendre accessible la philosophie en proposant des analyses de références de la pop culture. Dans son dernier livre Ainsi philosophait Amélie Nothomb, elle propose une rencontre entre la célèbre romancière et d’éminents philosophes. Dans cet épisode, elle nous accueille dans son bureau aux allures de “joyeux chaos”

Marianne Chaillan explique séparer dans deux bibliothèques distinctes les livres qu’elle possède. Dans son bureau sont rangés les ouvrages de philosophie, et dans sa chambre “tout ce qui est littérature”. Si elle différencie ainsi ses bibliothèques, c’est à cause de ce que dégagent la présence même des livres. “Je n’ai jamais pu avoir des livres de philosophie dans ma chambre par exemple, parce que j’ai toujours pensé que cela m’empêcherait de dormir, cela me mettrait des pensées peu propices à la quiétude et au sommeil”.

Marianne Chaillan nous parle de la nouvelle “La femme adultère” tirée du recueil L’Exil et le Royaume d’Albert Camus, découverte alors qu’elle avait 16 ans, en cours de français. Dans cette nouvelle, Albert Camus raconte le parcours d’une femme, Janine, qui “a fait le choix de l’existence confortable”, et qui, lors d’un voyage où elle aperçoit le désert, va réaliser l’étendue du champ des possibles auxquels elle a renoncé au fil du temps. Face à l’infinie succession des dunes de sable, elle saisit “pour la première fois à quel point elle s’est emmurée dans sa propre vie”, privilégiant la sécurité au prix de ses libertés. 

La lecture de cette nouvelle a marqué Marianne Chaillan “au fer rouge”. Elle a immédiatement été saisie d’une angoisse: “Mon idée fixe a été: comment ne pas devenir cette femme, comment ne pas un jour me retourner sur ma propre vie à 50 ans et me dire “Quoi? C’était ça ma vie?””. Terrorisée par l’idée d’un jour faire face à cette même réalisation, le personnage de Janine a accompagné Marianne Chaillan dans tous les choix auxquels elle a dû faire face au cours de sa vie. “Cette nouvelle m’a aidée, vraiment, mais de manière diffuse, latente, à chaque carrefour, à chaque fois que s’est posé pour moi entre la facilité de la route commune et la crainte que peuvent inspirer les chemins de traverse”. Aujourd’hui encore, cette histoire la guide, lui intimant “d'affronter le risque d’exister” et d’oser s’aventurer dans le désert. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marianne Chaillan a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Lucie Vagenheim : “En lisant ce livre, j’ai appris un peu plus sur mon histoire”

Lucie Vagenheim est chanteuse, compositrice et autrice. Face à sa bibliothèque, contenue sur quelques étagères suspendues au dessus de son bureau, elle nous parle de la passerelle qui existe, pour elle, entre la littérature et la musique. Elle vient de dévoiler son premier EP, Glaces Brûlantes, du même titre que le livre qu’elle a récemment publié. “En appelant cette dernière chanson [qu’elle a écrite] du même nom que [son] livre” (21’51), Lucie Vagenheim a voulu rendre hommage à Gaël Faye, et à son roman Petit Pays qui l’a profondément bouleversée. 

Dans cette auto-fiction, Gaël Faye relate l’histoire d’un enfant qui grandit en plein génocide, celui des Tutsis par les Hutus, au Rwanda, en 1994. Ce roman fait écho à l’histoire familiale de Lucie Vagenheim: “ça a été découvrir une partie de mon histoire racontée de manière poétique à travers les yeux et les mots de quelqu’un d’autre” (19’30). Sa mère, rwandaise, en lui offrant ce livre, lui a confié une partie de son vécu. “C’est difficile d’en parler pour elle, et, dans ce geste qu’elle a fait de me dire “lis le”, j’ai compris ensuite pourquoi c’était si difficile” (14’01). Ce livre a été le moyen de parler de cette blessure et de sortir ce pays du silence nostalgique dans lequel l’imaginaire familial l’avait placé. 

Lucie Vagenheim a lu ce roman en pleine période de questionnement sur sa propre identité. Née en France d’une mère rwandaise et d’un père italien, elle raconte à quel point cette interrogation a marqué son adolescence: “la question de l’identité a été assez pesante pour moi parce que j’ai grandi en Normandie au milieu de personnes de couleur blanche” (17’54). “Pendant la période où j’ai lu Petit Pays c’était un questionnement qui revenait à nouveau, un besoin de savoir qui j’étais” (18’28). En apprenant sur son histoire familiale, Lucie Vagenheim a aussi mieux compris qui elle était en tant qu’héritière de ce passé grâce aux mots de Gaël Faye. 

Découvrir cette oeuvre l’a aussi aidée à s’assumer en tant qu’artiste. Le fait que Gaël Faye raconte son histoire en livre mais aussi en chansons a conforté Lucie Vagenheim dans l’idée qu’elle n’avait pas à choisir entre ces deux moyens d’expression. “C’est un exemple, un modèle pour moi, cette dimension multi-artiste qu’il est m’inspire beaucoup, me donne confiance, je me dis que c’est possible de faire les deux, qu’on a le droit” (21’33). Un droit qu’elle s’est aujourd’hui accordé en écrivant à son tour son histoire aussi bien sur papier qu’en musique. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Lucie Vagenheim a répondu aux questions de la journaliste Marie Salah. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Giulia Foïs : “Jusqu’à Despentes j’étais en survie”

Giulia Foïs est journaliste et autrice. Dans son dernier livre, Je suis une sur deux, elle raconte le viol qu’elle a subi, en en faisant un récit combatif et un appel à la sororité. Dans cet épisode, elle nous invite dans sa cuisine, son “centre névralgique” (0’07) depuis toujours, pour nous parler de King Kong Théorie de Virginie Despentes. Cet essai féministe a une importance toute particulière pour elle puisqu’il s’agit du livre qui lui a permis de se relever, dix ans après son agression. 

“Je n’avais aucun modèle auquel me raccrocher” (5’02), confie Giulia Foïs. “Jusqu'à ce que je tombe sur ce livre qui a mis exactement des mots sur ce que je ressentais” (5’52). Pour la première fois, le récit de Despentes a fait écho au sien et l’a libérée de la culpabilité dont elle se sentait prisonnière. Cette “bouée” (9’14) à laquelle elle a pu s’accrocher, lui a permis de transformer cette blessure en “une énergie guerrière mais tournée vers l’extérieur et plus tournée contre moi” (9’23)

La journaliste explique comment les autrices telles que Virginie Despentes, Nina Bouraoui ou encore Clémentine Autain ont nourri ses réflexions sur le genre, le systémisme du patriarcat et sur sa propre identité. “Aujourd’hui, après la lecture de Despentes [...] je peux vous assurer que je préfère être une femme, parce qu’au moins j’ai eu à me poser deux trois questions sur qui j’étais” (9’31). Si le parcours des femmes est certainement plus rude et plus escarpé, elles sont, d’après elle, enrichies par l’ensemble de ces interrogations qui s’imposent à elles. “Et puis après on se lève et on se casse!” (10’34)

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Giulia Foïs a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Sophie Fontanel : "Je traite les vêtements et les livres de la même manière"

Sophie Fontanel est autrice et critique de mode. Son dernier ouvrage Les fables de la Fontanel s’amuse des mœurs amoureuses au temps des réseaux sociaux et des applications de rencontre. Sophie Fontanel nous emporte dans son appartement, face à sa grande bibliothèque où les livres ne cessent de s’empiler: “c’est exactement comme les vêtements: j’ai beau ranger, une semaine plus tard c’est le bordel” (2’31). Un coin reste pourtant immuable: sa collection des romans d’Agatha Christie, reconnaissables par leurs couvertures orangées, qui sont un “refuge” (3’44) pour l’écrivaine. 

Sophie Fontanel nous parle du roman L’île d’Arturo d’Elsa Morante, une histoire d’amour et d’ignorance sur l’île italienne de Procida. Arturo, un jeune garçon de 14 ans, tombe amoureux sans savoir encore ce qu’est l’amour: “Il ne sait rien et elle, elle sait tout” (10’22). Sophie Fontanel se retrouve dans ce personnage: “le parcours d’Arturo c’est le mien en fait, je sais pas, j’ai l’impression [...] de ne rien savoir à ce que c’est ensemble le sentiment amoureux et le désir” (11’03). Lire cet aveu lui a permis de se sentir “moins seule” (11’43).

Elle nous raconte également dans cet épisode comment est né son intérêt pour l’écriture et pourquoi elle entretient un rapport très décomplexé à ses écrits. “Je me dis que puisque mon écriture et ma vie sont une seule et même chose [...] je n’ai pas à avoir honte en fait” (6’41). Vite détachée de ses propres publications, elle ne prête pas non plus une plus grande importance matérielle à l’objet livre dont elle se sépare pour le faire vivre.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier qui a également envoyé les questions de cette interview à Sophie Fontanel. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Maylis de Kerangal : “Tout écrivain n’est pas dépositaire d’un talent qui viendrait d’en haut”

Maylis de Kerangal est autrice. Dans la liste de ses oeuvres figurent notamment Naissance d’un pont, paru en 2010, Réparer les vivants, publié en 2014, ainsi que le plus récent Un monde à portée de main. Nous la retrouvons dans la pièce où elle les a écrit, une ancienne chambre de bonne, jonchée de livres et “ouverte sur les toits” (5’30). Un espace “qui [lui] appartient” (5’38), et qui lui semble indissociable de son travail d’écriture: “parfois je me dis: si je n’avais pas cette pièce, est-ce que j’écrirais?” (5’45)

Dans cet épisode, Maylis de Kerangal nous confie son “affection particulière” (13’56) pour Les Mots de Jean-Paul Sartre, un roman autobiographique qui dépeint son enfance et l’influence de celle-ci sur sa destinée d’écrivain. “C’est l’idée que tout écrivain n’est pas dépositaire d’un talent qui viendrait d’en haut mais est le produit finalement d’une sociologie, d’une idéologie, d’une culture et d’un environnement” (10’15). À travers ce récit, Sartre remet en cause la figure d’un écrivain qui serait naturellement doué et montre à quel point ses facultées ont été construites par les projections de son entourage.

“Ce qui me touche beaucoup dans ces autobiographies, c’est toujours la période de l’enfance” (15’25). Plus particulièrement, l’autrice s’intéresse à la manière dont le monde de l’enfance, dans ce qu’il a de “radioactif” (17’51), déteint sur l’imaginaire de l’écrivain. Elle se questionne sur l’influence qu’a son enfance sur son écriture, “sur le plan du légendaire familial” (17’00), de la façon dont “ont été investis les voix, les lieux” (17’10), et évoque la possibilité d’un jour mettre en mots l’univers qui a bercé ses jeunes années. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maylis de Kerangal a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Pauline Delabroy-Allard : “c’est drôle comme parfois la littérature et la vie s’imbriquent”

Pauline Delabroy-Allard est autrice. Son premier roman, Ça raconte Sarah, publié en 2018 fait vivre une histoire d’amour urgente et passionnelle. Aujourd’hui, elle nous invite dans son intimité, il est 7h du matin, à l'orée d’une journée qui est déjà pluvieuse: “Comme tous les parents du monde je sais que les heures du petit matin comme ça sont très précieuses. Quand les enfants ne sont pas encore réveillés”. Elle profite donc de ce moment de calme pour nous parler de L’arbre aux haricots de Barbara Kingsolver. 

Un roman qu’elle a tout de suite trouvé dans sa bibliothèque grâce à sa couleur reconnaissable: “Je connais sa tranche par coeur, elle est un peu verte et après avoir été léchée par le soleil, qui donne dans ma pièce, de vert qui était assez franc [elle s’est transformée en] une espèce de vert pâle, vert d’eau et je trouve ça très joli”. Une couleur singulière qui ressort au milieu de tous les autres livres blancs. 

Paru en 1988, année de la naissance de Pauline Delabroy-Allard, ce roman et cet épisode tournent autour des questions de date, de famille, de filiation et de nouveaux né.e.s: “C’est un roman que j’ai lu pour la première fois à 15 ans et qu’ensuite j’ai lu très régulièrement. Une fois par an je pense jusqu’à mes 20 ans et puis maintenant il m’arrive de le lire une fois tous les deux ans”. Ce roman est l’histoire d’une jeune femme qui souhaite s’évader de sa ville natale qui l’ennuie, voire la désespère, mais sur le chemin, une femme lui donne son nourrisson. 

Ce livre permet à Pauline Delabroy-Allard de nous livrer les questionnements qui l’ont suivie depuis son adolescence jusqu’à aujourd’hui: “Pendant le confinement, j'ai mis le point final (ou ce que je crois être le point final) à mon deuxième roman”. Un roman sur son identité: “c’est le point de départ parce que dit comme ça ça a l’air un peu mégalomane ou nombriliste mais c’est un projet autour de ce qui fait l’identité de chacun, à commencer par le prénom” Choisir le prénom, une réflexion d’autant plus actuelle qu’elle est sur le point de donner naissance à son deuxième enfant.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Lucile Rousseau Garcia a fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Joanna : “J’ai vraiment envie de vous faire découvrir des livres qui m’ont fait découvrir la vie”

Joanna est chanteuse et compositrice. Dans son single Maladie d’amour, elle prend à bras le corps les sujets féministes de notre époque. Dans ses textes, qu’elle réalise elle-même, elle parle d’agressions sexuelles, de corps en vie et d’une féminité émancipée. Beaucoup de sujets de société “la révoltent”, dit-elle, et c’est notamment grâce à la littérature qu’elle a forgé cet esprit conscient et critique du monde.

Ça n’est d’ailleurs pas anodin qu’elle conseille trois oeuvres dont Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir: “Grâce à ce livre j’ai décomplexé”. Ses textes sont féministes mais également beaucoup tournés vers l’amour: “ Le grand sujet de ma courte vie”. Elle nous recommande également, comme la comédienne Florence Loiret Caille quelques semaines plus tôt, Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes:  “ C’est un livre qui pose toutes les questions que l’amour peut nous donner”. 

Dans cet épisode, le fil rouge tiré par Joanna est justement celui du discours: appris, en développement et compris. Et le dernier tisse une réflexion à l’échelle européenne : “Ça parle avec brio du métier de lobbyiste et de son impact sur notre société capitaliste” avec Europe connexion d’Alexandra Badea. Avec ses conseils de lecture, elle ouvre trois portes pour découvrir ou faire découvrir à de jeunes adultes les portes d’une compréhension du féminisme, de l’amour et de l’anticapitalisme. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.


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Mélodie Lauret : “j’avais l’impression que si je ne lisais pas assez, je ne pouvais pas être intelligente”

Mélodie Lauret est chanteuse et compositrice. Sa passion est - entre autre - de faire sonner les mots. Elle joue avec, les faits résonner, les faits renaître pour qu’ils vibrent en nous: “c’est ce qui me passionne le plus dans la vie  c’est les mots”. Les mots, on les retrouve évidemment dans les livres, sauf que son rapport aux pavés n’est pas aussi fluide qu’elle le voudrait: “Je suis quasiment incapable de lire un livre dans son entièreté”. Alors si l’inspiration et ce rapport aux mots ne vient pas de la littérature, d’où viennent-ils ? 

Dans le podcast, on lit les mots. On les partage via leur rythme, à travers les voix qui les incarnent et grâce aux émotions qu’elles transmettent.  C’est un peu la même chose qu’avec la chanson: “Je me suis rendu compte que j’avais un peu appris les mots en écoutant de la musique”. À travers Fin de partie de Samuel Beckett et No et moi de Delphine de Vigan, Mélodie Lauret nous tend la main pour nous livrer le chemin qu’elle a parcouru pour apprécier la lectrice qu’elle est aujourd’hui. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Kaoutar Harchi : “Le littéraire et le colonial sont liés”

Kaoutar Harchi est sociologue des arts, de la culture et écrivaine. Dans cet épisode, elle analyse Nedjma de Kateb Yacine, paru en 1956. Un roman qui lui est aussi intime personnellement que fondateur professionnellement: “C’est un récit que j’ai découvert à l’adolescence. À l’époque je n’en lisais que des fragments qui me touchaient parce que je trouvais la poésie, les métaphores déployées d’une extraordinaire beauté”. Nedjma, c’est le roman éponyme de la passion amoureuse de quatre hommes envers cette femme: “Page après page chacun de ces hommes raconte sa relation à Nedjma, raconte la manière dont il espère la posséder”. Mais Nedjma c’est, entre les lignes, le récit d’un pays colonisé - l’Algérie - et l’histoire d’un écrivain colonisé: “Kateb Yacine engage un récit dans le but - selon ses propres mots - de montrer à la France, à la nation littéraire par excellence, qu’il était lui, l’indigène, le colonisé, capable d’écrire une histoire aussi complexe, aussi élaborée, aussi réfléchie que celle qui parsème l’ensemble littéraire français ”. C’est notamment pour cette raison qu’il écrit en français: “dans le but, selon ses propres mots, d’expliquer, aux Français, en français, que l’Algérie n’est pas française”. Des thématiques à l’intersection entre la valeur littéraire et la francophonie qui sont l’une des essences du travail de la sociologue Kaoutar Harchi. 

Dans son essai Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne, elle se demande comment se forme la valeur littéraire. Elle analyse également comment être un écrivain non français, en France, mais qui parle et qui écrit la langue française. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha et Maële Diallo étaient à l’édition et à la coordination. Maud Benakcha a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Kaoutar Harchi a publié plusieurs romans dont Zone cinglée ou L’Ampleur du saccage et un essai Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne.

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Rachel Khan : “Tout est savoureux"

Rachel Khan est actrice et autrice. Elle nous invite via une note vocale dans son appartement fourni en bibliothèques: “j’essaie de les ranger de temps en temps mais ça n’est pas du tout classé. On a un code général des collectivités territoriales à côté de Victor Hugo en passant par du droit international public à côté”  Un désordre qui lui plait: “j’aime bien en fait que ça ne soit pas rangé. Parce qu’il y a ce petit challenge, là en ce moment, où on peut faire des haïku avec les titres de livre  à la suite. En alignant les titres, on fait une phrase.  C’est assez rigolo dans une bibliothèque qui n’est pas rangée”.

Elle nous recommande un livre dont le titre réchauffera le coeur de certain.e.s, et intensifiera les craintes des autres: “Le livre que je relis lorsqu’on est dans une période un peu d’instabilité [...] a un titre assez parlant. Il s’appelle Gros-câlin. Donc à l’heure où l’on est dans nos gestes barrière je trouve que c’est un joli clin d’oeil”. Un livre écrit par Romain Gary (alias Émile Ajar). Un auteur adoré par Rachel Khan et dont elle a lu une bonne partie de ses romans : “Ce livre est véritablement ma passion. Je l’adore. Je considère que c’est un chef d’oeuvre. Il m’a été offert par ma Maman qui est une ancienne libraire”

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha et Maële Diallo étaient à l’édition et à la coordination. Maud Benakcha a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Rachel Khan est actrice et autrice. Elle fait également partie de la direction du centre culture hip hop La Place, à Paris.

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