Charlotte Gabris : “Je trouve ça beau d’avoir les livres de deux personnes qui s’aiment qui se réunissent”

Charlotte Gabris est comédienne, humoriste et autrice. Lundi, date d’un premier pas vers le déconfinement, elle sera certainement très heureuse de voir de nouveau les librairies ouvrir leurs portes: “Je me rends compte, surtout en confinement, que j’ai vraiment du mal à lire sur tablette ou sur mon téléphone. Là comme toutes les librairies sont fermée, soit on relit des livres qu’on a déjà […] Ce qui me manque le plus - entre autre - en ce moment, c’est d’aller dans les librairies. J’adore n’acheter des livres qu’au ressenti. J’adore flâner, toucher, regarder les couvertures…”. Pendant le confinement, comme beaucoup de femmes qui se sont enregistrées en notes vocales pour le Book Club pendant cette période confinée, Charlotte Gabris voulait se plonger dans de gros pavés. Mais finalement, elle s’est tournée vers ses premières amours: “J’ai finalement repris le livre qui est mon livre préféré, qui est mon livre que j’ai depuis que j’ai 15 ans. Qui est un livre de Xavier Durringer qui s’appelle Chroniques des jours entiers, des nuits entières J’adore ce livre, enfin j’adore ce qu’il écrit. […] J’aime qu’on puisse tout lire à n’importe quel page. J’aime que ce soit un langage parlé”

Des premières amours sur papier et rangées par ordre alphabétique: “Mon chéri à tout rangé par ordre alphabétique. Et c’était, je crois, une première petite dispute parce que pour moi c’est ma hantise. Je ne supporte pas ça. Au début je dis “non en fait on ne va pas du tout  avoir une bibliothèque rangée par ordre alphabétique. Mais alors pas du tout !” Moi ça m’angoisse les choses trop rangées, trop carrées. J’aime que ça vive, j’aime le désordre ! Mais je l’ai laissé ranger par ordre alphabétique et finalement je suis assez reconnaissante vu que je trouve mes livres beaucoup plus rapidement qu’avant”. Et vous, quel est votre système de rangement ?

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Charlotte Gabris a publié récemment publié Déjeuner en paix aux éditions du Cherche-Midi.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Réjane Sénac : “aller au-delà des frontières entre humain et non-humain”

Réjane Sénac est directrice de recherche CNRS au centre de recherches politiques de Sciences Po. Elle questionne l’égalité et plus précisément les nouvelles expressions qui encadrent le principe d’égalité aujourd’hui. 

En ce moment, elle nourrit ses recherches notamment par le manifeste Féminisme pour les 99% écrit par Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya et Nancy Fraser. Grâce à ces trois théoriciennes du politique, Réjane Sénac pose des pistes possibles pour l’avenir (post confinement): “Le chemin qui mènera à une nouvelle société au-delà de la crise actuelle repose sur - je les cite : «une justice de genre indexée à l’anti capitalisme» et qui sera dans l’alliance entre les féministes, les anti racistes, les écologistes, les militants pour les droits des travailleurs, travailleuses et des migrants, migrantes

Elle va ensuite un peu plus loin pour imaginer une toute autre société de valeurs: “Mais je pense important aussi de se servir de ce manifeste, de prendre appui sur ce manifeste pour  repenser aussi et aller au-delà des frontières entre humain et non-humain dans une redéfinition du rapport au vivant et dans une redéfinition de la modernité et en particulier remettre en cause la sacralisation du pouvoir de la raison humaine et de la rationalité du monde”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Réjane Sénac a publié L’égalité sans condition. Osons nous imaginer et être semblables aux éditions Rue de l’échiquier.

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Katia Lewkowicz : “Beaucoup, beaucoup d’enquêtes dans ma jeunesse”

Katia Lewkowicz est réalisatrice. Quand elle enregistre sa note vocale, il est 8h du matin. On sent la lenteur et le poids de la nuit dans sa voix. Elle profite du seul moment calme de sa journée: “On est donc sept ou huit dans cette maison, c’est un bon bon bon bordel”. Il y a un ami, les enfants de cet ami, son compagnon et ses enfants. 

C’est d’ailleurs dans ses lectures d’enfants qu’elle nous emporte:Moi j’ai commencé à lire très jeune, je lisais beaucoup. Beaucoup beaucoup. Je me souviens que quand j’étais petite, j’ai commencé avec Fantômette. C’était la bibliothèque rose. J’avais une bibliothèque quand j’étais petite. Avec que des livres roses. Et ça n’était que Fantômette.”. Elle nous embarque également dans ses souvenirs teintés de la chaleur de l’été en Israël: “Pierre Bellemare il faisait, ça s’appelle Histoires vraies. Il écrivait des petites nouvelles. Je me rappelle je lisais ça en Israël, en vacances C’était déjà les prémices du confinement parce que ma mère elle ne voulait pas sortir avant 16-17h par qu’il faisait trop chaud. Donc on était dans ce petit appartement à Netanya. On avait une chambre pour ma soeur jumelle et mon frère. Avec deux lits en U. Et il y en avait un qui avait un lit tiroir. Donc régulièrement on se demandait qui allait dormir dans le tiroir. Et ma mère pour nous occuper elle nous avait achetés des canevas en laine. Elle s’est dit tiens ça va les occuper ils vont faire des paysages. Et moi je lisais Pierre Bellemare toute la journée. Que des histoires de meurtre”.

Katia Lewkowicz nous conseille également la lecture de Je suis une sur deux de la journaliste Giulia Foïs qui y décrit son viol: “Elle m’a changé mon regard complètement là dessus. Je sais que maintenant s’il se passe quelque choses, s’il arrive quelque chose à ma fille ou à mes filles, j’aurai plus peur. Je saurai comment les regarder Je saurai comment leur parler. Je saurai comment les défendre. Je sais grâce à elle de quoi elles auraient besoin”. Un livre qui est une vraie prise de conscience pour la réalisatrice.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage de cet épisode. Tristan Mazire en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Pauline Darley : “Là, j’avais tout à découvrir”

Pauline Darley est photographe. A travers ses yeux, le monde est plus vif  et sacrément plus séduisant. Dans ce nouvel épisode, elle nous emporte dans le Paris de l’entre-deux-guerres avec Aurélien de Louis Aragon: “Paris est tellement belle. On a l’impression qu’elle est vivante. Et je trouve que l’on ressent bien l’ambiance du Paris des années folles, avec les artistes présents, les peintres, les poètes, les musiciens de jazz. Ou en tous cas l’image que l’on se fait de ce Paris là”. 

Pauline Darley s’est plongée dans ces 700 pages d’histoire d’amour entre Aurélien et Bérénice alors que quelques années avant, rien ne la prédestinait à être une lectrice vorace. C’est récemment, en 2017, qu’un roman l’a bouleversée: “L’une de mes meilleures amies m’a parlée d’un livre, c’est La Passe-Miroir de Christelle Dabos, en me disant que c’était incroyable, qu’elle avait adoré ! Et donc j’ai voulu le lire, pour voir. Et en fait ça a été tellement un déclic parce que je crois que c’est la première fois, ou en tous cas la première fois avant longtemps, que je me suis retrouvée dans une bulle en lisant. Comme un état méditatif où plus rien ne se passait autour. J’étais vraiment dans ma bulle”. A partir de cette rencontre littéraire, elle s’est rendu compte de l’immensité de ce qu’elle avait à découvrir: Elle s’est même créée un rythme bien à elle: “Niveau lecture je crois que je suis une lectrice un peu étrange parce que j’adore lire plein de livres en même temps et des livres totalement différents. Je sais que je ne vais pas vouloir lire la même chose le soir qu’en journée, chez moi ou en extérieur”. Depuis, plus rien ne l’éloigne de ses romans. Vous vous imaginez vous, redécouvrir pour la première fois les oeuvres qui vous ont les plus transportées ? Quel rêve !

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Benakcha en est à l’édition et à la coordination. Elle a également fait le montage avec Maële Diallo. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Vous pouvez retrouver les créations de Pauline Darley sur son site et sur Instagram

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Camille Froidevaux-Metterie : “J’ai l’impression de faire un travail collectif avec toutes ces femmes”

Camille Froidevaux-Metterie est philosophe féministe, professeure de science politique et chargée de mission égalité diversité à l’université Reims Champagne-Ardenne. Elle nous invite dans sa “petite grotte”, son bureau où elle travaille, lit et parfois dort. Dans cet espace à elle seule, il y a “une grande bibliothèque en trois parties. Il y a des livres d’histoire et de philosophie d’abord qui remontent à mes années d’études et puis que je complète chaque année, chaque mois, quasiment chaque semaine. Il y a une bibliothèque de science politique qui correspond à mon travail d’enseignante. Et puis, la dernière, ma préférée j’allais dire… En tous cas celle qui aujourd’hui est la plus importante pour moi: ma bibliothèque féministe qui comporte beaucoup d’essais, beaucoup de philosophie. A la fois des classiques mais aussi des ouvrages plus récents. Et puis des ouvrages qui sont en quelque sorte le fondement de tout mon travail. Des ouvrages sans lesquels je ne pourrais pas faire ce que je fais”.  

Partie pour passer son confinement dans des essais féministes, Camille Froidevaux-Metterie s’est finalement tournée vers des romans et vers une histoire d’ours. Elle nous parle de Croire aux fauves de l'anthropologue Nastassja Martin: “Elle relate comment, alors qu’un jour elle s’était éloignée de ses compagnons de voyage, pour aller marcher seule dans la forêt elle a rencontré un ours. Quand je dis “rencontrer” vous vous doutez bien qu’il s’est agit de plus que d’une rencontre, d’un véritable combat d’un duel, d’une lutte corps à corps. Dont elle est sortie victorieuse puisqu’elle n’est pas morte mais avec une partie du visage arraché, restée dans la gueule de l’ours et puis aussi une jambe très abîmée”. Lecture de “déconfinement” pour Camille Froidevaux-Metterie, cette lecture et ce récit du rapport au corps l’ont bouleversée alors qu’elle était touchée physiquement et mentalement par le virus du Covid 19. 

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Camille Froidevaux-Metterie a publié récemment Seins. En quête d’une libération et La Révolution du Féminin est disponible republié en Folio. Ces deux ouvrages peuvent être retrouvés en format ebook. 

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Florence Loiret Caille : “Les livres, on les porte en soi, c'est comme les rôles”

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

Florence Loiret Caille est actrice. En ce moment, on peut la retrouver dans la dernière série Le Bureau des Légendes sur Canal+. Elle est devenue actrice très jeune: “J’ai eu un agent assez tôt, vers 17 ans. Donc j’ai tourné mon premier court métrage à 17 ans. C’est par la lecture que tout s’est construit: “En fait mon envie de jouer elle est effectivement née dans les livres. Quand je lisais un livre ça décrivait un état dans lequel je me mettais”. Parallèlement aux tournages, elle étudie à la fac et c’est à ce moment là qu’elle découvre notamment Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes.

Oeuvre littéraire hybride sur le sentiment amoureux, sur le discours de l’amoureux, cet essai est un texte libre dans lequel on peut se balader, un peu comme dans un recueil de poésie. “L’état amoureux est décrit à tous les stades” se souvient Florence Loiret Caille qui l’a lu à un moment particulièrement propice: “J’ai dû me prendre un méga vent un jour et j’ai dû ouvrir ce truc pendant que je l’étudiais et là je suis tombée de ma chaise je pense”. 

Depuis cette période “dès que ça ne va pas sentimentalement”, Florence Loiret Caille se replonge dans cette “bible des maux amoureux: “ça me donne un axe et ça me remet dans le monde. Parce qu’on est toujours un peu paniqué quand on est envahis par un sentiment amoureux. Que ça se passe bien ou mal en fait”.  

Aujourd’hui son exemplaire de Fragments d’un discours amoureux est tellement stabiloté, corné que “on dirait un vieux scénario tout pourri”. Et comme littérature et jeu sont toujours aussi entremêlés dans la vie de Florence Loiret Caille, elle a appris de sa lecture de Roland Bathes: “Quand on joue, quand on prépare un film, on se met aussi dans un certain état. Comme quand on est amoureux”. 

Florence Loiret Caille recommande également Love me Tender, de Constance Debré que nous avons entendue il y a quelques mois dans le Book Club. 

Cet entretien a été mené par Agathe le Taillandier. C’est également elle qui présente Le Book Club. Amel Almia a monté cet épisode. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

La dernière saison du Bureau des légendes est actuellement diffusée sur Canal+.

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Diane Brasseur : “Le moment où l’on rêve son livre”

Diane Brasseur est autrice. Aujourd’hui, elle a ce titre d’autrice mais avant d’être publiée pour la première fois, elle a douté, elle a attendu et elle a été patiente: “J’ai lu ce récit de Jean-Philippe Toussaint, L’urgence et la patience [NDLR] alors que je n’avais pas encore publié et c’est un livre qui m’a donné - à l’époque - beaucoup d’allant et beaucoup de courage surtout pour traverser ces moments de découragement qu’on connaît quand on se dit qu’on ne va jamais publier.” La patience est le mot phare de cette période de confinement pour nous tou.te.s et c’est également l’idée centrale de cet épisode. L’idée de la patience dans l’écriture. Depuis le début du confinement, plusieurs autrices comme Alice Zeniter, Marie Pavlenko ou Myriam Leroy nous ont détaillé les étapes compliquées de l’écriture et de la fin de la création. 

“Il y a un moment très important dans le processus de l’écriture. C’est celui où l’on n’écrit pas. Le moment où l’on rêve son livre.” Il y a beaucoup de mythes autour de l’écriture. Notamment l’idée de cette inspiration qui arrive d’un coup:  “Donc l’auteur qui se met à sa table et qui serait frappé par une foudre créatrice. Pour lui, Jean-Philippe Toussaint [NDLR] il y a une passivité qui lui déplaît et à laquelle il ne croit pas du tout. Il trouve que l’urgence c’est bien plus intéressant que l’inspiration parce que l’urgence c’est le contraire de l’inspiration.” Diane Brasseur nous embarque dans la construction concrète des livres entre “délivrance”, “jaillissement” et “persévérance”

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha et Maële Diallo étaient au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Diane Brasseur a publié plusieurs romans aux éditions Allary.

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Estine Coquerelle : "J'aime bien me laisser guider par l'envie"

Vous connaissez peut-être cette pile de livres. Celle qui est au chevet de votre lit, ou sur votre table basse, peut-être même qu’il y en a plusieurs, disséminées un peu partout chez vous. Des livres que vous avez achetés puis jamais ouverts, d’autres que vous aimez tant que vous avez besoin de les garder près de vous, ou bien simplement des livres entamés, que vous prenez le temps de découvrir page par page, chapitre par chapitre. 

L’illustratrice Estine Coquerelle fait partie de ces lectrices à la bibliothèque dispersée. Aux quatre coins de son appartement on trouve des bandes-dessinées de Riad Sattouf comme La vie secrète des jeunes, qu’elle trouve fascinant: “ce travail, d’arriver à retranscrire la manière de parler des gens , à quel point c’est drôle toutes ces mimiques qu’on acquiert selon le milieu social duquel on vient (...) et il y a des trucs du quotidien dans lesquels on se reconnaît.”. Elle raconte également son amour pour les recueils de nouvelles de Milan Kundera car elle aime “sa façon de raconter l’amour, la vie, le désir, la culpabilité”. Enfin, son trésor à elle, c’est “un gros livre” de Louis Aragon, qu’elle a hérité de sa grand-mère et dont elle a lu la première page à son amoureux quand elle l’a rencontré. Cependant, il y a un livre cher à son coeur qui manque à sa collection. Il s’agit de Journal d’un corps, de Daniel Pennac, qu’elle a lu et relu, offert, prêté et perdu. Ce livre, “Il est drôle, dégoûtant, il est tout ce qu’on veut”, et il résonne avec son art, où le corps est central et sublimé, mais honnête. 

Dans cet épisode du Book Club spécial confinement, Estine Coquerelle nous raconte qu’elle aime lire, mais surtout en vacances, quand elle a le temps. Ce qu’elle préfère, c’est “se laisser guider par l’envie”, et si ces temps-ci elle n’a pas forcément loisir à se plonger dans un roman, elle garde auprès d’elle quelques œuvres qu’elle aime feuilleter pour s’inspirer quand elle “tourne en rond” dans son travail d’illustratrice. 

Vous pouvez retrouver l’oeuvre d’Estine Coquerelle sur Instagram et vous procurer ses illustrations sur sa boutique en ligne

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maureen Wilson était responsable éditorial, Maële Diallo était au montage, Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. Le Book Club est un podcast coordonné par Maud Benakcha. 

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Flèche Love : “je sais qu’il aura toujours des trésors à m’offrir”

Comment s’est construit votre chemin vers le féminisme? Est-ce en faisant face à des inégalités criantes et répétées? Est-ce en rencontrant une personne qui vous a ouvert les yeux? Ou est-ce, comme c’est le cas dans cet épisode avec la musicienne Flèche Love, en lisant une oeuvre qui vous a fait prendre conscience des réalités, “comme des guides spirituels et lumineux”? 

Resté sur sa table de chevet pendant des années, Femmes qui courent avec les loups: Histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage de Clarissa Pinkola Estès, a attendu longtemps avant que Flèche Love puisse l’apprécier, le digérer et le lire entièrement: “C’est comme si je n’avais pas été prête à lire ce livre. Plusieurs fois je m’y suis essayée et je m’y suis perdue. Et j’ai lu deux pages et j’étais là “ah je comprends pas!” C’est un livre qui demande à être lu au bon moment”. Et, pourquoi ne serait-ce pas le bon moment pour vous aussi de le découvrir? C’est ce que conseille la musicienne: “Dans une période de confinement on ne peut pas aller chercher à l’extérieur ce dont on a besoin. On ne peut pas sortir. Et c’est une invitation à l’intériorité dans toute sa puissance.” 

Dans ce sixième épisode du Book Club spécial confinement, Flèche Love nous incite (pour ceux et celles qui le peuvent) à prendre du temps pour soi afin de mieux comprendre le monde. Elle nous scande sa vision de la société pour peut-être mieux l’apprivoiser.

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Le dernier album de Flèche Love est produit par le label Musique Sauvage.

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Claire Castillon : “Ce genre de livre est la quête de toute une vie”

L’autrice Claire Castillon ne sait pas dire pourquoi elle a aimé un livre: “je peux juste dire tiens, lis ça, c’est beau parce que c’est fort!. Et c’est vrai... comment dire que l’on a aimé un livre quand ce que l’on a lu va au-delà des mots et qu’il nous enivre de sentiments, qu’il nous paralyse l’esprit, que - comme pour L’enfant brûlé de Stig Dagerman que nous conseille Claire Castillon - il nous est “tatoué” à la peau.

C’est en fouillant dans sa bibliothèque à la recherche d’une nouvelle lecture qu’elle a découvert ce livre: “Avec L’enfant brûlé j’ai été complètement envahie d’emblée par une voix tellement vraie, tellement forte, tellement juste en fait, jamais trafiquée que le bouleversement s’est produit de page en page”. C’est l’histoire d’un jeune homme dont la mère décède: “un voyage plus beau que n’importe quel voyage dans les beautés du monde parce que tout est juste, parce que rien n’est… rien n’est feint […] Il n’y a aucune émotion oubliée”. Alors ce cinquième épisode du Book Club spécial confinement n’est pas uniquement la description d’un livre apprécié, c’est le partage d’émotions suite à la lecture d’un livre qui “racle l’âme jusqu’au bout” pour Claire Castillon.

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Claire Castillon a récemment publié Marche Blanche chez Gallimard et River chez Gallimard Jeunesse.

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Clara Ysé : "Parfois il y a des choses que l’on ne comprend pas"

Dodécaphonisme: après avoir fait huit ans de solfège, parlé à tout Louie Media et téléphoné aux parents musiciens d’une des membres de l’équipe… Je peux dire que je ne suis pas plus avancée pour vous donner une explication courte et précise du dodécaphonisme. Ce qu’il faut retenir c’est que c’est une technique de composition musicale qui a été une vraie révolution au début du XXe siècle. 

Cette révolution a fait “événement”. Et c’est là toute la force de ce que nous apprend la musicienne Clara Ysé dans ce quatrième épisode du Book Club spécial confinement via le livre qu’elle nous conseille: L’être et l’événement d’Alain Badiou. “Je crois que ce qui m’a aidée à vivre” raconte-t-elle “et ce qui m’a pas mal bouleversée c’est l’idée que parfois, il y a des grands événements qui arrivent dans plusieurs domaines. Badiou distingue quatre domaines: qui sont du coup l’amour, la politique, les mathématiques et les arts. Et pour lui un événement c’est quelque part quelque chose qui arrive et au moment où il arrive on n’a pas le langage pour comprendre ce qui est arrivé”. Lorsque toutes les révolutions sont nées: le cubisme, le dadaïsme, l’art contemporain, la majorité disait: “ce n’est pas de l’art!”, parce qu’ils n’avaient pas encore les mots pour décrire ce qu’ils voyaient.

Avec l’invention du dodécaphonisme, les inventeurs puis leurs successeurs ont, compris ou plus précisément ont senti qu’ils ne pourraient plus faire de la musique de la même manière. “Je trouve ça hyper beau de penser que les grands tournants, que les grands mouvements, que les choses qui font date dans un langage, comme la musique, en fait ont fait autant date […] pour l’arrivée de l’événement que pour la fidélité événementielle qui est opérée par ceux qui sentent qu’ils ne peuvent pas continuer à faire, qu’à être dans le langage de la même manière qu’avant.” Cette réflexion digérée par Clara Ysée mais faite initialement par Alain Badiou dans ses recherches, peut être transposée à toutes les révolutions que nous ne comprenons pas encore aujourd’hui mais qui paraîtront évidentes aux yeux et aux oreilles des prochaines générations. 

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Le monde s’est dédoublé est le dernier EP de la musicienne Clara Ysé. 

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Morgane Ortin : “faire accoucher les gens de leurs mots d’amour”

Vous nous accompagnez naviguer à travers les mers? Pendant une dizaine de minutes nous vous emportons hors de chez vous pour traverser les océans à la recherche de l’amour et de soi. Rien que ça! 

Dans ce troisième épisode spécial confinement, c’est Morgane Ortin, la fondatrice du compte instagram Amours Solitaires qui s’est enregistrée, chez elle, pour nous parler d’un roman qui l’a “accompagnée pendant des longs et des longs et des longs mois de travail et d’analyse. Et j’aime bien aujourd’hui le relire et pouvoir relire tout ce que j’ai pensé aussi au moment où je l’ai lu pour la première fois et où je l’ai étudié”. Ce livre, c’est Le Marin de Gibraltar de Marguerite Duras: “ Ça raconte l’histoire d’une femme qui est très riche, qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Elle s’ennuie quand même beaucoup et en fait elle navigue à la recherche d’un marin avec qui elle a passé une seule nuit, qui est parti au petit matin mais dont elle est tombée folle amoureuse”

Un choix de lecture qui apaise Morgane Ortin: Je crois que j’avais besoin de quelque chose qui m’était familier pour me rassurer. Vous savez comme quand on regarde plusieurs épisodes d’une série parce qu’on est déjà accoutumé.e.s aux personnages et que ça nous donne un sentiment rassurant et réconfortant de pouvoir les revoir”. Et vous, quel est votre livre réconfortant?

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Morgane Ortin est la fondatrice du compte instagram Amours Solitaires. Elle est également l’autrice des deux livres qui portent le même nom et qui a donné naissance à une série.

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Sylvie Hoarau : “C’est très dérangeant d’avoir ce point de vue là”

Perverse. C’est de cette manière qu’a été décrite l’héroïne du roman Lolita de Vladimir Nabokov à sa publication en 1959. Pervers serait certainement le terme que l’on utiliserait aujourd’hui pour définir l’homme, beau-père et protagoniste de ce roman. Lolita est un roman qui plaît mais qui a toujours dérangé. À l’époque pour l’hypersexualisation de son héroïne, aujourd’hui pour des questions de violence et de pouvoir d’un homme, d’un adulte sur une jeune fille. 

Pour son auteur, Vladimir Nabokov, il n’y a jamais eu de doutes sur ses intentions de romancier: “Lolita est une jeune fille de 12 ans alors que Monsieur Humbert est un homme mûr et c’est l’abîme entre son âge et celui de la fillette qui produit le vide”. 

C’est un livre qui a fait scandale et qui pose question” Dans ce deuxième épisode spécial confinement, la chanteuse et compositrice Sylvie Hoarau du groupe Brigitte oscille entre deux états. Il y a l’admiration pour l’auteur: J’étais vraiment fascinée par Nabokov lui-même en me demandant mais quel esprit, comment… d’où sort une idée pareille d’abord de dépeindre cet amour sans aucune empathie pour l’objet de son amour -ce qui est quand même un peu étrange- et puis beaucoup d’humour aussi dans les situations… Et il y a la répulsion: “Je me souviens que ma fille avait 15 ans je crois quand j’ai lu ce livre. Et il y a des moments j’ai dû m’arrêter de lire parce que j’étais trop dérangée par le propos. La manière dont il décrit la sensualité, cette attirance pour cette toute jeune fille.  C’est vraiment trop réaliste. Ça me mettait dans un état un peu d’angoisse. Je me disais, c’est possible qu’un homme d’un certain âge puisse avoir cette espèce de vision d’une très jeune fille donc ça me mettait très mal à l’aise. » Mais Lolita est un roman, une fiction. Et n’est-ce pas le rôle des romans de dérouter souvent, de déranger parfois et de in fine poser questions ? Cet épisode, c’est toute cette question et toute la réflexion de Sylvie Hoarau. 

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Le dernier album des Brigitte s’appelle Toutes Nues.

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Myriam Leroy : "c’est en lisant “Un roman russe” que je me suis dit que, moi aussi, j’étais peut-être capable d’écrire"

Pendant ce confinement, le Book Club ne s’arrête pas! Au contraire, nous nous sommes dit que vous auriez encore plus besoin d’écouter des recommandations littéraires de toutes ces femmes, toutes ces grandes lectrices qui nous inspirent. 

Pendant toute cette période, des autrices, des musiciennes, des journalistes... vont enregistrer des notes vocales pour nous immiscer avec elles dans leur bibliothèque. La première femme à avoir joué le jeu est la journaliste et autrice Myriam Leroy. Elle nous décrit sa bibliothèque et ses lectures depuis chez elle, en Belgique.

Elle nous recommande Un roman russe d’Emmanuel Carrère: “Il y a des bouquins hyper brillants, très intelligents, des chefs-d’oeuvre que je trouve écrasants et qui font assez vite disparaitre ma propre envie d’écrire. Parce que je ne me sens pas à la hauteur. Et par contre il y a des bouquins qui sont tout autant des chefs-d’oeuvre, qui sont tout autant brillants et qui me stimulent. (…) Quand je lis Virginie Despentes, je trouve ça tellement brillant que ça m’écrase. Quand je lis Emmanuel Carrère, je trouve ça tellement brillant que ça me donne envie d’écrire.”

Myriam Leroy est journaliste et autrice. N’hésitez pas à découvrir ses deux derniers romans: Ariane et Les yeux rouges. Bonne lecture!

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Rebecca Manzoni : "J'écris parce qu'on n'avait plus rien à se dire"

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

Entre un téléphérique jouet, des baguettes de batterie et un tipi d’enfant se dresse la bibliothèque vivante de Rebecca Manzoni, journaliste à France Inter. Chez elle, les livres se baladent sur le sol comme une trace des pérégrinations de toute sa famille. Depuis des années, elle a pris l’habitude de vivre ses livres: de les corner, de les recopier… que ce soit pour se souvenir, ou pour lui donner de l’inspiration. Dans sa chronique Pop N' Co elle fait entendre le monde à travers la musique. Et comprendre le monde, c’est l’un de ses leitmotiv. Pour se faire, elle lit beaucoup d’auteur.ice.s actuel.le.s : “C’est important de lire les livres d’auteurs contemporains pour savoir ce qu’il se passe, en tout cas pour avoir accès à des mondes que je n’ai pas l’occasion de fréquenter.” (30:33). 

Avec La place d’Annie Ernaux, le livre qu’elle présente dans ce dix-huitième épisode du Book Club, elle nous parle d’héritage: de monde qui a été et qui n’est plus vraiment, de traditions, d’éloignement et de déceptions jamais cicatrisées. Malgré l’importance que ce livre a dans sa vie, ça n’a pas été l’amour au premier regard. C’est au lycée qu’elle le découvre: ”Je suis complètement passé à côté de ce livre au début, je l’ai lu scolairement, car c'est quand même pas un livre très aimable.”(10:35)

Ce livre, qu’elle a relu par la suite, est alors devenu fondamental pour elle: “c’est un livre tellement important pour moi qu’il faut que les mots soient justes, je ne voudrais pas la trahir, Annie Ernaux”(11:42).

Cette autobiographie incarne le concept de transfuge de classe: le fait pour une personne de changer de milieu social au cours de sa vie. L’autrice Annie Ernaux y parle de son père. C’est “l’histoire de la vie de cet homme, d’un milieu populaire”(12:43) et de l’autrice/narratrice qui ”va prendre ses distances [avec ce milieu], mais c’est une souffrance” (12:56) résume Rebecca Manzoni.

Si la journaliste a choisi de nous parler de La Place, c’est qu’elle se sent très proche du vécu d’Annie Ernaux et de ce qu’elle décrit, que ce soit dans les relations entre les membres de sa famille ou du sentiment de trahison que ressent son père face au statut de transfuge de sa fille. C’est un livre qui l’a marquée car; “c’est quelque chose qui me touche énormément” (18:20), “mon père venait vraiment d’un milieu social tel qu’elle elle le décrit, avec l’immigration italienne en plus”, (21:53) et même si mon père est venu très régulièrement chez moi, je pense qu’il y avait cette idée de “tu ne me comprends plus, tu t’es trop éloignée”. (23:21)

Cet épisode a été mené et présenté par Agathe le Taillandier. Le montage, l’édition et la coordination ont été réalisés par Maud Benakcha. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix. La musique est de Pauline Thomson.

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Marina Rollman : "La littérature te réconcilie avec l’idée que la tristesse c’est chouette aussi"

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

On se sépare des gens comme on se sépare des livres: dans la douleur et la nostalgie. On tourne cette dernière page en essayant de faire durer le plaisir, en profitant de la délicatesse de chaque mot, de la force de la syntaxe et de la complexité des personnages. A la différence près que les relations ne peuvent pas toujours être reconstruites, alors que nous pouvons relire sans fin les livres. Mais: “C'est ça qui est beau, de se dire "ça ne dure pas" donc kiffez ces plaisirs terrestres”.(12’55)

L'humoriste Marina Rollman, que l’on entend au micro de Maud Ventura, nous dévoile son livre - Un bonheur parfait  de James Salter. Ce roman, elle l’a ouvert pour la première fois à 20 ou 21 ans: “dans le bus.” (10’22) et, depuis il ne l’a pas quittée. Ce livre trace l’histoire d’un couple d’américains que l’on suit tout au long de leur vie, soit pendant une quarantaine d’années. Du point de vue de Marina Rollman, c’est un livre sur la beauté du quotidien, ce genre de livres qui “font apprécier la vie” (10’43) et ces auteurs ou ces artistes qui permettent de “mieux voir"  (10’53) 

"Ca ne rend pas le monde beau, ça aiguise mon oeil" (11’20)

Marina Rollman qui “essaie d’être quelqu’un de culturé mais [qui] n’y arrive pas toujours” (1’48) nous accueille dans sa bibliothèque rangée par langues “Je lis beaucoup en anglais, un peu trop je pense, mon vocabulaire français s’est appauvri en fait”  (2’26). La raison de ce rangement est simple: "Parfois la littérature francophone m'impressionne, je ne sais pas par où entrer” (2’45)

A la fin de cette rencontre, ce qui nous reste, c’est notamment cette phrase de Marina Rollman: “Je trouve ça toujours très beau les gens qui arrivent à concilier un intellect fou avec quelqu’un avec qui tu as envie de passer une soirée” (2’17) C’est exactement ce que l’on s’est dit en la découvrant un peu plus, elle, dans sa bibliothèque et à travers ses lectures de femme “woke, social warrior [et] féminazie” (6’36): la sensation d’avoir passé un temps précieux avec une femme avertie, forte et engagée.

Vous pouvez également la retrouver sur scène dans son one-woman show Un spectacle drôle au théâtre de L’Oeuvre et dans ses chroniques sur France Inter.

Cet épisode a été mené par Maud Ventura. Le montage a été réalisé par Amel Almia. Maud Benakcha a été en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix. Cet épisode est présenté par Agathe Le Taillandier. 

Le Book Club est un podcast de Louie Media que vous pouvez retrouver sur notre site louiemedia.com et sur toutes les plateformes d'écoute: Apple podcast, Soundcloud, Spotify

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Louison : "Il ne fallait pas subir cette lecture, il fallait qu'elle soit un médicament"

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

Chez vous, où sont rangés vos livres? Sous un lit, un peu cachés? Dans le salon, à la vue de tou.te.s? A la cave parce que vous n’avez de la place nulle part ailleurs? Jusqu’à maintenant, dans le Book Club, nous nous sommes bien rendu compte que les choix de rangement des lectrices n’étaient pas uniquement décoratifs, qu’il y avait toujours une histoire sur les lieux et les dispositions. Avec l’autrice et illustratrice Louison, l’histoire est entière. Elle a quelques temps placé ses livres dans un autre lieu, sur le même palier que son appartement. Mais comme pour elle, c’est: “extrêmement déprimant de vivre sans ses livres”(02:19), elle a décidé de tout rapatrier dans un cocon plus intime: “J’avais besoin de cette espèce de présence dans ma chambre parce qu’il y avait, effectivement une absence qui est toujours très dure.” (02:58) Cette absence, c’est celle de son compagnon qu’elle a perdu brutalement en juillet 2018. 

Pendant cette période de deuil, il y a eu une des étapes de reconstruction avec laquelle a coïncidé la lecture de La Douleur de Marguerite Duras. C’est de ce livre qu’elle nous parle dans cet épisode. Au moment de l’acheter, elle était convaincue qu’il aurait une place importante dans son processus de résilience. “J’ai attendu avant de le lire, il ne fallait pas subir cette lecture, il fallait qu’elle soit un médicament, une infirmière presque” (12:43).

La Douleur, c’est “l’horreur de l’attente et l’horreur du retour” (16:21). En pleine Seconde Guerre mondiale, Marguerite Duras attend son mari, déporté politique. Quand il revient enfin, il n’est plus, physiquement et psychologiquement. En parallèle de mettre des mots sur le deuil qu’a subi Louison, il narre également l’histoire de sa famille. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la famille de sa grand mère de confession juive et résistante est déportée. Ce livre s’est imposé à Louison. Il a eu un effet thérapeutique et l’a accompagnée dans son processus de deuil ainsi que dans l’écriture de son premier roman Le Chemin des amoureux. Ce livre lui a ouvert le champ des possibles et  lui a permis “d’assumer de ne plus avoir besoin des dessins pour raconter une histoire” (17:50). 

Cet entretien a été mené par Maud Ventura. Le montage a été réalisé par Amel Almia. Maud Benakcha a été en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef. Cet épisode est présenté par Agathe Le Taillandier. 

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Le Book Club #15

Le mardi 3 mars nous aurons deux invitées spéciales pour le Book Club! Nous recevons l’illustratrice et autrice Louison ainsi que Delphine Clot, productrice de cinéma et d'audiovisuel et conseillère littéraire sur les adaptations des livres à l'image. Nous parlerons donc cinéma, de l’adaptation des livres au grand écran notamment grâce à La Douleur de Marguerite Duras. Rendez-vous le 3 mars chez nous, dans les locaux de Louie Media au 15 passage Sainte-Anne Popincourt dans le 11e arrondissement de Paris.

Pour chaque place du club de lecture achetée, un exemplaire de La Douleur est offert par la maison d’éditions Folio. Prenez vite vos places. Nous limitons le nombre d’inscrit.e.s afin que la qualité des échanges soit la meilleure possible.

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Constance Debré : “Il ne faut pas se laisser bouffer par des colonnes de livres”

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

«Si la littérature n’est pas là pour parler de la solitude fondamentale de nos vies, je ne vois pas très bien à quoi elle sert.» (9’17) Dans cet épisode du Book Club, la journaliste Agathe de Taillandier se rend chez Constance Debré, dans son studio parisien. Un lit, des tréteaux, un bureau pour écrire… Constance Debré vit de manière spartiate depuis qu’elle a abandonné son métier d’avocat pour devenir romancière. «C’était très bien que ce changement de rapport au monde, ce glissement, se matérialise par une table rase au premier degré.» (3’26)

Peu de livres, donc, dans son appartement. Constance Debré a vendu la grande majorité de sa bibliothèque après avoir changé de métier. «Les livres, ce sont des signes qui nous ont traversé le cortex à un moment, qui nous ont façonné plus ou moins, mais ce n’est pas pour autant qu’on est obligé de les garder. Ce ne sont rien que des signes.» (4’05) Certains ouvrages lui manquent, mais il ne faut selon elle pas «se laisser bouffer» par ses possessions (5’29) : «les livres, on les trimballe vachement en soi quand même.» (6’09)

L’autrice de Love me tender a choisi de parler de Képas (un terme faisant référence aux paquets contenant de l’héroïne), un roman de Denis Belloc Elle raconte avoir été bouleversée par ce roman d’inspiration autobiographique : «C’est un livre somptueux, si on n’a pas peur des choses un peu dures, mais la littérature est aussi là pour dire la beauté de la violence des vies.» (7’41)

Belloc raconte dans ce récit son addiction à l’héroïne, très rapide et violente, dans le Paris des années 80. «Il plonge complètement, c’est ça qui est aussi très beau.» (7’16) Une histoire qui résonne avec la trajectoire personnelle de Constance Debré, dont les parents consommaient de l’opium et de l’héroïne. «C’est à la fois douloureux, et en même temps c’est quelque chose que je comprenais. J’ai toujours compris les toxicomanes, même si je ne le suis pas moi-même. J’ai parfois l’impression que je ne m’entends qu’avec les gens qui ont ce tempérament» (10’15)

Képas n’est pas qu’un roman sur la came. Belloc y évoque également de manière crue ses expériences sexuelles, ce qui a particulièrement touché Constance Debré. «Il y a des milliards de choses qui peuvent se passer entre deux êtres qui pendant un moment, des mois ou une nuit vont se toucher. Mais ce n’est jamais quelque chose qui n’a pas de sens. C’est quelque chose de tellement obscur, de mystérieux, fait de solitude, de tendresse, de désespoir et de douceur, de fuite et d’arrêt de la fuite.» (19’10)

Pour Constance Debré, Képas est un roman unique, certes «trash» (7’15), mais magnifique. Un roman dont la lecture l’a transformée, et qui continue désormais de vivre en elle. «Ce n’est pas pour lire de jolies histoires qui me distraient que je lis, c’est pour entendre ça.» (9’26)

Cet entretien a été mené par Agathe Le Taillandier. Le montage a été réalisé par Hortense Chauvin et Maud Benakcha, qui était également en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix et Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.


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Le Book Club #14

Le prochain club de lecture aura lieu le mardi 18 février 2020 dans nos locaux, au 15 passage Sainte-Anne Popincourt dans le XIe arrondissement de Paris. Nous organisons une soirée spéciale écriture en compagnie de Constance Debré !

Pour avoir les conversations les plus passionnantes possibles, nous limitons le nombre de places: alors n’hésitez pas à vite vous inscrire !

Maïa Mazaurette : “C’est une drama queen Marguerite Duras”

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

Chez Louie Media, dans chacun de nos podcasts, nous essayons de faire ressentir le monde avec des histoires fortes, remplies d’émotions et d’intimité. Dans le Book Club, cette intimité, nous la retrouvons dans la bibliothèque des femmes qui nous inspirent et que nous rencontrons. A chaque épisode  nous nous arrêterons sur un livre un peu spécial. Un roman, un essai ou toute oeuvre littéraire qui raconte un moment charnière de la vie de cette femme.

La lectrice que l’on découvre dans cet épisode est la journaliste et autrice Maïa Mazaurette. Elle a habité à Berlin, Copenhague ou New York. Et pendant ses expatriations, elle a perdu beaucoup de ses livres... Si pour certain.e.s passionné.e.s de lecture cette situation est un cauchemar, elle, s’en accommode très bien: “J’aime bien perdre des livres parce que j’ai l’impression qu’une bibliothèque, c’est aussi quelque chose qui nous rattache au passé” (01’20). Elle a donc troqué ses bouquins papier contre une tablette numérique. “J’ai aussi un intérêt personnel à ne pas avoir une bibliothèque sous mes yeux et en voir une justement qui disparaît au fur et à mesure” (01’55). 

Au micro de Gladys Marivat, Maïa Mazaurette nous présente L’amant de Marguerite Duras aux éditions de Minuit, un livre qui fait écho à son adolescence. Au moment où elle se retrouve avec ce récit entre les mains, elle a 15 ans, elle est en vacances en famille dans le sud de la France et s’identifie à l’héroïne du roman. “C’était une jeune fille de 15 ans qui était celle que je rêvais d’être : belle, libre...” (15’). Ce qui est fort pour cette adolescente, future journaliste, c’est que ce livre n’est pas qu’une histoire d’amour ou de sexe mais aussi celle d’une émancipation. Malheureusement, à ce même moment, elle se heurte à l’image de Jane March qui adapte le rôle de l’héroïne au cinéma : “J’ai cette actrice sublime en tête et je me dis que pour avoir cette vie là, pour avoir cette absolue indépendance et liberté, il faut être une très belle femme” (16’30). 

Dans L’amant, Marguerite Duras affiche sa hantise du temps qui passe: “Marguerite Duras dit [...] à 18 ans, elle vieillit. Et puis, elle dit qu’elle garde le même visage jusqu’à ses 80 ans, celui d’une femme qui a le visage détruit à 18 ans” (17’20). Cette phrase a profondément influencé le rapport à la beauté de Maïa Mazaurette mais surtout son regard sur les effets de l’âge sur le corps d’une femme. “A 35 ans, je me disais mais qu’est ce qui va me tomber dessus à 40 ans ? [...] Parce que j’ai l’impression que c’est le dernier moment de ma vie où je vais pouvoir faire l’amour avec l’amant chinois” (18’12). Une peur dont elle s’est aujourd’hui librement défaite. 

C’est ce même livre qui, une fois adulte, poussera Maïa Mazaurette à aller sur les traces de l’enfance de Marguerite Duras, pour finir la rédaction de son livre Sortir du trou, lever la tête aux éditions Anne Carrière. L’amant de Marguerite Duras n’aura cessé d’accompagner la journaliste et autrice, de son adolescence à aujourd’hui. 

Cet entretien a été mené par Gladys Marivat. Maud Benakcha a fait le montage. Elle était également en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix, Maureen Wilson y était responsable éditoriale et Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.

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Le Book Club #13

Le prochain club de lecture aura lieu le mardi 4 février 2020 dans nos locaux, au 15 passage Sainte-Anne Popincourt dans le XIe arrondissement de Paris. Nous y parlerons de L’Amant de Marguerite Duras.

Les places sont limitées pour que nous puissions avoir les conversations les plus riches et les plus intimes possibles. Alors prenez dès à présent votre place !


Titiou Lecoq : “À 13 ans j’ai eu les lunettes féministes avec Simone de Beauvoir”

JULIETTE LÉVEILLÉ

JULIETTE LÉVEILLÉ

Pour Titiou Lecoq, lire des classiques de la littérature, c’est comme regarder des séries: “Il y a des retournements de situation, des vrais plot twists [NDLR : des rebondissements]. Tout ce que les scénaristes américains peuvent utiliser dans les séries, tu l’as dans Balzac” (21’16). Habituellement, les grands classiques de la littérature sont découverts par les lecteur.ice.s à l’adolescence, dans des cours de français qui - avouons le - ne les passionnent pas toujours! Or, l’écrivaine nous donne une toute autre lecture de ces pavés: “Il n’y a pas de questions de difficulté. C’est vraiment comment nous, adultes, on amène les enfants à ces lectures” (24’50). 

Titiou Lecoq ne fait pas partie des élèves qui auraient pu être dégoûté.e.s par ces classiques littéraires. Ce sont d’ailleurs ces ouvrages qui l’ont aidée à construire sa vision de la littérature. Au micro de Maud Ventura, elle présente : Mémoire d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir aux éditions Folio, Le Père Goriot d’Honoré de Balzac aux éditions Flammarion et La fonction du balai de David Foster Wallace aux éditions Au diable vauvert. “Tu as l’autrice Simone de Beauvoir qui m’ouvre la porte sur les choses, Balzac est sur une fonction de la littérature [...], et après tu as Wallace qui arrive dans ma vie et qui me dit : “T’es sûre que la littérature sert à ça ? T’as réfléchi ? C’est quoi un mot ?” (38’18). 

La bibliothèque de l’autrice féministe est très organisée : tous les livres sont rangés dans l’ordre alphabétique à l’exception de deux auteurs qui lui sont chers. “Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont droit à leur étagère à part. [...] J’ai une relation très proche et très particulière avec eux. Je me suis tellement servie de leurs bouquins, je les ai tellement lus que j’ai besoin de les avoir dans un espace à part” (01’48). Sa relation avec ces auteurs est si intime, qu’elle leur parle à travers leurs livres. “Comme si je parlais à Simone, j’ai écrit en haut de la page [...]. Comme si je lui répondais” (09’45).

Titiou Lecoq se remet en question, que ce soit en tant que lectrice ou en tant qu’écrivaine. “Si je lis pour le plaisir, je vais culpabiliser. Il faut que je rentabilise les choses que je lis ou que je fais. C’est assez obsessionnel” (04’25). Par conséquent, la militante féministe ne s’est pas toujours sentie légitime à être une femme de lettres. “Je n’avais pas fait de thèse, ni de doctorat sur Honoré de Balzac. Je ne suis pas universitaire. Je me suis dit que je ne pouvais pas écrire de livre sur lui” (06’26). Quelques mois après la publication de son livre Honoré et moi aux éditions L’Iconoclaste, Titiou Lecoq a maintenant réglé cette question de légitimité. “J’arrive à écrire pour le plaisir d’écrire sans me gâcher les choses avec des prises de tête, ce qui est un miracle” (07’00). Une déconstruction qui lui a pris des années à matérialiser mais qui lui permet aujourd’hui d’écrire et de lire sans trop de limites.

Cet entretien a été mené par Maud Ventura. Amel Almia a fait le montage. Maud Benakcha était en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix, Maureen Wilson était responsable éditoriale et Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com


Le Book Club #12

C’est le retour des rencontres du Book Club ! Pour cette rentrée 2020, nous vous donnons rendez-vous le mardi 21 janvier à partir de 19h30 dans les locaux de la maison d’éditions L’Iconoclaste en présence de l’autrice Titiou Lecoq !

Nous parlerons des Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. Sachez que pour chaque inscription, vous recevez gratuitement un exemplaire Folio de l’oeuvre, que vous pouvez venir chercher dès maintenant, dans nos locaux, chez Louie Media.

Rendez-vous, le 21 janvier prochain à L’Iconoclaste au 26 rue Jacob dans le sixième arrondissement de Paris. Inscrivez-vous vite, les places sont limitées !