L'Amour et les forêts

“J’ai vu une amie perdre sa joie, se remettre en question sans arrêt, me raconter à demi-mots des situations où elle était dégradée – et puis ne plus le faire, parce que chaque fois, je m’alarmais, m’emportais contre son copain, lui disais de s’en aller.

Je me demandais sans arrêt : comment faire pour qu’elle sorte de cette situation ? Quelle aide lui apporter ? Quels mots employer ?

Aujourd’hui, elle n’est plus avec cette personne qui l’a abîmée. Mais elle n’est pas tout à fait délivrée.

🎧 Cet épisode d’Émotions a été pensé comme une ressource pour toutes les personnes qui se demandent si elles sont le problème.

Et pour toutes celles et ceux qui veulent leur prouver que non.”

Lire la newsletter


Illustration par Jean Mallard

Souffler maintenant

L’autre soir, j’étais sur Bluesky (vous savez l’équivalent de X), j’essayais de faire face à toutes les informations qui me parvenaient. Je me suis demandée dans l’obscurité de ma chambre si une petite “fatigue informationnelle” n’était pas en train de poindre le bout de son nez. Concrètement, c'est quand vous saturez d’informations que vous trouvez anxiogènes et qui vous débordent. En 2024, 54% des Français déclarent en souffrir, tous âges et classes sociales confondues.

Je suis journaliste de formation, je n’ai pas envie d’arrêter de lire l’actualité, je ne peux pas, je ne veux pas.

Et cela me ramène à ce que la journaliste Maud de Carpentier fait entendre dans Qui croit encore pouvoir changer le monde ? Face à tout ce qu’il se passe dans ce monde, Maud interviewe celles et ceux qui prennent un temps pour l’action sociale, militante, joyeusement souvent. Et elle est aussi joyeuse à écouter car Maud est comme nous toutes et tous, parfois elle n’a pas le temps, ne prend pas le temps, mais en l’écoutant on a envie de le prendre.

Alors, si vous aussi, vous avez envie de souffler maintenant, découvrez nos épisodes qui mettent des mots là où il y a souvent du silence, avec notre playlist de la lutte :

🫂 Comment préparer les enfants au racisme ? : Entre nécessité d’avertir et volonté de protéger. À écouter dans Faites des gosses.

🤬 Que faire de sa colère ? : Comment gérer cette énergie explosive avant qu’elle ne devienne destructrice pour nous et pour les autres ? À écouter dans Émotions.

🥖 Le pain de Yaya : La lutte d’une boulangère pour la régularisation de son apprenti. À écouter dans Passages.

L’envie d’avoir envie : Comment franchir le pas et s’engager pour un changement durable ? À écouter dans Qui croit encore pouvoir changer le monde ?

💼 Moi, désobéir ? : Pour comprendre ce qu’il se passe quand un individu fait face à un ordre dont il questionne la légitimité. Une mini-série en 3 épisodes à écouter dans Émotions au travail.

Lire la newsletter


Illustration par Hélène Blanc

Allumeuse et autres mythes

Quand j’avais 16 ans, j’étais persuadée que prendre la pilule du lendemain avait de fortes chances de me rendre stérile. Mais je l’avalais quand même, le boule au ventre, en croisant très fort les doigts avec mes copines pour que ce ne soit pas irréversible.

Je n’ai appris que très récemment que ce qui m’a fait culpabiliser pendant des années n’était qu’une légende urbaine.

J’ai aussi appris qu’avorter ne rend pas stérile.

illustration par Pénélope Bagieu / Louie Media

J’ai 31 ans, et aujourd’hui, mon bonheur est immense de savoir que des réponses existent pour les jeunes femmes, qui n’auront pas à entrer dans l’âge adulte dans la même ignorance que moi à l’époque. Que ces réponses sont accessibles dans des podcasts comme Faut que je te dise que Louie a sorti ce mois-ci.

On n’aurait pas cru, il y a quelques mois encore, que ce serait si subversif. Mais à l’heure où Donald Trump menace de geler les financements de la recherche si elle mentionne des mots comme “Femmes”, “injustices”, “LGBT” ou encore “égalité”, c’est bien le cas. Mais tant que nous continuerons à poser des questions, à chercher des réponses et à refuser le silence, nous serons moins seules. Et peut-être que Faut que je te dise pourra vous apporter quelques pistes.


Carla Bertone, responsable de la communication

Lire la newsletter

Un podcast culotté

ça y est, Faut que je te dise est enfin disponible sur toutes les plateformes de podcasts depuis ce matin ! Mais ce n’est pas tout : pour la première fois, nous avons aussi franchi le cap de la vidéo. Vous pouvez désormais retrouver Faut que je te dise sur YouTube pour écouter les trois premiers épisodes sous forme d’animations, illustrées par Pénélope Bagieu.

Illustration par Pénélope Bagieu / Louie Media

Marine Revol a d’ailleurs pris le temps de répondre à quelques questions pour nous. Elle nous parle de son rapport à ces sujets lorsqu’elle était adolescente, de ce qui lui a manqué, et de ce qu’elle a appris en travaillant sur ce podcast.

Quelles sont les infos qui vous ont manquées, petite ? Qu'est-ce que vous auriez aimé savoir plus tôt ?

Qu’est-ce qui vous a frappée dans la manière dont les jeunes femmes s’informent aujourd’hui ?

Lire la newsletter

La vie devant soi

En mars, Louie Media et le magazine Elle sortent un nouveau podcast : Faut que je te dise. Il a été imaginé pour les filles du monde entier, pour qu’elles puissent écouter entre elles, ou seules, sans rien dire à personne, avec toute la confidentialité qu’un podcast permet, les réponses fiables à leurs vraies questions. Marine Revol (que vous connaissez comme host de Faites des gosses) a fouillé toutes les réponses pour elles, et sa voix a été clonée dans neuf autres langues grâce à l’IA, pour permettre de toucher toutes les jeunes femmes d’Italie, du Brésil ou de Pologne.

Que faire lorsque l’on se demande si la forme de son sexe est normale ? L'avortement peut-il rendre stérile ? Comment savoir si l’on est amoureux ? Ou encore, que faire lorsqu’on doute du consentement dans une relation ?

Illustration par Pénélope Bagieu / Louie Media

Ce podcast sort le 4 mars, et nous comptons sur vous pour le relayer, le faire connaître.

Lire la newsletter


Amour toujours

“ C’est quoi ce bordel avec l’amour là ? Comment ça se fait qu’on devient dingue à ce point ? T’imagines le temps qu’on passe à se prendre la tête là-dessus ?”

Si, comme Xavier, et alors que vous venez de passer, seul ou accompagné.e, la Saint-Valentin, vous vous posez mille questions, vous pouvez décider d’aller voir le dernier volet de Bridget Jones au cinéma ou bien (plus judicieux) écouter notre sélection d’épisodes qui explorent toutes ses nuances et ses formes, de l’amour familial à l’amour de soi.

💌 Les interdites de Lyon : Quand une relation prof-élève dépasse les cadres établis. À écouter dans Passages.

Illustration par Léa Taillefert

💔 Comment se sépare-t-on ? : Quand un amour à distance échoue à surmonter la vie à deux. À écouter dans La Maladie d’amour.

🌟 La confiance en soi, comment peut-on apprendre à la ressentir : Pour comprendre comment ça se passe dans la tête de celles et ceux qui entrent dans une pièce et captent l’attention immédiatement. À écouter dans Émotions.

🫂 God save nos mères : Quand l’amour maternel devient un refuge essentiel après la naissance. À écouter dans Faites des gosses.

Lire la newsletter

Coup de foudre à Berlin

Imaginez : vous avez 17 ans, c’est votre voyage de classe à Berlin, et sans prévenir, le coup de foudre. Un·e élève d’une autre école, un regard échangé, une évidence. Mais la vie suit son cours, vous habitez loin l’un·e de l’autre et finissez par perdre contact.

⏳ Neuf ans passent. Vous avez chacun construit votre vie, trouvé quelqu’un d’autre. Puis un jour, la vie vous remet face à face. Et là, c’est comme si rien n’avait changé.

🎥 Ce n’est pas une scène de film, mais l’histoire vraie de Tristan et Clémence.

🎧 Pour la découvrir, écoutez le dernier épisode de Passages : “Coup de foudre à Berlin” sur votre application de podcast.

Lire la newsletter

Sommes nous tous paranos ?

Ça y est ! Vous venez enfin de rencontrer le copain de votre ami d'enfance après des mois d'attente. Le déjeuner se passe bien : vous pleurez de rire quand ils vous racontent leur rencontre, les frites sont à la fois fondantes et croustillantes, et un rayon de soleil traverse même la vitre pour vous réchauffer le bras au moment du café.

Illustration par Jean Mallard

Pourtant, en tournant le dos à ce joyeux couple pour rentrer chez vous, une vague de froid vous traverse de haut en bas : le copain de votre ami vous trouve nul, c'est sûr et certain. Vous lui avez mal expliqué en quoi consistait votre travail et puis cette blague sur la sixième extinction de masse n’était vraiment pas ouf. En plus à un moment, vous avez parlé pendant, quoi, 10 minutes d'affilées sans leur laisser le temps de caser un mot ? La honte. Bon, la prochaine fois qu'ils proposent un verre, si ça arrive un jour, vous direz que votre sœur a un match de basket très important et que vous devez l'encourager.

Mais… Si vous faisiez l’hypothèse inverse ? Et si en fait, il avait admiré votre répartie et la tendresse avec laquelle vous parlez de votre grand-mère ?

C’est ce qu’ont étudié Erika Boothby, Gus Cooney et leur équipe de chercheurs : “nous avons tendance à sous-évaluer l'affection et l'intérêt que les autres ont pour nous lors de nos premières interactions ensemble”.

Ça s'appelle le liking gap ou écart d’appréciation en français.

Pourquoi sommes-nous aussi pessimistes sur la manière dont les autres nous perçoivent ? Et comment faire taire la voix envahissante et pas très sympa qui parle en nous ? On vous explique tout dans ce nouvel épisode d'Émotions.

Lire la newsletter

Une quête de paillettes

Depuis la promulgation de la loi de bioéthique qui a ouvert la PMA à des couples de femmes et à des femmes seules, la demande de dons de spermatozoïdes connaît une forte hausse. Selon l'agence de la biomédecine, pour répondre à la demande, il faudrait que le nombre de donneurs double. 

La loi de bioéthique a, dans le même temps, entériné le principe de la levée de l'anonymat des donneurs à la majorité des enfants qui sont nés de ce don, si ceux-ci en font la demande. 

Qu'est-ce que cela implique, pour un donneur, de voir son identité révélée et partagée à de jeunes adultes qui sont en quête de leurs origines ? 

Illustration par johann Licard

Dans le dernier épisode de Passages, vous entendrez, au micro d'Élodie Font, l'histoire de Pierre, et de sa réaction quand Sarah a essayé de rentrer en contact avec lui. 

Tout sur nos mères

⚛️ “Je ne connais absolument rien en physique quantique, mais je sais ceci (je l’ai appris dans un podcast) : il est possible pour deux atomes distants de plusieurs kilomètres, ou de plusieurs milliers de kilomètres, d’être liés de telle sorte que transformer l’un transformera l’autre. C’est ce que l’on appelle l’intrication quantique. Dans l’intrication quantique, si vous modifiez l’état d’une particule, l’autre particule liée réagira instantanément.

Je pensais à ces atomes, il y a quelque temps. J’ai fait une dépression, j’allais très mal, et pour des raisons qui me semblaient alors un peu mystérieuses, cela transformait mon lien à ma mère. Ma dépression n’avait objectivement rien à voir avec elle, c'était lié à un événement très précis de ma vie qui lui était tout à fait étranger ; mais cela déclenchait en moi une colère terrible vis-à-vis d’elle, que je n’arrivais pas à contenir.

J’étais en colère et je pensais à ces petits atomes, et je comprenais peu à peu que si le monde me transforme (le monde, la tristesse, la colère) bien sûr, cela a à voir avec elle. Tout ce que je suis à toujours avoir avec elle, résonne toujours dans le palais intérieur de mon enfance dont elle est le centre, la reine.

Il me semble que les relations parents enfants, peut-être seulement les relations mères filles, peut-être toutes les relations entre les gens qui s’aiment, sont une forme de réplique d’intrication quantique.

👩‍👧J’étais adulte - j’avais fait le documentaire sur elle que vous savez peut-être - nous étions extrêmement proches, persuadées que les distances provoquées par les crises adolescentes seraient pour toujours derrière nous. Et l’on découvrait cela : un lien mère-fille ne met jamais rien derrière. Chaque mouvement du réel fait toujours vibrer la corde invisible de son cœur à mon cœur. Ce lien n’est jamais figé, jamais fini, toujours à découvrir.

Emilie Hussenot & Eric de Crecy

C’est ce qu’explore Nadia Daam chaque semaine, dans le podcast Entre elles. L’autrice de La Gosse, celle qui dit que son enfant est son « lait sur le feu », y interviewe à chaque épisode une mère et sa fille, et ensemble, elles décortiquent ce qui les lie, ce qu’elles traversent. Et vous comprendrez alors, un peu, de la physique quantique.”

Charlotte Pudlowski, co-fondatrice et présidente de Louie

Lire la newsletter

Bonnes résolutions : pour l’amour des seuils

J’ai cette fâcheuse habitude de penser, quand il ne reste que quelques minutes - dans le métro, entre deux rendez-vous, avant que le cours de Pilates ne commence, avant qu’un ami n’arrive à la maison - que rien n’est plus possible. Que je n’aurai jamais le temps de faire quelque chose de nouveau (lire un chapitre du livre qui est dans mon sac, le lancement d’une machine à laver…) Alors généralement, je continue ce que j’étais en train de faire : mes mails, travailler - scroller sur Instagram. Je ne commence pas autre chose. 

🕰️ Je sais, en réalité désormais que j’ai peur des seuils : de passer d’un instant à un autre, d’une activité à une autre. Que ces petits instants sont des arrachements. C’est une peur minuscule, qui se niche dans mon oubli de clefs, de téléphones, de mon portable, du livre en cours, du chargeur si jamais… Je reviens en arrière, je remonte l’escalier, je repasse chez moi. C’est une peur dans laquelle se dissolvent des minutes entières qui pourraient être consacrées à des lectures, des podcasts et des films. Je me fais croire que le temps ne suffira jamais.

Je m’en suis rendu compte en discutant avec mon meilleur ami, lors d’une de ces conversations qui voguent de noyau en noyau, dans lesquelles on brasse et l’enfance, et le dernier achat de fleurs, un rendez-vous manqué, la honte d’un retard inacceptable et le récit d’une séance de psy. 

🫶 Et autant que d’avoir compris ma peur des seuils, je me dis “quelle chance d’avoir quelqu’un par qui la comprendre”. Quelle chance, ces conversations ininterrompues où l’on se dit assez de choses pour ne pas passer à côté des gens, se voir vraiment.

Pour cette nouvelle année, en plus des lectures, des podcasts et des films, en plus du sport et du rangement, je vous souhaite ça : ne plus craindre les petits arrachements, et une foule de gens pour comprendre ces peurs, et les traverser. 

Lire la newsletter

Le conseil podcast d’Adeline Rapon: Flash Forward

credit : Adeline Rapon

credit : Adeline Rapon

Adeline Rapon est influenceuse et joaillière. Elle a été l’une des toutes premières blogueuses mode en France.

“En ce moment je suis fascinée par Flash Forward dont le principe est de répondre à des “et si?”. Et si un tatouage pouvait indiquer ce qui se passe dans notre corps ? Et si on récupérait l’esprit, les souvenirs d’une personne dans un ordinateur? Toutes ces questions, et également les conséquences d’une telle technologie, sont explorées à la fois par des scientifiques et des personnes qui cherchent réellement à les expérimenter. C’est un peu comme la série Black Mirror, mais sans le drama.”

Si elle devait n’en retenir qu’un ce serait: The day the internet broke. ”Il est fascinant! Il parle de la fin d’internet.”

  • Flash Forward est produit et présenté par Rose Eveleth, à écouter sur Apple Podcasts et sur toutes les applications de podcast.

Comment trouver sa voix

INJUSTICES+LOGO.jpg

Chez Louie, on aime beaucoup écouter The Heart, le podcast de Kaitlin Prest. Ici, pas de routine. Dans ce podcast narratif où le ou la protagoniste raconte une histoire très personnelle sous la forme d'une enquête, l'irrégularité c'est la règle. On ne sait jamais sur quoi va porter l'histoire qui nous sera contée. Pourtant, on peut vous assurer qu'une fois que vous aurez écouté quelques épisodes, vous saurez reconnaître The Heart entre mille. Il y a quelque chose dans la voix, comme une empreinte, chez tous les protagonistes de ce podcast, qui nous plonge dans un univers particulier.

Car la voix est le mode de communication le plus empathique et authentique. Elle est un ingrédient fondamental des podcasts. Nous en parlions dans un article, alors que la saison 1 de Entre venait d’être lancée et que l’on était subjugué.e.s par la voix de Justine. Depuis, nous avons sorti Plan Culinaire, Émotions et Injustices qui sont tous les trois des podcasts de narration. Et, à chaque enregistrement, on se demande comment rendre notre voix la plus agréable possible à écouter pour porter, accompagner cette narration.

Quand on enregistre un podcast, on le fait en studio. On se retrouve debout face à un micro, derrière une vitre. C’est une scène qu’Adélie Pojzman-Pontay raconte très bien dans l’épisode 1 d’Émotions. On a un casque sur la tête, on entend notre voix et on ne la reconnaît pas. Parce que la voix qu’on entend à l’intérieur de nous est plus grave que celle que l’on projette à cause de toutes les vibrations que l’air provoque sur nos os lorsqu’on parle. De l’autre côté de la vitre, se trouvent l’ingénieur son et les autres personnes de l’équipe qui ont travaillé avec nous sur la réalisation de l’épisode. L’ingénieur du son a deux gros écrans d’ordinateur devant lui et une table de mixage. Et autant vous dire que, dans ces conditions, c’est difficile d’avoir une manière naturelle de parler. Pourtant, ce que l’on recherche c’est que la voix soit fluide, naturelle, ni trop rapide, ni trop monotone, tout en pensant à l’articulation, à la projection de notre voix, et à la clarté de notre propos.

Pour le podcast Injustices, Clara Garnier-Amouroux commence déjà à préparer sa voix en chemin pour le studio: ”J’écoute les voix des gens que j’aime bien sur mon vélo parce qu’ils ont une intonation qui me plaît, et je répète ce qu’ils disent à voix haute jusqu’à ce que ça sonne bien dans ma voix à moi. Et, au moment de m’enregistrer, je m’étire à chaque fois que je bloque sur un passage.”

Respirer pour mieux parler

Marie Lelong est coach vocale à l’Ecole de Journalisme de Sciences Po, elle aide de futurs journalistes à poser leur voix. Vous l’avez sûrement déjà entendue dans des publicités à la radio et elle a longtemps été comédienne. “Ma voix a changé à partir du moment où j’ai commencé à jouer et à la travailler. Elle est plus puissante et l’écart de ses possibilités a beaucoup grandi. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir plus de liberté d’interprétation, de jeux et d’univers vocal parce que je sais utiliser ma respiration.”

Pour Marie, le nerf de la guerre c’est ça: la respiration! Et, d’après elle, il faut retourner à une respiration naturelle, celle que l’on pratique lorsqu’on dort, celle que l’on pratiquait enfant; la respiration abdominale. C’est à cause du stress quotidien que nous respirons de plus en plus haut et que notre souffle se bloque au niveau de la poitrine. Alors que “la clef de voûte d’une bonne voix qui sort, qui peut varier, qui est libre (...) c’est la respiration abdominale”.
Eh oui, tout se joue au niveau du ventre. Pour y arriver, Marie demande à ses étudiants de parler avec la voix la plus grave possible. Essayez, vous verrez que votre sangle abdominale se contracte automatiquement. Parler en projetant sa voix, c’est presque du sport. “Quand je sors de studio, je sens que mes abdos se sont mobilisés, que mon corps a été présent”, raconte Marie Lelong.

Donner la parole aux critiques

Pour pouvoir être le plus naturel possible, pour pouvoir faire passer des émotions, il faut donc mobiliser son corps. Être debout devant un micro, les jambes et le tronc crispé, ne bouger que sa bouche et se concentrer sur son articulation ne mènera à rien d’autre qu’à réciter son texte à la façon d’Alexa ou celle du GPS de votre voiture. “C’est impossible d’être juste et naturel en n’utilisant absolument pas son corps. (...) Quand je suis en studio, je bouge comme quand je parle à un ami. Je fais beaucoup de gestes en parlant, donc j’essaie vraiment de me mettre dans cette disposition là.” Le fait de bouger permet de penser ce que l’on dit et pour pouvoir faire passer des sentiments, il est extrêmement important d’être porteur soi-même de ces émotions. Alors on bouge les mains, on fait des signes, des mimes même s’il le faut, pour nous permettre de vivre notre texte. Pour qu’on entende un sourire dans une voix, il faut vraiment sourire, d’un vrai sourire!

Pour le podcast Émotions, Adélie Pojzman Pontay fait des exercices avant et pendant chaque enregistrement: ”Je fais des étirements inspirés du yoga pour détendre mon cou, mes épaules, mon buste et surtout mon diaphragme. Je fais aussi quelques vocalises pour échauffer ma voix et les muscles de mon visage.” 

Marie Lelong préconise d’anticiper ce que l’on veut que les gens retiennent. Elle appelle ça le “doggy bag”: “Je me demande comment et avec quelle idée je veux que [l’auditeur] reparte. Est-ce que les gens se diront que c’était hyper drôle? Ou plutôt que ça les a séduit?” Et quand il lui arrive de devoir parler de sujets qui ne la touchent pas forcément, comme elle le fait pour des publicités, elle tente de trouver une connexion avec le thème qu’elle traite. ”Quel que soit le message, il faut qu’il fasse écho chez [moi] à un endroit”.
On ne peut pas changer le timbre de sa voix, mais avec toutes ces astuces, on peut la travailler et la rendre agréable à l’enregistrement. Plus vous l’exercerez, plus vous serez à l’aise. Ce n’est que comme ça que vous pourrez réellement trouver votre identité vocale.

Amel Almia

Le conseil podcast de Angelo Foley: Les Couilles sur la table

Angelo Foley est directeur artistique, thérapeute et conférencier. Il a accompagné de nombreux artistes dans leur développement, de Christine and the Queens à Eddy de Pretto. Il a créé le compte Instagram et le podcast Balancetapeur, qu’il considère comme espace d’expression de nos vulnérabilités.

credit : Angelo Foley

credit : Angelo Foley

« Quand j’ai découvert Les Couilles sur la table, j’étais heureux de voir que ma propre éducation du masculin allait aussi pouvoir se faire à travers un podcast tenu par une femme.

Mon épisode préféré est celui qui s’intitule : La Vraie Nature du mâle.

Il est très riche d’informations et remet en question beaucoup de clichés sur la virilité et la construction du masculin. L’invité, Thierry Hoquet, qui est un philosophe spécialisé dans les sciences naturelles, a une façon très simple et très accessible de nous expliquer en quoi la biologie a tendance à justifier nos grandes croyances sur le conditionnement des hommes dans leur construction. Il nous permet aussi d’avoir plus de discernement sur notre imaginaire collectif en regard de notre définition de la virilité et il apporte l’angle socio-culturel qu’on oublie parfois. J’ai appris à faire la distinction entre ce qui est naturel et ce qui est de l’acquis dans ma propre expérience en tant qu’homme. »

• Les Couilles sur la table est une production Binge Audio présentée par Victoire Tuaillon, à écouter sur iTunes et sur toutes les applications de podcasts. 

Parlez-moi de livres

Chez Louie, on a plusieurs passions, et les bons livres en font partie. Certains livres ont été constitutifs dans la construction de l’identité de Louie et influencent encore profondément qui nous sommes et notre amour des histoires. Il y a en beaucoup, mais dans notre bibliothèque intérieure, il y a évidemment Une chambre à soi de Virginia Woolf, mais aussi Fun Home d’Alison Bechdel ou encore L’Empreinte d’Alexandria Marzano-Lesnevich. Ces livres font partie de Louie.

Pourtant, allier podcast et littérature ne va pas de soi. Il y a de nombreuses manières de parler de livres au micro –la question étant toujours : à qui donne t-on la parole ? Aux écrivain.aines, aux lecteur.rices, aux journalistes, aux chercheur.ses ? Quel format pour parler de littérature ? Comment rendre justice aux livres par l’audio ? Des émissions de radio et des podcasts natifs se sont aventurés avec succès sur le terrain de la littérature avec des formats particulièrement efficaces. Voici quelques suggestions d’émissions et de podcasts littéraires qui nous plaisent et nous inspirent –en attendant la surprise que nous vous préparons pour cet été.

Donner la parole aux auteur.rices

Dans Le Temps des écrivains sur France Culture, Christophe Ono-dit-Biot fait se rencontrer et dialoguer deux écrivain.aines qui partagent –parfois sans le savoir– une même obsession ou un intérêt commun pour une même thématique. L’émission organise leur dialogue et forme des couples d’auteur.rices passionnants et souvent inattendus. Et le résultat est là : le rapprochement entre deux œuvres littéraires permet, en creux, de mieux saisir la spécificité et l’ampleur de chacune. On retient par exemple les très belles émissions avec Frédéric Boyer et Yannick Haenel sur le thème de la fascination, ou encore celle avec Jean-Christophe Rufin et Jean Teulé sur la déraison. 

Donner la parole aux lecteur.rices

Dans le podcast de littérature afroféministe Après la première page, Maly Diallo donne elle aussi la parole à des écrivaines dans de longs entretiens sur leur dernier livre. Mais elle enregistre également des épisodes où des lectrices se retrouvent pour parler ensemble d’un même livre : ça débat, ça se coupe la parole, ça rit beaucoup, ça se prépare du thé et on entend l’eau qui bout –bref, ça prend le temps de créer une vraie discussion. Et toujours, la parole émerge et la littérature est là. On vous en parlait déjà dans notre newsletter sur les podcasts et l’afroféminisme, et on vous le recommande encore –et tout particulièrement l’épisode où Maly, Ornella et Myriam commentent leur lecture de Swing Time de Zadie Smith. 

Donner la parole aux expert.es

Dans l’émission Personnages en personnes, Charles Dantzig donne cette fois la paroles aux universitaires et chercheur.ses en littérature pour aller à la rencontre de grands personnages de roman. L’épisode où Philippe Zard, maître de conférences de littérature comparée à l'Université de Paris-Nanterre, parle du personnage d’Adrien Deume du roman Belle du Seigneur d’Albert Cohen est drôle et émouvant. Parler d’un livre à travers l’un de ses personnages : une petite prouesse qui rappelle avec force que les êtres de fiction nous aident aussi à mieux comprendre ceux qui nous entourent.

Donner la parole aux critiques

Après les auteur.rices, les lecteur.rices et les spécialistes, la parole peut aussi être donnée aux critiques. C’est le cas tous les dimanches soirs dans Le Masque et la Plume sur France Inter : une véritable institution. Dans cette émission, Jérôme Garcin s’entoure de quatre critiques littéraires –Olivia de Lamberterie (Elle), Frédéric Beigbeder (Le Figaro Magazine), Michel Crépu (NRF), Arnaud Viviant (Transfuge) ou encore Nelly Kapriélian (Les Inrockuptibles)– qui commentent avec humour et aplomb les dernières sorties en librairie.

Donner la parole au texte

Harry Potter and The Sacred Text est un ovni sonore venu tout droit des États-Unis : une analyse littéraire (solide) de la saga Harry Potter chapitre par chapitre, livre par livre (ils en sont actuellement au livre 5). Le pari du podcast est de faire de Harry Potter de JK Rowling un « texte sacré », c’est-à-dire de le prendre assez au sérieux pour en interroger en profondeur les intrigues, la langue et les personnages. Dans chaque épisode on trouve : un résumé du chapitre étudié, une problématique articulée autour d’un grand concept (l’engagement, le regret, la honte…), une analyse linéaire, et enfin un pont entre le texte et l’actualité. Bref, une analyse de texte, et un bel hommage rendu au pouvoir de la fiction pour éclairer le monde contemporain.

Si vous êtes séduit.e par l’idée d’échanger entre passionné.e.s de Harry Potter tout en vous replongeant avec plaisir dans le texte, nous accueillons justement Vanessa Zoltan du podcast Harry Potter and The Sacred Text dans les locaux de Louie pour un événement spécial consacré au personnage d’Hermione, le 22 juin prochain.

Donner la parole aux idées

L’importance des livres dans les luttes féministes n’est plus à démontrer. Dans Le Deuxième Texte produit par Slate.fr, Aude Lorriaux, Nassira El Moaddem et Marie Kirschen décortiquent un livre féministe par épisode : à terme, l’ambition est de créer une boîte à outils de concepts féministes à partir de sa très riche littérature. Dans le premier épisode, elles parlent de Ma vie sur la route de Gloria Steinem, préfacé par Christiane Taubira dans sa traduction française, et s’interrogent sur le rapport entre féminisme et le voyage. Puis, la discussion s’ouvre une question plus générale pour se demander qui serait l'équivalente de Gloria Steinem en France ; qui pourrait incarner le féminisme français en 2019 ? Une discussion à plusieurs voix et un concept ambitieux qui rappellent avec force le pouvoir des livres et pourquoi les femmes qui lisent sont plus dangereuses que jamais.

Amel Almia et Maud Benakcha

Les coups de cœur printemps de Louie

Ce mois-ci, nous n'avons pas voulu nous limiter à une seule et unique recommandation de l'équipe de Louie. Nous avons décidé de vous parler de quatre coups de cœur auditifs qui sont entrés dans nos oreilles pour ne plus en ressortir. 

Alexandra Sacks, Motherhood Sessions

Motherhood sessions.png

Avoir un enfant, on ne va pas se mentir, c’est toujours compliqué. Le podcast Motherhood Sessions explore la face cachée de la maternité: Que ressent-on quand on devient mère? Qu’est-ce qu’il se passe émotionnellement? Et puis, comment faire quand on ne sent plus capable?
Chaque épisode est une conversation intime entre une mère et la psychiatre Dr Alexandra Sacks qui écoute, réagit. On bascule entre des aveux de tous les jours et des analyses profondes qui renversent les propos de ces mères qui se livrent entièrement.  

Dans l’épisode 2 par exemple, Anne avoue, dès les premières secondes, qu’elle est devenue mère parce qu’elle a cédé sous la pression mais qu’en réalité, elle n’a jamais vraiment voulu d’enfant. Au fur et à mesure de l’échange, elle réalise pourtant que ça ne fait pas d’elle une mauvaise mère. Dans l’épisode 1, Zoé, la voix tremblante, décrit ses soirées désastreuses. Celles pendant lesquelles elle laisse son garçon de 2 ans jouer à la tablette pendant qu’elle cuisine. Alexandra Sacks lui annonce alors qu’elle est la dixième mère de la semaine à lui raconter exactement cette soirée.

C’est beau d’entendre les voix de ces femmes fortes se confier et ouvrir au monde cette réalité vulnérable, imparfaite, quotidienne. Les filtres de perception sur la manière dont elles vivent leur maternité que la société, leur éducation ou leur personnalité leur imposent sont peu à peu levés et on entend le poids s’alléger, le timbre s’éclaircir et la voix s’apaiser.

• Motherhood Sessionsd'Alexandra Sacksà écouter sur Gimlet Media et sur toutes les plateformes de podcasts. 


Mathilde Guermonprez, C'est papy-mamie

cest_papy-mamie.jpg

Dans ce très court podcast - moins de quatre minutes - Mathilde Guermonprez propose une compilation de messages téléphoniques laissés sur des répondeurs par des grands-parents à leurs petits-enfants. C’est tour à tour, drôle, triste et touchant. Un grand-père qui s’interroge face à un message qui s’affiche tout à coup sur son ordinateur; une grand-mère qui se demande ce que les enfants de sa fille prennent pour le petit-déjeuner; ou simplement des grands-parents qui viennent aux nouvelles. Mais toujours, à l’oreille, des voix âgées qui sentent l’amour. Des voix d’inconnu.e.s qui pourtant, nous font entrer immédiatement dans l’intimité d’une famille - on a l’impression de les connaître. On a l’impression que ce sont les nôtres. On touche du doigt l’universel.

Mathilde Guermonprez n’en est pas à son coup d’essai: retrouvez aussi les compilations des messages téléphoniques laissés par des mamans et des papas, dans les podcasts “c’est maman”, et “c’est papa”. Tout aussi efficace et poétique.

• C’est papy-mamie de Mathilde Guermonprez, produit par Arte Radio, à écouter sur toutes les plateformes de podcasts.

Claire Richard, Les chemins de désir

Les chemins de désir.jpg

"Les chemins de désir matérialisent ce que les gens veulent." Dès les premières secondes, la voix de Claire Richard, autrice et narratrice du podcast, pose l’enjeu de sa fiction: nos désirs nous gouvernent. Au fil de six épisodes, le personnage qu'elle incarne interroge les désirs et leurs constructions au fil des âges et des inventions technologiques.
On voit les scènes décrites apparaître sous nos yeux et lorsque l’autrice nous parle de ses désirs, on partage presque son excitation.

Côté réalisation la voix de la narratrice se mêle à des scènes jouées, à de la musique et à des sons d’ambiances. Parfois, on se croirait presque plus dans un documentaire que dans une fiction.

• Les chemins de désir, de Claire Richard produit par Arte Radio et à écouter sur toutes les plateformes de podcasts.
• Le podcast accompagne la sortie d’un roman éponyme accueillant l’imaginaire créé par le podcast.


Stéphane Berthomet, Disparue(s)

Disparues.jpg

Depuis 1952 et la disparition inexpliquée de Marie-Paule Rochette à Québec au Canada, les informations manquent. L'enquête n'a rien donné de concluant et les indices se perdent. Pourtant la famille Rochette semble persuadée que Marie-Paule et "la noyée de la rivière des prairies", une jeune femme non-identifiée retrouvée l'année suivant la disparition de Marie-Paule, ne sont qu'une seule et même personne.

L'ancien policier Stéphane Berthomet qui mène le podcast,  s'engouffre dans cette enquête aux pistes multiples, qui viennent mettre à jour de nombreux secrets de famille. Il veut tenter de comprendre ce qu'il s'est passé : Où est Marie-Paule ? Qui est cette femme retrouvée noyée ?

Dix épisodes où l'on est emporté dans les années 1950, à une période où les tests ADN n'étaient pas encore en vigueur pour faire avancer les enquêtes policières. 

• Disparue(s), produit par Radio Canada, à écouter sur toutes les plateformes de podcasts.

Le conseil podcast de Lili Sohn: Bouge ton curcuma

credit : Marie Pacifique Zeltner

credit : Marie Pacifique Zeltner

Lili Sohn est bédéiste. En 2014, elle a 29 ans et ses médecins lui diagnostiquent un cancer du sein. À l’époque, elle est graphiste et décide d’ouvrir un blog pour raconter toutes les étapes qu’elle endure. De son blog sont nées une puis plusieurs BD. Dernière publication en date: Vagin Tonic.

"Bouge ton curcuma, c’est une de mes amies, Cindy, qui a aussi eu un cancer du sein et qui interroge la question de la santé à travers des interviews de plein de gens différents. C’est une problématique qu’on n’avait pas trop vu en podcast jusqu'à maintenant.

Son épisode préféré: celui avec le journaliste Feurat Alani

"C’est un épisode qui sort un peu des sentiers battus. Cindy y présente un journaliste qui s’appelle Feurat Alani, un Français d’origine irakienne. Il est retourné en Irak quand il était petit, juste avant la guerre du Golf et c’est pendant un de ces voyages qu’il a décidé de devenir journaliste. Cindy l’interroge énormément sur le quotidien: quel est le lien des gens avec la médecine? Quel rapport ont-ils au corps? C’est assez intéressant. Ça change un petit peu des autres épisodes où elle va vraiment interroger des médecins, des patients, des gens qui ont des pratiques alimentaires, qui sont très attentifs à leur corps. Ici, elle interroge le corps et la santé en période de guerre.

• Bouge ton curcuma est disponible sur Curcuma Box, Youtube et sur toutes les applications de podcast. 

Comment réalise-t-on le podcast Émotions ?

Lorsque j’ai postulé chez Louie Media, j’ai envoyé une courte production radiophonique sur la solitude, un sentiment qui me pesait particulièrement à ce moment-là. J’avais envie de comprendre comment la solitude qui m’alourdissait tant au quotidien était ressentie chez les autres: en existait-il différents types? Quelques semaines plus tard, en arrivant à la première conférence de rédaction de Louie, on m’a annoncé que j’allais devenir l’une des attachées de production –avec Amel Almia– du nouveau podcast: Émotions. Un programme imaginé par Louie et qu’Adélie Pojzman-Pontay présente. On y décortique une émotion par épisode: le tracla confiance en soila négation de la douleur, etc. Depuis, les émotions étudiées ont un certain écho sur ma vie... Ce 2 janvier par exemple, c’était mon premier jour. J’avais le trac, or c’était tout le sujet de l’épisode 1!

Plus tard, il y a aussi eu l'épisode 6 sur la compersion. Un mot que je ne connaissais pas avant de travailler dessus. La compersion, c’est le bonheur que l’on ressent quand on voit quelqu’un que l’on aime être heureux. À la première réunion, je me rappelle très bien avoir dit: “Je suis très amoureuse de mon compagnon, mais s’il me laisse pour quelqu’un d’autre, je serais heureuse de le savoir heureux”. Quelques semaines plus tard, il me quittait pour une autre femme. Coup du sort, nous terminions de travailler sur la compersion.

Parfois, c’est trop difficile, trop sensible de parler de ses émotions. Les choses sont sous notre nez mais il est compliqué de trouver les mots pour en parler. D’autres fois encore, on ne se rend même pas compte que nos émotions nous rongent parce qu’une foule de sentiments s’entrechoquent dans notre tête et forment une jungle. On n’y comprend plus rien!

Dans Émotions, nous voulons décortiquer toute cette gamme de sentiments pour les expliquer, les valoriser et les comprendre parce qu’ils sont parfois complexes, dérangeants ou tabous. Entre ami.e.s, en famille, il arrive que l’on parle assez librement de nos émotions. Mais, en public, c’est tout de suite plus compliqué.

Historiquement, on oppose émotions et raison. On voit les premières comme un obstacle à l’efficacité, notamment au travail. En intégrant le monde professionnel, on nous apprend vite que l’on doit laisser nos réactions émotionnelles hors du bureau. Ici, dans Émotions, nous voulons les comprendre grâce à des histoires et à des analyses qui ne soient pas uniquement pour les enfants.

À chaque épisode, on part à la recherche de témoignages. On sollicite autour de nous, des amis d’amis ou des gens que l’on ne connaît absolument pas et qui ont laissé des commentaires quelque part sur Internet. On fait des appels sur les réseaux sociaux ou on trouve nos histoires en lisant les journaux. On rencontre alors des personnes qui ont vécu des événements incroyables et qui nous racontent les émotions ressenties à ce moment-là. Par exemple, lorsqu’on a travaillé sur la culpabilité et que l’on s’est demandé s’il y avait une bonne dose de culpabilité, Mathilde Truong est venue à nous avec ce message sur Twitter: “Bonjour, je culpabilise de culpabiliser, ça vous semble correspondre?". Comme on cherchait quelqu’un qui ressentait une culpabilité exacerbée, on avait trouvé la bonne personne! Adélie l’a rencontrée chez ses grands-parents, en banlieue parisienne. Au passage, elle en a profité pour interroger Juliette, la petite sœur de Mathilde. Depuis qu’elle est enfant, Mathilde culpabilise en permanence, même quand à 9 ans, elle casse un verre en rangeant la table... Alors pour la confronter, sa petite sœur a une méthode toute personnelle: elle la fait “culpabiliser de culpabiliser pour qu’elle arrête de culpabiliser”!

À l’opposé de l’extrême dose de culpabilité, on voulait comprendre ce que c’était de vivre sans ce sentiment de culpabilité, et comment on le faire naître. Parce que la culpabilité, c’est une émotion que l’on apprend. Adélie a donc rencontré Jean-Rémi Sarraud. Cet homme est calme. Il a une cinquantaine d’années. Quand il était plus jeune, il a été l’auteur d’un crime. Aujourd’hui, il a purgé une peine de vingt ans pendant laquelle il a senti émerger son sentiment de culpabilité. Une émotion qui ne lui était pas naturelle parce que jamais aucune personne ne la lui avait appris étant enfant. Jean-Rémi, c’est Adélie qui l’a trouvé. Un de ses proches le connaissait. Elle a pris le train et l’a rencontré chez lui, en Bretagne.

Toutes ces illustrations servent à visualiser les émotions. S’ajoutent à ces histoires intimes des analyses d’experts. Nous les trouvons grâce à leurs travaux de recherches et leurs ouvrages. Ce sont souvent eux qui nous aiguillent et nous font comprendre toutes les subtilités des émotions, comme avec François Vialatte, chercheur en sciences cognitives à l’ESPCI qui nous a aidé, dans l’épisode 6, à comprendre les mécanismes de la construction de la confiance en soi.

Une fois que l'on a toutes ces interviews, on souffle! Enfin, pas Adélie qui repart dans un nouveau marathon pour la construction de l’épisode. Elle réécoute toutes les heures d’interview –en moyenne de cinq à dix– pour donner vie à une quarantaine de minutes cohérentes. Elle forme un plan, puis écrit son texte. Ensuite, on retrouve Charlotte Pudlowski, la rédactrice en cheffe, pour les fameuses “lectures”. On est généralement trois par réunion. C’est un moment crucial où Adélie lit ce qu’elle a écrit et fait écouter les morceaux d’interviews qu’elle a sélectionnés. S’en suivent deux heures de coupes, de reformulations et d’ajouts. Après deux lectures, c’est vraiment là qu’on peut véritablement souffler: l’épisode est formé!

On continue le montage avec des allers-retours pour être bien certain.e que les coupes sont fluides, puis on passe à l’enregistrement. Pendant une à deux heures, Adélie enregistre son texte. Ensuite, on peaufine l’épisode avec la musique. Il y a un vrai travail de création sonore qui habille chacun des volets. Nicolas de Gelis a créé la musique de générique. Claire Cahu et Nicolas Ver font des propositions musicales pour chaque épisode. Ils utilisent également des bruitages que l’on a enregistré sur le terrain, comme l’arrivée d’Adélie chez Jean-Rémi Sarraud dans l’épisode sur la culpabilité. Puis, on envoie tout ce travail à ce qu’on appelle “le mix” pour harmoniser toutes les hauteurs de sons grâce à Jean-Baptiste Aubonnet. Dernière étape: l’illustration. Jean Mallard est l’illustrateur d’Émotions. À chaque nouvelle création, on est tous.te.s ébahi.e.s par son travail. 

Quand l’épisode est publié, on aime recevoir les messages des auditeur.ice.s chez qui les émotions résonnent. Adélie a par exemple rencontré dans un bar une musicienne qui, après avoir écouté notre premier épisode, n’a plus jamais eu le trac pour remonter sur scène. Depuis le début de cette aventure, on reçoit souvent des messages des auditeur.ice.s qui ont envie et besoin de partager leurs émotions. Et c’est vraiment là que l'on se rend compte à quel point parler de ce qui nous bouleverse est important.

Émotions - logo.jpg

Les nouveaux épisodes d'Émotions sont à découvrir un lundi sur deux. Vous pouvez retrouver Émotions sur notre site, vous abonner sur Itunes (et laisser plein de commentaires et foule d’étoiles!), Soundcloud et Youtube.

N’hésitez pas aussi à nous suivre sur Facebook,TwitterInstagram et à commenter, partager… Vous pouvez aussi nous envoyer des questions, des critiques et des histoires à l’adresse hello@louiemedia.com. Vous recevrez toujours une réponse!

Maud Benakcha

Le conseil podcast de Léa Frédeval: Un podcast à soi

Léa Frédeval est autrice. Après deux publications aux Éditions Bayard, elle écrit et réalise son premier court-métrage: La Répétition. Elle collabore avec plusieurs revues et travaille à la rédaction de son blog qu'elle tient depuis plusieurs années. En 2018, Léa Frédeval adapte son premier livre au cinéma, Les Affamés. Elle écrit actuellement son deuxième long-métrage ainsi qu’un troisième livre.

credit : jean picon

credit : jean picon

Ce que j’aime dans Un podcast à soi, c’est la multiplicité des voix et des styles de point de vue. J’ai l’impression d’être au milieu d’une pièce sonore, une pièce d’opinions et d’assister à des échanges. C’est hyper immersif. C’est le premier truc qui me botte bien. Et puis, j’apprends plein de trucs. Moi, j’ai compris il y a très peu de temps que j’étais une femme. C’est quelque chose qui est assez nouveau. J’ai l’impression qu’une fois qu’on a mis le doigt dessus, on ne peut plus faire autrement, tu ne peux pas l’éviter. Le défi au quotidien, c’est de le travailler sans ne voir que ça. Plus je me renseigne, mieux je vis les choses. C’est là où ce podcast m’aide dans les questions que je me pose et dans les questions que je ne me pose pas.”
Son épisode préféré:les femmes sont-elles des hommes comme les autres?

Cet épisode pose des questions que je me pose moi-même avant d’être mère. Je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant. J’ai gardé 27 familles donc c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. Éduquer des "enfants" et non pas uniquement comme des garçons ou comme des filles.

Il y a trois ou quatre mecs qui sont interrogés sur ce qu’est être un garçon. J’ai rarement l’occasion d’entendre parler des jeunes hommes sur la masculinité. Ça me touche beaucoup. C’est quelque chose qui n’est pas simple à aborder, comme moi, ce n’est pas simple d’aborder la féminité.

Le podcast est dit féministe mais pourtant cherche à comprendre les hommes, ce que je trouve très intéressant.  Mon féminisme à moi en ce moment c'est de m'intéresser à comment les jeunes hommes se positionnent face aux femmes indépendantes d’aujourd’hui.” 

• Un podcast à soi est un podcast présenté par Charlotte Bienaimé, disponible sur Arte Radio, Youtube et sur toutes les applications de podcast. 

Do you speak podcast?

Chez Louie, nous aimons beaucoup les podcasts américains et, grâce à un article d’Emma Beddington dans The Guardian, on a compris que les podcasts français ont aussi toute leur place dans les oreilles de celles et ceux qui veulent apprendre le français. Emma Beddington, la journaliste et blogueuse qui collabore régulièrement avec Elle, The Guardian ou notamment The Times, explique qu’elle avait si peur de perdre son français qu’elle s’est inscrite aux cours particuliers de l’Alliance Française. Elle y décrit quatre semaines d’efforts quotidiens: Emma Beddington suit des cours, lit des journaux et alors qu’elle part promener son chien... écoute des podcasts. Elle conseille Le nouvel esprit public de Philippe Meyer, Vieille Branche produit par Nouvelles Écoutes  et Entre.

book-headphones-music-book-574648.jpg

Après la publication de cet article, nous nous sommes aperçues que plusieurs de nos auditeurs.trices écoutaient eux.elles aussi des podcasts dans des langues étrangères, que certain.e.s, originaires de pays non francophones, avaient découvert Entre.

Tara écoute depuis le Vietnam les podcasts d’InnerFrench, un site créé par Hugo Cotton en 2017 qui propose des programmes abordant des sujets variés toujours accompagnés d’une transcription. Tara a “encore du mal à comprendre le français dans des contextes réels, le fait d’avoir une transcription [l’]’aide énormément pour apprendre des nouveaux mots,  des expressions idiomatiques et des structures de phrase”.À Buenos Aires, une professeure d’anglais, Mila, écoute beaucoup de podcasts en français comme Entre, ou Les podcasts de Madmoizelle, des podcasts en allemand comme Die Liebe ohne Selfies ou Was wenn? et en anglais comme Pump up the Jam ou Reply All“L’anglais est une langue que je maîtrise bien car je l’étudie depuis toujours, mais écouter des podcasts me permet d’être au courant des expressions les plus courantes, pareil pour le français.”

“Ça me permet de mieux comprendre comment se prononcent les mots”

Markéta, habite à Paris mais vient de République tchèque. Elle parle français, anglais, tchèque et slovaque et assure qu’elle apprend plus en écoutant des podcasts qu’en lisant des livres. Elle qui a pourtant étudier l’anglais et le français à La Sorbonne. Markéta est dotée d’une bonne mémoire auditive. Les podcasts lui permettent “de mieux comprendre comment se prononcent les mots et élargir [son] vocabulaire. En écoutant, c’est plus facile de connaître la structure de la phrase et d’intégrer cela dans la pensée”. Ce qu’elle apprécie c’est que, contrairement à la radio diffusée en direct, le podcast permet de mettre sur pause et revenir en arrière si elle n’a pas compris une phrase ou une expression.

En nous plongeant dans l’internet des polyglottes, nous avons croisé le chemin de Nathaniel Hiroz, un multilingue qui parle 9 langues –le français, l’anglais, le suédois, le portugais, le danois, le norvégien, l’allemand, l’italien et le polonais– rien que ça! Depuis sa Suisse natale, Nathaniel a créé le blog devenirpolyglotte.com dans lequel il partage ses expériences personnelles et ses conseils pour apprendre les langues.

Pour lui, tout le monde peut devenir polyglotte et l’apprentissage est beaucoup moins difficile que ce que l’on pense. La première langue qu’il a apprise par lui-même -en dehors de l’école- c’est le suédois et Språket est le premier podcast qu’il a écouté toute langue confondue. C’est un outil important pour lui: “Avec les films et les vidéos c’est facile d’être distrait, il y a le contexte, les expressions, les sous-titres. Dans un podcast on a aucune autre aide que la langue elle-même donc on est forcé de (...) se concentrer que sur [elle]”. Il utilise tellement les podcasts en langue étrangère qu’il a décidé de lancer prochainement le sien sur l’apprentissage des langues.

Podcast bilingue ou monolingue?

Pour Nathaniel, il vaut mieux perdre un peu de temps et trouver le bon podcast plutôt que de se forcer à écouter le premier venu. Et pour choisir le bon, il explique d’abord qu’il en existe plusieurs types.

Capture d’écran 2019-02-24 à 01.42.27.png

Il y a les podcasts “normaux”, soit ceux qui ne s’adressent a priori pas aux apprenants mais plutôt aux natifs. Il y a les podcasts pour apprenants. Ils peuvent être de deux de sorte. Ils sont soit bilingue et reprennent les bases dans la langue de l’apprenant soit 100% dans la langue d’apprentissage comme Español Automático, présenté par Karo Martínez et qui vise à expliquer l’espagnol à des apprenants mais uniquement en espagnol, comme un cours de langue où le.la professeur.e ne parlerait que dans la langue enseignée.

Nathaniel conseille vivement d’écouter des podcasts monolingues : “je tends à ne pas employer de podcasts bilingues parce que mon but c’est de m’immerger (...) Ça vaut la peine d’écouter même si on ne comprend rien au début, pour habituer l’oreille”.

Mieux comprendre et parler juste

Écouter régulièrement une langue permet de mieux la comprendre.  Laetitia Deracinois est professeure d’anglais à l’Université de Paris-Est-Marne-la-Vallée. Pour elle, l’une des grandes difficultés  en anglais, c’est la prononciation et “plus on écoute d’anglais, plus on l’a dans l’oreille, plus on peut reconnaître des mots”. Écouter permet de se familiariser avec les sons d’une langue et la manière dont les mots sont prononcés. Non seulement pour mieux les comprendre, mais aussi pour mieux les prononcer soi-même par la suite.

Nathaniel en a fait l’expérience. “Quand j’ai commencé le polonais, c’était très éloigné des langues que je connaissais déjà. Mais simplement le fait d’écouter des podcasts, même si je comprenais rien, ça m’a permis de développer un bon accent.” C’est même l’accent dont il est le plus satisfait. Il écoute Real Polish, un podcast uniquement en polonais créé et présenté par Piotr, un polyglotte de 49 ans vivant en Varsovie, à destination des apprenants. “Il parle pas trop rapidement, d’une manière très claire et il répète souvent les phrases en les reformulant, par exemple avec un synonyme ou une paraphrase et c’est excellent parce que (…) les explications, ça permet d’apprendre des nouveaux mots sans avoir à traduire.”

Contenu authentique

Pour Céline Haumesser, formatrice d’enseignants d’espagnol à l’Université de Cergy-pontoise, un support qui permet d’écouter les mots du quotidien est nécessaire et même fondamental dans le processus d’apprentissage. Il permet de nous confronter à “des points de vue et à la culture du pays”. Donc non seulement la forme est primordiale mais aussi le contenu.

Une expérience a été menée en Iran dans une classe d’anglais divisée en deux groupes. Les étudiants du premier groupe ont été confrontés à l’écoute de podcasts alors que le deuxième groupe n’a utilisé que des supports écrits. Les résultats sont significatifs: c’est le premier groupe qui a atteint un niveau plus élevé plus rapidement.

Le polyglotte Nathaniel insiste sur le fait qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer et d’écouter des podcasts dans des thématiques telles que la politique, l’histoire ou la philosophie. Pour lui, au niveau du vocabulaire il sera par exemple plus facile de comprendre des discussions scientifiques puisque beaucoup de termes sont les mêmes, dérivés du grec ancien ou du latin et sont utilisés de la même manière. 

Pour Nathaniel, l’essence de l’apprentissage d’une langue, c’est l’inconscient. Concrètement, la grammaire est partie intégrante d’une langue mais il faut tendre à un apprentissage qui nous permette de nous exprimer sans avoir à y réfléchir consciemment. C’est la théorie de l’apprentissage naturel de Stephen Krashen

Écouter même en arrière fond d’une oreille distraite peut permettre d’apprendre une langue plus rapidement. Le magazine de vulgarisation scientifique, Scientific American publie un article à ce sujet en janvier 2017 et cite deux expériences selon lesquelles le fait d’entendre les sons d’une langue sans y prêter complètement attention, en plus de cours, aide les apprenants à apprendre plus vite. Alors pourquoi ne pas écouter des podcasts en allemand en faisant votre repassage?

Outil du quotidien

Cette caractéristique du podcast -pouvoir faire autre chose en même temps- représente un réel gain de temps. On peut en écouter en conduisant, dans les transports, à la salle de sport ou pendant les courses, ou même... juste avant de s’endormir. Le site d’informations américain, Quartz et Duolinguo, un site gratuit destiné à l’apprentissage des langues, ont analysé ensemble les habitudes des utilisateurs de la plateforme et en sont arrivés à la conclusion que les personnes qui apprennent les langues entre 22h et minuit avaient les meilleurs résultats. Ce qui en ressort, c’est aussi que les utilisateurs qui avaient tendance à apprendre avant de dormir était aussi ceux qui apprenaient au quotidien.

NBSH.gif

Un podcast par jour, la tête sur l’oreiller, c’est un programme qui nous parle. Mieux encore, si vous avez peur de vous endormir, rassurez-vous, une étude publiée dans Cerebral Cortex en juin 2015 montre que le fait d’écouter une langue durant son sommeil facilite l’apprentissage du vocabulaire.

MDx.gif

Alors qu’attendez-vous pour vous mettre enfin au russe, à l’italien, ou à cette langue que vous avez toujours voulu apprendre? Vous pourriez écouter Alle otto della sera pour apprendre l’italien, Escriba Café pour vous initier au portugais ou Sproglaboratoriet pour vous aider à découvrir le danois.

Amel Almia et Maud Benakcha