Le conseil podcast d'Iris Brey: Les Couilles sur la table

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Iris Brey est critique et auteure de Sex and the Series.

«J’aime beaucoup le podcast Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon qui s’empare d’une question qui me semble majeure, voire la plus importante, de notre époque : les masculinités. Essayer d’analyser comment les masculinités se construisent, les interroger avec des experts, c’est encore trop rare dans les médias ou dans les recherches universitaires. Et pourtant, on se rend bien compte après #MeToo et Time’s Up à quel point il est nécessaire de déconstruire la notion de virilité, de masculinité, pour nous permettre d’avancer dans nos réflexions sur les rapports de pouvoir, notamment entre les genres. Et, d’ailleurs, c’est le thème de deux épisodes récents. Mais le dernier épisode en date, le numéro 16 sur le porno, et notamment le porno gay, m’a particulièrement interpellée car les sexualités masculines sont rarement questionnées. L’intervenant de l’épisode, Florian Vörös, professeur de porn studies, nous permet vraiment de réfléchir sur les normes de masculinité qui se dégagent du porno hétéro et gay et comment nos “consommations” culturelles façonnent notre sexualité. J’aime aussi beaucoup la manière dont Victoire Tuaillon mène ses entretiens. On la sent très préparée, curieuse, précise et soucieuse de ne jamais perdre celui ou celle qui l’écoute. Bienveillante. Chaque épisode reste unique, sans impression de répétition, ni dans la structure, ni dans les propos, ni dans ses intervenant.e.s. C’est toujours une très agréable surprise.»

Les Couilles sur la table, un podcast de Binge Audio par Victoire Tuaillon. 

Comment le podcast est-il entré dans votre vie?

À chaque fois qu’on parle de podcasts avec quelqu’un, on a l’impression qu’il se passe quelque chose de spécial, qu’un lien nous unit. On a le sentiment de faire partie de la même communauté, de se comprendre mieux et de partager un point commun très fort. C’est peut-être ça aussi, écouter des podcasts: faire partie d’un collectif de passionné.e.s. C'est pourquoi nous vous avons proposé un court sondage à vous, auditeurs.trices. Et c'est avec joie que nous avons reçu et lu toutes vos réponses. Certaines nous ont intrigués, d'autres épatés, d'autres encore émus par leur simplicité. Il faut préciser que ce questionnaire, loin d'être exhaustif, n'a pas été soumis à une partie représentative de la population. Notre seul objectif est de faire parler ceux qui, d'habitude, écoutent.

Théodore, 25 ans, en a fait un rituel : «J'écoute des podcasts parce que j'aime leur ambiance, parce qu'ils traitent de sujets qui m'intéressent [...] J'apprécie ce format parce qu'il me permet d'écouter des choses intéressantes facilement, en particulier dans les moments où je suis occupé par une activité qui ne demande pas beaucoup de concentration (quand je fais la cuisine, ou du rangement...). J'écoute aussi quasi systématiquement des podcasts avant de m'endormir parce que c'est une activité qui peut se pratiquer allongé et les yeux fermés.»

«J'aime ces capsules consacrées à des sujets très variés. J'aime écouter les gens parler sans devoir répondre, sans devoir voir. Les podcasts, parce qu'ils sont souvent indépendants, sont libres dans leur sujet: écouter les histoires incroyables ou même banales des gens (Transfert), parler du corps, de racisme, sans barrière ni tabou (Un podcast à soi, The Why “Le Poukwa”), découvrir des personnalités depuis un point de vue plus intime (La Poudre) ou donner la parole à une jeune fille (Entre) : ne serait-ce qu’envisageable à la radio?», détaille Joséphine, 25 ans.

C’est encore Myrtille, 33 ans, qui manifeste son amour pour le podcast: «Ils me font du bien, m'ouvrent à de nouvelles thématiques, me rendent plus intelligente, me font me poser de nouvelles questions. C'est une vraie ouverture sur le monde, une motivation et une stimulation intellectuelle quotidienne.»

D’autres nous ont plutôt parlé de leur histoire personnelle.

Une personne de 39 ans, qui a préféré rester anonyme, nous explique sa redécouverte du podcast après avoir écouté Le Donjon de Naheulbeuk il y a quelques années: «J'ai recommencé à écouter [des séries audio] grâce à mon fils... Quand je le promenais dans sa poussette et qu'il dormait, je m'occupais l'esprit avec ces séries audio. Je continue à en écouter parce que j'y trouve une fraîcheur, une émulation. Les récits sériels m'ont toujours plu (sagas littéraires, bd/mangas, séries TV...). C'est un autre imaginaire encore.»

«C'est mon nouveau média pour m'informer, découvrir, m'instruire ou me divertir (en parallèle avec YouTube). J'apprécie beaucoup ce format car je peux l'écouter partout, en faisant à manger, en me baladant ou en conduisant. J'en consomme beaucoup au travail. Je bosse dans la grande distribution, de 4h du matin jusqu'à l'ouverture du magasin, et c'est l'occasion rêvée pour écouter des podcasts tout en remplissant les rayons», raconte Benoît, 46 ans.

C’est une question pratique pour Sébastien, 36 ans: «Je prends beaucoup le métro et j'en ai marre de trimballer des gros livres pour finalement ne rien pouvoir lire parce qu'on est trop serrés, alors j'écoute.»

«Au départ, c'était pour accompagner mes trajets quotidiens hivernaux, car je marche tous les jours pour aller travailler et revenir. Les écouteurs calés sous le bonnet et la capuche, les fils qui passent méthodiquement sous la grosse écharpe, l'iPod rangé à l'intérieur de la veste, au chaud, et j'étais prête pour le trajet de 30 minutes. [...] J'habite au Canada, ça me permet d'écouter et de rattraper des émissions et l'actu française, par exemple. Ce format donne un accès à une authenticité. [...] J'aime ce que le podcast peut offrir au développement de la francophonie», rapporte Maureen, 34 ans.

«J’habite à l’étranger donc suis peu en contact avec la langue française. Écouter des podcasts pour moi, c’est presque comme si j’écoutais les conversations de mes propres amis», avoue Marie, 28 ans.

Mais alors, le podcast, est-ce vraiment réservé aux passionné.e.s? Pas forcément! Il existe plein de façons différentes d'en découvrir ou de se familiariser avec ce format.

Certains passent par les réseaux sociaux pour en trouver, comme Laura, 28 ans, qui écoute maintenant Riviera Détente. D’autres y ont été conduit.e.s en profitant de la radio de rattrapage. Le bouche-à-oreille est très puissant également. Et de plus en plus de médias en parlent ou en proposent. Ainsi, Élodie, 27 ans, découvre «“Jusqu'où peut-on aller pour devenir ami avec ses voisins”. De Transfert sur Slate. Je vais régulièrement sur Slate. Pour leurs angles originaux. Et puis j'ai découvert cet onglet podcast avec cette rubrique. Transfert. J'ai accroché tout de suite.» Vous pouvez même tomber sur un podcast parce que c’est l’invité qui vous intéresse en réalité, comme Johan, 18 ans: «Sur YouTube, ça parlait d'un rappeur que j'aime bien, Gringe». Il était l’invité d’Antonin Archer dans l’épisode 35 de Nouvelle École. «C'était cool, du coup j'ai continué à en écouter.»

Une fois dedans, certain.e.s se mettent à adorer vraiment ça, comme Clément, 26 ans, qui écoute «au minimum 30 minutes par jour, le matin et le soir dans les transports». Un point commun quasiment systématique des réponses que nous avons obtenues: les auditeurs consomment du podcast… EN MASSE. Comme Mélanie, 41 ans: «Deux heures par jour (dans les transports). Je suis abonnée à une cinquantaine de podcasts, mais il m’arrive d’en abandonner certains et d’y revenir ensuite (par exemple, j’ai des périodes d’écoute intensive de tout ce que fait Arte radio, puis j’arrête de télécharger leurs productions pendant deux ou trois mois, puis rebelote). En ce moment, j’écoute systématiquement tout ce que sortent : Les Couilles sur la table, Vieille Branche, Transfert, Entre, Where Should We Begin...».

Presque tous les auditeur.trice.s de podcasts en recommandent à leurs ami.e.s, parfois même trop. Nous aussi, on a l’impression d’en parler beaucoup plus qu’il ne faudrait dans une conversation normale, mais que voulez-vous…? C’est tellement génial!

Un grand merci à toutes et à tous pour vos réponses. Cela nous procure toujours un immense plaisir de lire votre engouement pour le podcast (et pour les productions de Louie)!

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Le conseil podcast de Géraldine Sarratia: Un podcast à soi

Géraldine Sarratia est rédactrice en chef des Inrocks et anime Dans le genre sur Radio Nova.

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«Un de mes podcast français préférés est Un podcast à soi de Charlotte Bienaimé sur Arte radio. Elle aborde des questions féministes, ayant trait à l'égalité homme-femme dans notre société. C'est à la fois intime, très précis fouillé, documenté, avec une vraie progression de la pensée. J'ai beaucoup aimé l'épisode “Qui gardera les enfants”, qui interroge, en lointain écho au Chanson douce de Leïla Slimani, la relation que certaines femmes blanches de classe supérieures ou moyennes favorisées entretiennent avec d'autres femmes, moins favorisées elles, souvent migrantes, à qui elles ont recours pour garder leurs enfants et résoudre l'inégale répartition des tâches domestiques.»

• Un podcast à soi, épisode 5, sur Arte Radio

Racontons-nous encore de vraies histoires?

Il y a quelques semaines, le sociologue Christian Salmon nous annonçait un changement. Lui qui avait théorisé, il y a une décennie, la manière dont nous étions entré.e.s dans l’ère du storytelling (technique de communication consistant à user des procédés narratifs et de la mise en récit pour renforcer l'adhésion du public au fond du discours, à des fins économiques ou encore politiques; ou comment «transformer un politique, un cadre d'entreprise ou un baril de lessive en héros de saga») déclare maintenant aujourd’hui: «Fini le storytelling, bienvenue dans l’ère du clash». Dans son long papier ainsi titré, publié sur le site de Médiapart, il explique la manière dont désormais «les événements ne s’ordonnent plus en feuilletons mais sont gouvernés par l’imprévisibilité, l’irruption, la surprise»

Il y a 10 ans, Salmon regrettait dans son passionnant ouvrage que «l’essor du storytelling ressemble en effet à une victoire à la Pyrrhus, obtenue au prix de la banalisation du concept même de récit et de la confusion entretenue entre un véritable récit (narrative) et un simple échange d’anecdotes (stories), un témoignage et un récit de fiction, une narration spontanée (orale ou écrite) et un rapport d’activité.» Si l’ère du storytelling s’achève. Va-t-on pouvoir enfin restaurer de vrais récits, de vraies histoires? Et se pose alors la question: c’est  quoi, une vraie histoire?
 

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Figurez-vous que Walter Benjamin, philosophe allemand du début du XXème siècle, peut nous aider à répondre à cette question.

«L’art de raconter est en voie de se perdre», constatait-il dans Expérience et pauvreté, publié en 1933. Nous sommes près d’un siècle avant Salmon et déjà le philosophe analyse avec une lucidité étonnante le tournant qui est en train de se jouer à la charnière du XIXème et du XXème siècle. Selon Walter Benjamin, le XXème siècle entre dans une véritable crise de la narration qui a déjà débuté au siècle précédent.

Une finalité morale

Traditionnellement, la narration repose sur un aspect utilitaire, une moralité, un conseil de vie. Cette finalité morale du récit suppose, chez celui ou celle qui raconte, une forme de sagesse «tissé[e] dans l'étoffe d'une vie vécue». Cette sagesse précisément, explique le philosophe allemand, est en déclin au début du XXème siècle. La sagesse se comprend, selon lui, comme une forme d'autorité acquise par l'expérience des années passées et la proximité d'avec la mort. Le mourant est alors le symbole d'une sagesse qui se veut transmissible. C’est la figure extrêmement courante du vieux sage. Et quel est le point commun entre les trois plus grands ou plus célèbres vieux sages de la culture pop: Yoda de Star Wars, Dumbledore de Harry Potter et Gandalf du Seigneur des anneaux? [SPOILER] Ils meurent. Tous les trois. (Même si ok, certains ressuscitent ou parlent d’une mystérieuse façon aux vivants). Et ils ont anticipé leur mort prochaine. D’où la nécessité de transmettre leurs histoires et leurs expériences à un héritier ou un apprenti plus jeune.

Or, «au XIXe siècle, la société bourgeoise, avec ses institutions hygiéniques et sociales, privées et publiques, a obtenu un résultat accessoire, qui était peut-être inconsciemment son but principal: permettre aux hommes de ne plus assister à la mort de leurs congénères». La poursuite effrénée du nouveau dans les sociétés modernes a anéanti la sagesse en mettant à distance les personnes âgées susceptibles d’avoir des expériences à partager, donc les vraies histoires.

Il faut ajouter que les nouvelles techniques d'enregistrement de la voix (gramophone, phonographe, téléphone), jouent un rôle crucial dans cette disparition de la sagesse. Elles ont en quelque sorte supprimé l'autorité conférée par la mort prochaine et la nécessité urgente de transmettre les expériences. Quand un simple bouton permet d'immortaliser une voix, un conseil sage, une philosophie de vie, il n'y a plus d'angoisse de la transmission.

Il importe assez peu qu’il s’agisse d’une histoire vraie, plutôt que fausse. Il faut, en revanche, que ce soit une véritable histoire, pas une anecdote, ou un récit simplement divertissant. Une vraie histoire, selon Walter Benjamin, c’est donc la narration d'une expérience qui permet à l'auditeur d'en apprendre plus sur la personne qui raconte mais aussi et surtout sur l'être humain en général. On en sort grandi.e, enrichi.e d'une sagesse nouvelle qu'il faudra transmettre à notre tour aux générations suivantes.

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Pourquoi ne racontons-nous plus de véritables histoires?

La narration suppose donc le partage d'expériences. Or, ce partage s'effectue dans le cadre d'une tradition reprise par les générations successives, dans la continuité d'une parole transmise des parents aux enfants. Mais la modernité, selon Walter Benjamin, se caractérise par le «temps disloqué et entrecoupé du travail dans le capitalisme moderne». Les événements de la vie quotidienne deviennent alors pour lui intransmissibles. Perdu dans l'«existence normalisée et dénaturée des masses soumises à la civilisation», l'individu moderne perd ses capacités narratives, privé d'expériences à raconter et d'interlocuteurs à qui les raconter. La massification de la civilisation et le développement de l’ère industrielle sur le modèle de la standardisation ont fait perdre aux actes des êtres humains leur caractère d’événements singuliers et d'expériences individuelles et uniques. C’est-à-dire, en définitive, leur possibilité de s’intégrer dans un récit, avec toutes leurs dimensions d’imprévu, de surprise, et d'absence d'explication.

Walter Benjamin constate un déclin de la continuité temporelle, fondée sur les relations entre les générations. Une forme nouvelle de continuité apparaît entre le XIXème et le XXème siècle: celle de la masse, spatiale, liée à l’urbanisation. Aujourd'hui, à l'ère des réseaux sociaux et de la mondialisation, c'est le contact avec les autres individus, éloignés spatialement de nous, que nous recherchons. Le partage des expériences se fait dans l'instantané mais sur des grandes distances. À l'inverse, les vraies histoires, selon le philosophe, se transmettent face à face et directement, entre deux personnes que de nombreuses années séparent.

Par quoi les avons-nous remplacées?

Au cours de la deuxième moitié du XIXème, l'information connaît des progrès incroyables. La presse se développe considérablement, s'organise, se spécialise et est lue par des millions de personnes. Selon Walter Benjamin, l'information se concentre sur l'explication: «l’événement […] est […] imposé au lecteur dans ses connexions logiques». Au contraire, la narration est beaucoup plus ouverte et refuse l'explication systématique. Elle laisse au lecteur ou à l'auditeur le soin d'interpréter le récit comme il l'entend ou même de demeurer dans l'étourdissement d'une histoire surprenante, voire incompréhensible.

La suppression de la proximité physique entre la personne qui raconte et celle qui écoute a rendu caduque toute possibilité d'échange et d'incarnation des événements transmis. Ce que la presse raconte et explique apparaît entièrement détaché de la vie du lecteur. La narration, à l'inverse, «incorpore [les événements] dans la vie même de celui qui raconte, pour le[s] communiquer, comme sa propre expérience, à celui qui écoute. Ainsi le narrateur y laisse sa trace, comme la main du potier sur le vase d’argile»

En réalité, le face à face solennel, parfois difficile à obtenir,  n’est sans doute pas nécessaire à un véritable récit. Du moment que ce que Benjamin associe au face à face –l’incarnation très forte, l’attention à l’autre, la possibilité d’un partage– est reproduite ailleurs. Par exemple (vous me voyez venir?) via les podcasts narratifs. Vous avez à travers ces récits cette transmission incarnée, par la voix, l’écoute active qui se distingue de l’attention passive que l’on constate parfois vis-à-vis des écrans.

Peut-être que si le monde politique désinvestit le storytelling, nous reviendrons plus facilement collectivement à ces vraies histoires que Benjamin louait. 

Moralité de la newsletter: Walter Benjamin aurait écouté des podcasts, à coup sûr!

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Le conseil podcast de Christophe Abric: Song Exploder

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Christophe Abric, connu sur les internets sous le nom de Chryde, a créé la Blogothèque, une entité qui s'efforce de créer des moments musicaux uniques, et de les filmer.

«Song Exploder existe depuis plus de quatre ans, ne fait qu'une chose et la fait extrêmement bien: demander à des musiciens de disséquer un de leurs morceaux, d'en raconter la genèse, en nous expliquant les paroles, en nous faisant écouter les maquettes, en isolant une partie de guitare ou le bout de sample dans le fond auquel on n'avait pas fait attention. Hrishikesh Hirway, son créateur, efface toutes ses questions du montage pour laisser l'artiste raconter seul son morceau. Mais il a un incroyable talent d'intervieweur : on sent qu'à chaque fois le musicien va chercher des réponses et des histoires qu'il n'a jamais racontées ailleurs. Il faut juste écouter Michael Kiwanuka raconter son mal-être d'ado noir qui aime la musique blanche et ne trouve sa place nulle part, tout en nous faisant écouter les premières prises d'un gospel reposant sur un simple claquement de main. Ou Robin Pecknold des Fleet Foxes décrire une de ses chansons comme un ornithologue parlerait d'un rare colibri, MGMT nous révéler qu'ils ont caché un riff de piano d'Abba dans “Time to Pretend“ ou encore entendre St Vincent nous dire qu'elle aimerait qu'une de ses chansons soit assez forte pour devenir la préférée d'une poignée de gens. Le meilleur podcast musical, tout simplement.»

Song Exploder est un podcast (en anglais) du réseau Radiotopia

Mais pourquoi est-ce si compliqué d'écouter un podcast?

Lorsque l’on prononce le mot podcast (24 fois par jour), il arrive encore que nos interlocuteurs nous regardent hébétés: «des podcasts?». Il faut alors mettre notre casquette d’adoratrices et de productrices du média en question pour expliquer: du son, internet, des nouveaux formats. Surtout qu'il y a deux types de podcasts: les podcasts de rattrapage –on peut podcaster n'importe quelle émission de radio déjà diffusée– et les podcasts natifs –qui ne sont créés que pour internet. 

Ensuite, vient le moment où nous devons détailler COMMENT écouter des podcasts.

 
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Nous aimerions apporter une réponse simple. Au lieu de cela, nous posons plus de questions: tu as un smartphone? Comment écoutes-tu la radio? Tu préfères écouter des podcasts sur ton ordinateur? Chaque studio de podcasts sait répondre à ces questions. Parfois, cela consiste à emprunter les téléphones des personnes que nous croisons pour les abonner à Transfert ou à Entre, pour que la barrière technologique soit dépassée.

Pour comprendre à quel point cela peut être complexe, lisez ce «guide podcast simple» du centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information de l'académie de Nancy-Metz: publié en 2011, il rappelle comment Europe1 suggérait de télécharger les fichiers d'émissions pour les graver... sur des CD. 

La barrière technologique tient à toutes les façons d'écouter un podcast: chaque émission/épisode peut être lu en ligne indépendamment grâce à un lecteur (ou player), sur des sites comme SoundcloudStitcher ou YouTube en trouvant le diffuseur que vous cherchez (Louie, au hasard) ou sur notre site Louiemedia.com pour Entresur le site de Slate.fr pour Transfert. Ou vous pouvez automatiquement recevoir les nouveaux épisodes car chaque podcast dispose d'un flux RSS: le diffuseur télécharge les sons et ils viennent s'empiler dans un fil d'épisodes/émissions. Ce flux se met à jour automatiquement quand on publie un nouvel épisode et c'est grâce à ces flux que fonctionnent les applications de podcasts que vous utilisez: Apple Podcasts ou la multitude d’applications sur Android (Podcast Addict, Overcast, Breaker...). Quand vous vous abonnez à un podcast pour suivre tous les épisodes, c'est à ce flux RSS que vous vous abonnez. Ensuite, une notification vous prévient quand un nouvel épisode du podcast est disponible. Dernière option: on peut encore télécharger les fichiers un par un sur son téléphone ou son ordinateur sans s'abonner au flux. C'est le cas ici pour Entre.

Une fois que vous avez compris, il faut savoir comment trouver des podcasts à écouter. L'appli Apple Podcasts fait des suggestions:

oit vous trouvez un podcast qui vous plaît, soit vous en cherchez un autre, auquel cas il faut taper son nom dans la barre de recherches. Vous arrivez sur la page du podcast. 

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Vous noterez que quatre clics sont nécessaires pour commencer à écouter Entre. Là où une vidéo se joue automatiquement sur YouTube ou Facebook.

Ce grand fouillis des usages donne lieu à des tutos et quand une technologie n'est pas forcément évidente pour tous, on convoque souvent les grands-mères (ou les femmes mûres qui n'ont pas toutes des petits-enfants) pour savoir si elles comprennent. C’est Marie-Thérèse qui dit tout son amour pour Les Pieds sur Terre de France Culture avec Sonia Kronlund.

 
 

Ou Mary dans This American Life, l’un des podcasts les plus écoutés aux États-Unis.

 
 

C’est aussi ce que met en avant The Podcast App, une nouvelle application lancée début 2018: «si simple, même votre grand-mère pourrait s’en servir»Au-delà de la simplicité du design et de l’expérience pour l’utilisateur, les fondateurs cherchent aussi à faciliter la recherche de podcasts. Quand on ouvre l’application, on renseigne ses centres d’intérêts. The Podcast App fournit ensuite une liste de recommandations parmi les 30 millions d’épisodes référencés. Le PDG Martín Siniawski entend améliorer grandement le référencement en indexant non seulement les titres et les descriptions des épisodes du podcast mais aussi en détaillant l'intégralité du contenu. Les diffuseurs américains font de plus en plus de retranscriptions texte –Gimlet pour tous ses podcastsThis American Life– mais la pratique n'est pas encore si répandue (et si lisible).

Il faudra des initiatives comme celle de The Podcast App pour généraliser l’écoute des podcasts. À la différence des réseaux sociaux que l’on connaît, aucun des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) n’a fait d’efforts importants pour rendre les podcasts beaucoup plus accessibles. Facebook, Twitter et Instagram valorisent l’image et la vidéo, assez peu le son. Soundcloud, qui aurait pu être le YouTube du son, existe mais était en danger en 2017. Apple a lancé l’iPod en 2001 pour écouter de la musique en se baladant et c'est de là que les podcasts tirent leur nom. Ce n'est qu'ensuite qu'Apple a développé une appli entièrement consacrée au podcasts sur ses téléphones. Entre temps, de nombreuses solutions pour lire des podcasts ont été développées mais aucune n'a été assez simple d'utilisation pour que l'adoption soit massive. Et sur Reddit, certains internautes se demandent encore si Apple Podcasts n'est pas l'une des pires.

Comment s'en sortir? Avec les assistants connectés? L'année 2018 sera celle de la voix grâce aux Google Home, Amazon Echo et Alexa et autres Homepod (Apple). On peut se dire que c’est enfin le moment où l'écoute va se simplifier. Même si, en ce début d’année 2018, les radios sont faciles d’accès –il suffit de dire «Ok Google, lance France Inter»– la commande «Ok Google, lance le podcast...» fonctionne encore rarement. Car les diffuseurs doivent soumettre leurs flux à des services comme TuneIn ou Spotify –qui commencent tout juste à référencer des podcasts français– et l'auditeur doit trouver les mots exacts pour, enfin, écouter ses podcasts.

Les amateurs de ce format vous diront que c'est finalement assez simple une fois que l'on a choisi ce qui convient le mieux. Et si nous sommes déstabilisé.e.s, c’est aussi que c'est en décalage avec l'évolution de nos usages au cours des dix dernières années. Tout s'est concentré autour de quelques plateformes: Netflix a considérablement simplifié notre façon de regarder les séries télé en créant une plateforme géante; on a un moteur de recherches dominant: Google. Amazon aimerait que nous n'allions plus à l'épicier du coin ni au supermarché (ou alors dans leurs supermarchés). Les podcasts restent l'une des rares pratiques culturelles où il n'y a pas encore d'acteur dominant: Apple est loin de tout faire pour s'imposer. Et peut-être que c’est un peu une bonne nouvelle ce manque de concentration. Le jour où ce sera trop facile, ce sera cool pour les auditeurs, peut-être moins pour le «bouillonnement» du marché.

Les conseils de Gabrielle Deydier: Coming In et GROSSE

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Gabrielle Deydier est l'autrice de On ne naît pas grosse.

«J'hésite entre Coming In d'Elodie Font et des podcasts de Neil Jomunsi. Celui d'Elodie m'a profondément émue... Neil Jomunsi est un auteur qui a un univers très riche. Il crée des nouvelles, des pièces de théâtre... Il les adapte aussi parfois en version audio avec un habillage très habile et qui apporte une réelle plus-value à l’œuvre. En 2013, il s'était lancé un projet fou, le projet Bradbury (c'est comme ça que je l'ai découvert): écrire une nouvelle par semaine pendant une année. À côté de ça, il réfléchit beaucoup sur le statut de l'auteur à l'heure des internets. Et il pose ses réflexions sur son site. J'ai choisi un texte qui s'appelle GROSSE. En fait, Neil a lu mon livre, il l'a énormément touché. Il a décidé d'écrire ce texte qui s'appelle GROSSE parce que le livre l'a ému. L'histoire: une fille grosse se fait harceler virtuellement sur les réseaux sociaux, et une nuit, ces réseaux prennent vie et s'en prennent à elle physiquement. C'est très bien écrit, très bien mis en scène sur le plan audio. Émouvant.»

Le mystère du langage est-il enfin résolu?

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle explosaient les sciences du langage, tout le monde se passionnait pour la parole: c’était l’âge d’or de la linguistique structurale, de la psychanalyse, on pensait le langage comme une spécificité humaine… Et puis il y a eu un changement de paradigme scientifique, on a cessé d’opposer de manière aussi radicale nature et culture et, les sciences se sont désintéressées de la parole pour aller sur les terrains cognitifs et comportementaux.

Mais pendant ce temps-là, la question du mystère du langage humain n’est toujours pas résolue: pourquoi les humains parlent-ils? Vous, moi (moi beaucoup), qu’est-ce qui fait que l’on s’est mis à parler, un beau jour, il y a plus de 2 millions d’années? Que le cerveau humain est le seul adapté au langage. Pas seulement à la communication (comme tous les autres animaux) mais au langage, en désignant des choses absentes, des concepts complexes, des choses imaginaires ou futures. Un langage dit intentionnel. Et de la pensée et du langage, lequel produit l’autre?

En 2013, le linguiste américain Noam Chomsky notait encore

«La plupart des questions relatives au langage demeurent de complets mystères. (...) Dans l’usage le plus quotidien de la langue, les gens ne cessent de créer de nouvelles expressions, de nouvelles associations. Inédites pour eux, pour qui les entend, et peut-être inédites dans l’histoire de cette langue. Cette créativité, qui est pour Descartes le trait distinctif de l’esprit humain, demeure mystérieuse aujourd’hui comme elle l’était pour lui. Bien sûr, nous savons beaucoup sur l’expression, la construction du langage, etc. Mais le lien entre l’esprit et l’activation du langage? Mystère. Non seulement le mystère demeure, mais plus on étudie, plus on découvre l’ampleur de ce qu’on ignore.»

Cette histoire de mystère du langage me fait parfois l’effet que produit la répétition d’un mot. Vous dites courgette. Encore et encore et encore et tout à coup vous vous demandez comment ce mot peut bien vouloir dire ce qu’il veut dire, et vous n’êtes plus très sûr.e, un instant, de ce que c’est qu’une courgette. À force de faire parler des gens, et d’en écouter toute la journée dans des podcasts, ça génère parfois le même effet: pas seulement de créer du flou sur le sens d’un mot ou d’un autre, mais sur le sens même de la parole.  

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Mais je crois que je ne suis pas seule. Prenez Unabomber, la récente série Netflix réalisée par Greg Yaitanes. L’histoire du terroriste Ted Kaczynski est racontée par la quête des agents du FBI qui espèrent le cerner. Ils y arriveront grâce à une expertise linguistique; la série de nouveau explore le langage et ce qu’il contient.

Quelques mois plus tôt, c’était déjà le sujet du film Premier Contact de Denis Villeneuve, adapté au cinéma de la nouvelle de Ted Chiang. Des extraterrestres sont arrivés sur terre, ils n’ont pas de corps, pas de bouche, ils ne semblent pas dotés d’organes permettant la parole à la manière des humains. Comment va-t-on pouvoir communiquer avec eux? Quel langage adopter? Et quel rapport au monde ce langage traduit-il?

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Est-ce que ce sont les débats sur le «politiquement correct» (écriture inclusive, emploi d'un mot plutôt qu'un autre...) et la manière dont la langue s’adapte aux combats politiques, ceux sur la manière de communiquer aujourd’hui alors que les emojis s’insèrent dans le langage et que nos échanges sont à la fois instantanés (internet) et éternels (l’archivage des données), qui alimentent cette préoccupation majeure depuis le structuralisme d’après-guerre?

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Tout ça pour dire mon ravissement en tombant sur cette une de The Economist «Comment des Nicaraguayens sourds ont résolu le mystère du langage» (oui c’est écrit en très petit).

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L’article raconte qu’au Nicaragua, un nouveau programme de formation pour les sourds émerge à la fin du XXème siècle. Les professeurs doivent interdire la langue des signes pour favoriser l'apprentissage de la langue orale malgré le handicap. C'est un échec. Mais plusieurs années après, une enseignante prend conscience que l’une de ses élèves est en train de faire des gestes qui ne sont pas des mimes mais des signes, propres à une langue nouvelle. Elle se rend compte que les élèves, privés de la langue des signes connue jusqu’alors, ne connaissant aucune langue, ni parlée ni gestuelle, en ont réinventé une nouvelle. De toute pièce.

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Le cas a énormément intéressé les scientifiques, qui voyaient là une reconstitution possible du cadre dans lequel les hommes se sont retrouvés aux premiers temps de l'homo sapiens: sans fréquentation de langue préalable, comment en avaient-ils fait émerger une? Et donc était-ce acquis ou inné?

Le cas du Nicaragua apporte un argument de plus aux partisans de la théorie de l’inné: même sans fréquenter d’autres langues, la population sourde nicaraguayenne a fait émerger sa propre langue. 

Néanmoins, les tenants de l’acquis pourront aussi noter qu’un élément favorise non pas leur théorie mais le jeu de l’acquis malgré tout: la langue des signes ainsi constituée a montré que la première génération de sourds qui avait inventé cette langue la maîtrisait moins bien que la génération suivante qui l'avait apprise auprès d'eux, et pour qui cette nouvelle langue constituait une langue natale, acquise auprès des plus âgés.

Cette élucidation progressive du mystère est rassurante. Une indication que peut-être d’ici quelques décennies, assez tôt pour que nous en prenions connaissance, des réponses seront apportées.

Mais si les récits de langue des signes nicaraguayennes ne vous relaxent pas, nous avons aussi une newsletter avec des podcasts vraiment détentes. À découvrir ici. 

Le conseil de Jack Parker: Welcome To Night Vale

© Photo: Rémi Chapeaublanc

© Photo: Rémi Chapeaublanc

Jack Parker, de son vrai nom Taous Merakchi, est une rédactrice web devenue autrice: son premier livre, Le Grand Mystère des Règles, est sorti en mai 2017 chez Flammarion et elle vient de sortir chez le même éditeur un ouvrage collectif intitulé Lettres à l'ado que j'ai été.

«J'écoute énormément de podcasts américains, surtout des histoires flippantes, du coup j'ai eu un peu de mal à choisir. Mais celui qui garde la place n°1 dans mon coeur reste un des plus grands classiques du genre: Welcome To Night Vale. C'est une fiction audio qui dure depuis 2012, mais que j'ai prise en cours de route –j'ai dû tout écouter depuis le début, ça m'a pris des mois mais j'écoutais ça du matin au soir, dans les transports, sous la douche (merci les enceintes bluetooth waterproof), pour m'endormir... L'histoire se déroule dans une ville fictive du désert américain, et se présente sous la forme d'une émission de radio. C'est Cecil, l'animateur, qui nous guide au fil du temps dans les aventures de cette ville et de ses habitants, et c'est complètement délirant. Il y a un côté lovecraftien avec beaucoup d'humour, une énorme diversité dans les personnages (que ce soit leur couleur de peau ou leur orientation sexuelle, tout est représenté), mais il y a aussi des dragons à 5 têtes, des femmes invisibles qui vivent secrètement dans les maisons, des figures encapuchonnées qui traînent près du parc à chien où personne n'a le droit d'entrer, un service de police top secret, un chat qui lévite dans les toilettes de la radio, un gros nuage lumineux, des dimensions parallèles et des anges, même si c'est illégal de reconnaître leur existence. Ça demande un petit temps d'adaptation pour s'y mettre tellement l'univers est fou et dingo et plein de petites subtilités, mais, une fois qu'on tombe dedans, c'est super dur de s'arrêter tant la narration et les rebondissements sont palpitants. C'est totalement unique, c'est drôle, c'est touchant, c'est euphorisant et incroyablement imaginatif, et je réécoute souvent des épisodes au hasard pour me replonger dans l'univers en attendant que les nouveaux sortent... Je crois que celui qui m'a le plus marquée est "The Woman From Italy", parce que ça m'a fait flipper ma race, j'ai dû arrêter de l'écouter au lit et reprendre en plein jour, ce qui m'arrive assez peu souvent. La plupart des épisodes n'a rien de terrifiant, mais il y a des petits détails qui filent la chair de poule parfois, et c'est un plaisir pour les amateurs de frissons dans mon genre.»

Écoutez et riez

Vous avez peut-être été ému.e.s en écoutant Entre. Il faut aussi avouer que les épisodes de Transfert ne sont pas tous très gais. Mais on voulait vous prouver que notre objectif dans la vie n'est pas uniquement de vous faire pleurer. Relâchez ces sourcils froncés, desserrez ces mâchoires tendues, on vous emmène aujourd'hui du côté des podcasts qui nous font rire –et parfois pleurer de rire. Sélection très subjective et non exhaustive, bien entendu.

 
 

Les podcasts dont le but est de faire rire

Certains podcasts ont beau prendre une thématique générale comme prétexte (et la traiter parfois sérieusement), leur but premier est de faire rire l’auditeur.

  • But atteint avec How Did This Get Made?, ou son équivalent francophone 2 Heures de Perdues, qui décortiquent, à chaque épisode, un film. Jusqu’au moindre plan passé inaperçu pour la grande majorité des spectateurs. L’objectif: faire passer chaque film analysé pour la pire erreur cinématographique de l’histoire de l’humanité, en usant d’une mauvaise foi assez désopilante. On se rappellera avec amertume, et non sans un petit sourire en coin tout de même, le jour où nos souvenirs d’enfance de Harry Potter et la Chambre des Secrets, indéniablement le meilleur opus de toute la saga (oui!), furent souillés à jamais.
  • N’avez-vous jamais rêvé de tout connaître de célébrités que vous ne connaissez pas? Dans Who? Weekly, Bobby Finger et Lindsey Weber parlent de la vie de personnalités qui n’intéressent personne. Il est assez étrange, et hilarant, de constater, à la fin de chaque épisode, que l’on en sait beaucoup trop sur la vie privé de Jesse Metcalfe par exemple.
  • Jamie Morton a un jour découvert que son père avait écrit un livre porno. Et au lieu d’en cacher à tout prix l’existence ou d’être simplement dans le déni, il a décidé d’en faire un podcast, rapidement devenu culte. My Dad Wrote A Porno est une émission à se tordre de rire, au cours de laquelle il lit, en compagnie de James Cooper et d’Alice Levine, un chapitre par semaine. Il va découvrir des choses sur son père qu’il aurait peut-être préféré ne jamais savoir…
  • Mycose the night, produit par Arte Radio, réalisé par Elodie Font et Klaire fait Grr, est un incontournable. Les deux animatrices «discutent, informent, jouent et samplent sur à peu près tout et surtout n'importe quoi». Cette émission bimensuelle est un joyeux patchwork où s’enchaînent très vite blagues et anecdotes surprenantes. On vous conseille le premier épisode, bien sûr, où il est question de rentrée scolaire, de Charlemagne, du prix des fournitures, ou encore de la petite souris verte; un sujet qui nous est cher en ce moment avec Justine.

Les podcasts sur l’humour  

Si vous êtes amateur.trice de stand-up, que vous citez des humoristes à longueur de journée, ou que vous êtes simplement à la recherche d’une bonne blague pour le dîner que vous organisez ce soir avec vos ami.e.s, ces podcasts sont pour vous. Ils vous emmènent dans les coulisses des professionnel.le.s du rire, celles et ceux qui ont fait de l’humour leur métier.

  • Comedy News Weekly, c’est un podcast hebdomadaire (ou presque) animé par Anthony Mirelli et Dan Gagnon. Ces deux joyeux lurons explorent le monde de la comédie (spectacles, émissions, nouveautés) avec bonne humeur et pas mal d’autodérision. Si vous voulez écouter un aperçu de l’état de la comédie en France, on vous recommande cet épisode
  • Un trait d’esprit, une vanne, une boutade peut parfois être si drôle qu’en parler pendant 45 minutes ne pose aucun problème. Dans Good One: A Podcast About Jokes, Jesse David Fox accueille chaque semaine un humoriste pour parler de l’une de ses blagues et l’analyser.
  • Si vous voulez plonger dans la véritable fabrique de l’humour et du stand-up, on vous recommande The Comedian’s Comedian Podcast with Stuart Goldsmith. Dans chaque épisode, l’humoriste et acteur anglais invite un autre humoriste et lui pose des questions sur la manière toute personnelle dont il écrit ses sketchs et dont il travaille sa performance. Petit élément de surprise: l’enregistrement du podcast peut se faire chez l’invité.e, dans sa voiture, ou même directement sur scène!
  • L’équivalent français pourrait être Un café au Lot7, animé par Louis Dubourg qui, récemment lancé dans le stand-up, invite chaque semaine un.e autre humoriste. Le ton est enjoué, les blagues fusent et on en apprend beaucoup sur la fabrique du rire, les carrières des invités et leurs façons de concevoir leur métier.

Les podcasts à l’atmosphère amusante

Cette fois, l’humour n’est ni le sujet de ces podcasts, ni leur but premier. Ils sont simplement drôles parce que les intervenants qui y participent le sont où, plus souvent encore, parce qu’ils s’entendent si bien entre eux que l’atmosphère qui se dégage de l’émission est pleine de bonne humeur et de complicité.

Généralement, ce sont des talks, des émissions de discussion entre ami.e.s, dont les sujets sont variés. Après quelques épisodes, on a l’impression de comprendre la personnalité de chacun.e, de faire presque partie de la conversation ou d’écouter nos potes parler. Il est difficile de vous recommander un épisode en particulier de chaque podcast parce que, la plupart du temps, il en faut plusieurs pour s’habituer et rentrer dans la danse. Mais l’alchimie est parfois plus forte et quelques minutes suffisent pour se surprendre à se fendre la poire tout.e seul.e dans son lit.

  • L'Émifion, animé par Navie et Sophie-Marie Larrouy, est un podcast qui parle de sexualité sans tabous, idées reçues ou complexes. À écouter si vous voulez apprendre des choses en vous amusant de leur franc-parler et de leur complicité. On vous recommande l’épisode 40 «Comment être un bon coup?»: l’invité est Marilou Berry, et il se termine par une chansonnette un peu particulière (hum… pour adulte).
  • Dans le même genre: Guys We Fucked, un autre podcast comique et incontournable où Corinne Fisher et Krystyna Hutchinson interviewent des mecs avec qui elles ont couché.
  • «Je suis féministe mais, l'autre nuit, lorsque j'ai rêvé que je rencontrais Obama à la Maison Blanche, je ne l'interrogeais pas sur ses choix en matière d'affaires étrangères, si vous voyez ce que je veux dire.» Chaque épisode du podcast The Guilty Feminist (en français, «la féministe coupable») commence par une confession. Le reste de l'émission, toujours tournée en public, et animée par la comédienne Deborah Frances-White, laisse la parole à des femmes (comme l'épisode 67 avec l'actrice Sarah Horgan de l'excellente série Catastrophe) qui nous font rire mais nous éclairent aussi sur des sujets aussi importants que les violences conjugales, les droits trans, ou les négociations pour l'égalité salariale.
  • Parce que les ambiances les plus glauques, les sujets les moins légers, les histoires les plus terrifiantes, peuvent se transformer en une seconde en grand éclat de rire, Le Bureau des Mystères du studio Riviera Ferraille est un podcast à écouter. Énigmes extraterrestres, ovnis et crop circles sont passés en revue dans un curieux mélange d’angoisse et de bonne humeur. L’épisode 5 sur les mystères de Provence, avec Henry Michel, fondateur du studio, en est un bon exemple: où l’on rira du couple Beckham tout en se demandant à moitié sérieusement si les fantômes existent.
  • Pour les fans hardcore de jeux vidéos, les gamers amateurs, les casu… ou même celles et ceux qui haussent un sourcil interrogateur à l’évocation du nom Mario, ZQSD est un podcast très drôle sur les jeux PC où la bonne ambiance règne. On ne résiste pas à la tentation de vous partager un épisode, que l’on considère personnellement comme culte, du podcast de Gameblog où les intervenants nous font part de leurs pires moments vidéoludiques.
  • FloodCast est une émission présentée par FloBer où des personnalités de YouTube ou d’ailleurs (mais surtout de YouTube) se retrouvent pour parler de tout et de rien, en balançant de nombreuses anecdotes persos assez cocasses. Ça rit beaucoup et c’est assez amusant de n’entendre que les voix de ces personnages que l’on a l’habitude de voir. On vous le dit tout de suite : ils sont tout aussi drôles, voire plus, en podcast qu’en vidéo. 

PS : On aurait, en toute objectivité, inclus le podcast Studio 404, un talk de société sur le numérique et les nouvelles technologies, si Mélissa Bounoua qui y participe n’était pas la co-fondatrice de Louie Media…

 
 

Les podcasts faussement sérieux

Il y a enfin des podcasts qui ne laissent quasiment rien transparaître de leur envie de faire rire leurs auditeur.trice.s, et qui pourtant ne sont pas les moins marrants de cette liste! Leur ton est sérieux (ou presque), et tout est dans le jeu d’acteur parce que les thématiques abordées sont souvent on ne peut plus déjantées.

  • Nostalgie 2050, un podcast Deezer animé par Thomas VDB, prétend être enregistré dans les années 2050 et revient à chaque épisode sur la carrière fictive d’une personnalité d’aujourd’hui (2018) invitée. L’émission ne manque pas de faire des chroniques régulières sur un futur improbable et loufoque, le tout ponctué de fausses publicités du futur. On apprend avec stupeur dans cet épisode avec Kyan Khojandi, qu’«en mai 2032, internet a été coupé pendant plus de neuf mois dans l’hémisphère nord [et que] les sinistrés ont dû dresser leurs propres chats à faire des trucs mignons». Bref, c'est drôle.
  • On ne sait pas vous mais on a toujours rêvé d’assister aux séances de psychanalyses de super-héros. The Bright Sessions est un podcast de science-fiction écrit par Lauren Shippen qui joue le rôle du Dr. Bright. À chaque épisode, elle accueille un patient pour une séances de thérapie. Sauf que, comme vous vous y attendiez, ces patients sont dotés de capacités surnaturelles: télépathes, voyageurs temporels, empathes… Au fil des épisodes, certains patients reviennent, évoluent, progressent; le tout avec le plus grand sérieux possible. C’est troublant, curieux, et comique à la fois.

PS: Merci aux internautes pour leurs suggestions!

Les conseils podcast de Mathilde Lacombe: How I Built This et Serial

© Photo: Anne Lemaître

© Photo: Anne Lemaître

Mathilde Lacombe est entrepreneuse, co-fondatrice de Joliebox devenue Birchbox, auteure du livre Une question d'équilibre et fervente auditrice de podcasts! 

«Je recommande le podcast How I Built This et en particulier l'épisode avec Sara Blakely, fondatrice de Spanx. C'est le genre de parcours que je trouve vraiment très inspirant. Sara est partie de rien et a juste créé un produit qui correspondait à ses besoins (et pour le coup celui de millions de femmes). Aujourd'hui c'est une des plus belles réussites entrepreneuriales au féminin. J'adore ces success stories à l'américaine, ça me booste et ça me motive. Sinon, je recommanderais le premier épisode de Serial, saison 1. C'est le tout premier podcast que j'ai écouté. Je ne pensais pas être captivée à ce point par une série audio. C'est la première fois que j'ai ressenti le même sentiment d'addiction qu'avec une série télé. J'avais tellement hâte d'être dans le train ou le métro pour écouter la suite. Une belle entrée en matière dans le monde des podcasts»

Pourquoi les voix nous font-elles tant d’effet?

Depuis des mois qu’on s’apprête à sortir Entrenotre podcast lancé ce mercredi 7 mars, on écoute en boucle nos interviews de Justine. Et, outre son propos, ce qui nous reste en tête, imprimée en nous, c’est sa voix. Son ton, sa tessiture, ses intonations. Quand elle dit: «Y’a tout le temps quelqu'un qui vient te voir et qui te fait passer dans le passage de la préadolescence». Et quand elle dit «Faites-moi un nuage. Avec vos rêves dedans».

C’est une des remarques qui revient souvent parmi les auditeurs d’Entre ou de Transfert: le pouvoir des voix, la manière dont elles s’inscrivent en nous, génèrent ce sentiment de proximité et d'intimité. Et même quand les narrateurs ont des voix qui agacent, voire insupportent, elles ne nous laissent jamais indifférent.e.s.

Pourquoi?

L’enjeu d’authenticité

En réalité, peu de choses émanent d’une personne avec autant d’authenticité qu’une voix. Même quand ce n’est pas volontaire. Parce que beaucoup de coachs ont beau proposer de vous apprendre à maîtriser votre voix, la voix échappe en réalité à un contrôle total. Pour une raison simple: on ne s’entend pas de la même manière que les autres nous entendent.

Comme l’explique cet article de Slate.fr, habituellement, on entend les sons propagés par voie aérienne: «les sons portés par l’air sont transmis aux tympans, qui font vibrer trois os appelés osselets, et ces vibrations finissent dans la cochlée qui les transforme en signaux électriques envoyés au cerveau». Lorsque nous nous entendons nous-mêmes, c’est par propagation osseuse que notre voix nous parvient: «les vibrations des cordes vocales atteignent directement la cochlée par la propagation osseuse».

Ne pas nous entendre de la même manière que les autres nous empêche de contrôler notre propre voix et force ainsi à un minimum d’authenticité. (C’est d’ailleurs parce que l’on s’entend d’habitude de l’intérieur (par propagation osseuse) qu’écouter un enregistrement de soi et s’entendre ainsi par propagation aérienne crée un sentiment d’étrangeté.)

Mais, au-delà du plaisir qu’il y a à accéder par la voix à une certaine vérité de l’autre, ces voix que nous entendons ont aussi une influence sur nos émotions. C’est ce que montrait une étude, menée par Jean-Julien Aucouturier, chercheur au CNRS, et publiée dans «Proceedings of the National Academy of Sciences of United States of America» en 2016. Une centaine de participants ont répondu à des questions simples sur leurs émotions et leur humeur pour déterminer s’ils se sentaient plutôt heureux, tristes ou inquiets. Ensuite, ils ont dû lire un texte à voix haute en entendant simultanément leur propre voix à travers des écouteurs. On leur a enfin demandé d'évaluer à nouveau leurs émotions en utilisant le même questionnaire (les participants n'ont pas été informés que le fait de raconter leurs émotions et de lire le texte à voix haute faisait partie de la même expérience).

Mais ce que les participants ignoraient, c'est que le timbre de leur voix qu'ils entendaient dans leurs écouteurs était en fait légèrement modifié, à l’aide d’une plateforme audio-numérique créée par les chercheurs, pour qu'il sonne plus heureux, plus triste ou plus inquiet (hauteur plus élevée pour le bonheur par exemple, légers tremblements dans la voix pour la peur et l’anxiété). Les chercheurs ont alors constaté après la lecture que les participants ne s’étaient rendu compte de rien, et décrivaient même en très grande majorité leurs émotions conformément aux modifications que leur voix avait subies. La voix que les participants ont entendu dans leurs oreilles a modifié leur état émotionnel.

La voix, un mode de communication plus empathique que les autres

Une autre étude, menée par Michael W. Kraus de Yale University School of Management, publiée en 2017 dans «American Psychologist», a révélé que la voix seule, dépourvue d’appuis visuels comme le visage, était d’ailleurs le mode de communication qui suscitait le plus d’empathie. En d’autres termes, que l’on percevait mieux les émotions des autres en se reposant uniquement sur leur voix. Kraus a réalisé des expériences dans des situations diverses et variées. Dans l’une, il a demandé aux participants de regarder des vidéos de deux personnes interagissant et se taquinant l'une l'autre et d’évaluer la gamme d'émotions suscitée au cours de l'interaction. Dans une autre, il les a fait interagir directement entre eux dans une pièce tantôt éclairée, tantôt plongée dans le noir. Dans une troisième étude, on a demandé à un groupe différent de participants d'évaluer les émotions des interlocuteurs qui avaient été filmés.

À chaque reprise, lorsque les participants n’entendaient que la voix, l’évaluation émotionnelle des autres atteignait une précision inégalée. Kraus s'est alors demandé pourquoi la voix, surtout lorsqu'elle est le seul indice, est un mode d'empathie aussi puissant par rapport aux autres situations (un visage sans voix, ou encore un visage et une voix). Sa conclusion est que lorsque nous n'écoutons que la voix, notre attention pour les subtilités de la tonalité vocale s'accentue. Nous nous concentrons davantage sur les nuances que nous entendons dans la façon dont les interlocuteurs s'expriment. C’est ainsi que dans Du côté de Guermantes, le narrateur évoque la voix de sa grand-mère lorsqu'il réussit, après de nombreux essais, à l'avoir au téléphone:

«Tout d’un coup j’entendis cette voix que je croyais à tort connaître si bien, car jusque-là, chaque fois que ma grand’mère avait causé avec moi, ce qu’elle me disait, je l’avais toujours suivi sur la partition ouverte de son visage où les yeux tenaient beaucoup de place ; mais sa voix elle-même, je l’écoutais aujourd’hui pour la première fois. Et parce que cette voix m’apparaissait changée dans ses proportions dès l’instant qu’elle était un tout, et m’arrivait ainsi seule et sans l’accompagnement des traits de la figure, je découvris combien cette voix était douce (...); fragile à force de délicatesse, elle semblait à tout moment prête à se briser, à expirer en un pur flot de larmes, puis l'ayant seule près de moi, vue sans le masque du visage, j’y remarquais, pour la première fois, les chagrins qui l’avaient fêlée au cours de la vie.»

C’est parce qu’elle ôte ce masque du visage que la voix dénude si bien les êtres, et qu’elle parvient si fort à nous toucher.

Le conseil podcast de Sophie Marie Larrouy : 2000 ans d'histoire

Crédit photo : LAURA GILLI

Crédit photo : LAURA GILLI

Sophie Marie Larrouy est comédienne et l'autrice de L'Art de la guerre 2Elle a aussi eu son spectacle «Sapin le jour, Ogre la nuit», et un podcast avec Navie sur le site Madmoizelle: L'Emifion.

«J'ai réfléchi longtemps pour répondre car j'aime être quelqu'un à la pointe de la modernité, mais je dois être honnête, je n'écoute QUE des podcasts d'histoire. À tel point que j'ai des épisodes de 2000 ans d'histoire préférés... Je vous conseille donc celui-ci sur les Vikings, et je m'excuse pour tous les copains extras qui font des podcasts que j'écoute moins que mes vieux royalistes tendancieux comme Franck Ferrand... Je l'aime parce que j'y ai découvert Garmarna, du chant d'époque ultra puissant, que ça me fascine les Vikings, on sait pas grand chose d'eux finalement, alors qu'ils ont découvert l'Amérique en premier, et que cet épisode, vu que je le connais par cœur, c’est aussi celui que je mets quand vraaaaaiment je galère à dormir.» 

Fermez les yeux, détendez-vous

Dans quelques jours (le 7 mars), vous pourrez entendre notre premier podcast Louie. On est en train de finaliser notre site internet, nos flux RSS, nos illustrations.

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Les nuits sont courtes, les tasses de café très remplies, et le besoin de détente immense. Du coup, on s’est fait une petite liste de sons et de podcasts qui nous aident à décompresser. On s’est dit que vous ne lanciez peut-être pas une start-up cette semaine, mais que dans vos vies aussi il y avait de la neige, du froid et du stress, et que vous pourriez avoir besoin de cette liste autant que nous.

Alors fermez les yeux, détendez-vous. 

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Des sons qui relaxent

Si vous êtes féru.e de sons et sonorités en tout genre, alors vous connaissez sans doute l'ASMR  –Autonomous Sensory Meridian Response, oui oui, le nom fait un peu peur–, mais il décrit une sensation infiniment agréable au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps, provoquée notamment par une stimulation auditive. Aujourd’hui sur Internet, quantité de vidéos ASMR vous permettent de provoquer cette sensation à l’aide de caresses, chuchotements, frottements, qui vont venir chatouiller vos tympans.

Écoutez et vous sentirez la racine de vos cheveux se hérisser légèrement et un frisson dans la nuque et le dos. Si, comme l’expliquait Slate.fr en 2017, «les scientifiques n’ont pour le moment pas réussi à décrire concrètement ce qu’il se passe dans le cerveau lorsque les consommateurs de vidéos ASMR expérimentent cette sensation diffuse de bien-être à l’écoute de chuchotements et de bruissement», c’est un phénomène bien réel. «Ce n’est pas de l’hystérie, ça existe», confirmait le neurologue Pierre Lemarquis.

Pour vous y mettre, on vous recommande cette vidéo de dix heures sans voix où le son seul est mis à l'honneur pour vous détendre. Soyez prévenu.e.s: au bout de 9 heures et 36 minutes d'ASMR, le type atteint un stade supérieur de l'être et ouvre son âme aux secrets du karma.

Et si vous êtes conquis.e, embarquez avec Bob Ross, un peintre au look génial qui caresse la toile de ses pinceaux en associant ses gestes de commentaires aussi instructifs que relaxants.

Des podcasts qui expliquent comment se détendre

Ceci dit, ces petits bruits et ces murmures de l'ASMR en crispent certain.e.s. Si vous êtes du genre à préférer entendre la voix d'une personne calme qui vous donne des conseils pour favoriser votre bien-être et organiser votre vie de façon plus sereine, alors vous allez adorer Forever 35. Ce sont deux amies qui avaient juste envie de parler de sujets aussi variés que comment prendre sa douche, comment ranger son sac, comment bien dormir quand on est en voyage loin de chez soi. C’est une discussion très libre qui rassure: elles se demandent qui sont ces gens qui ne se savonnent pas les jambes (un sujet qui a fait débat aux États-Unis).

Le site Girlboss vous livre une sélection de podcasts en anglais pour apprendre la méditation, s'endormir grâce à l'hypnose, arrêter de ruminer… Si vous n’avez pas envie d’écouter de l’anglais, le podcast Change ma vie : Outils pour l’esprit est sur le même créneau.

Des podcasts pour s’endormir

Et pour vous endormir on vous recommande tout particulièrement Game of Drones, un podcast où chaque épisode dure 1h45 et se propose de faire le récapitulatif le plus exhaustif et ennuyeux possible d’une thématique de la série mondialement connue d’HBO. Vous l’aurez compris, ce podcast est explicitement fait pour vous endormir. D’ailleurs, son sous-titre n’est autre que «The Game of Thrones Sleep Aid». 

Dans le même genre, Sleep with me a poussé l’art d'ennuyer à son paroxysme, permettant aux insomniaques, grâce aux histoires les plus assommantes possibles, de s’endormir. Drew Ackerman, le créateur, maîtrise l’art du rythme doux et soporifique, du montage léthargique. On a testé, ça marche vraiment.    

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Des podcasts à l'atmosphère envoûtante

Si vous n'avez jamais rêvé de devenir moine bouddhiste et si la méditation, c'est pas votre truc, vous pouvez écouter des programmes plus classiques qui vous détendent par leur atmosphère. Qu'il s'agisse de fiction ou de faits réels, ces podcasts ont le mérite d'associer voix, musique et bruitages pour créer un sentiment d'irréalité, une atmosphère onirique qui vous plongent dans un état de délassement privilégié.

C'est le cas d'Alice et Merveilles de Stéphane Michaka sur France Culture, une adaptation originale de l'histoire de Lewis Carroll. Stéphane Michaka décrit ce concert-fiction ainsi: «Plutôt qu’un pays, notre Alice traverse un paysage musical où toutes les métamorphoses sont possibles. […] J’ai librement réécrit ce classique de la littérature pour faire parler et chanter Alice comme une jeune fille d’aujourd’hui. L’œuvre de Lewis Carroll semble nous interroger à distance : Dans un monde où il faut grandir très vite, les enfants ont-ils encore le droit de rêver ?».

Dans un genre différent, mais tout aussi captivant, Nocturne est un étrange mélange de storytelling, de fiction, de documentaire et d'art sonore. Comme le nom du podcast l'indique, tous les épisodes nous parlent de la nuit à travers des histoires intrigantes: des noctiliens douteux, des couples dormant séparément, des insomnies pleines d'angoisse, des bâtiments abandonnés explorés par des gens…

Cette semaine, on vous recommande tout particulièrement Les boîtes aux lettres du studio québécois Magnéto. Cette création sonore d'une heure entremêle des dizaines de voix sur une douce mélodie de kora. On suit l'histoire vraie et touchante de Patsy Van Roost, habitante du Mile-End, à Montréal, qui décide d'animer la vie des gens de son quartier par de jolies initiatives, des trouvailles poétiques, des événements festifs et joyeux. Cette célébration de la fraternité et de l'amour se déploie dans une très belle atmosphère sonore, et on s'attache beaucoup à celle qui s'est fait surnommer «la fée» par tout le monde. La narration de ce podcast prend une forme intéressante elle aussi : un itinéraire dans le Mile-End qu'on a l'impression de découvrir au fur et à mesure de cette promenade apaisante.

Des podcasts rassurants

Alors évidemment, on ne pouvait pas finir de vous recommander des podcasts qui détendent sans vous parler de ceux que l’on écoute pour se motiver. Quand on se dit que l’on ne va pas réussir à faire ce que l’on veut accomplir ou quand on a peur de se lancer, écouter Nouvelle École ou Génération XX peut rassurer.

Dans le premier, Antonin Archer, diplômé d’une école de commerce, 26 ans, fait venir des personnalités dont le parcours n’est pas tout à fait linéaire mais qui retombent sur leurs pattes, des auteurs, des créateurs de contenus, beaucoup de gens qu’il admire et dont il espère comprendre le fonctionnement. Au hasard des invités: Kyan Khojandi, le créateur de Bref, la youtubeuse Marion Seclin, l’humoriste Marina Rollman (disclaimer : et l’une de nous).

Dans le même esprit, Génération XX est un podcast «commencé comme un hobby» dans lequel Siham Jibril interroge des femmes entrepreneuses: leurs histoires permettent de se sentir moins seules quand on se lance!

Les conseils de Kaitlin Prest: Heavyweight, Heaven's gate, The Truth

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Kaitlin Prest est la réalisatrice et présentatrice de «The Heart», un super podcast américain sur les relations amoureuses. Elle développe actuellement un projet pour CBC Radio au Canada.
 
«J'écoute Heavyweight, le podcast de Gimlet animé par Jonathan Goldstein. J'adore tout simplement Jonathan Goldstein. J'écoute aussi The Truth et Heaven's gate, qui est nouveau.
Mais je sais surtout ce que j'aimerais écouter. J'aimerais avoir la même expérience en écoutant des podcasts que je ce que j'ai quand je regarde Mad Men: c'est juste magnifique, tous les personnages sont bons et parfaitement justes, tout est orchestré dans le but de provoquer une catharsis émotionnelle massive et complète. C'est comme lire un livre qu'on ne veut pas voir se finir. Je veux ça. Je veux
Twin PeaksStranger ThingsDear White People. Je veux des podcasts aussi magnifiquement faits que ces séries-là: des voix distinctes, des styles distincts. Pour l'instant, tout est un peu pareil, tout est un peu un dérivé de This American Life.»

Le conseil podcast de Marina Rollman: «A piece of work»

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Humoriste suisse. Elle joue actuellement «Un spectacle drôle» au théâtre du Marais à Paris. On a vu le spectacle et on a fini pliées en deux de rire. Courez-y. 

A PIECE OF WORK«Une des deux génies derrière la série Broad City a fait ce podcast de vulgarisation de l'art. C'est en partenariat avec le MoMA et c'est une approche hyper basique et
décomplexée de l'art moderne/contemporain, par thème, artiste, medium ou courant. L'épisode 2 avec Tavi Gevinson est super, le 4 sur l'œuvre de James Turrell aussi, et le 6 avec RuPaul sur la performance est top. Ça te donne envie d'approcher l'art simplement, franchement, spontanément. Ça ramène la jouissance (un peu dépouillée) de toi face à une œuvre, dans un chouette endroit. C'est simple, drôle, poétique et intéressant.»

Les podcasts sont-ils un art comme un autre?

Dans la presse anglo-saxonne, des appels à l’aide sont lancés régulièrement: quand lira-t-on une véritable production critique sur les podcasts? Quand dépassera-t-on les articles économiques («le podcast est en plein boom!»), recensant des tendances («les podcasts d’histoire sont très en vogue», «les podcasts de true crime aussi») ou les listes de recommandation?
 
Johanna Zorn, co-fondatrice du Third Coast Festival, un festival international de podcasts à Chicago, a par exemple décrété qu’elle aimerait voir davantage «de critiques intelligentes et un examen plus approfondi des styles et des tendances». Dans The New Statesman, la journaliste Caroline Crampton exprimait le même désir dans un article intitulé «Pourquoi il est temps d’écrire sur les podcasts en tant que discipline artistique».
 
Il faudrait donc des critiques de podcasts comme il est des critiques de films ou de livres. Mais est-ce possible?

Un podcast contient-il une promesse? 

La critique d'art, comme le rappelait Jean-Michel Frodon sur Slate.fr en 2010«a été inventée par Diderot à la fin du XVIIIe siècle, elle a été développée et portée à son sommet par Baudelaire, l’un et l’autre utilisant un art, le leur, celui de l’écriture, pour ouvrir un nouvel accès à un autre art, dans leur deux cas la peinture. Tous les critiques n’écrivent pas comme Diderot et Baudelaire, loin s’en faut, mais le travail critique s’appuie sur une exigence d’écriture, une ambition que le travail de la phrase va donner accès, selon un mode particulier, à ces objets eux aussi particuliers que sont les œuvres d’art.
 
La caractéristique d’une œuvre d’art est d’être un objet ouvert (selon l’expression d’Umberto Eco), un objet dont on peut décrire les composants mais dont le résultat excède, et excèdera toujours ce qu’on peut en analyser et en expliquer. Et le travail du critique n’est pas, surtout pas, d’expliquer ce mystère, de répondre à la question que pose toute œuvre d’art. Celle-ci doit rester ouverte, pour être habitée librement par chacun de ses spectateurs – ou lecteurs, ou auditeurs, selon l’art dont il s’agit. (…) Est-ce à dire que tout film est une œuvre d’art? Bien sûr que non. Mais tout film, quelles que soient ses conditions de production, en contient la promesse, tenue ou non»
.
 
Les podcasts contiennent-ils eux aussi, toujours, une promesse d’œuvre d’art?

La zone grise

Au New Yorker, la journaliste Sarah Larson, qui écrivait depuis longtemps des critiques musicales, ou de théâtre, prend désormais la plume, toutes les semaines, pour décortiquer «Atlanta Monster» ou «Heavy Weight» à la manière dont on critiquerait un film ou un roman. Mais elle nous confiait en novembre dernier, lors d’une interview à New York: «ce qui est bizarre c’est qu’avec les podcasts nous sommes à la fois face à du journalisme et face à un art. Nombre d’entre eux prennent des histoires vraies et les présentent de manière scénarisée, avec du storytelling, de la musique, pour produire un format pensé comme une œuvre. Les podcasts appartiennent à une zone grise», précise-t-elle.
 
Une partie seulement de la production de podcasts contient cette «promesse» d’une œuvre.
 
«Le Daily par exemple est merveilleusement produit, j’adore l’écouter», nous dit-elle à propos du podcast du New York Times, «mais il n’y a pas d’intention artistique».
 
Pour Sarah Larson, la promesse peut sans doute être repérée grâce à trois éléments: le sound design, l’intention, la réalisation. «Serial” et S-Town tendent en revanche vers l’oeuvre d’art. “Uncivil” de Gimlet, et “More Perfect aussi sans doute. Je mettrais aussi dans cette catégorie un podcast indépendant nommé “Nocturne. Le design sonore est très onirique, formidable. Je crois que l’on est tout juste en train de comprendre le pouvoir du podcast, de ce qu’il signifie pour nous.»

Une industrie émergente

Le fait que l’industrie du podcast ne soit pas encore tout à fait consolidée, tandis que les moyens de production peuvent en revanche être accessibles à tous, génèrent une situation paradoxale: n’importe qui peut faire un podcast (sans intention particulière) et la production éditoriale sur les podcasts vise d’abord à faire émerger l’industrie de manière consolidée: expliquer ses enjeux économiques et donner des recommandations.

«La barrière d’entrée pour un nouvel auditeur est assez haute», note Caroline Crampton dans le New Statesman où elle a commencé une chronique hebdomadaire sur les podcasts en octobre 2016«il faut se rendre compte de l’existence d’une émission, la chercher ensuite dans une application, mettre des écouteurs, puis consacrer une vingtaine de minutes à savoir si oui ou non ça vous plaît assez pour que vous écoutiez régulièrement. Il est difficile de partager de l’audio d’une manière facilement consommable sur Twitter ou Facebook (…) Les classements iTunes restent un élément clé pour que les auditeurs découvrent de nouvelles émissions et ce système favorise les émissions déjà importantes.»

C’est d’ailleurs pour cela que tant d’initiatives visent à permettre une meilleure découvertedes podcasts, des apps se créent, aux États-Unis comme en France«Sur beaucoup de fronts, les podcasts sont encore en cours de maturation. La manière dont on écrit dessus n’est que l’un de ces fronts».

Et d’autres arts, comme les séries télé, ont pâti de ce manque de production critique avant les podcasts. Il y a peu, rappelait Johanna Zorn dans une tribune sur Medium, les chaînes câblées, HBO, Amazon et Netflix étaient ignorées des programmes culturels. «Ces jours-ci, l’art populaire que les critiques ignorent encore est la narration audio».

Les conseils de Bruno Muschio: «Crackopolis», «Flicopolis», «Les Braqueurs», «Diamant sur canapé»

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Auteur-réalisateur de BrefBloqués et Serge Le Mytho.

«J'hésite entre 4 mini-séries d'Arte radio “Crackopolis”“Flicopolis”“Les Braqueurs““Diamant sur canapé”.«Crackopolis»«Flicopolis»«Les Braqueurs»«Diamant sur canapé». On s'immerge dans des mondes qu'on ne connaît que par la fiction ou les faits divers. Mais cette fois, on écoute directement la personne concernée, comme si on l'avait croisée par hasard et qu'on prenait un verre avec elle. C'est très intime. Les trois premiers fonctionnent très bien ensemble et le dernier “Diamant sur canapé” est peut-être le plus fou, dans le sens où c'est sûrement la seule fois qu'on entend parler UNE “michtoneuse” au lieu d'entendre parler D'UNE “michtoneuse”.»

Comment les podcasts et la musique se complètent

Crédit photo : Jean-Michel Thirion

Crédit photo : Jean-Michel Thirion

Vous êtes en train de dîner avec des amis. Vous avez tout préparé à l'avance, jusqu'à la playlist «Dinner with friends» sur Deezer ou Spotify qui passe en fond pendant le repas. Vous voulez leur montrer à quel point vous aimez les podcasts, alors vous vous levez furtivement et vous en mettez un en essayant de ne pas casser l'ambiance. Raté, tous les invités se taisent et se mettent à écouter ce qu'ils entendent. Pourquoi? Apparemment, on n'écoute pas des podcasts de la même façon que la musique. C'est la différence entre une écoute active et une écoute passive. Comment les plateformes de streaming qui diffusent beaucoup de musique voient le podcast et prennent en compte ces différents types d'écoute?

Sophian Fanen, journaliste et cofondateur du site d'information Les Jours a enquêté pendant un an sur le sujet et publié en novembre 2017 Boulevard du Stream – Du MP3 à Deezer, la musique libérée.

Quel est aujourd'hui selon vous l'objectif des plateformes de streaming?

SF: Il s'agit de favoriser l'écoute la plus longue possible, qui se trouve être plus facile à prolonger si elle est passive. L'écoute passive est plus bénéfique pour elles, c'est donc ce qu'elles ont tendance à privilégier. Plus un utilisateur gratuit utilise la plateforme sur un temps long et plus il a statistiquement de chances de devenir abonné : il faut créer de l'usage, de l'habitude d'écoute pour fidéliser les auditeurs et pour qu'ils se sentent attachés à cet outil.

Quelles stratégies ces plateformes mettent-elles en place pour prolonger l'écoute?

Prenons l'exemple de Spotify qui a commencé à basculer sur un modèle «playlists first» où les albums sont relégués au second plan. Ils privilégient ça pour obtenir une écoute un peu prise par la main, qui se trouve être une écoute plus longue. Ils travaillent beaucoup sur des playlists de musique d'ambiance, des playlists pour faire la cuisine, pour un apéro entre amis, pour travailler au calme... Elles sont vraiment faites pour s'effacer dans le fond sonore du moment, et ça génère des écoutes longues. Maintenant, sur Spotify, quand on arrive à la fin d'un album ou d'une playlist, la musique ne s'arrête pas. Une radio composée par des algorithmes en fonction de l'album qui s'achève (selon des affinités artistiques et sonores) se déclenche automatiquement. Spotify appelle ça une radio parce que, quand on n'est pas abonné, on ne peut pas zapper les morceaux. On ne se rend même pas compte que l'album est fini et qu'une radio s'est enclenchée car le premier morceau de cette radio est systématiquement du même artiste que l'album qu'on vient d'écouter. On rentre vraiment dans une bulle de confort, dans du «déjà écouté», dans une sorte de musique d'ambiance.  

Ce phénomène d'écoute passive est-il nouveau?

Non. La musique d’ambiance existe depuis les musiques liturgiques, ou les musiques de table. Et les playlists existent depuis bien avant le streaming ou le Mp3. Mais l’une comme l’autre restaient relativement marginal dans l'économie de la musique et dans la pensée collective: l'album était le mètre-étalon. Je pense que le streaming ne fait qu'amplifier des pratiques déjà présentes. 

Alors pourquoi les plateformes se mettent-elles au podcast?

D'abord, je pense qu'il ne faut pas considérer que tous les auditeurs de musique en streaming écoutent tout le temps passivement. On a des écoutes qui évoluent dans la journée, selon nos intentions, selon les morceaux et les parties d'un morceau. C'est souvent une écoute active-passive. Mais on s'aperçoit que cette écoute souvent passive rend la plateforme un peu froide, un peu «robinet de musique». Du coup, il y a un besoin de prise de parole et de personnalisation qui se veut plus chaleureuse. C'est là qu'intervient l'humain et sa voix pour créer du lien avec les auditeurs avec une écoute plus active.

Les plateformes ne misent donc pas que sur une écoute passive.

C'est ça. Plus l'écoute est active, plus on prend conscience qu'on aime ce qu'on est en train d'écouter et qu'on aime ce que la plateforme à laquelle on est abonné (ou pas encore) fait pour nous. Spotify, par exemple, très peu actif sur le podcast en France mais beaucoup plus en Allemagne et aux États-Unis, a tendance à insérer des séquences de podcasts dans ses playlists. Même si les podcasts sont des éléments qui peuvent être consultés aussi de façon autonome, les playlists sont considérées comme des médias à part entière. On va écouter de la musique et du podcast en alternance, comme s'il s'agissait d'une radio. Ça ressemble à du flux. L'insertion d'un moment d'écoute active sert aussi finalement le prolongement de l'écoute. En Allemagne, Spotify a utilisé le podcast comme élément marketing en débauchant un duo de comiques –Jan Böhmermann & Olli Schulz– qui étaient à la radio et à la télé et qui étaient vraiment des stars (comme s'ils débauchaient le Palmashow ou Guillaume Meurice en France pour être que sur Spotify). Ça a crédibilisé les intentions de Spotify sur le podcast, et attiré énormément d'auditeurs et d’abonnés.

Mais va-t-on alors, selon vous, vers une passivité de plus en plus grande des auditeurs de podcasts?

C'est difficile à dire avec certitude, bien sûr. Tout l'écosystème en ce moment se dirige vers l'écoute à la maison avec des assistants vocaux, et l'écoute dans la voiture aussi avec des assistants vocaux couplés à des applications de streaming. À partir de là, les intentions sont déjà dites : on va vers une composition de plus en plus fine de moments sonores musicaux et vocaux, personnalisés pour chaque auditeur et disponible en permanence. Je pense que dans le podcast, l'écoute n'est jamais ni totalement passive, ni totalement active. Est-ce qu'il y a des écoutes vraiment 100% dédiées? Je pense qu'elles sont très rares et marginales. Le podcast demande toujours une écoute plus active que la musique qui peut vraiment devenir un fond sonore, mais cela ne veut pas dire qu'on va lui dédier une écoute totale. Certaines personnes ont aussi un usage du podcast comme fond sonore parce qu'elles ont simplement envie que quelqu'un leur parle. Je pense qu'il y a quand même plusieurs niveaux entre les deux extrêmes et un champ très vaste d'écoutes possibles.  

Propos recueillis par Elie Olivennes.

Le conseil podcast de Nadia Daam: «Sex and sounds»

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Nadia Daam est journaliste pour 28 minutes sur Arte,
pour Europe 1 et Slate.


SEX AND SOUNDS. «J’aurais bien aimé recommander un podcast sur l’entreprenariat au féminin ou sur l’art contemporain, parce que c’est classe quand même. La vérité, c’est que ce sont des sujets qui m’intéressent finalement assez peu et qui sont par ailleurs traités dans beaucoup d‘autres médias. Ce qui n’est pas le cas du sexe. Hormis les très bons sites ou blogs, l’offre sonore était somme toute limitée. Il y a bien quelques podcasts anglophones mais ils nécessitent un très bon niveau d’anglais ou impliquent de chercher régulièrement, pendant l’écoute, le sens sur internet de termes obscurs (j’ignorais par exemple ce que signifiait “cum” avant de googler, ça a pas mal limité ma compréhension du podcast américain “Guys we fucked”). Bénie soit Arte Radio, bénie soit Maïa Mazaurette. Avec “Sex and sounds”, il existe enfin un podcast “dédié aux liaisons fructueuses entre plaisirs d'en-bas et sons d'en-haut”. Le son, c’est précisément le prisme choisi pour ce podcast court (5 minutes en moyenne). Maïa nous parle à l’oreille d’ouïe et de sexe, comme une mise en abyme (oui, “mise en abyme”, j’écoute pas de podcast sur l’art contemporain, mais on est pas chez les cons). Maïa, qui connaît son sujet (elle est sexperte pour GQ et Le Monde) se demande si parler français est si sexy que ça, évoque le son de l’orgasme masculin, les bandes originales du porno…

Je recommande particulièrement à tous, sauf à ma mère, l’épisode consacré au “dirty talking”. Sujet souvent évoqué dans la presse féminine mais de façon bien crétine (“Pimentez votre couple : demandez-lui de vous appeler ma petite cochonne”). Comment parler sale sans imiter Joey Starr dans “Ma Benz”? Pourquoi c’est rigolo de dire des gros mots, surtout quand on est une femme? Pourquoi dispose-t-on d’aussi peu de vocabulaire pour exprimer son désir sans emprunter au champ lexical animalier ou à la torture? Et si Maïa confesse elle-même préférer aller sur Twitter si elle veut qu’on lui parle mal, elle pose néanmoins les bonnes questions…»