Sybel à la conquête du divertissement

Virginie Maire

Virginie Maire

Du podcast payant? Beaucoup sont en train de creuser la question. En 2016 déjà, le Wall Street Journal évoquait les avantages des abonnements payants pour les plateformes de podcasts. En effet, en tirant directement leurs revenus du public, elles s'évitent «la difficulté à mesurer leurs parts d'audience et à vendre des espaces de publicité à des annonceurs.» 

Nous avons discuté du modèle de l'abonnement payant avec la fondatrice de Sybel, Virginie Maire. Elle définit Sybel comme une plateforme de divertissement audio. Disponible en décembre, elle sera accessible au prix de 4,99€ par mois. Nous avons voulu comprendre comment elle allait nous convaincre de payer pour des contenus que l’on écoute, pour l’instant, gratuitement.

«On vise un public à la recherche de divertissement. Avec Sybel, nous allons couvrir toutes les catégories  – le thriller, la comédie, la science-fiction, le fantastique, le documentaire…» Avec sa nouvelle plateforme de diffusion de contenus audio, Virginie Maire entend amener le podcast dans tous les foyers– et pas seulement chez celles et ceux qui, le casque vissé sur le crâne, écoutent déjà de l’audio en continu. Elle-même n’est pas issue du milieu. Cette ancienne de M6 et du Parisien a senti le potentiel de l’audio: «J'ai découvert des trésors de contenus et des nouveaux formats qui sont passionnants.» Elle cite forcément Serial, mais aussi la fiction 57, rue de Varenne de France Culture…  «L’audio permet de jouer sur l'imaginaire, de se laisser porter par les voix des comédiens dans un environnement sonore qui est extrêmement riche.»

Cap sur la fiction

Si Sybel veut proposer plusieurs genres de contenu, la fiction aura une place importante. Des histoires pour les enfants et les ados, de la science-fiction, du thriller, du polar, du documentaire, du docu-fiction pour les adultes. Un large panel qui permettra à chacun.e de trouver le podcast qui lui convient. La comparaison avec Netflix revient souvent, mais elle se justifie. En offrant des contenus aussi divers que ses publics, la plateforme encourage une consommation plus forte. Et quoi de mieux pour le binge-listening que le divertissement et la fiction?

«L’audio a un côté multitâches qui est très intéressant. On peut conduire en écoutant de l'audio, faire son jogging, faire pas mal de choses. Et ça ne remplace pas les écrans; on ne pourra jamais faire son jogging en regardant un écran. Des médias de divertissement, il en existe sur plein de supports différents, et dans ce paysage médiatique, je pense que l'audio a complètement sa place.» Offrir une alternative à la vidéo mais pas la remplacer donc, Virginie Maire est claire: «Je ne fais pas la guerre aux écrans, on ne fait que proposer une alternative. […] Sybel répond à un usage dans des conditions de mobilité : en voiture, dans le métro, en avion, en train…» Même si elle admet que les contenus proposés pourront venir contrer la «surconsommation des écrans par les enfants», par exemple, grâce aux fictions audio adaptées à ce public.

Et c’est grâce à la qualité de ses productions que la plateforme espère pouvoir entrer chez nous. Pour cela, la plateforme entend à la fois acheter des productions déjà existantes mais également réaliser des productions originales, en co-production avec des partenaires producteurs (dont Louie éventuellement). Et tout cela, sans pub! Un confort que permet le modèle économique basé sur l’abonnement de Sybel.

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Le Netflix du podcast?

Si payer pour écouter des podcasts est encore inconcevable pour beaucoup d’auditeur.trice.s, c’est pourtant le pari de Sybel: un abonnement à 4,99€ par mois avec un compte qui donne accès à cinq profils sur l'application. Vous pourrez donc partager votre compte avec vos enfants, vos amis ou vos compagnons de vie. Faire payer est une nécessité pour Virginie Maire, si l’on veut accéder à des contenus de qualité. «Aujourd’hui, la création coûte cher. […] Le modèle économique de Sybel, c'est de rémunérer les créateurs, les personnes qui derrière travaillent pour proposer tous ces contenus.»

En plus de cet accès payant, Sybel partage une similitude avec Netflix: celle de proposer une expérience utilisateur améliorée (que Louie a pu tester). C’est l’un des problèmes du format podcast aujourd’hui: il n’est pas toujours facile d’en écouter. Les plateformes manquent de fluidité et rendent l’écoute plus complexe qu’autre chose. «Ces plateformes sont souvent régies par des flux RSS et donc les contenus premium sont noyés au milieu du replay de radio.» C’est ce constat qui a donné l’envie à Virginie Maire de créer une plateforme plus adaptée au contenu audio. Avec Sybel, elle a donc développé une UX (expérience utilisateur) adaptée à la consommation de podcasts. «La promesse de Sybel, c'est de dire qu'aujourd'hui les séries s'écoutent et donc de penser à cette consommation en séries avec des épisodes qui se suivent, avec des vrais programmes, […] et évidemment un algorithme de recommandation pour pousser les contenus le plus en adéquation avec les goûts de chacun.» Sa stratégie pour attirer le public et le fidéliser face aux autres plateformes? «Une période d’essai gratuite au démarrage pour pouvoir rentrer dans les contenus. Et après c'est un abonnement sans engagement. […] Donc c'est pas non plus très engageant pour le consommateur qui va avoir accès en illimité et sans publicité au contenu premium de Sybel.»
 

Mais l’idée d’une plateforme payante plaît déjà à d’autres: on pense à BoxSons, bien sûr, mais aussi à Tootak et à  Majelan. Comme Sybel, cette dernière proposera aussi des contenus sans publicité, une interface simplifiée et de la fiction. Son créateur, l’ex-président de Radio France, Mathieu Gallet, a d’ailleurs lancé un appel à projets à l’occasion du Paris Podcast Festival et table sur un démarrage au printemps prochain.



Alice Bouleau et Maureen Wilson


Le conseil podcast de Agnès Hurstel: 2 Dope Queens

Agnès Hurstel est humoriste, comédienne et autrice. Elle joue en ce moment son spectacle Avec ma bouche au Sentier des Halles et anime une chronique hebdomadaire dans l'émission de France Inter La Bande Originale.

Agnès Hurstel

Agnès Hurstel

«Si je devais en choisir un seul; ce serait le podcast de 2 Dope Queens. Un live show hyper drôle à Brooklyn de deux meilleures copines Phoebe Robinson et Jessica Williams. C’est à mi chemin entre un dîner de copines, du stand up, une arène de discussions entre la salle –elles– et leurs invités.»

Ce qui lui plaît c’est donc le format, mais aussi les thèmes abordés: «C’est toujours sur des sujets croustis: de cul, d’actu, de la baby shower de Beyoncé, de leurs week-ends, de leurs échecs… C’est vraiment génial.»

Elle vous en recommande deux particulièrement: «Mon préféré… Je dirais celui avec Mike Birbiglia. Ou ceux avec Ilana Glazer de Broad City qui parle d’avortement. C’est drôle et engageant.»

Le podcast, petit plaisir pas si solitaire

Il y a des choses qui se partagent, comme les repas, les histoires drôles ou les stylos du bureau. Et d’autres qui se partagent moins (les sous-vêtements et les mots de passe de nos blogs de l’an 2005, par exemple). Qu’en est-il des podcasts? Après tout, si on peut s’asseoir à deux, à trois ou à dix et regarder un film, pourquoi ne pas écouter des podcasts à plusieurs pendant deux heures? 

Parce que, quand on dit «podcast», on imagine une personne seule avec son casque. Dans sa bulle, même au milieu de la foule. À écouter quelqu’un lui parler dans le creux de l’oreille. À vivre un moment d’intimité –ce concept clef sur lequel on revient si souvent.  

On a eu envie de savoir à combien et avec qui vous écoutez vos podcasts, on a donc lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. Vous avez répondu nombreux.ses –et nous avons appris à mieux vous connaître. De ce que l’on a lu, vos pratiques d’écoute varient en fonction du lieu où vous vous trouvez. Si certain.e.s d’entre vous profitent d’être en compagnie de quelqu’un pour lancer un podcast, d’autres vont au contraire organiser la rencontre pour favoriser l’écoute à plusieurs. Du plaisir solitaire aux goûters d’écoute, petit tour d’horizon de vos habitudes auditives… 

Les podcasts sur les chapeaux de roue

Le lieu d’écoute collective qui revient le plus, c’est la voiture. Que ce soit avec vos ami.e.s, votre famille ou de parfait.e.s inconnu.e.s au cours d’un covoiturage, les podcasts vous accompagnent lors de vos longs trajets en voiture.

Et si la radio a longtemps été le média de prédilection sur la route, le podcast offre de nombreux avantages. Votre écoute n’est plus contrainte par la grille, ce qui permet de réécouter des programmes radios en rattrapage, comme Maria, qui écoute souvent Par Jupiter ! (France Inter) et Sur les épaules de Darwin (France Inter) avec son chéri.

La route, c’est aussi l’occasion de gérer la lecture du podcast comme on le souhaite. «Il n'est pas rare qu'on mette en pause pour faire chacun notre commentaire en live, donner nos points de vue ou débattre un point difficile», nous explique Manu, qui écoute des podcasts avec sa compagne.
Certain.e.s d’entre vous vont même jusqu’à associer l’écoute d’un podcast particulier au fait de faire des longs trajets en voiture. C’est le cas de Marion et Romain, pour qui c’est devenu un rituel. «Nous n'écoutons jamais Transfert seul.e ou à la maison, nous faisons même des “réserves” d'épisodes pour quand nous aurons à prendre la voiture pour un trajet important.» Mais, contrairement à Manu, qui aime mettre en pause pour commenter ce qu’il entend, pour eux l’écoute est religieuse. «Nous sommes très studieux quand nous écoutons les épisodes de Transfert, pas de mise sur pause ni de discussions parasites. Nous écoutons.»

Gare cependant à ne pas vous mettre en danger sur la route! Lucie raconte: «On a écouté des podcasts France Culture sur la route, j'avoue que j'ai dû arrêter à un moment car ça me berçait, j'étais plongée dedans et ça commençait à être dangereux pour la route


À table!

L’autre moment que vous avez plébiscité pour vos écoutes à plusieurs, c’est celui du repas. Comme on regarde ses séries en mangeant, on peut consommer ses podcasts au moment du repas. Chez Thomas, c’est tous les mercredis soir. «Entre est devenu un rituel pendant le repas du mercredi soir (pas de télé en mangeant). C’était notre petit rendez-vous hebdomadaire en famille avec Justine, après une écoute préalable par mes soins.»
Et parfois, écouter en mangeant permet de gagner du temps: comme dans le cas de Lucie et sa camarade de road-trip en Sardaigne, que la découverte des fictions Sandra et Homecoming (de Gimlet Media) a plongé dans le binge-listening. «On a commencé dans la voiture; on a été complètement happées par le truc. À essayer de déceler les tenants et aboutissants des intrigues, à exprimer nos ressentis sur les personnages. Si bien qu'on les a binge-listenés les soirs en dessert, en s'enfilant un verre de rouge et une tablette de chocolat noir. C'était comme voir un film, en mieux.» Pareil pour Manu: le moment du repas vient compléter celui de l’écoute en voiture, «quand il n'y a pas de trajets de prévus, on se fait des sessions d'écoute à table».
 

Et aussi les podcasts au lit, en soirée...

Comme pour l’écoute individuelle, il semble que le podcast vous accompagne un peu partout. Plusieurs d’entre vous nous ont parlé des corvées de ménage faites ensemble ou des moments intimes, accompagnés d’un podcast. «Il m’arrive régulièrement d’en écouter avec ma copine, le soir avant que nous nous endormions», raconte Léo. Ou simplement allongé dans l’herbe, comme pour Coline lorsqu’elle a fait découvrir à son copain son podcast préféré. «J'en écoutais seule et m'étant trouvée une vraie passion pour Transfert j'en ai forcément parlé à tout le monde. J'ai voulu le faire découvrir à mon copain l'année dernière, on s'est posés dans l'herbe un écouteur chacun, et on a lancé l'histoire d'Hugo, le premier épisode, que je n'avais pas encore écouté mais dont je connaissais le potentiel. On ne s'est pas parlé, réagissant surtout par regards ou rires, dans une bulle au milieu de tout le monde. À la fin, on s'est échangés nos opinions, nos émotions, comme si on venait de le vivre ensemble.»

Et vous semblez être nombreux.ses à apprécier l’écoute à plusieurs des podcasts pour cette raison précisément: elle ouvre la voie à la discussion. «Je me souviens d’une superbe conversation que nous avons eue sur l’économie des monastères à la suite d’un épisode du podcast de Nouvelles Écoutes, Splash», souligne Léo. «Aussi, nous avons beaucoup échangé à propos des péripéties de Justine l’année dernière.» Et la force de ces conversations, il se l’explique par le fait de pouvoir échanger sur un sujet où il y a un socle commun de connaissances, grâce à l’écoute du podcast. Maria apprécie également cet enrichissement partagé: «on a l’impression d’apprendre des choses à deux, comme lorsqu’on regarde un documentaire ou que l’on fait des expos ensemble». Au-delà des connaissances communes, l’écoute à plusieurs crée un échange. «Ça crée un lien avec la personne, un souvenir commun en plus, une intimité ou un savoir partagé qui crée de la proximité», suggère Coline. Et comme on rit plus face à une comédie lorsque l’on est plusieurs, on peut ressentir les choses plus intensément lors des écoutes à plusieurs.

Pour les podcasts qui racontent des histoires tout particulièrement, le fait d’écouter à plusieurs lance des discussions. Léo: «Parfois les podcasts soulèvent de petites choses auxquelles nous n'aurions pas pensé si nous n'avions pas eu cette écoute en duo. Je pense à des petits souvenirs d'enfance que l'on pouvait se remémorer en écoutant Entre par exemple.» Et comme Léo, vous semblez être nombreux.ses à apprécier le fait de pouvoir connecter vos écoutes à votre vie, lors des écoutes à plusieurs. «Le podcast permet de faire pause là où on souhaite discuter d’un point précis, ou ajouter une anecdote personnelle à un endroit qui nous parle particulièrement», confirme Lucie. 

L’institution : les écoutes publiques

Impossible de parler des écoutes à plusieurs sans s’intéresser à ces séances d’écoutes collectives, de plus en plus nombreuses, qu’elles fassent office d’avant-première avant la diffusion sur internet ou d’événement de lancement d’un nouveau podcast. Aux États-Unis, il existe même des clubs d’écoute de podcasts, sur le modèle des clubs littéraires. Chacun écoute de son côté et vient échanger régulièrement avec d’autres amoureux.ses du podcasts –on retrouve ce plaisir du partage après une écoute commune. Le New York Times a par exemple ouvert les portes de son club d’écoute de podcasts, autrefois réservé à ses seul.e.s employé.e.s. Un épisode est mis au programme de la semaine, accompagné de pistes de questionnements.

En France, ce sont les des goûters d’écoute d’Arte Radio qui ont ouvert la voie à cette pratique. Ces séances d’écoute collective existent depuis les débuts d’Arte Radio: «Le principe d’une séance d'écoute, c’est que c’est comme une séance de cinéma ou de théâtre: tu t’inscris, tu viens à l’heure, tu ne sors pas en plein milieu», nous explique Silvain Gire, directeur éditorial d’Arte Radio. Mais toute œuvre sonore ne se prête pas forcément à une écoute collective, selon lui: «Les podcasts d’Arte Radio sont des podcasts d’auteur, très élaborés, des œuvres de radio. Pour ceux-là, c’est agréable d’avoir une écoute collective. Les podcasts plus légers, plus conversationnels sont moins pertinents à plusieurs», nous explique Silvain Gire. «Les écoutes collectives devraient, à mon sens, être réservées à des œuvres avec une certaine densité, où il y a plusieurs niveaux de lecture, un gros travail sur le son, un récit vraiment passionnant.»
Et si les goûters d’écoute d’Arte Radio durent depuis si longtemps, c’est parce que le format en lui-même apporte quelque chose à l’expérience du podcast: «Les émotions sont multipliées. On se confronte, on peut en parler», détaille Silvain Gire. C’est d’ailleurs l’expérience qu’a faite Léo, lors d’une écoute collective au festival Longueurs d’ondes de Brest: «C'était une expérience très intéressante, il me semble que c'est quelque chose de très intérieur. Je me souviens avoir conservé le regard dans le vague pendant toute l'écoute. On est avec d'autres gens, on partage la même chose en même temps mais l'écoute est très personnelle. Cela mobilise beaucoup l’imagination.»

Pour Silvain Gire, les goûters d’Arte Radio servent aussi de moment d’interaction: «À chaque fois que l’auteur est disponible et à Paris, il vient sur scène avec moi après le programme et on dialogue, on prend quelques questions du public. Ça permet d’aller plus loin et c’est très intéressant pour le public de comprendre comment on fait des choix de réalisation pour un podcast ». Et si cette expérience est valorisante pour le public, elle l’est également pour l’auteur. «L’écoute collective ne pardonne pas. Elle fait ressortir les qualités et les défauts. Il arrive qu’après une avant-première, quand le son n’est pas encore en ligne, on refasse une journée de montage et on remonte le son. Non pas en fonction des réactions des gens, mais parce que leurs réactions nous ont éclairés sur ce qu’il faut faire ».

Seul.e ou mal accompagné.e ?

Mais sortir de l’intime n’est pas forcément au goût de tous les auditeurs et auditrices. Comme Lucie par exemple, qui «pense que l’écoute publique n’est pas si facile à appréhender car personnellement, je ne saurais où poser le regard, et je crains que les interactions –de regards, justement– sortent les auditeurs de l’immersion du podcast, du fil de la narration.»

Pour d’autres encore, ce type d’écoute est incompatible avec l’essence même du format. «Pour moi, l'intérêt du podcast c'est de pouvoir faire une autre activité en parallèle. S'assoir juste pour écouter, ça ne me correspond pas, à moins d'une mise en image appropriée au thème», explique Manu. Mais il ne serait pas contre le fait d’assister à l’enregistrement en public d’une émission. «Avoir la personne en visuel, voir ses réactions non verbales, ça donne des clefs supplémentaires. C'est comme un spectacle ou un concert, avec la réaction de la salle en prime et la possibilité (peut-être) d'interagir avec des séances de questions-réponses.»

Si les podcasts se prêtent ainsi aux écoutes collectives, c’est essentiellement parce que leur portabilité nous permet de choisir quand et avec qui les écouter. Cette même flexibilité donne aux podcasts un avantage sur la radio et en fait un médium à part.

Pour celles et ceux que les goûters d’écoute intéressent, ceux d’Arte Radio se passent à la Maison de la Poésie à Paris –et le prochain (le cinquantième!) aura lieu le 7 octobre.

Merci à vous de nous avoir répondu, de nous écouter et nous lire ! 

Alice Bouleau et Maureen Wilson

Le conseil podcast de Vanessa Seward: Entreprendre dans la mode

Vanessa Seward est une créatrice de mode française, à la tête de la marque au nom éponyme. 

Crédit photo : Pierre Bailly

Crédit photo : Pierre Bailly

«Je conseille le podcast Entreprendre dans la mode. C’est un jeune garçon qui s’appelle Adrien Garcia, je trouve qu’il pose de très bonnes questions, c’est un très bon journaliste. Il travaille dans la mode, dans une maison de couture, mais il fait ça en plus.» 

Son épisode préféré ? «L'épisode avec Marie Rucki, la directrice du studio Berçot. Je ne connais que ce que j’ai vécu, alors c’est très intéressant d’avoir d’autres point de vue, de voir comment d’autres vivent ça. Et justement, là où je trouve qu'Adrien Garcia est pertinent, c’est que tout le monde peut l’écouter

Elle cite également deux autres références: «Ce n’est pas un podcast mais je voudrais le souligner, c’est une émission de radio que j’adore c’est À voix nue. Et sinon j’aime bien le podcast de Valérie Tribes, Chiffon, je le trouve marrant.»

Des podcasts pour voyager

Depuis la fête nationale, depuis la victoire des Bleus, les rues semblent se vider progressivement. Mi-juillet est arrivé, avec son lot de départs en vacances. Qui dit vacances, dit transports, et qui dit transports, dit podcasts! Et puis un podcast en faisant bronzette sur la plage, c’est pas mal aussi. On vous a concocté une petite sélection (subjective et non-exhaustive, comme d’habitude) sur et autour du voyage. Rassurez-vous, celles et ceux qui ne partent pas cet été y trouveront aussi leur compte. Fermez les yeux, écoutez, et laissez-vous emporter loin, très loin…
 

Des conseils pour vos futurs voyages

La débrouillardise, en voyage comme dans la vie, est loin d’être partagée de façon équitable. Certain.e.s sont des baroudeur.euse.s né.e.s, d’autres ont besoin de quelques conseils... Alors que ce soit en prévision de votre voyage annuel en Bretagne ou avant de partir vous expatrier à l’autre bout du monde, les récits et tips des personnes passées avant vous peuvent vous être précieux. On prend son carnet, son stylo, on écoute et on prend note.

  • La Bougeotte est un jeune podcast qui s’adresse aux femmes qui voyagent, fait de discussion, de conseils et témoignages. Loin de s’arrêter à des recommandations que l’on aurait entendus mille fois, La bougeotte propose de répondre à de vraies interrogations pas forcément abordées ailleurs (on pense à l’épisode sur le fait de voyager avec une maladie chronique par exemple). Daisy, Marine et Laura offrent une lecture subtile du voyage en tant que femmes, en y ajoutant un regard critique et en tordant le cou aux clichés!
    La Bougeotte est le nouveau protégé de Nouvelles Écoutes après avoir gagné leur accélérateur de podcasts, Wings! Raison de plus pour l'écouter!

  • On she goes est un podcast américain présenté par Crissle West qui parle voyage pour les femmes racisées. Chaque épisode aborde une thématique sur laquelle les invitées viennent échanger. On y entend parfois des personnalités américaines (Roxane Gay, l’autrice de Bad Feminist, intervient dans le premier épisode), on échange des anecdotes, des conseils pratiques, des bonnes adresses... Le ton est léger et pourtant l’émission aborde des enjeux très sérieux auxquels les femmes non-blanches peuvent être confrontées, comme l’acharnement des agents de sécurité dans les gares ou aéroports, par exemple.

  • Nomade Digital, c’est une discussion entre Stanislas et Paul, deux entrepreneurs qui voyagent… et travaillent. Ils nous partagent leurs histoires de «nomades digitaux», avec des conseils et retours sur expériences pour faciliter le quotidien de celles et ceux qui voudraient leur emboîter le pas. Le ton est léger, on rit en les écoutant, et pas de crainte, le podcast est très accessible, même si vous venez de découvrir comme nous l’expression «nomade digital».

  • Zero to travel, c’est le podcast qui veut vous faire voyager pour… le moins cher possible. Jason Moore est rejoint par des invité.e.s qui viennent partager leurs expériences, non pas de voyage «cheap», car la qualité est toujours valorisée, mais de voyage à moindre coût. Comment gagner un voyage gratuit? Voyager gratuitement en faisant du volontariat? Comment préparer son voyage version «backpacking»? On vous invite à écouter Zero to travel pour obtenir la réponse à toutes ces questions. On vous recommande particulièrement l’épisode How to Make Money, Have Fun and Travel the World, si vous hésitez encore à prendre un emploi saisonnier cet été!
     

Des récits de voyage

Les voyages font aussi rêver parce que l’on est à peu près sûr.e de revenir avec des histoires à raconter aux proches. Une belle rencontre, un moment de frayeur, une révélation existentielle ou des complications de transports… Bref, le voyage est propice aux récits en tout genre, dont voici quelques exemples.

  • À chaque épisode de Je t’emmène en voyage, Alex Vizeo accueille un.e invité.e qui nous raconte une aventure extraordinaire qu’il ou elle a vécue à l’étranger. On a souvent tendance à voir ces explorateur.trice.s comme des individus surhumains, capables de surmonter la peur de l’inconnu, des conditions climatiques très différentes, des dangers réels ou fantasmés pour vivre une expérience intense. Ce podcast a la particularité de nous les rendre plus accessibles, tout en maintenant une bonne dose de sidération en entendant le récit de ces expéditions hallucinantes. Vous pouvez écouter Sylvie raconter comment elle a nagé avec des baleines à bosse, Steven expliquer comment il a fait le tour du monde pendant deux ans sans sac à dos, ou encore Christian parler de son exploration des quatre lieux les plus extrêmes du monde (le plus chaud, le plus humide, le plus froid, et le lieu où le climat est le plus changeant).

  • Si vous trouvez plus intéressant l’aspect psychologique du voyage, plus croustillante la façon dont les péripéties ont un impact sur la personne qui les vit, voici trois épisodes de Transfert (que Louie produit pour Slate.fr) sur le voyage. Dans celui-ci, Lucille vous raconte comment un voyage en Australie a tout changé pour elle. Dans un autre épisode, Tucker vous narre l'une de ses aventures qui pose la question de la confiance que l’on doit accorder aux gens. Enfin, nous vous conseillons d’écouter la bouleversante histoire de Gabriel qui part en Inde et vit une histoire d’amour dans laquelle il n'a pas forcément le beau rôle...

  • Les récits de voyages sont tellement fascinants qu’ils constituent une part non négligeable de la littérature et de l’inspiration des écrivain.e.s. Nous vous recommandons donc d’écouter quelques épisodes de Récit de voyage, sur France Culture. L’épisode sur Jack London, David-Néel, St-Exupéry, Bouvier et Tesson est passionnant. Il en va de même pour la quadrilogie Carnets de voyage qui montre l’articulation si puissante entre le voyage et l’écriture.
     

Des podcasts qui nous font voyager

Certain.e.s d’entre nous ne partent pas en vacances cet été. On rêvait de plages, de forêts, de montagnes. Et on se retrouve dans les mêmes rues, les mêmes bureaux et les mêmes transports en commun. Mais on peut quand même s'évader un peu! Parce que les podcasts ne nous font pas que baver à l’écoute des histoires des autres: parfois, ils nous font voyager —dans notre tête et nos oreilles, certes— en nous embarquant dans des contrées lointaines. Les écouteurs fichés dans les oreilles deviennent alors des passerelles vers des terres et cultures inconnues.

  • Allô la planète est une émission incontournable sur ce point! Présentée par Éric Lange, diffusée sur plusieurs stations dont France Inter pendant quelques années, elle vit aujourd’hui sur le blog de Chapka Assurances et compte près de 200 épisodes. Le concept initial est simple et génial: recevoir des témoignages en direct d'auditeur.trice.s appelant depuis les quatre coins du globe et qui racontent leurs expériences, leur quotidien, et le pays dans lequel ils habitent.

  • Mais nul besoin d’explorer l’étranger et d’autres continents pour se sentir dépaysé.e! Sur la route, diffusé sur France Culture, vous fait voyager partout en France, vous parle de l’actualité d’une ville ou d’une commune (comme Ouvrouer-les-Champs, ce village en mal de maire dans le Loiret), de métiers locaux (comme les vignerons bourguignons) ou encore d’identité régionale (comme cet épisode sur la Corse).

  • Si vous êtes davantage branché.e musique, il faut absolument écouter Carnet de voyage, sur France Musique. L’émission propose «un atlas ouvert sur les musiques que l’on dit de tradition orale ou extra-européennes». Chaque épisode, «croquis sonore» d’ailleurs, vous embarque et vous emmène très loin à travers des mélodies, des timbres et des rythmiques jamais entendus jusqu’alors. Nos préférés: Les pleurs et la colère: poésie chantée des Amharas d’Éthiopie, De l’art du timbre vocal: au cœur du khöömii en Mongolie, et Les longs sanglots du Caucase.

  • Mayotte, voyage dans l’île aux mille parfums, est un documentaire réalisé par Laure Chatrefou et disponible sur ARTE Radio. En moins de dix minutes, il vous emmène à Mayotte, cette île tropicale de l’océan indien, département français depuis 2009, bercée par des influences culturelles très variées. Ouvrez grand les oreilles, vous allez entendre des sons auxquels vous n’êtes peut-être pas habitué.e: «jeu de dames, coco râpé, saut de baleines et chants soufis / Monsieur râleur, marteau-piqueur, musique afro et cri de Makis / Cours de Français, enfant nageur, coq affolé et muezzin».


Inclassables, mais tout aussi excellents, on vous conseille:

  • Travelogue: le podcast qui prend un pas de côté sur les voyages, de façon concrète, pour s’interroger sur les différents enjeux qui y sont liés. On y parle de l’actualité, par exemple avec un épisode-hommage à Anthony Bourdain, mais aussi de sujets plus généraux, comme cet épisode sur le tourisme du cannabis! On vous le recommande chaudement, pour la pertinence des questions posées.

  • Dans la même veine, le dernier épisode de Quoi de Meuf, le podcast de talk féministe de Nouvelles Écoutes, aborde la question du voyage. Mélanie Wanga et Clémentine Gallot s’interrogent sur les enjeux du voyage féminin solitaire, un acte féministe en soi. 

    Maureen Wilson & Elie Olivennes

Le conseil podcast de Sebastian Marx: WTF with Marc Maron

Sebastian Marx est un humoriste américain qui vit à Paris et fait du stand-up dans les deux langues. Il a aussi lancé son propre podcast, Donc Voilà Quoi.

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«Je conseille le podcast WTF de l’humoriste américain Marc Maron. Avec plus de 900 épisodes, c’est l'un des plus importants aux États-Unis, celui qui a mis la barre très haut et a vraiment lancé l’engouement pour les podcasts indépendants, surtout faits par des humoristes. J’avoue qu’il est l’inspiration pour mon podcast Donc Voilà Quoi.

Maron est un super intervieweur. Dans ces conversations intimes d’une heure environ, il arrive à faire parler d’une façon sincère et émouvante les plus grandes stars. Il a commencé avec des humoristes américains et puis a rapidement élargi à des invités de plein d’autres domaines comme Bruce Springsteen, Sharon Stone et même Barack Obama. Mon épisode préféré est celui avec Louis CK (#111 et #112, en 2 partie). On entend deux vieux amis se réconcilier et on découvre le déclic que Louis CK a eu pour devenir l’humoriste de référence qu’il est aujourd’hui.»

  • WTF with Marc Maron est aussi disponible sur iTunes

Le son binaural: Saint Graal ou gadget de la création sonore?

Enfin! Avec l'épisode 1 de Plan Culinaire, Louie s'est mis au son binaural. Oui, le mot fait peur (on dit aussi «son en 3D»), mais la réalité est encore plus impressionnante! Si vous n'avez jamais entendu de son binaural, je vous invite à écouter cette tondeuse passer près de votre nuque, vous allez tout de suite comprendre aux frissons dans votre dos. Cependant, on explique assez peu en quoi le binaural diffère du son habituel, ce que cela peut apporter au podcast et à la création sonore en termes d'ambiance et d'immersion. Je me suis donc tout naturellement tourné vers l'ingénieure du son qui s'occupe de la création sonore de Plan Culinaire.
Léa Chevrier a 25 ans et a étudié à Louis-Lumière en son. Elle a fait un mémoire sur l'utilisation du binaural pour le documentaire radiophonique, et a réalisé Sur la langue, pour ARTE Radio, ainsi qu'un long documentaire sur les phobies avec un court passage en binaural sur l'apiphobie, pour France Culture.
 

Pourquoi t'es-tu tournée vers les podcasts?

L.C. «J'ai beaucoup écouté de podcasts, et à chaque fois je suis un peu déçue parce qu'il y a surtout beaucoup de voix. Le fond est toujours intéressant mais il y a très rarement une sensibilité sonore. Cela m'étonne parce qu'aujourd'hui, dans toute la production audiovisuelle, dans toutes les séries, l'image est de plus en plus travaillée, on voit qu'il y a une vraie recherche esthétique. Je trouve qu'en radio, les journalistes ont trop peu de sensibilité au son, et c'est dommage.»
 

Alors c'est quoi exactement, le binaural ?

«Il y a deux manières de faire du binaural. La première, que j'utilise le plus souvent et qui est la plus simple et magique selon moi, consiste à mettre un micro dans chacune des oreilles et d'enregistrer. Quand on écoute ensuite au casque, on entend en 3D. Cela repose sur un principe très simple: depuis la naissance, notre cerveau corrèle la vue et l'ouïe, si bien qu'il enregistre toutes les informations de spatialisation. Cela permet, même quand on ferme les yeux, de savoir d'où vient le son, et c'est lié à la forme de nos oreilles. Le pavillon de l'oreille est orienté vers l'avant, donc lorsqu'on entend un son devant ou derrière, il ne va pas avoir le même timbre, la même couleur. Si on entend un son à gauche, l'onde sonore arrive sur l'oreille gauche avant d'arriver à l'oreille droite. Le fait de mettre des micros au plus près des tympans permet naturellement de reproduire ce phénomène, car les ondes sonores subissent un effet de diffraction et de réflexion sur notre tête. Les micros vont alors enregistrer directement et exactement les mêmes différences de son. C'est ce que l'on appelle le binaural natif. La deuxième technique, plus compliquée, consiste à utiliser des modèles mathématiques qui essaient de reproduire ces différences de son via un logiciel. C'est le binaural par traitement du signal.»
 

En quoi est-ce différent du son que l'on a l'habitude d'écouter?

«Le binaural diffère de la stéréo. La stéréo capte les différences de temps et d'intensité des sons, et cela permet d'entendre à droite et à gauche, mais pas en avant, en arrière, au dessus, en dessous, parce que tout cela repose sur les différences de timbre. Et c'est cela que prend en compte le binaural.»
 

En quoi l'écoute d'un son en binaural est alors différente?

«Le binaural apporte de l'espace, une impression d'immersion, que l'on a moins avec la stéréo. Dans tout ce qui est enregistré très proche de la tête, comme une voix qui nous chuchote à l'oreille ou un objet que l'on fait passer près de notre nuque, le binaural va très bien fonctionner parce qu'il va rendre l'impression que quelque chose nous frôle. En binaural, on projette les sons à l'extérieur de notre tête, comme dans la vraie vie. En stéréo, le son ne semble pas naturel, et le cerveau ne sait pas où le placer. Il l'internalise donc dans la tête. Le binaural se rapproche beaucoup plus de l'écoute naturelle finalement. La stéréo est faite pour fonctionner sur enceintes à la base. Elle retranscrit une image sonore que l'on pourrait avoir comme devant nos yeux. C'est pour cela que la stéréo au casque ou aux écouteurs fonctionne moins bien que sur des enceintes. Et à l'inverse, le binaural fonctionne exclusivement aux écouteurs.»
 

Pourquoi est-ce que le binaural te passionne?

«C'est quelque chose d'assez magique, même si c'est faux: c'est le fantasme de pouvoir écouter avec les oreilles de quelqu'un d'autre. Comme voir à travers les yeux d'autrui. Chacun voit et entend de façon légèrement différente. Avec le binaural natif, si j'enregistre quelque chose avec des micros dans mes oreilles et que je réécoute au casque, cela va très bien marcher. Si, en revanche, quelqu'un d'autre réécoute et si les oreilles de cette personne sont très différentes des miennes, cela risque de mal fonctionner. C'est clairement un véritable enjeu technique, mais en même temps je trouve cela génial et fascinant!»
 

Comment travailles-tu avec Louie Media là-dessus?

«Pour l'instant, je travaille sur Plan Culinaire. Je suis arrivée un peu tard sur le projet, donc tout était déjà écrit et les voix étaient enregistrées. J'ai davantage fait de l'illustration sonore a posteriori. Mélissa m'a laissé carte blanche pour faire la création sonore que je voulais, et je me suis bien amusée. Je voulais enregistrer quelqu'un qui mâche des céréales en binaural natif mais c'était un peu compliqué. On peut acheter des têtes artificielles avec des micros, mais cela coûte très cher, donc j'ai préféré fabriquer une tête moi-même! J'ai passé une journée dans ma chambre avec mon paquet de céréales à enregistrer plein de sons. Je suis aussi allée prendre des ambiances dans des supermarchés, des cafés... L'avantage, c'est qu'avec les petits micros dans les oreilles, je passe incognito, tout le monde pense que ce sont des écouteurs! Je pense qu'avec Louie, on va intégrer le son en binaural de plus en plus tôt, dès l'écriture des épisodes, parce que plaquer du son par dessus n'est pas toujours très heureux.»
 

Le binaural est-il le futur de la création audio ou un simple gadget, selon toi?

«Le binaural existe depuis les années 1970 mais ne se démocratise que maintenant parce que, sociologiquement, les gens se mettent de plus en plus à écouter au casque ou aux écouteurs. Mais je ne pense pas que le binaural soit mieux que la stéréo, et que la stéréo soit mieux que la mono. C'est juste différent selon l'utilisation que l'on en fait, et ce sont deux choses différentes. C'est comme la couleur et le noir et blanc. Un beau film en noir et blanc, on n'a pas envie de le coloriser. Le problème avec les nouvelles technologies (même si ce n'est pas si nouveau), c'est que l'on commence toujours par faire des choses un peu kitsch juste pour montrer l'effet, comme le cinéma 3D par exemple. Petit à petit, cela rentre dans la culture des gens et on commence à l'associer à une vraie écriture. Moi-même je tâtonne et je me pose tout le temps la question pour le binaural. Que peut-on faire avec, et dans quel cadre est-ce intéressant?
Pour répondre à la question initiale, c'est les deux. Le binaural n'est qu'une technique. Reste à savoir comment se l'approprier.»


Propos recueillis par Elie Olivennes

 

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Pour entendre les sons de céréales en binaural dont parle Léa Chevrier dans l'interview, écoutez le premier épisode de Plan CulinaireCe nouveau podcast Louie sera diffusé chaque premier vendredi du mois. Retrouvez Plan Culinaire sur notre site louiemedia.com,  sur iTunes (et laissez commentaires et étoiles!), Soundcloud, YouTube. N'hésitez pas à nous suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram et à commenter. Vous pouvez aussi nous envoyer des e-mails à hello@louiemedia.com.

Le conseil podcast de Océan: À bientôt de te revoir

«J'ai une petite passion pour le podcast À bientôt de te revoir de Sophie-Marie Larrouy, auquel j'ai participé. C'est à la fois performatif –puisqu'enregistré en public à la Nouvelle Seine–, absurde puisqu'on y dit beaucoup de bêtises et de choses "inutiles" et franchement très drôle. Plutôt que de fédérer autour d'une thématique fermée, À bientôt de te revoir est axé autour de son hôte, Sophie-Marie Larrouy, qui emmène son invité dans les zones troubles de ses souvenirs, ses fétiches, ses peurs les plus absurdes.

Pour une fois, on n'a rien à acheter, on n'a rien à vendre, juste partager un moment inattendu, sans fil directeur autre que le "feeling". La légèreté tantôt feinte, tantôt réelle de Sophie-Marie Larrouy permet de découvrir autrement ses invités, dans une virée crépusculaire et ivre, loin de la marchandisation des égos à laquelle les médias nous restreignent souvent.»
 

Un nouveau podcast Louie à glisser dans vos oreilles: Plan Culinaire

Lorsque je me suis rendue compte que j’adorais parler de ce que je mange, j’avais devant moi une assiette de mozzarella (la burrata n’avait pas encore envahi nos restaurants et supermarchés), elle était accompagnée de tomates qui avaient du goût et de basilic pour parfumer le tout. J’avais toujours aimé manger mais je réalisais seulement, au début de ma vie d’adulte, toute la passion qui m’animait quand ma bouche s’ouvrait pour en débattre.

C’est aussi sûrement grâce à Nora Bouazzouni, que j’ai rencontrée en 2009 à un festival de musique en Bretagne, où l’on se nourrissait de galettes de sarrasin et de bière tiède. La suite, ce sont de longues discussions qui n’ont jamais cessé.

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                                                  Thibaud Le Floch

Pourquoi mange-t-on encore des céréales à notre âge? Pourquoi a-t-on commencé à boire du vin nature? Va-t-on au resto comme on sort voir une expo? Nora et moi avions envie de répondre à toutes les questions qu’on se posait lors de nos conversations à table –un comportement si français– et de décortiquer nos habitudes. Parce que, comme on le dit si souvent, «manger, c’est la vie». C'est une activité vitale que nos pratiques culturelles transforment constamment. «Sur l’alimentationnote si justement le sociologue Jean-Pierre Poulain, convergent des éléments qui traduisent les mutations des sociétés contemporaines. On peut l’étudier comme lieu de ces mutations. (...) Mais l’alimentation est aussi un élément qui fonde la société. Et qui la transforme.» C’est le point névralgique qui nous permet, en creux, de comprendre les sociétés que l'on habite.  

Manger, c’est aussi une expérience sensorielle particulière que l’on vit trois fois par jour, voire plus. Des sensations particulières et une excitation que nous voulions transmettre, avec un travail sur le son qui devrait vous faire de l’effet dès ce premier épisode de Plan Culinaire.

Il parle de l'une de nos obsessions, le petit-déjeuner, et de la manière dont on a toujours cru, enfants, qu’il fallait manger des céréales pour être en forme et bien grandir. Était-ce vraiment le petit-déjeuner idéal? Pourquoi en est-on resté.e.s persuadé.e.s si longtemps? Qui a mis des céréales Kellogg’s dans nos bols? Et pourquoi le Granola tente-t-il de remplacer les Chocapic?

Nous voulions élargir la discussion, au-delà de Nora et moi, au-delà de Louie, où l’on évoque nos repas à longueur de journée, qu’ils soient passés, présents ou futurs. Pour découvrir ce que notre façon de manger dit de nous, de nos sociétés et de notre histoire, la grande ou la petite. 

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Plan Culinaire est disponible chaque premier vendredi du mois. Vous pouvez retrouver Plan Culinaire sur notre site louiemedia.com, vous abonner sur iTunes (et laisser commentaires et étoiles !), Soundcloud, YouTube.
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On a hâte de vous lire !

Mélissa Bounoua

Le conseil podcast de Bérengère Krief: Riviera Détente

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Bérengère Krief est humoriste et comédienne. Elle a joué le rôle de Marla dans la série Canal+ Bref et a été nommée pour le Globe de cristal du Meilleur one-man-show.

«C'est le mec de ma cousine qui m'en a parlé! Il m'a dit "écoute-les dans l'ordre depuis l’épisode 0". Alors en bonne élève que je suis, une fois rentrée à Paris, je lance l’épisode 0 tout en faisant la cuisine, 10 minutes plus tard, je suis morte de rire en épluchant mes carottes et mes courgettes! 

Basé sur la Riviera, à Grasse, Henry Michel emporte avec lui son compagnon de toujours Patrick Patrick. Ensemble, ils nous parlent d'actu, se font des confidences, partagent des souvenirs, partent dans des délires lointains avec des improvisations plus incroyables au fur et à mesure des épisodes... Et c'est parti, dans une ambiance décontractée, leur complicité nous emballe et leurs rires si communicatifs nous font aussi exploser de rire quelque soit l'endroit où nous nous trouvons! J'ai dû sembler illuminée à maintes reprises dans le métro ou au supermarché, avec un large sourire et un fou rire que je prenais soin de réfréner! Le tout peut vous sembler loufoque mais il est mené d'une main de maître par Henry Michel et son rire inoubliable qui vous rend heureux. N'hésitez pas à devenir un Rivieros assidu! Dès le deuxième épisode, j'ai su que je voulais aller là-bas et enregistrer une émission. C'est chose faite et l’épisode est en ligne depuis le 18 juin! Fous rires garantis!!!!»


Riviera Détente, un podcast à écouter sur le site de Riviera Ferraille

Sexe et podcast font bon ménage

Ça y est! Le soleil s'est enfin installé au-dessus de nos têtes et darde ses rayons sur nous. Et cela n'est pas sans effet notable. Processus chimique complexe, approche des vacances, simple coïncidence: chacun.e a ses raisons pour avoir envie de parler de sexe. Il se trouve que ce sujet universel trouve dans le podcast un terrain de prédilection. C'est pourquoi, cette semaine, nous vous proposons une sélection subjective et non-exhaustive des meilleurs programmes sur et autour du sexe, pour tous les goûts et tous les désirs. Vous y trouverez des podcasts érotiques, instructifs, de discussion, et bien sûr narratifs!
 

Les podcasts érotiques

Lassé.e.s des images, souvent trop explicites, crues, sans mystère  —donc sans érotisme— de la pornographie habituelle, nombreux.ses sont ceux.elles qui ont pris le parti du sonore. Davantage à même, peut-être, de stimuler l’imagination, l’audio paraît plus raffiné. Et si l’émoustillement par les oreilles était l’avenir du désir et de la sensualité?
Grains de voix affriolants, bruits évocateurs, musiques enivrantes forment un savoureux cocktail qui ne laissera pas vos tympans indifférents.

  • En témoigne cet article de madmoiZelle qui vous parle d’un podcast créé par Stéphanie Estournet qui a été journaliste chez Libération pendant près de quinze ans: CtrlX. Avant d’entrer sur le site, il faut d’abord confirmer que l’on est majeur.e. Apparaissent ensuite les différents épisodes, accompagnés de magnifiques d’illustrations. Chaque podcast est une adaptation audio ciselée d’un texte de littérature érotique (Le Cul de la femme, de Pierre Louÿs; Les Onze Mille Verges, de Guillaume Apollinaire; Les Caprices du sexe, de Louise de B., etc). Je vous recommande particulièrement l’interprétation du Mort de Georges Bataille par Juliette Coulon (à la lecture) et Hervé Marchon (à la réalisation). Ce texte d’une grande force est scandé par des rythmiques et des percussions de batterie ainsi que des bruits sous-marins tout au long de l’écoute qui ne font que le sublimer.

  • Je vous recommande également le deuxième épisode de L’Air du son, produit par Binge Audio, intitulé «Sexe et audio, le dernier refuge du désir?». Dans ce podcast, Andréane Meslard discute de l’érotisme sonore avec ses invité.e.s, Stephen Des Aulnois (créateur du Tag parfait, un magazine en ligne spécialisé dans la culture porn) et Elisa Monteil (créatrice du tumblr Supersexouïe). Ce site a retenu mon attention car il propose une multitude de créations audio pornographiques inventives et originales. La mise en son du sexe y est très diversifiée. J’y ai découvert Hear I come! de Baptiste Marie, une symphonie de voix qui vous fera vous sentir comme un.e chef.fe d’orchestre du plaisir.

  • Je ne peux m’empêcher de vous renvoyer au paragraphe écrit par Charlotte Pudlowski, dans notre troisième newsletter, sur Chambre 206, un podcast érotique à écouter sur Audible. Elle en parle mieux que personne!

  • Enfin, dans un genre un peu différent, il faut que vous écoutiez (ou du moins, tentiez d’écouter) La bande SM d’Arte Radio. Ce documentaire de Jeanne Robet sur une dominatrice qui se fait appeler «Courtisane des limbes» nous fait entendre l’une de ses séances de sadomasochisme avec un soumis. Âmes sensibles, s’abstenir, car comme le dit la description du podcast: «l'insoutenable côtoie le burlesque et les actes de torture s'accompagnent d'une réelle tendresse».

 

Les podcasts qui nous expliquent des choses sur le sexe

Si les podcasts permettent un renouvellement des œuvres pornographiques et érotiques, ils nous offrent également des clefs pour mieux comprendre le sexe, la sexualité, et le regard que l’on porte sur ce sujet souvent peu abordé. Quoi de mieux alors que la parole tout simplement pour briser l’omerta et répondre aux questions que l’on a tou.te.s mais que personne n’ose poser?

  • Dans cette catégorie, on ne peut omettre le fantastique Sex and Sounds, sur Arte Radio. Composée d’épisodes courts (de deux à cinq minutes), cette série est dédiée «aux liaisons fructueuses entre plaisirs d'en-bas et sons d'en-haut». Avec beaucoup d’humour, et une batterie de samples et de sons, Maïa Mazaurette nous en apprend à chaque fois sur des thématiques variées, qui vont du dirty talking au rire au lit en passant par le frout ou le son de l’orgasme masculin.
  • Serial dragueur est un podcast présenté par Anouk Perry, ancienne rédactrice sexe et feel good sur madmoiZelle. En cinq épisodes, Florian, un ami à elle, nous explique comment il fait pour entretenir des liaisons sexuelles saines avec plus d’une dizaine de femmes en même temps, tout en réussissant à faire prospérer des relations sincères avec chacune. Comment s’organise-t-il? Quelles sont ses techniques de drague? Comment voit-il son obsession pour le sexe et quelle place les applis de rencontre occupent-elles dans sa vie?

  • Côté pédagogie du sexe, on ne peut pas faire beaucoup mieux que Le Cabinet de Curiosité Féminine. Cette association anime des ateliers, des débats, des émissions, des conférences, participe à des festivals, ou encore intervient auprès d’autres associations. Ah et elle fait aussi des podcasts! Une fois par mois, des expert.e.s en sexualité discutent d’un sujet pendant près d’une heure et demi. Un épisode est consacré à déconstruire le mythe «Vaginale vs Clitoridienne», un autre à expliquer ce qu’est la prostitution exactement. Je vous recommande tout particulièrement cet épisode qui se demande comment est affectée la sexualité des femmes victimes du cancer du sein.

  • Dans un genre complètement différent, vous allez adorer suivre les pérégrinations de Chris Sowa dans le podcast anglophone Sex With Strangers. Véritable globe-trotteur du sexe et passionné de sociologie, l’animateur de ce podcast voyage aux quatre coins du monde afin d’explorer différentes facettes et spécificités culturelles de la sexualité. Et on apprend plein de choses! Je vous conseille particulièrement l’épisode 1 (où il parcourt la ville de Tokyo à la recherche des introuvables distributeurs de sous-vêtements usagés), l’épisode 7 (il va à Mumbai, en Inde, pour parler avec Jasmine, une femme transgenre et travailleuse du sexe) et l’épisode 29 (où il se rend dans le quartier rouge d’Amsterdam le soir de la Saint-Valentin pour enquêter sur les couples qui pimentent leur vie sexuelle en faisant appel à des prostituées).

 

Les podcasts où l’on parle librement de sexualité

Dans le petit monde du podcast, le sexe semble être abordé, dans la grande majorité des cas, sous la forme d’une discussion libre, d’un talk ou d’une interview. Certain.e.s semblent parfois aimer davantage en parler qu’autre chose, tant le sujet donne lieu aux fous rires et aux débats enflammés.

  • On vous en avait déjà parlé dans notre septième newsletter: l'Émifion est un podcast animé par Navie et Sophie-Marie Larrouy. Dans chaque épisode, elles discutent librement de sexualité sans tabous, idées reçues ou complexes. Leur franc-parler et leur complicité rendent le sujet encore plus désopilant, divertissant et instructif. Dans le même genre, Guys We Fucked est un podcast anglophone où Corinne Fisher et Krystyna Hutchinson interviewent des hommes avec qui elles ont couché.

  • Cet article des Moissonores nous a également fait découvrir L’Aubergine. C’est une émission diffusée le dernier dimanche de chaque mois sur Graffiti Urban Radio, disponible en podcast bien sûr, en charmante compagnie de Lucyprine, du Docteur C, de Flo et de Mélanie. Les épisodes portent des noms alléchants comme «Poils pubiens, cyprine et tronçonneuse», «Sperm, anus et vieux bouquins» ou encore «Douleur, amour à plusieur, podcast et Corto Maltese».

  • Me My Sexe and I® est un podcast qui «fait entendre [...] les expériences personnelles de femmes noires». Il est animé par Axelle Jah Njiké, co-autrice de l’ouvrage collectif Volcaniques, une anthologie du plaisir, qui accueille un vendredi sur deux une femme noire pour parler de sa vie personnelle, de son rapport au corps, à la sexualité, à l’amour… C’est un podcast très beau et doux qui nous fait entrer au cœur de l’intimité de ces femmes aux parcours singuliers.
  • «La phrase que l’on me répète le plus souvent est “Je ne peux pas croire que tu fasses ça avec ta mère"» (traduit librement depuis l’Anglais) dit Cam Poter. Vous l’aurez peut-être compris, il est le co-animateur de Sex Talk With My Mom, un podcast où sa mère et lui discutent et glanent, depuis leurs expériences sentimentales et sexuelles, de précieux conseils. Si l’auditeur.trice, en se laissant emporter dans la discussion, peut avoir tendance à oublier le lien qui unit ces deux personnes, certaines situations assez embarrassantes et gênantes vous le rappellent sans effort!

 

Les podcasts qui racontent des histoires autour du sexe

Mais ce qu’on aime le plus quand on parle de sexe, c’est peut-être les récits. On a tou.te.s cet.tte ami.e qui vit des aventures sexuelles rocambolesques, tellement absurdes et singulières qu’elles sont forcément vraies. Et puis même quand elles sont fictives, les histoires de sexe ont toujours quelque chose d’un peu captivant. Ou peut-être ne sommes-nous que des voyeur.se.s en puissance assouvissant nos pulsions scopiques... Quoi qu’il en soit, voici quatre podcasts où les récits autour du sexe sont mis à l’honneur.

  • On était précédemment dans une étrange relation mère-fils. Restons dans la thématique avec le culte My Dad Wrote A Porno dont on a aussi parlé dans notre septième newsletter. Jamie Morton a un jour fait la découverte insolite d’un roman pornographique écrit par son père. On peut aisément imaginer que toute personne normalement constituée aurait tenté de cacher l’ouvrage et d’en oublier l’existence-même. Bien au contraire, il a décidé d’en faire un podcast hilarant où il lit un chapitre chaque semaine, en compagnie de James Cooper et d’Alice Levine. Il va découvrir des choses sur son père qu’il aurait peut-être préféré ne jamais savoir…

  • Avec Bawdy Storytelling, vous allez être gâté.e.s. Ce podcast est une mine d’or d’histoires (vraies) de sexe abracadabrantesques, hilarantes, étranges et très humaines à la fois. «Je veux que dans chaque histoire, tou.te.s les auditeur.trice.s puissent se reconnaître dans quelque chose» (traduction libre depuis l’Anglais), dit Dixie De La Tour, l’animatrice du podcast. Et c’est une réussite! Vous vous surprendrez à sourire après avoir entendu certains détails a priori insignifiants et pourtant si vrais.

  • Tout a commencé comme un projet féministe et queer sur le sexe et puis ça s'est transformé en un projet féministe, queer, intersectionnel, sur le sexe et ce qui va avec: beaucoup de corps, et des sentiments. Créé par Kaitlin Prest et faisant partie du réseau Radiotopia, The Heart propose de magnifiques mini-séries au son incroyablement créatif. À écouter de toute urgence!


Elie Olivennes

Ne pourra-t-on un jour plus différencier une voix humaine d'une voix artificielle?

Depuis le 13 juin dernier, Amazon Echo est disponible en France. Motorisée par l'assistant Alexa, l'enceinte permet d'accéder à près de 200 applications vocales en français. Les assistants vocaux intelligents font beaucoup parler d’eux ces temps-ci et se démocratisent progressivement. Bientôt, la voix d’un ou une inconnu.e nous accompagnera chez nous, dans nos enceintes, dans nos écouteurs, sous la douche, en pliant nos chaussettes… bref, dans notre quotidien en général. On se souvient du film Her de Spike Jonze, où Théodore (Joaquin Phoenix) tombe amoureux de Samantha, une intelligence artificielle à la voix féminine (celle de Scarlett Johansson). La dernière fiction audio de Gimlet Media, Sandra, s’attaque aussi à la question de l’humanisation de ces voix et intelligences de synthèse. Et si la première étape vers une véritable IA capable de converser naturellement avec l’homme n’était autre que l’amélioration de la voix, qui sonnait très robotique jusque-là?

Aujourd’hui, de plus en plus de recherches ont précisément pour but d'«humaniser» les voix artificielles, pour qu’en fin de compte, on ne puisse plus différencier à l’oreille la voix d’une machine, de celle d’un humain. Et je dois dire que les avancées en la matière sont extrêmement troublantes.

Faites le test par vous-même en écoutant ce premier enregistrement, et le deuxième ensuite.
 

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Alors? Pas si simple de faire la différence. La voix 1 est humaine et c’est celle d’une employée de chez Google, la 2 ne l’est pas. Le projet a été dévoilé en décembre dernier. Cette voix de synthèse incroyablement proche de celle d’un être humain, c’est celle sur laquelle travaille la firme californienne sous un nom de programme aux allures de science-fiction: Tacotron 2.

Selon cet article de 01net, la spécificité de ce programme est qu’il repose sur deux réseaux neuronaux: un premier qui découpe le texte en séquences et les transforme en spectrogrammes, un second qui génère automatiquement les fichiers audio à partir de l’analyse de ces spectrogrammes. En d’autres termes, Tacotron 2 n’utilise pas une banque d’enregistrements variés de comédien.ne.s qu’il combinerait pour former des phrases, mais génèrerait une voix de synthèse à partir des formes d’ondes des spectrogrammes. Le programme aurait obtenu le score exceptionnel de 4,53 lors des calculs chargés de juger la qualité de la restitution sonore d’un codec audio. Pour vous faire une idée, la version humaine s’élève à 4,58.

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En plus de sonner étonnamment humaine, cette voix artificielle est capable de reproduire une multitude de dictions différentes. Comme le montre bien cet article de CNET (avec des enregistrements à l’appui), Tacotron 2 pourrait prononcer aisément des mots compliqués, faire varier le volume et le débit d’élocution, saurait faire la distinction entre les deux sens d’un même mot, et adapterait son intonation à la ponctuation et même à la typographie (les mots en majuscule sont davantage accentués)! Pour les plus curieux.ses d'entre vous, vous pouvez écouter de nombreux exemples ici.

Couplé aux programmes d’intelligence artificielle, Tacotron 2 a notamment permis à l’Assistant de Google de réaliser une prouesse technique au cours de la conférence I/O 2018 (du 8 au 10 mai): faire une réservation par téléphone sans que l’interlocuteur au bout du fil ne se rende compte qu’il s’agissait d’une machine. Comment? En imitant des onomatopées humaines comme les «hum...» et les «ah...», tout simplement!

À celles et ceux qui ont peur des dérives technologiques, de la robotique et de l’intelligence artificielle en particulier, rappelons simplement que cela n’a été possible que sur une courte durée, et que ce programme de voix et d’intelligence de synthèse a pour l’instant besoin d’un entraînement spécifique à chaque nouvel exercice. Mais le jour approche où la voix et le langage ne seront peut-être plus le propre de l’être humain...

D’ailleurs, Justine, de Entre, est un robot depuis le début, de même que toutes les personnes de Transfert. On ne vous l’avait pas dit?

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Elie Olivennes

Le conseil podcast de David Sztanke: Jalen & Jacoby Podcast

David Sztanke est musicien, compositeur, producteur. Anciennement Tahiti Boy, il travaille beaucoup pour le cinéma (BO pour Quentin Dupieux, Christophe Honoré, Éric Judor...), mais tourne avec de nombreux artistes par ailleurs. Il compose régulièrement les bandes son de Transfert.

Grantland est parti de rien: un journaliste sportif américain, Bill Simmons, et de son goût pour la culture populaire classe. Du sport, beaucoup, mais bien plus encore. Le site est devenu si gros qu’en 2015 il est racheté et fermé par un concurrent. Entre autres plumes du site l’on retrouve le gotha des sportifs intelligents, un prix Pulitzer, des artistes doués et de bon goût. Les podcasts divers et variés parlent de basket, de sociologie, de la vie américaine par le prisme de fins journalistes réfléchis. Les podcasts et articles du site sont toujours disponibles malgré la fermeture. Je conseille celui de Jalen Rose (ex-gloire NBA) et David Jacoby, sur un ton familier parfois gênant, souvent très drôle, où ça parle basket mais ça refait surtout le monde, ça dévie, ça reprend, ça vit et c’est chouette, c’est boire une bière avec son pote, parler société entre amis, et ça n’est surtout pas réservé aux aficionados. Je pense que le plaisir que j’ai à écouter ce podcast vient aussi du fait qu’il est absolument imparfait, dans son rythme, dans son vocabulaire très maladroit parfois, ses hésitations, et ses emportements totalement décomplexés. Comme en fin de journée en terrasse, au fond, lorsque l’on parle de l’Amérique que l’on aime.


Jalen & Jacoby Podcast à écouter ici

Vous avez un Android? La vie de vos oreilles va changer

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Au Podcast Day à Copenhague (où Louie était convié), la nouvelle application podcasts de Google était sur toutes les lèvres: elle arrive, de manière imminente, c'est une question de semaines. Actuellement, les consommateurs Apple jouissent d'une application native dans leur téléphone: ils achètent un iPhone, et sans rien télécharger, ils peuvent très facilement écouter des podcasts.

À l'inverse, les détenteurs d'Android devaient, jusqu'à présent, télécharger une des nombreuses applications proposées, mais sans bien savoir vers quoi se tourner. Ce qui avait pour résultat ce décalage impressionnant: 80% des écoutes de podcasts se font sur iPhone, alors que 80% des propriétaires de smartphones ont des téléphones Android. (En France, Android détient 80% de part de marché contre 75,6% un an plus tôt.) Mais cette situation s'apprête à changer.  

«La mission de notre équipe est d'aider à doubler le nombre d'écoutes de podcasts dans le monde, au cours des deux prochaines années», a expliqué Zack Reneau-Wedeen, chef de produit Google Podcasts, il y a quelques semaines.

Dans un post de blog publié en avril, le studio de podcasts américain Pacific Content expliquait que cette nouvelle application, en plus de toutes les fonctionnalités attendues d'une app de podcast classique, intégrerait Google Search et Google Assistant.

Steve Pratt de Pacific Content au Podcast Day à Copenhague, le 12 juin 2018

Steve Pratt de Pacific Content au Podcast Day à Copenhague, le 12 juin 2018

Aussi, pour arriver à doubler l'audience des podcasts, ceux-ci apparaîtront également dans les résultats de recherches Google de manière plus claire, comme des «citoyens de première classe», à l'instar des onglets texte, image et vidéo. Non seulement lorsque l'on cherche spécifiquement le podcast mais aussi lorsque l'on fait une recherche associée à la thématique principale du podcast, a détaillé Steve Pratt de Pacific Content en avril. Présent à Copenhague ce mardi 12 juin, il a laissé entendre que l'appli Google pourrait sortir dans les deux semaines à venir.

D'ici-là, si vous cherchez encore une appli pour votre smartphone sous Android, voilà des idées.

Comment Radio France envisage le podcast

Le 13 février 2018, France Culture a lancé son premier podcast natif de fiction, Hasta Dente, sans qu'il ait été diffusé au préalable en FM. Mais la distribution de podcasts par Radio France n'est pas récente. Depuis 2005, date à laquelle Radio France commence à diffuser des programmes sur iTunes, elle recense 2,5 milliards de téléchargements issus des antennes.

Face à ce chiffre impressionnant, on est tenté de se demander si aujourd'hui, en 2018, la consommation du podcast est enfin devenue une évidence. À défaut de pouvoir répondre de façon tranchée, il est au moins intéressant de comprendre comment une telle institution conçoit le format aujourd'hui, et le discours qu'elle adresse au grand public pour rendre accessible ce type de programme. Parmi toutes les initiatives de la maison de la radio, il y a notamment cette vidéo de France Culture expliquant «Comment écouter un podcast». Christelle Macé, directrice du marketing digital de Radio France, était la personne qui pouvait nous répondre.

Comment Radio France a-t-elle décidé de se mettre aux podcasts?

C.M. : L'origine des podcasts de Radio France, c'est d'abord l'évidence de la réécoute. La deuxième évidence, c'est de transporter nos contenus au-delà de nos propres supports, et donc auprès d'autres publics, ceux pour qui ce n'est pas naturel de se tourner vers Radio France. C'est dans la culture de la maison d'être toujours là où les nouveaux points d'accès au public se développent. C'était le cas au début, et c'est toujours le cas aujourd'hui dans le cadre de notre stratégie d'hyperdistribution. Cela n'empêche pas de réfléchir au bien-fondé de cette distribution et aux relations que l'on doit entretenir avec les plateformes.

Qu’est-ce que le terme «podcast» signifie pour Radio France? Dans notre définition technique interne, on fait une subtile distinction entre, d'une part l'AOD (Audio On Demand), c'est-à-dire ce qui est mis à disposition des usagers pour la réécoute sur nos propres supports ou à l'extérieur, et d'autre part le podcast où l'étape finale reste le téléchargement et l’écoute hors connexion. Aujourd'hui, le terme «podcast» est employé par tous nos confrères de manière beaucoup plus générique pour désigner l'écoute à la demande, où l'on veut (sur n'importe quelle plateforme) et quand on veut (en dehors des grilles horaires). On prend aussi ce parti. En réalité, pour les utilisateurs, et en particulier pour les plus jeunes, peu importe qu'il s'agisse de téléchargement ou de streaming. Ensuite, on a beaucoup de discussions en interne sur la façon dont on nomme les différents modèles. Quand on parle de quelque chose à réécouter dans une émission, quand on fait des spots antenne, quand on décline un certain nombre de visuels de promotion, quand on explique notre activité au grand public, on se demande toujours si le terme «podcast» est bien compris. Tous les nouveaux acteurs qui se lancent, comme Louie Media, aident beaucoup à populariser ce terme, ce qui nous convient très bien.

Quels sont les noms que vous donnez à ces différents modèles de podcast pour le grand public?

On va plus volontiers utiliser le terme «podcast» quand il s'agit d'une série en tant que telle, avec un début et une fin. Quand on parle d'un contenu issu de l'antenne, on va davantage dire qu'il est «disponible en podcast» ou «disponible à la réécoute». Pour nombre d’utilisateurs, peu importe que le contenu soit issu de l'antenne radio ou pas: ce qui compte, c'est que ce soit France Inter ou France Culture qui lui propose. Il y a une valeur attachée à la marque. L’expression «podcast natif» est mal comprise. On va plutôt dire «podcast original», mais ce n'est pas très convainquant. On se met surtout à parler de «série originale» ou «inédite». On utilise des termes qui font comprendre que l'on fait un pas de côté par rapport à l'antenne. Pour être honnête, nous n'avons pas encore de méthodologie pour recueillir l'avis des utilisateurs. Ce dont on est certain, c'est qu’il faut faire comprendre aux auditeurs la notion d'épisodes, soit qui se suivent quand ils ont toute une série à écouter, soit dont l’ordre importe peu pour écouter le programme. C'est une chose sur laquelle on s'interroge : le podcast est-il plutôt une série ou un ensemble? Finalement, on s'autorise beaucoup de libertés.
 

Quelle est l'audience des podcasts de Radio France aujourd'hui?

En 2017, Radio France a comptabilisé près de 600 millions de téléchargements. Depuis 2018, le chiffre s’élève à environ 60 millions par mois.

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Les chiffres de téléchargements / avril 2018 – source eStat (Direction des études et de la prospective, Radio France)

L’évolution du total Radio France, depuis 1 an, avec France Inter et France Culture qui pèsent plus de 90% des téléchargements


Quelle stratégie allez-vous mettre en place ces prochaines années concernant le podcast?

On essaie d'avoir des relations et des discussions plus approfondies avec nos partenaires, les plateformes de distribution, afin qu'il y ait un meilleur échange et que l'on puisse apprendre de cette distribution externe. Le problème de la distribution externe, c'est l'accès aux données. C'est important pour nous de savoir que sur Deezer ou sur iTunes par exemple, ce ne sont pas les forcement les mêmes contenus qui sont plébiscités, que sur telle plateforme, les auditeurs vont jusqu'au bout, et sur telle autre non. Il faut aussi comprendre pourquoi. On a besoin de maîtriser cette distribution. On se sert aussi de cette année 2018 et sûrement de l'année prochaine, comme des laboratoires pour essayer des nouvelles formes d'écriture, des nouvelles thématiques moins abordées sur les antennes de Radio France. Cela nous permet d'inventer des choses éditorialement, mais aussi parce que les vingt-quatre heures d'une grille de radio sont finalement assez limitées. Cela laisse le champ libre à des projets qui ne pourraient pas trouver leur place à l’antenne.
 

Pensez-vous que vos podcasts auront un jour une aussi grande importance que l'antenne?

Oui, j'en suis certaine. La radio, c'est-à-dire l'antenne, compte beaucoup, car c'est un fil, un compagnon de moments de vie. Mais écouter des podcasts, c'est comme choisir dans une bibliothèque, ce qui est un acte beaucoup plus volontaire de la part de l'utilisateur. En revanche, je ne suis pas du tout dans l'angoisse de la cannibalisation ou du remplacement de la radio par le podcast. Je pense qu'il s'agit d'usages différents et très complémentaires.


Propos recueillis par Elie Olivennes

Le conseil podcast de Rokhaya Diallo: Politically Re-active

Rokhaya Diallo est journaliste, auteure et réalisatrice.

«Comment survivre sous l’ère Trump? W. Kamau Bell et Hari Kondabolu explorent toutes les questions politiques actuelles sous l’angle de la résistance et de l’activisme avec un.e invité.e différent.e chaque semaine. C’est frais, c’est joyeux, c’est drôle et ça donne des outils pour garder le sourire en dépit du contexte wtf.»
 

Politically Re-active est un podcast en anglais à écouter sur politicallyreactive.com.

Louie, Acte I

Pas qu'on soit obsédé.e.s par les histoires (pas du tout), mais on s'est dit que la fin du crowdfunding qui arrive (vous avez jusqu'à ce vendredi soir 23h59 pour participer!), c'était l'occasion de faire un petit point sur le début de Louie. Comme si ce 1er juin, c'était l'acte I qui s'achevait.

Le prologue, c'était au printemps dernier. Louie ne s'appelait pas Louie, et on s'ennuyait. À la terrasse de café d’une rue gentrifiée, l’une a dit à l’autre: 
«Mais en vrai, pourquoi pas une boîte de prod?» et l’autre a dit «Trop de papiers: phobie administrative, Thomas Thévenoud». La première a dit «Moi j’adore ranger les papiers, ça me détend.»

Et voilà, il n’a fallu que ça.

Ou presque. Deux démissions, des nuits d’angoisse plus tard, beaucoup d’heures de rush dans la chambre d’une pré-ado extraordinaire, merveilleuse, qui change nos vies, des hectolitres de caféine, des mètres cubes de mikado et de banana bread plus tard, on était à 3 dans nos salons, avec Élie, le super stagiaire-fondateur de compétition (chef de la newsletter de Louie):

Élie à gauche, Mélissa à droite

Plus on avançait, plus on se rendait compte de tout ce qu'on ne savait pas faire, et de la chance qu'il y a à être bien entouré.e.s, de gens qui t'épaulent sur le son, la compta, le business, la prod, la vie, et de livres: 

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On a continué à produire Transfert pour Slate.fr, à chercher en permanence de nouvelles histoires, à être accompagné.e.s par les journalistes, musiciens et ingés son canons qu'on a la chance de fréquenter, et puis on a planché sur nos nouveaux projets. Et on a fini par lancer notre premier podcast Louie.

C’était l’acte I qui commençait. Vous vous êtes mis à écouter Entre, à nous envoyer des commentaires gentils, les audiences ont commencé à grimper, et on a appris à essayer de ne pas rire quand on nous prenait en photo: 

On s’est mis à recevoir des demandes de médias, ou de marques, qui voulaient faire des podcasts avec nous (ce n'est pas encore prêt mais c'est imminent, ça arrive!). Au point qu’on a pu embaucher notre première chargée de production, Adélie, et s’installer dans de vrais bureaux, avec un ficus et une machine à café, un lieu de travail où le stagiaire ne côtoie pas ton linge qui sèche:

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Certes, il y a des tapis moches, mais vraiment, cet endroit est super

Et l'équipe s'est encore étoffée, avec Gabrielle, notre nouvelle stagiaire. 

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Adélie à gauche, Élie au centre, Gabrielle à droite.
(Peut-être qu'il faut au moins les lettres e, l et i pour être embauchés chez Louie)

Et là on s’est dit qu’on voulait vraiment lancer nos nouvelles productions, qu’on avait besoin de fonds pour amorcer les projets éditoriaux qu’on souhaitait vous faire entendre avant la fin de l’année, pour payer toutes les personnes avec lesquelles on travaille, journalistes, ingés son, musicien.ne.s, réalisateurs et réalisatrices... Et on a alors lancé le crowdfunding. On a sobrement et discrètement communiqué dessus:

J-5! Vous écoutez des podcasts mais les histoires vous manquent? 😔
Les deux semaines entre chaque épisode de #Transfertpodcast vous semblent longues? 😢
Aider-nous à vous faire #entendredesvoix nouvelles ✊
🔥 Participez à notre crowdfunding 👇

https://t.co/XSEk2fU9n2 pic.twitter.com/1mKUWsB5s2
— Louie Media (@LouieMedia) May 27, 2018

Et à l’heure où l’on se parle (00h24 et les cernes qui vont avec), vous êtes 720 contributeurs, et vous avez laissé 363 commentaires géniaux (dont beaucoup de «Il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait!👍». Est-ce une private joke générale de tous nos auditeurs?)

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Nous avons franchi la somme plancher des 25.000 euros, et nous espérons atteindre 110 ou 120% avant la fin de la collecte.
 
Quoi qu’il en soit, on a un peu le sentiment de passer à l’acte II. Celui où notre consommation de caféine certes ne baissera pas, mais où l’on pourra vous proposer de plus en plus de podcasts, en recherchant un son plus inventif, des histoires nouvelles, des récits différents.
 
Il y a toujours des nostalgiques des débuts. En lançant Louie on a réécouté la toute première émission de This American Life, le taulier des podcasts américains. Elle date du 17 novembre 1995 et elle s’appelait «les nouveaux commencements». Ira Glass, le présentateur, démarrait le programme par un coup de fil, passait un peu de jazz, parlait de ce que c’était de lancer une nouvelle émission, aucune attente, aucune nostalgie et, au bout d’une minute, lâchait: «je pense que certains auditeurs quelque part se disent: "je me souviens des débuts de cette émission, il y a une minute ou deux, quand elle était vraiment bien"».
 
À l’acte II, il y a forcément des auditeurs qui se diront «c’était mieux avant». C’était mieux quand Louie faisait la start up nation entre la cuisine et les toilettes, quand les cheffes préparaient des biscottes au thon pour le déjeuner, et que personne ne savait que cette boîte existait. 
 
C’était bien hein, on ne dit pas le contraire. Mais maintenant ça va être tellement mieux.
 
Et franchement, c’est grâce à vous. Et à votre argent et à votre envie de tote bags et de stickers. Mais vraiment grâce à vous.

On a hâte de vous faire découvrir la suite.

PS: Et jusqu'à ce soir donc: vous pouvez participer, partager le lien du crowdfunding, faire écouter Entre et Transfert autour de vous! Toutes les participations seront utiles jusqu'au dernier moment!

 

C.P. & M.B.

Le conseil podcast de Julien Ménielle: Floodcast

Julien Ménielle est YouTubeur, il anime la chaîne Dans Ton corps et vient de publier un livre du même titre chez Michel Lafon.

«Floodcast, c’est le podcast polymorphe et jubilatoire de FloBer, réalisateur ultra drôle et talentueux de son état, flanqué du non moins drôle et talentueux Adrien Ménielle (oui c’est mon frère) dans le rôle du sniper. Une tablée de 5 personnes, avec des invités issus du monde du Web et de la comédie de manière générale, autour d’un sujet de la vie quotidienne, pour s’échanger anecdotes, blagues et conseils culturels.

Le génie du truc, c’est que quel que soit le thème, les convives et les rubriques, on se sent comme à l’apéro avec une bande de potes, on apprend des trucs, et on mouille son slip de rire. Mon conseil: ne faites pas la même erreur que moi, ne l’écoutez pas au sport, c’est un coup à se blesser.»


Floodcast, un podcast de Flober

Qu'est-ce qu'une bonne musique de podcast?

Vous avez déjà eu le jingle de Serial, reconnaissable entre mille, dans la tête pendant plusieurs jours? Ou le sentiment de revenir en enfance dès les premières notes de Entre? Nous, oui. Mais seriez-vous en mesure de chantonner les moments musicaux qui surgissent, de temps à autre, au cours d'un épisode? Rien n'est moins sûr. La musique est un élément crucial de nos podcasts, elle permet de soutenir la voix, d'établir une atmosphère et une esthétique particulière, de ponctuer le récit, etc. Mais, comme le montre bien cet article du média musical Pitchfork, composer une bonne musique de podcast est un exercice beaucoup plus compliqué qu'on ne le croit, qui n'a pas grand chose à voir avec la création musicale ordinaire.

On a donc eu envie d'interroger Maxime Daoud, l'un des musiciens et compositeurs qui réalise la musique pour Transfert depuis le début. Il travaille par ailleurs sur plusieurs projets musicaux: Ojard (ojard.bandcamp.com), Rodolph (rodolph.bandcamp.com) et joue avec Forever Pavot, Adrien Soleiman. 
 

Comment imagines-tu la musique d'un épisode Transfert?

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«Je reçois d'abord un premier montage de l'épisode, qui n'est pas nécessairement une version définitive (mais presque) pour me donner une idée de l'histoire. Je propose ensuite un thème musical, qui dure entre dix et quinze secondes, et il y a des ajustements à faire parfois. Puis je place la musique à différents endroits du récit. Et on refait de nouveaux allers-retours pour voir si le montage convient, s'il faut rajouter de la musique à certains moments ou en retirer. Enfin, j'envoie les pistes séparées pour aller au mixage. Je travaille chez moi, sur ordinateur, avec le logiciel Ableton Live. J'utilise des sonorités qui sont dans le logiciel et que je traite, mais je fais aussi des prises extérieures avec de vrais instruments (des guitares, des basses, des synthétiseurs, des claviers, etc). Le temps que je mets à composer la musique dépend beaucoup des allers-retours, mais, en moyenne, il me faut une après-midi pour écrire un thème musical et commencer à le mettre en forme, et une autre bonne demi-journée de travail pour le montage.»
 

 

Comment écoutes-tu les épisodes de Transfert dont tu dois faire musique?

«Il y a plusieurs niveaux d'écoute. Il y a d'abord une écoute "naïve", comme si je consommais le podcast de façon classique. J'écoute l'histoire, j'écoute la personne qui parle pour percevoir l'émotion, l'ambiance générale. Vient ensuite une écoute plus technique, dans la perspective de construire une musique. À ce moment-là, j'écoute en premier ce qui a trait à la musicalité de la voix. La voix parlée est très musicale, dans sa tonalité, sa rythmicité, sa dynamique. Certaines sont calmes et monocordes, (sans dimension péjorative), assez stables finalement, et d'autres varient beaucoup plus, avec des exclamations, des changements de rythme... Je considère presque la voix parlée comme un instrument musical, comme si le récit était une longue mélodie qui se décline. C'est à partir de cela que j'essaie d'établir un accompagnement. J'écoute aussi évidemment ce qui est raconté. J'essaie de déterminer où l'histoire va, quels chemins elle emprunte, quels détours elle fait.»
 

Alors comment fais-tu concrètement pour composer une musique en accord avec une voix parlée?

«La première chose que je fais, c'est déterminer le débit de la voix. Je mets un métronome régulier et j'essaie plusieurs tempo pour voir ce que cela fait sur la voix. Et on se rend souvent compte qu'elle est presque en rythme, comme si on avait un tempo inconscient quand on s'exprime. Ensuite, j'établis approximativement sa tonalité. Quand on parle, les intervalles de notes sont assez réduits, donc j'essaie plusieurs thèmes pour voir ce qui sonne naturellement le mieux avec la voix. Je tente un La majeur, par exemple, et si ça ne va pas, j'essaie un autre accord. Je travaille aussi sur les timbres. Une voix peut être nasillarde, épaisses, fine, etc. Je recherche une complémentarité entre la musique et le timbre de la personne qui parle. Si la voix est très médium et très pleine au centre, je vais plutôt l'habiller par le haut (aigu) et par le bas (grave) pour ne pas créer de redondance sonore. Inversement, si elle est fine et perchée, je vais lui faire un petit fauteuil pour qu'elle puisse être installée dessus. Tout cela contribue à l'équilibre et à l'harmonie sonore de l'épisode.»
 

As-tu une méthode de composition musicale pour le podcast?

«L'idée générale est de ne pas entacher le propos et la narration de la personne qui parle en plaquant mon intention et mes émotions à moi. Il s'agit de soutenir le propos, pas de l'effacer. Quand la musique accentue trop un élément, ça devient lourd alors que la voix seule ne l'était pas. J'essaie de composer un thème musical équilibré d'une quinzaine de secondes, avec un certain nombre d'éléments qui peuvent être déclinés tout au long de l'épisode et qui, isolés ou utilisés dans d'autres configurations, vont pouvoir soutenir des moments très variés. Même si l'épisode est très triste, la musique ne le sera pas du début à la fin, parce qu'il y a toujours des nuances dans le propos, des variations dans les émotions, ce n'est jamais uniforme. Il faut donc qu'il y ait assez de ressources dans la composition. Je réutilise souvent un élément rythmique de l'arrangement initial dans les moments tendus, quand il y a de l'action ou du suspens. Dans des moments plus nostalgiques, j'utilise davantage d'harmoniques, de mélodies, d'éléments sonores ouverts. Pour les premiers Transfert, j'avais proposé plusieurs thèmes, comme pour chapitrer l'épisode avec des musiques différentes. Mais cela faisait trop de variations, et le récit était brouillé. On s'est mis d'accord avec Mélissa et Charlotte pour qu'il y ait davantage de cohérence générale dans la musique avec un thème principal. C'est une méthode qui s'est construite empiriquement et subjectivement, mais j'ai l'impression que ça marche mieux comme ça.»
 

Qu'est-ce qu'une bonne musique de podcast selon toi?

«Une bonne musique de podcast doit être en adéquation avec l'esthétique et la ligne éditoriale du podcast lui-même. Avec Transfert par exemple, on est sur quelque chose d'intimiste et de personnel où les gens parlent dans un contexte assez confiné et calme. La musique doit épouser cette ambiance. Une bonne musique de podcast doit aussi soutenir le récit sans l'écraser, le surcharger ou le mettre au second plan. Elle doit se faire suffisamment discrète tout en apportant du relief et du décor à certains moments. C'est une sorte de présence absente.»
 

Tu fais de la musique par ailleurs. Quelle est la différence entre composer de la musique en général, et de la musique pour podcasts?

«C'est très différent. D'un côté, c'est une démarche personnelle quand je compose pour mes projets: je suis mes envies, mes intentions, je détermine ce que je veux faire et la manière dont je veux le faire. Pour Transfert, je m'adapte, j'essaie de servir une ligne éditoriale et un projet culturel qui me dépasse. Il ne faut pas confondre les deux. En revanche, il y a nécessairement des intrications et des sources d'inspiration diverses. Personnellement, je vois la création musicale comme quelque chose d'un peu total et sans clivages véritables.»
 

Est-ce que composer de la musique uniquement pour des podcasts peut être un véritable métier, selon toi?

«Oui, pourquoi pas? À condition que le marché soit suffisamment développé pour ça. Aux États-Unis par exemple, avec des grosses émissions comme This American Life, je suis sûr que certaines personnes ne font que ça. Personnellement, j'ai besoin de faire des choses différentes et je considère que la diversité et l'ouverture sont bonnes pour la création en général. Cela crée des frictions assez intéressantes, alors que la spécialisation dans un domaine peut instaurer un certain nombre de normes qui contraignent l'inspiration et la créativité.»

 

Propos recueillis par Elie Olivennes

Crédit photo: Anne Moyal.

Le conseil podcast de Philippe Pujol: Un faux prophète

Philippe Pujol est journaliste et écrivain, prix Albert Londres en 2014.

«Ce type est une ordure. Un faux prophète qui endoctrine depuis des années des gamins vulnérables en prison. Puis comme le podcast défile on comprend finalement que ce type fait les ordures de notre société et en retraite les résidus. Un témoignage fort, sorti des profondeurs d’une longue incarcération, qui ne pouvait exister qu’en podcast. L’écrire était trop faible, le filmer était impossible. Un travail de réalisation brillant par sa sobriété. La voix d’un mal qui ronge nos jeunes paupérisés.»

Un faux prophète, un documentaire de Claire Robiche à écouter sur Arte Radio.