Le conseil podcast de Lili Sohn: Bouge ton curcuma

credit : Marie Pacifique Zeltner

credit : Marie Pacifique Zeltner

Lili Sohn est bédéiste. En 2014, elle a 29 ans et ses médecins lui diagnostiquent un cancer du sein. À l’époque, elle est graphiste et décide d’ouvrir un blog pour raconter toutes les étapes qu’elle endure. De son blog sont nées une puis plusieurs BD. Dernière publication en date: Vagin Tonic.

"Bouge ton curcuma, c’est une de mes amies, Cindy, qui a aussi eu un cancer du sein et qui interroge la question de la santé à travers des interviews de plein de gens différents. C’est une problématique qu’on n’avait pas trop vu en podcast jusqu'à maintenant.

Son épisode préféré: celui avec le journaliste Feurat Alani

"C’est un épisode qui sort un peu des sentiers battus. Cindy y présente un journaliste qui s’appelle Feurat Alani, un Français d’origine irakienne. Il est retourné en Irak quand il était petit, juste avant la guerre du Golf et c’est pendant un de ces voyages qu’il a décidé de devenir journaliste. Cindy l’interroge énormément sur le quotidien: quel est le lien des gens avec la médecine? Quel rapport ont-ils au corps? C’est assez intéressant. Ça change un petit peu des autres épisodes où elle va vraiment interroger des médecins, des patients, des gens qui ont des pratiques alimentaires, qui sont très attentifs à leur corps. Ici, elle interroge le corps et la santé en période de guerre.

• Bouge ton curcuma est disponible sur Curcuma Box, Youtube et sur toutes les applications de podcast. 

Comment réalise-t-on le podcast Émotions ?

Lorsque j’ai postulé chez Louie Media, j’ai envoyé une courte production radiophonique sur la solitude, un sentiment qui me pesait particulièrement à ce moment-là. J’avais envie de comprendre comment la solitude qui m’alourdissait tant au quotidien était ressentie chez les autres: en existait-il différents types? Quelques semaines plus tard, en arrivant à la première conférence de rédaction de Louie, on m’a annoncé que j’allais devenir l’une des attachées de production –avec Amel Almia– du nouveau podcast: Émotions. Un programme imaginé par Louie et qu’Adélie Pojzman-Pontay présente. On y décortique une émotion par épisode: le tracla confiance en soila négation de la douleur, etc. Depuis, les émotions étudiées ont un certain écho sur ma vie... Ce 2 janvier par exemple, c’était mon premier jour. J’avais le trac, or c’était tout le sujet de l’épisode 1!

Plus tard, il y a aussi eu l'épisode 6 sur la compersion. Un mot que je ne connaissais pas avant de travailler dessus. La compersion, c’est le bonheur que l’on ressent quand on voit quelqu’un que l’on aime être heureux. À la première réunion, je me rappelle très bien avoir dit: “Je suis très amoureuse de mon compagnon, mais s’il me laisse pour quelqu’un d’autre, je serais heureuse de le savoir heureux”. Quelques semaines plus tard, il me quittait pour une autre femme. Coup du sort, nous terminions de travailler sur la compersion.

Parfois, c’est trop difficile, trop sensible de parler de ses émotions. Les choses sont sous notre nez mais il est compliqué de trouver les mots pour en parler. D’autres fois encore, on ne se rend même pas compte que nos émotions nous rongent parce qu’une foule de sentiments s’entrechoquent dans notre tête et forment une jungle. On n’y comprend plus rien!

Dans Émotions, nous voulons décortiquer toute cette gamme de sentiments pour les expliquer, les valoriser et les comprendre parce qu’ils sont parfois complexes, dérangeants ou tabous. Entre ami.e.s, en famille, il arrive que l’on parle assez librement de nos émotions. Mais, en public, c’est tout de suite plus compliqué.

Historiquement, on oppose émotions et raison. On voit les premières comme un obstacle à l’efficacité, notamment au travail. En intégrant le monde professionnel, on nous apprend vite que l’on doit laisser nos réactions émotionnelles hors du bureau. Ici, dans Émotions, nous voulons les comprendre grâce à des histoires et à des analyses qui ne soient pas uniquement pour les enfants.

À chaque épisode, on part à la recherche de témoignages. On sollicite autour de nous, des amis d’amis ou des gens que l’on ne connaît absolument pas et qui ont laissé des commentaires quelque part sur Internet. On fait des appels sur les réseaux sociaux ou on trouve nos histoires en lisant les journaux. On rencontre alors des personnes qui ont vécu des événements incroyables et qui nous racontent les émotions ressenties à ce moment-là. Par exemple, lorsqu’on a travaillé sur la culpabilité et que l’on s’est demandé s’il y avait une bonne dose de culpabilité, Mathilde Truong est venue à nous avec ce message sur Twitter: “Bonjour, je culpabilise de culpabiliser, ça vous semble correspondre?". Comme on cherchait quelqu’un qui ressentait une culpabilité exacerbée, on avait trouvé la bonne personne! Adélie l’a rencontrée chez ses grands-parents, en banlieue parisienne. Au passage, elle en a profité pour interroger Juliette, la petite sœur de Mathilde. Depuis qu’elle est enfant, Mathilde culpabilise en permanence, même quand à 9 ans, elle casse un verre en rangeant la table... Alors pour la confronter, sa petite sœur a une méthode toute personnelle: elle la fait “culpabiliser de culpabiliser pour qu’elle arrête de culpabiliser”!

À l’opposé de l’extrême dose de culpabilité, on voulait comprendre ce que c’était de vivre sans ce sentiment de culpabilité, et comment on le faire naître. Parce que la culpabilité, c’est une émotion que l’on apprend. Adélie a donc rencontré Jean-Rémi Sarraud. Cet homme est calme. Il a une cinquantaine d’années. Quand il était plus jeune, il a été l’auteur d’un crime. Aujourd’hui, il a purgé une peine de vingt ans pendant laquelle il a senti émerger son sentiment de culpabilité. Une émotion qui ne lui était pas naturelle parce que jamais aucune personne ne la lui avait appris étant enfant. Jean-Rémi, c’est Adélie qui l’a trouvé. Un de ses proches le connaissait. Elle a pris le train et l’a rencontré chez lui, en Bretagne.

Toutes ces illustrations servent à visualiser les émotions. S’ajoutent à ces histoires intimes des analyses d’experts. Nous les trouvons grâce à leurs travaux de recherches et leurs ouvrages. Ce sont souvent eux qui nous aiguillent et nous font comprendre toutes les subtilités des émotions, comme avec François Vialatte, chercheur en sciences cognitives à l’ESPCI qui nous a aidé, dans l’épisode 6, à comprendre les mécanismes de la construction de la confiance en soi.

Une fois que l'on a toutes ces interviews, on souffle! Enfin, pas Adélie qui repart dans un nouveau marathon pour la construction de l’épisode. Elle réécoute toutes les heures d’interview –en moyenne de cinq à dix– pour donner vie à une quarantaine de minutes cohérentes. Elle forme un plan, puis écrit son texte. Ensuite, on retrouve Charlotte Pudlowski, la rédactrice en cheffe, pour les fameuses “lectures”. On est généralement trois par réunion. C’est un moment crucial où Adélie lit ce qu’elle a écrit et fait écouter les morceaux d’interviews qu’elle a sélectionnés. S’en suivent deux heures de coupes, de reformulations et d’ajouts. Après deux lectures, c’est vraiment là qu’on peut véritablement souffler: l’épisode est formé!

On continue le montage avec des allers-retours pour être bien certain.e que les coupes sont fluides, puis on passe à l’enregistrement. Pendant une à deux heures, Adélie enregistre son texte. Ensuite, on peaufine l’épisode avec la musique. Il y a un vrai travail de création sonore qui habille chacun des volets. Nicolas de Gelis a créé la musique de générique. Claire Cahu et Nicolas Ver font des propositions musicales pour chaque épisode. Ils utilisent également des bruitages que l’on a enregistré sur le terrain, comme l’arrivée d’Adélie chez Jean-Rémi Sarraud dans l’épisode sur la culpabilité. Puis, on envoie tout ce travail à ce qu’on appelle “le mix” pour harmoniser toutes les hauteurs de sons grâce à Jean-Baptiste Aubonnet. Dernière étape: l’illustration. Jean Mallard est l’illustrateur d’Émotions. À chaque nouvelle création, on est tous.te.s ébahi.e.s par son travail. 

Quand l’épisode est publié, on aime recevoir les messages des auditeur.ice.s chez qui les émotions résonnent. Adélie a par exemple rencontré dans un bar une musicienne qui, après avoir écouté notre premier épisode, n’a plus jamais eu le trac pour remonter sur scène. Depuis le début de cette aventure, on reçoit souvent des messages des auditeur.ice.s qui ont envie et besoin de partager leurs émotions. Et c’est vraiment là que l'on se rend compte à quel point parler de ce qui nous bouleverse est important.

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Les nouveaux épisodes d'Émotions sont à découvrir un lundi sur deux. Vous pouvez retrouver Émotions sur notre site, vous abonner sur Itunes (et laisser plein de commentaires et foule d’étoiles!), Soundcloud et Youtube.

N’hésitez pas aussi à nous suivre sur Facebook,TwitterInstagram et à commenter, partager… Vous pouvez aussi nous envoyer des questions, des critiques et des histoires à l’adresse hello@louiemedia.com. Vous recevrez toujours une réponse!

Maud Benakcha

Le conseil podcast de Léa Frédeval: Un podcast à soi

Léa Frédeval est autrice. Après deux publications aux Éditions Bayard, elle écrit et réalise son premier court-métrage: La Répétition. Elle collabore avec plusieurs revues et travaille à la rédaction de son blog qu'elle tient depuis plusieurs années. En 2018, Léa Frédeval adapte son premier livre au cinéma, Les Affamés. Elle écrit actuellement son deuxième long-métrage ainsi qu’un troisième livre.

credit : jean picon

credit : jean picon

Ce que j’aime dans Un podcast à soi, c’est la multiplicité des voix et des styles de point de vue. J’ai l’impression d’être au milieu d’une pièce sonore, une pièce d’opinions et d’assister à des échanges. C’est hyper immersif. C’est le premier truc qui me botte bien. Et puis, j’apprends plein de trucs. Moi, j’ai compris il y a très peu de temps que j’étais une femme. C’est quelque chose qui est assez nouveau. J’ai l’impression qu’une fois qu’on a mis le doigt dessus, on ne peut plus faire autrement, tu ne peux pas l’éviter. Le défi au quotidien, c’est de le travailler sans ne voir que ça. Plus je me renseigne, mieux je vis les choses. C’est là où ce podcast m’aide dans les questions que je me pose et dans les questions que je ne me pose pas.”
Son épisode préféré:les femmes sont-elles des hommes comme les autres?

Cet épisode pose des questions que je me pose moi-même avant d’être mère. Je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant. J’ai gardé 27 familles donc c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. Éduquer des "enfants" et non pas uniquement comme des garçons ou comme des filles.

Il y a trois ou quatre mecs qui sont interrogés sur ce qu’est être un garçon. J’ai rarement l’occasion d’entendre parler des jeunes hommes sur la masculinité. Ça me touche beaucoup. C’est quelque chose qui n’est pas simple à aborder, comme moi, ce n’est pas simple d’aborder la féminité.

Le podcast est dit féministe mais pourtant cherche à comprendre les hommes, ce que je trouve très intéressant.  Mon féminisme à moi en ce moment c'est de m'intéresser à comment les jeunes hommes se positionnent face aux femmes indépendantes d’aujourd’hui.” 

• Un podcast à soi est un podcast présenté par Charlotte Bienaimé, disponible sur Arte Radio, Youtube et sur toutes les applications de podcast. 

Do you speak podcast?

Chez Louie, nous aimons beaucoup les podcasts américains et, grâce à un article d’Emma Beddington dans The Guardian, on a compris que les podcasts français ont aussi toute leur place dans les oreilles de celles et ceux qui veulent apprendre le français. Emma Beddington, la journaliste et blogueuse qui collabore régulièrement avec Elle, The Guardian ou notamment The Times, explique qu’elle avait si peur de perdre son français qu’elle s’est inscrite aux cours particuliers de l’Alliance Française. Elle y décrit quatre semaines d’efforts quotidiens: Emma Beddington suit des cours, lit des journaux et alors qu’elle part promener son chien... écoute des podcasts. Elle conseille Le nouvel esprit public de Philippe Meyer, Vieille Branche produit par Nouvelles Écoutes  et Entre.

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Après la publication de cet article, nous nous sommes aperçues que plusieurs de nos auditeurs.trices écoutaient eux.elles aussi des podcasts dans des langues étrangères, que certain.e.s, originaires de pays non francophones, avaient découvert Entre.

Tara écoute depuis le Vietnam les podcasts d’InnerFrench, un site créé par Hugo Cotton en 2017 qui propose des programmes abordant des sujets variés toujours accompagnés d’une transcription. Tara a “encore du mal à comprendre le français dans des contextes réels, le fait d’avoir une transcription [l’]’aide énormément pour apprendre des nouveaux mots,  des expressions idiomatiques et des structures de phrase”.À Buenos Aires, une professeure d’anglais, Mila, écoute beaucoup de podcasts en français comme Entre, ou Les podcasts de Madmoizelle, des podcasts en allemand comme Die Liebe ohne Selfies ou Was wenn? et en anglais comme Pump up the Jam ou Reply All“L’anglais est une langue que je maîtrise bien car je l’étudie depuis toujours, mais écouter des podcasts me permet d’être au courant des expressions les plus courantes, pareil pour le français.”

“Ça me permet de mieux comprendre comment se prononcent les mots”

Markéta, habite à Paris mais vient de République tchèque. Elle parle français, anglais, tchèque et slovaque et assure qu’elle apprend plus en écoutant des podcasts qu’en lisant des livres. Elle qui a pourtant étudier l’anglais et le français à La Sorbonne. Markéta est dotée d’une bonne mémoire auditive. Les podcasts lui permettent “de mieux comprendre comment se prononcent les mots et élargir [son] vocabulaire. En écoutant, c’est plus facile de connaître la structure de la phrase et d’intégrer cela dans la pensée”. Ce qu’elle apprécie c’est que, contrairement à la radio diffusée en direct, le podcast permet de mettre sur pause et revenir en arrière si elle n’a pas compris une phrase ou une expression.

En nous plongeant dans l’internet des polyglottes, nous avons croisé le chemin de Nathaniel Hiroz, un multilingue qui parle 9 langues –le français, l’anglais, le suédois, le portugais, le danois, le norvégien, l’allemand, l’italien et le polonais– rien que ça! Depuis sa Suisse natale, Nathaniel a créé le blog devenirpolyglotte.com dans lequel il partage ses expériences personnelles et ses conseils pour apprendre les langues.

Pour lui, tout le monde peut devenir polyglotte et l’apprentissage est beaucoup moins difficile que ce que l’on pense. La première langue qu’il a apprise par lui-même -en dehors de l’école- c’est le suédois et Språket est le premier podcast qu’il a écouté toute langue confondue. C’est un outil important pour lui: “Avec les films et les vidéos c’est facile d’être distrait, il y a le contexte, les expressions, les sous-titres. Dans un podcast on a aucune autre aide que la langue elle-même donc on est forcé de (...) se concentrer que sur [elle]”. Il utilise tellement les podcasts en langue étrangère qu’il a décidé de lancer prochainement le sien sur l’apprentissage des langues.

Podcast bilingue ou monolingue?

Pour Nathaniel, il vaut mieux perdre un peu de temps et trouver le bon podcast plutôt que de se forcer à écouter le premier venu. Et pour choisir le bon, il explique d’abord qu’il en existe plusieurs types.

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Il y a les podcasts “normaux”, soit ceux qui ne s’adressent a priori pas aux apprenants mais plutôt aux natifs. Il y a les podcasts pour apprenants. Ils peuvent être de deux de sorte. Ils sont soit bilingue et reprennent les bases dans la langue de l’apprenant soit 100% dans la langue d’apprentissage comme Español Automático, présenté par Karo Martínez et qui vise à expliquer l’espagnol à des apprenants mais uniquement en espagnol, comme un cours de langue où le.la professeur.e ne parlerait que dans la langue enseignée.

Nathaniel conseille vivement d’écouter des podcasts monolingues : “je tends à ne pas employer de podcasts bilingues parce que mon but c’est de m’immerger (...) Ça vaut la peine d’écouter même si on ne comprend rien au début, pour habituer l’oreille”.

Mieux comprendre et parler juste

Écouter régulièrement une langue permet de mieux la comprendre.  Laetitia Deracinois est professeure d’anglais à l’Université de Paris-Est-Marne-la-Vallée. Pour elle, l’une des grandes difficultés  en anglais, c’est la prononciation et “plus on écoute d’anglais, plus on l’a dans l’oreille, plus on peut reconnaître des mots”. Écouter permet de se familiariser avec les sons d’une langue et la manière dont les mots sont prononcés. Non seulement pour mieux les comprendre, mais aussi pour mieux les prononcer soi-même par la suite.

Nathaniel en a fait l’expérience. “Quand j’ai commencé le polonais, c’était très éloigné des langues que je connaissais déjà. Mais simplement le fait d’écouter des podcasts, même si je comprenais rien, ça m’a permis de développer un bon accent.” C’est même l’accent dont il est le plus satisfait. Il écoute Real Polish, un podcast uniquement en polonais créé et présenté par Piotr, un polyglotte de 49 ans vivant en Varsovie, à destination des apprenants. “Il parle pas trop rapidement, d’une manière très claire et il répète souvent les phrases en les reformulant, par exemple avec un synonyme ou une paraphrase et c’est excellent parce que (…) les explications, ça permet d’apprendre des nouveaux mots sans avoir à traduire.”

Contenu authentique

Pour Céline Haumesser, formatrice d’enseignants d’espagnol à l’Université de Cergy-pontoise, un support qui permet d’écouter les mots du quotidien est nécessaire et même fondamental dans le processus d’apprentissage. Il permet de nous confronter à “des points de vue et à la culture du pays”. Donc non seulement la forme est primordiale mais aussi le contenu.

Une expérience a été menée en Iran dans une classe d’anglais divisée en deux groupes. Les étudiants du premier groupe ont été confrontés à l’écoute de podcasts alors que le deuxième groupe n’a utilisé que des supports écrits. Les résultats sont significatifs: c’est le premier groupe qui a atteint un niveau plus élevé plus rapidement.

Le polyglotte Nathaniel insiste sur le fait qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer et d’écouter des podcasts dans des thématiques telles que la politique, l’histoire ou la philosophie. Pour lui, au niveau du vocabulaire il sera par exemple plus facile de comprendre des discussions scientifiques puisque beaucoup de termes sont les mêmes, dérivés du grec ancien ou du latin et sont utilisés de la même manière. 

Pour Nathaniel, l’essence de l’apprentissage d’une langue, c’est l’inconscient. Concrètement, la grammaire est partie intégrante d’une langue mais il faut tendre à un apprentissage qui nous permette de nous exprimer sans avoir à y réfléchir consciemment. C’est la théorie de l’apprentissage naturel de Stephen Krashen

Écouter même en arrière fond d’une oreille distraite peut permettre d’apprendre une langue plus rapidement. Le magazine de vulgarisation scientifique, Scientific American publie un article à ce sujet en janvier 2017 et cite deux expériences selon lesquelles le fait d’entendre les sons d’une langue sans y prêter complètement attention, en plus de cours, aide les apprenants à apprendre plus vite. Alors pourquoi ne pas écouter des podcasts en allemand en faisant votre repassage?

Outil du quotidien

Cette caractéristique du podcast -pouvoir faire autre chose en même temps- représente un réel gain de temps. On peut en écouter en conduisant, dans les transports, à la salle de sport ou pendant les courses, ou même... juste avant de s’endormir. Le site d’informations américain, Quartz et Duolinguo, un site gratuit destiné à l’apprentissage des langues, ont analysé ensemble les habitudes des utilisateurs de la plateforme et en sont arrivés à la conclusion que les personnes qui apprennent les langues entre 22h et minuit avaient les meilleurs résultats. Ce qui en ressort, c’est aussi que les utilisateurs qui avaient tendance à apprendre avant de dormir était aussi ceux qui apprenaient au quotidien.

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Un podcast par jour, la tête sur l’oreiller, c’est un programme qui nous parle. Mieux encore, si vous avez peur de vous endormir, rassurez-vous, une étude publiée dans Cerebral Cortex en juin 2015 montre que le fait d’écouter une langue durant son sommeil facilite l’apprentissage du vocabulaire.

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Alors qu’attendez-vous pour vous mettre enfin au russe, à l’italien, ou à cette langue que vous avez toujours voulu apprendre? Vous pourriez écouter Alle otto della sera pour apprendre l’italien, Escriba Café pour vous initier au portugais ou Sproglaboratoriet pour vous aider à découvrir le danois.

Amel Almia et Maud Benakcha

Le conseil podcast de Kyan Khojandi: Un café au Lot7

Kyan Khojandi est auteur, acteur et réalisateur. Il est surtout connu pour la série Bref et il publie bientôt une adaptation graphique de son spectacle, Pulsions illustré par Boulet et coécrit avec Bruno Muschio.

Crédit: Thomas O’Brien

Crédit: Thomas O’Brien

“En ce moment j'écoute Un Café au Lot7 de Louis Dubourg. Il y reçoit des comiques et discute avec eux de comédie.

Si vous êtes fan d'humour et que vous voulez percer les rouages des comiques et ce qu'ils pensent avant de monter sur scène ou quand ils montent sur scène ou après... Sur leurs échecs, leurs joies, leurs peines et leur enfance surtout, parce que ça vient de là, la comédie, écoutez  Un Café au Lot7. C'est vachement intéressant!”


Un café au Lot7 est un podcast présenté par Louis Dubourg, disponible sur son siteYoutube et sur toutes les applications de podcast. 

Des femmes noires aux micros des podcasts

Certains visages et certaines voix sont sous-représentés à la télévision, à la radio et dans la presse. À l’inverse, les podcasts sont souvent perçus comme étant un porte-drapeau de ces paroles invisibilisées, notamment celui des femmes racisées. Mais n’est-ce qu’un mirage? Nous avons posé la question à des femmes noires, présentatrices et créatrices de podcasts français. Des podcasts que l'on vous conseille de glisser dans vos oreilles si ce n’est pas déjà fait.

Se revendiquer afroféministe, c’est considérer que le racisme est vécu différemment en tant que femme et que la machisme revêt d’autres réalités lorsqu’on est noire. D’où le terme “misogynoire” qui additionne la misogynie et le racisme, à l’intersection entre ces deux discriminations. Ces expériences-là, celles des femmes noires, sont rarement présentes dans les médias traditionnels. Binge Audio produit Miroir miroir de Jennifer Padjemi et Kiffe ta race avec Rokhaya Diallo et Grace Ly, tous les deux lancés en septembre 2018. Hormis ces exceptions, les femmes que l’on a interrogées ont créé leur podcast de manière indépendante pour faire entendre leurs voix.

Sexuality Matter

C’est le podcast “le moins assumé de la planète” et c’est elle qui le dit à chaque début de chronique. Wendie Zahibo a 27 ans. Elle a lancé son webzine Reines des temps modernes il y a quatre ans. Dans son podcast, elle veut parler de sexe comme on en parle à des potes. “C’est un sujet tabou de manière générale. Quand on est une femme noire [particulièrement], c’est un sujet que l’on ne peut pas aborder avec ses parents.” Alors, une fois lancée, elle voulait quelque chose de “ludique et fun”.
 

Pari réussi car dans ses chroniques de dix minutes, elle combine humour et sérieux sans une once de gêne. Elle parle de masturbation, de cunnilingus et parfois elle y ajoute son analyse afroféministe, comme dans l’épisode sur le porno noir“Je me suis toujours décrite comme féministe. En grandissant, en me lançant dans mes différents projets, je me rendais compte que ça ne suffisait pas. On ne prenait pas en compte le fait d’être une femme noire dans l’Hexagone.”

Maintenant, on attend avec impatience la deuxième saison. Elle ne nous a pas donné de date précise, mais nous a assuré que cela devrait être pour bientôt…

The Womanist

Direction les États-Unis, où vivent deux françaises: Laéthycia Judy et Louisa Adj. C’est en s'épanouissant dans une start-up new-yorkaise aux idées “extrêmement progressistes” que Louisa Adj a compris les enjeux de l’afroféminisme. Ou plutôt, du womanism “même si les termes sont plutôt proches”. Pour elle, contrairement à sa vision de l’afroféminisme, le mouvement womanist ne se concentre pas uniquement sur les femmes mais “inclut aussi les hommes et les enfants”.

Le déclic du podcast est né en 2017: le moment était venu pour elles de “célébrer et réunir les femmes noires. Nous donner une voix.” Outre-Atlantique, elles se sont imprégnées d’une autre forme de liberté d’expression qu’elles n’avaient pas dans l’Hexagone. “La plupart des podcasts français que je connais et qui sont abordés pour et par des personnes racisé.e.s sont produits de manière individuelle, indépendante et diffusée à plus petite échelle. Aux États-Unis, c’est beaucoup plus inclusif avec des programmes vraiment distribués à grande échelle, vraiment populaires. Ce sont des podcasts qui sont pour les femmes noires et qu’on n’entendrait pas en France”. On peut citer notamment 2 Dopes Queens de Phoebe Robinson et Jessica Williams produit par la WNYC et Yes Girls ! de Cori Murray, Charli Penn et Yolanda Sangweni diffusé par Essence.

Un an et demi plus tard, les deux créatrices ont déjà vingt-deux épisodes à leur actif. Elles parlent aux femmes, noires entre 25 et 45 ans. À chaque début du talk, les deux animatrices prennent quelques minutes pour revenir sur leur quotidien, leur bien-être. Ce n’est qu’ensuite qu’elles approfondissent –seules ou avec une invitée –un sujet comme l’importance de savoir dire non ou le “racisme anti-blanc” . Elles abordent principalement des problématiques de société (amour, famille, sexualité), d’actualité et de bien-être. Ce dernier thème est presque emblématique des podcasts afroféministes. D’après Louisa Adj, “de manière générale, on en parle beaucoup depuis deux ou trois ans [...] mais encore plus dans le discours militant parce que, quand on est racisé, on doit faire face à des micro agressions permanentes. Il y a une fatigue mentale. [...] Les personnes qui vivent le racisme et les discriminations constamment doivent prendre soin d’elle. C’est le premier geste, c’est une façon douce de lutter contre les agressions extérieures. C’est indispensable”.

Me, My Sex And I®

Ne parlez surtout pas d’afroféminisme à Axelle Jah Njiké! La créatrice de Me, My Sex and I® est noire et féministe un point c’est tout. Dans son podcast, elle veut mettre en valeur “les féminités noires” dans leur pluralité. Elle s’entoure de femmes qu’elle trouve inspirantes. Chacun de ses épisodes porte sobrement le prénom de celle qui partage son témoignage et ses expériences. Comme Paoline, elle est la première joueuse noire de l’équipe de France de basket et elle revient sur une enfance emplie d’extrême violence. Avec ses invitées, elle parle de l’intime, de l’enfance: “J’ai essayé de proposer [cette idée] à d’autres podcasts. Mais ils ne comprenaient pas l’importance de l’intime. Ils étaient accoutumés à ce qu’on leur parle de discriminations”.
 

Axelle Jah Njiké souligne l’importance qu’il y a à parler de l’intimité des femmes noires et se lance, seule, en mai 2018. Adolescente, elle déplore n’avoir accès à aucun contenu à propos de l’intimité dans les communautés noires. Donc elle développe sa vision propre: “[Dans] la communauté afro, les podcasts ont un peu tous la même trame. On est encore sur le fait d’être noir plutôt que d’être des personnes. Je voudrais voir des personnes noires aborder des thématiques plus vastes, comme par exemple, celles des nouvelles technologies.”  Pour elle, l’un des meilleurs exemples est le prochain podcast de cette liste: Après la première page.

Après la première page

On s’immerge dans la littérature. Pour Maly Diallo, la créatrice d’Après la première page, ce podcast est un “objet”. Elle est une femme noire et elle invite des autrices noires et / ou des lectrices à parler derrière son micro. “Ma démarche est afroféministe en ce qu’elle met en avant les femmes noires sur un plan sur lequel elles sont peu attendues en France à savoir, la littérature. Mais je ne crois pas que toutes celles qui passent au micro se reconnaissent dans l’afroféminisme.” Elle ne demande pas à ses invitées si elle sont afroféministes. Elle ne cherche pas à n’être écoutée que par des femmes noires. “Ma cible, c’est cette personne qui s’est déjà fait porter pâle parce que qu’elle ne parvenait pas à lâcher un livre passionnant, [...] c’est cette personne qui voyage dans des contrées extraordinaires depuis le fond de son lit.” Dans l’épisode Voici venir les rêveurs, Maly Diallo débute avec une conversation autour d’une recette. Ensuite, on entre dans le vif du sujet: le roman de l’autrice camerounaise Imbolo Mbue. L’enregistrement est hors studio, informel sur la forme comme dans un club de lecture.

Du point de vue de Maly Diallo, il reste encore beaucoup à faire: “Il y a un vernis d'inclusivité dans le paysage podcastique français. Qualitativement parlant, c'est sans commune mesure avec les médias mainstream. Néanmoins, les dynamiques de pouvoirs dans ce monde-là sont peu ou prou les mêmes que celles de la société: des personnes blanches qui construisent leur succès grâce à l'exploitation de thématiques arrivées sur le devant de la scène à la suite de combats acharnés de personnes concerné.e.s (qui, elles, n'en retirent rien)”.

Aujourd’hui, ce que ces femmes interviewées ressentent –sans que d’études ne le démontre– c’est qu’il y aurait une fuite des auditeur.trice.s racisé.e.s vers des médias qui parlent d’eux, qui en parlent sans stéréotype et qui les rendent visibles. Pour Axelle Jah Njiké, le podcast a compris les besoins de ces auditeur.trice.s: “On a été beaucoup plus rapide que les autres médias. [...] On a réussi à mettre sur la table la diversité de la société dans laquelle on est.”

Financièrement, la majeure partie des podcasts afroféministes français sont indépendants. Ils ne sont affiliés à aucune grande plateforme de podcast. Wendie Zahibo de Sexuality matter et Axelle Jah Njiké de Me, My Sex And I®  ont essayé pourtant. Elles ont contacté ces plateformes mais il leur a été rétorqué que leur idée n’était pas assez aboutie ou que le sujet n'intéressait pas suffisamment les auditeur.rice.s. Axelle Jah Njiké est actuellement en pleine recherche de financement pour sa prochaine saison. Les autres créatrices de ces podcasts n’ont même pas songé à se rattacher à une plateforme déjà existante. Elles aiment la totale liberté qu’offre le podcast.

Amel Almia et Maud Benakcha

Le conseil podcast de Rakidd: Les Pieds sur terre de France Culture

Rakidd, que vous connaissez peut-être pour Les gribouillages de Rakidd, de son vrai nom Rachid Sguini, est illustrateur et auteur. Il a publié deux romans graphiques: Gribouillages en 2018 et Le Monde de Rakidd en 2016.

credit : Rachid Sguini

"C’est une émission de radio à la base, sur France Culture. Mais je l’écoute tous les jours aux horaires qui me conviennent, donc en podcast. C’est simplement des gens qui racontent des choses personnelles. Parfois, ils parlent mal, parfois ils parlent bien. Et on se rend compte que tout le monde est passionnant, tout le monde a une histoire à raconter. J’aime beaucoup le principe de poser un micro et de laisser tourner.

Un épisode m'a marqué: 
une nuit avec les péagistes. Comme ça, ça n'a l'air de rien. Les journalistes sont allés interroger les gens qui travaillent où il y a des péages. Je me souviens quand j’étais petit je pensais toujours qu’ils vivaient dans le coin. Et finalement, ils ont tous une histoire et des vies qui les ont amenés là. Je trouve ça important d’humaniser ces personnes qu’on ne voit que 30 secondes dans notre journée et d’apprendre tout ce qu’il y a derrière."


Les Pieds sur terre est une émission de radio sur France Culture, à écouter aussi en podcast sur iTunes.

• Rakidd vous recommande aussi: Kiffe ta race pour déconstruire les préjugés, un podcast produit par Binge Audio.

Comment faire du (bon) reality show en son ?

Plaisir coupable ou passion assumée, la télé-réalité plaît autant qu’elle interroge et ce depuis le début des années 2000 en France. Aujourd’hui, ces programmes ne bénéficient plus de l’attrait de la nouveauté. Mais c’était avant que le podcast s’empare du genre. Nous avons échangé avec les producteurs du podcast anglais d'audio-réalité The Brights pour comprendre comment ce type de programme peut devenir addictif.

De la télé-réalité en son ?

Le podcast The Brights suit la famille du même nom dans son quotidien. Leur particularité? Lydia Bright, l’une des filles, est également star de la télé-réalité britannique.

Si nous nous intéressons à The Brights, c’est d’abord parce que c’est l’une des premières production d’audio-réalité, même si d’autres programmes l’ont précédée, comme The Habitat du studio de podcasts américain Gimlet. On parle d’"audio-réalité" car elle reprend des codes bien définis de la télé-réalité en les adaptant aux contraintes du son.

Steve Ackerman, en charge de la conception et du marketing de l’émission, nous explique que l’enregistrement d’un épisode se fait deux après-midi par semaine - auquel vient s’ajouter le contact quotidien par messages avec l’un des producteurs qui se doit de rester au courant de ce tout qui se trame chez les Bright. L’objectif étant de faire de la série le contenu le plus authentique possible, comme nous l’a expliqué Chris Skinner, producteur de l’émission. Pour cela, lui et son équipe se sont immiscé.e.s chez les Bright: ils repèrent une histoire de cœur ou un début de dispute, leur demandent d’attendre l’arrivée des micros et s’assurent de faire le meilleur enregistrement possible. En tout, six personnes travaillent sur la série et décortiquent les sons des sept micros branchés à chacun des membres de la famille.

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Pour Steve Ackerman, il est important que la narration suive le fil du réel et non l’inverse. Le plus dur est de choisir quelles histoires retenir et lesquelles abandonner. Si, comme on peut le lire dans cet article du Figaro, "a promesse [de la téléréalité] était au départ de montrer dans gens comme nous dans leur vie quotidienne", il reste "très difficile de s'en tenir à la banalité". D’où la nécessité, pour tromper l’ennui, de forcer certaines conversations au sein de la maisonnée Bright. "On ne les force pas à s’adapter à une structure narrative rigide, on les laisse créer leur propre histoire, nous dit Chris Skinner. On leur suggère des idées, mais on finit rarement par diffuser ce à quoi on pensait originellement".

Si la série reste écrite et narrée, elle ne rime pas pour autant avec continuité. Cette absence de logique temporelle est d’ailleurs ce qui fait le succès des séries de télé-réalité - on comprend donc pourquoi The Brights tient à reproduire l’astuce. Dans une étude publiée en 2008, les chercheurs.euse.s Lisa K. Lundy, Amanda M. Ruth et Travis D. Park avaient constaté que les étudiant.e.s interrogé.e.s plébiscitaient l’indépendance des épisodes de télé-réalité les uns par rapport aux autres. "Contrairement aux fictions scénarisées où ils prenaient du retard quand ils rataient un épisode, les séries de télé-réalité semblaient bien s’adapter aux emplois du temps changeants et aux styles de vie denses des étudiants." Steve Ackerman est fier que celles et ceux qui écoutent sa série le fassent d’une traite et dans le désordre. "Environ la moitié de notre public est nouveau chaque semaine, donc on se doute bien qu’ils/elles ne connaissent pas tous les épisodes précédents."

Réinventer le genre

The Brights s’inspire fortement des codes de la télé-réalité pour fidéliser et renouveler son public, mais elle ne se prive pas pour autant d’inventer ses propres pratiques, en évitant les mises en scène artificielles et grossières, par exemple.

En premier lieu, les producteurs ont pris conscience de la sobriété que permet le format du podcast. "On s’est assez vite rendus compte qu’il ne faut finalement que très peu de dialogue pour faire comprendre une histoire. La voix-off de Lydia [Bright] aide énormément le public à se repérer, à se remémorer ce qui s’est passé dans les épisodes précédents et quels sont les rapports qui lient chaque voix l’une à l’autre", explique Steve Ackerman.

Et s’il y a un avantage incontestable à l’audio par rapport à l’image quand on est producteur, c’est le gain de temps. Steve Ackerman nous explique le ratio : ce qui pourrait mettre deux jours à être filmé met une après-midi à être enregistré en audio. Il en va de même pour le montage, beaucoup plus fluide et rapide que pour la télévision. À la lourdeur des caméras et des perches se substituent également la légèreté et la maniabilité des micros-cravate. Une fois les Bright câblés, l’équipe technique peut disparaître.

Parce qu’un autre atout de l’audio, c’est qu’on ne vous voit pas. Une solution pratique lorsqu’il s’agit de faire entendre une grande diversité de personnes, pas forcément à l’aise avec le fait d’être filmées. C’est le cas de Dave Bright, père de Lydia, qui a toujours refusé de participer à l’émission de télé-réalité dans laquelle sa fille évolue - mais qui participe au podcast. Chris Skinner s’en félicite : "On peut maintenant attirer des personnes aux histoires et aux vies intéressantes, qui auraient peut-être été réticentes à l’idée par le passé." Se passer de l’image permet aussi de s’affranchir des questions physiques : "Soyons honnêtes, beaucoup de ces shows de télé-réalité montrent des gens jeunes et beaux et quand vous n’avez plus ces contraintes [...] vous pouvez juste vous intéresser à quiconque a une bonne histoire et une vie intéressante."

Pour accompagner les auditeurs et auditrices, c’est Lydia qui sert de fil conducteur : elle résume les épisodes précédents et décrit la scène. Chris Skinner juge sa voix essentielle, car elle raconte aux auditeur.trice.s ce qu’ils et elles ne peuvent pas voir, en décrivant les personnages par exemple. "Lydia s’est prêtée au jeu – par exemple elle ne disait pas seulement «Dave fait ceci» mais plutôt «Dave, mon père, qui est plutôt comme ça…, fait ceci»." Car il est essentiel, pour créer une histoire, d’avoir des personnages identifiables. "Nous nous sommes rendus compte qu’avoir trop de voix, trop d’histoires pouvait rendre le tout confus", nous explique Chris Skinner. Alors pour éviter la confusion, la production de The Brights a fait le choix de se concentrer sur un ou deux événements centraux par épisode. "Dans l’audio particulièrement, on doit raconter une histoire de façon assez simple car il y a plusieurs voix et surtout, on ne voit rien. Donc la simplicité est cruciale", continue Chris Skinner. Réussir à raconter une histoire simplement en créant une ambiance qui permettra à l’histoire de fonctionner est un art qui ne s’improvise pas. "Quand on prend la peine d’aller enregistrer sur place, il faut que les auditeurs comprennent où ils sont [...] Nous voulions que la série soit aussi réaliste que possible, avec des bruits de bouilloires, des gens qui s’interrompent sans cesse, des oiseaux qui chantent dehors, nous dit Chris Skinner. Au début, on préférait éviter les sons environnants pour privilégier les conversations [...] mais très vite, je me suis dit qu’en discutant, la mère et ses filles feraient probablement bouillir de l’eau pour un thé, donc maintenant, on laisse la bouilloire siffler en fond sonore, on laisse les tasses s’entrechoquer."

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La télé-réalité comme porte d’entrée vers le podcast ? 

Avoir un podcast de qualité ne garantit pas le succès et une large audience. Mais l’équipe de production a pu compter sur la popularité de ses personnages principaux. D’après les centaines de commentaires laissées sur les plateformes spécialisées, Steve a retenu que, pour beaucoup d’auditeurs, ce podcast était le premier qu’ils écoutaient. Un public probablement acquis grâce à Lydia Bright : "notre intuition, c’est qu’ils sont plutôt jeunes et qu’ils ont suivi Lydia et sa famille sur les réseaux", nous explique Steve Ackerman. Lydia Bright a plus d’un million de followers sur Instagram et autant sur Twitter –sa mère se contente de la moitié, ses sœurs de centaines de milliers.

Et les Bright offrent à leur public une échappatoire. Dans le cadre de l’étude publiée en 2008 par Lisa K. Lundy, Amanda M. Ruth et Travis D. Park, des étudiant.e.s d’université ont dit aimer regarder de la télé-réalité car elle leur permettent d’échapper à leur vie quotidienne et de goûter à d’autres vies que la leur. "Les participants disaient vivre par procuration à travers les personnages de ces séries. Pour ces étudiants, la télé-réalité semblait offrir la possibilité d’envisager et de parler de la manière dont ils se comporteraient dans les situations présentées par les séries. Beaucoup des situations rencontrées par les personnages de télé-réalité - vie amoureuse, tensions familiales ou raciales et décisions morales - sont particulièrement parlantes pour des étudiants". C’est d’ailleurs ce que souligne le producteur de The Brights : "Je pense que la bonne audio-réalité marche quand on met en scène des gens pour qui on ressent des émotions fortes - ça peut être de l’amour, de la haine, n’importe, l’important c’est de ressentir des choses, de s’attacher et s’identifier aux personnages", nous dit Chris Skinner. Et selon lui, Lydia est "adorable".
Le producteur reconnaît des ressemblances entre télé-réalité et audio-réalité: les deux nous rappellent notre quotidien. Qu’elle soit sur écran ou dans nos oreilles, la réalité nous permet de nous identifier à des inconnus. D’autres sont plus partisans du fait que la télé-réalité a une vertu cathartique, comme François Jost, sociologue et spécialiste de la télé-réalité. Dans cet article de Libération sur la télé-réalité,  il affirme: "Les Français ont découvert la télé-réalité avec l’émission Loft Story en 2001. Aujourd’hui, ils en consomment encore de nombreuses copies, comme La Ferme des Célébrités ou Les Anges de la Télé Réalité." À en croire François Jost, "ces émissions, c’est le Dîner de cons version télé-réalité. Les candidats pensent qu’ils vont être aimés pour eux alors qu’on aime leur connerie". Selon le sociologue, ce qui rend "heureux" la majorité du public, c’est de regarder ces programmes pour se détendre, se moquer, mais aussi se comparer aux candidat.e.s, pour se rassurer soi-même. Ce qu’on aime, c’est pouvoir s’identifier aux personnages, à leurs vies, tout en ayant conscience de notre plus grande valeur.

Maintenant que The Brights a trouvé la formule qui lui convient, on pourrait s’attendre à ce que la série inspire d’autres à faire de l’audio-réalité. Mais pour l’instant, la prochaine étape pour The Brights est peut-être à la télé: Steve Ackerman estime que "L’audio-réalité permet de créer quelque chose avec peu de moyens - on pourrait très bien imaginer une série comme The Brights à la télévision. Ce basculement fait d’ailleurs partie de notre stratégie idéale, à terme."

Alice Bouleau et Maureen Wilson

Le conseil podcast de Géraldine Dormoy : Bodies de KCRW

Géraldine Dormoy, alias cafemode, est responsable éditoriale life-style du site de "L'Express". Elle est également à l'origine de la newsletter Note de styles

credit : Géraldine dormoy

credit : Géraldine dormoy

"J’aime les podcasts qui font du développement personnel sans en avoir l’air, et plus généralement tout ce qui me permet de mieux comprendre mon corps. Autant dire que j’étais prédestinée à aimer Bodies, d’Allison Behringer. Dans chacun des six épisodes de sa première saison, elle recueille l’histoire d’une femme aux prises d’un organisme qu’elle ne comprend plus. Douleurs pendant l’acte sexuel, ménopause, allaitement difficile… Les troubles paraissent insolubles, mais les personnes s’entêtent, mènent l’enquête jusqu’à, peu à peu, se reconnecter avec elles-mêmes. La mise en scène est très soignée et Allison prend le temps qu’il faut pour percer à jour les personnalités qu’elle présente.

J’ai particulièrement aimé les épisodes 2 (Bleeding), 3 (Anxious Mess) et 4 (Other Than), mais je recommande de tous les écouter, dans l’ordre. Le dernier permet de comprendre la quête qui a animé Allison d’un bout à l’autre. Last but not least, le podcast a une dimension communautaire : les auditeurs sont invités à se connecter à un groupe Facebook fermé pour encore un peu plus dissiper les mystères corporels dont ils peuvent faire l’objet."


• Le podcast Bodies est une production KCRW, à écouter sur iTunes.

Les podcasts vont-ils remplacer les parents ?

Que se passerait-il si les podcasts venaient à prendre le relai de ce moment partagé dans tant de chambres d'enfants le soir, entre un.e petit.e qui ne veut pas dormir et un parent épuisé mais gentiment assis sur le rebord du lit? Les podcasts peuvent-ils remplacer les parents?
 

Les enfants et la voix

Les chiffres font sourire, tant ils nous rappellent de bons souvenirs: d’après un sondage mené par KidsListen (une association américaine œuvrant à l’amélioration du contenu audio pour enfants), quatre enfants américains sur dix écoutent un épisode de podcast quatre fois ou plus. Et surtout, seul un.e enfant sur cinq n’écoute un épisode qu’une seule fois. Ça nous rappelle les K7, que l’on rembobinait à l’infini ou le livre audio du Livre de la Jungle en boucle sur l'autoradio de la voiture familiale sur la route des vacances… Déjà, à l’époque, les parents fatigués pouvaient échapper à leur devoir de conteurs d’histoires le temps d’une bande magnétique. Aujourd’hui, vingt ou trente ans plus tard, les walkman, CD, mp3 et autres iPods ont (presque) disparu. Les enfants, eux, sont toujours là. Leurs demandes incessantes d’histoires du soir aussi.

Que nous soyons né.e.s au siècle dernier ou dans les années 2010, les voix de nos parents restent celles qui nous touchent et nous réconfortent le plus. Une étude menée en 2010 par des chercheurs de l’université du Wisconsin (États-Unis) a démontré que la voix de sa mère au téléphone était aussi rassurante pour l’enfant qu’un câlin. 61 jeunes filles, âgées de 7 à 12 ans, ont été mises dans des conditions de stress (présenter un exposé et résoudre un problème de maths devant des inconnus), avant d’être divisées en trois groupes. Le premier a eu droit à des câlins de leur maman, le deuxième à un coup de fil et le troisième, à un visionnage de La Marche de l’empereur, documentaire jugé émotionnellement neutre. Les jeunes filles des deux premiers groupes ont vu leur niveau d’ocytocine (aussi connue sous le nom «d’hormone du bonheur») augmenter et leur stress baisser. La voix d’une maman, même à travers un combiné, peut donc provoquer les mêmes effets apaisants et rassurants qu’une étreinte. C’est dire le pouvoir de la voix sur les enfants, au-delà même de celles de nos parents. En témoigne le nouveau programme Pieds sur terre et tête en l'air, produit par Audible Original, qui fait le pari de la méditation audio-guidée, destinée aux enfants.

Les podcasts pour enfants, un succès aux États-Unis

Les producteurs et productrices de podcasts ont pressenti cela il y a quelques temps déjà. Ils proposent du divertissement… sans écran. L’année dernière, la plateforme américaine Panoplyavait lancé Pinna, un service payant d’histoires pour enfants, avec pour slogan “Screen free. Ad free. Guilt-free” (comprenez «pas d’écran, pas de pub, pas de sentiment de culpabilité»). Un argument de vente béton, comme l’explique le New York Times. Le fondateur de Pinna, Andy Bowers, nous avait dit à l’époque vouloir répondre à une demande des parents. Face à sa propre réticence à passer des publicités à de jeunes enfants, il a préféré proposer un service payant, mais sans pub (Pinna propose un accès illimité à son contenu pour 7.99$ par mois, soit 7€).
Depuis, le nombre de podcasts et de plateformes (payants ou gratuits) dédiées aux enfants continue de croître. On pense à Chompers (Gimlet), qui propose aux petit.e.s Américain.e.s deux histoires par jour pour les accompagner dans leur brossage de dents, aux P’tits Bateaux(France Inter), qui offre aux curieux et curieuses cinq questions-réponses le dimanche soir, ou au studio Bloom, qui produit La radio des enfants et propose aux jeunes auditeurs des histoires, des réponses à leurs questions, du divertissement pour les trajets en voiture. En avril dernier, une antenne locale de la radio publique américaine (NPR), a même organisé le premier festival dédié aux kidscasts (podcasts pour enfants).

Le pouvoir des histoires

La raison d’un tel essor n’est pas difficile à comprendre, pour peu que vous côtoyiez des enfants. «Un jour, je gardais ma petite nièce de deux ans et [elle] ne voulait pas dormir», se souvient Léonard Billot, réalisateur d’Oli, le podcast de France Inter qui raconte des histoires aux petit.e.s. «Du coup, j’ai commencé à chercher sur Internet ce qui se faisait pour les enfants. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas grand chose. Il y avait bien des mises en son de textes sur France Culture, mais qui se sont arrêtées il y a deux ou trois ans.» Il a fini par opter pour une mise en son d’un texte d’Oscar Wilde, mais sans grande conviction. «Je me suis dit qu’il fallait raconter des histoires aux enfants –et ceux qui racontent le mieux les histoires, ce sont les écrivains.» Des écrivain.e.s, Léonard Billot en connaît –et pour cause, il est journaliste littéraire. Quand il leur demande d’écrire pour des enfants, la plupart craignent l’exercice. Il les rassure et leur demande «d’aller chercher l’énergie, la fantaisie et l’imagination des histoires qu’ils racontent ou racontaient à leurs enfants». C’est ainsi qu’on a vu Delphine de Vigan et Yannick Haenel prendre la plume et écrire pour des petit.e.s. «Ils se sont tournés eux-mêmes directement vers la fiction», explique Léonard Billot. Il rêve Oli comme une porte ouverte sur la littérature, avant même que les enfants ne sachent lire.

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À cette écoute solitaire et indépendante, où l’enfant vient construire un imaginaire sur les sons qu’il entend, vient s’ajouter la possibilité d’une écoute en famille. «C’est même conseillé; ça sert à nouer un contact entre l’enfant et le parent, à développer le dialogue. Si l’enfant ne comprend pas des choses, il peut demander à ses parents qui écoutent avec lui. Et puis surtout, ça peut être matière à ouvrir la discussion.» Léonard Billot ne croit pas si bien dire: toujours selon le sondage de KidsListen, trois quarts des parents rapportent que leurs enfants entament une discussion après l’écoute d’un épisode de podcast. «Quand Delphine de Vigan parle de la mort, par exemple, les enfants demanderont peut-être «Papa, Maman, où il va mon poisson rouge quand il est mort ?», «Qu’est-ce que c’est que la mort ?», etc. Ça ouvre le dialogue. C’est le principe même de la littérature: générer de l'imaginaire et du dialogue entre les gens
Si on pousse plus loin, n’y aurait-il pas un risque que les podcasts prennent peu à peu la place des parents? Et que ces derniers, au lieu de se gratter la tête chaque soir pour trouver une histoire, préfèrent la facilité (et souvent la gratuité) des podcasts? Léonard Billot est catégorique: la réponse est non. «Pour tous les parents qui ne peuvent pas mettre leur enfant au lit en leur lisant une histoire, nous sommes là pour prendre le relai. L’idée n’est surtout pas de remplacer, mais de compléter. Il est primordial que les parents racontent des histoires à leurs enfants, mais on sait très bien que ceux-ci en demandent toujours plus. C’est là qu’Oli intervient.» En proposant un stock d’histoires que des parents, en pleine semaine de travail, n'auraient peut-être pas eu le temps de trouver. Et pour accompagner petits et grands dans le temps, Léonard Billot précise qu’Oli a été pensé conjointement avec des albums illustrés des contes. «Ça permettra aux enfants à la fois d’apprendre à lire à partir des histoires qu’ils auront déjà en tête et à leurs parents de leur raconter les histoires

En attendant d’apprendre à lire, les enfants auront le plaisir d’écouter des podcasts. Et pour ceux qui n’auraient pas encore le droit de fouiller dans le portable de leurs parents, les enceintes connectées ont déjà pensé à tout. Le podcast Chompers est ainsi disponible sur Echo d’Amazon, ce qui permet aux enfants de lancer des épisodes tout seuls, en se brossant les dents par exemple.


Alice Bouleau et Maureen Wilson

PS: Si vous avez des recommandations de podcasts à faire écouter aux enfants, nous serons ravies de les relayer.

Le conseil podcast de Lucien Maine: The Adventure Zone

Lucien Maine est acteur, auteur et réalisateur indépendant ayant participé à Golden Moustache, désormais propriétaire de sa propre chaîne YouTube éponyme.

Lucien maine (crédits: pierre lapin)

Lucien maine (crédits: pierre lapin)

«The Adventure Zone est le parfait mélange entre sessions de jeu de rôles et successions de blagues et de voix marrantes en famille.
Trois frères et leur papa se sont lancés dans une épique partie de Donjons et Dragon, pas besoin d'être un expert pour saisir l'histoire. Il faut juste comprendre l'anglais un minimum.»


Il vous recommande particulièrement: «Le tout premier, qui est en réalité un montage des deux premières sessions de jeu. Très bien monté et qui nous met directement dans l'ambiance fantastique et sympathique du podcast.»

• Le podcast The Adventure Zone est à écouter sur iTunesLibsynSpotify, etc.

Sybel à la conquête du divertissement

Virginie Maire

Virginie Maire

Du podcast payant? Beaucoup sont en train de creuser la question. En 2016 déjà, le Wall Street Journal évoquait les avantages des abonnements payants pour les plateformes de podcasts. En effet, en tirant directement leurs revenus du public, elles s'évitent «la difficulté à mesurer leurs parts d'audience et à vendre des espaces de publicité à des annonceurs.» 

Nous avons discuté du modèle de l'abonnement payant avec la fondatrice de Sybel, Virginie Maire. Elle définit Sybel comme une plateforme de divertissement audio. Disponible en décembre, elle sera accessible au prix de 4,99€ par mois. Nous avons voulu comprendre comment elle allait nous convaincre de payer pour des contenus que l’on écoute, pour l’instant, gratuitement.

«On vise un public à la recherche de divertissement. Avec Sybel, nous allons couvrir toutes les catégories  – le thriller, la comédie, la science-fiction, le fantastique, le documentaire…» Avec sa nouvelle plateforme de diffusion de contenus audio, Virginie Maire entend amener le podcast dans tous les foyers– et pas seulement chez celles et ceux qui, le casque vissé sur le crâne, écoutent déjà de l’audio en continu. Elle-même n’est pas issue du milieu. Cette ancienne de M6 et du Parisien a senti le potentiel de l’audio: «J'ai découvert des trésors de contenus et des nouveaux formats qui sont passionnants.» Elle cite forcément Serial, mais aussi la fiction 57, rue de Varenne de France Culture…  «L’audio permet de jouer sur l'imaginaire, de se laisser porter par les voix des comédiens dans un environnement sonore qui est extrêmement riche.»

Cap sur la fiction

Si Sybel veut proposer plusieurs genres de contenu, la fiction aura une place importante. Des histoires pour les enfants et les ados, de la science-fiction, du thriller, du polar, du documentaire, du docu-fiction pour les adultes. Un large panel qui permettra à chacun.e de trouver le podcast qui lui convient. La comparaison avec Netflix revient souvent, mais elle se justifie. En offrant des contenus aussi divers que ses publics, la plateforme encourage une consommation plus forte. Et quoi de mieux pour le binge-listening que le divertissement et la fiction?

«L’audio a un côté multitâches qui est très intéressant. On peut conduire en écoutant de l'audio, faire son jogging, faire pas mal de choses. Et ça ne remplace pas les écrans; on ne pourra jamais faire son jogging en regardant un écran. Des médias de divertissement, il en existe sur plein de supports différents, et dans ce paysage médiatique, je pense que l'audio a complètement sa place.» Offrir une alternative à la vidéo mais pas la remplacer donc, Virginie Maire est claire: «Je ne fais pas la guerre aux écrans, on ne fait que proposer une alternative. […] Sybel répond à un usage dans des conditions de mobilité : en voiture, dans le métro, en avion, en train…» Même si elle admet que les contenus proposés pourront venir contrer la «surconsommation des écrans par les enfants», par exemple, grâce aux fictions audio adaptées à ce public.

Et c’est grâce à la qualité de ses productions que la plateforme espère pouvoir entrer chez nous. Pour cela, la plateforme entend à la fois acheter des productions déjà existantes mais également réaliser des productions originales, en co-production avec des partenaires producteurs (dont Louie éventuellement). Et tout cela, sans pub! Un confort que permet le modèle économique basé sur l’abonnement de Sybel.

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Le Netflix du podcast?

Si payer pour écouter des podcasts est encore inconcevable pour beaucoup d’auditeur.trice.s, c’est pourtant le pari de Sybel: un abonnement à 4,99€ par mois avec un compte qui donne accès à cinq profils sur l'application. Vous pourrez donc partager votre compte avec vos enfants, vos amis ou vos compagnons de vie. Faire payer est une nécessité pour Virginie Maire, si l’on veut accéder à des contenus de qualité. «Aujourd’hui, la création coûte cher. […] Le modèle économique de Sybel, c'est de rémunérer les créateurs, les personnes qui derrière travaillent pour proposer tous ces contenus.»

En plus de cet accès payant, Sybel partage une similitude avec Netflix: celle de proposer une expérience utilisateur améliorée (que Louie a pu tester). C’est l’un des problèmes du format podcast aujourd’hui: il n’est pas toujours facile d’en écouter. Les plateformes manquent de fluidité et rendent l’écoute plus complexe qu’autre chose. «Ces plateformes sont souvent régies par des flux RSS et donc les contenus premium sont noyés au milieu du replay de radio.» C’est ce constat qui a donné l’envie à Virginie Maire de créer une plateforme plus adaptée au contenu audio. Avec Sybel, elle a donc développé une UX (expérience utilisateur) adaptée à la consommation de podcasts. «La promesse de Sybel, c'est de dire qu'aujourd'hui les séries s'écoutent et donc de penser à cette consommation en séries avec des épisodes qui se suivent, avec des vrais programmes, […] et évidemment un algorithme de recommandation pour pousser les contenus le plus en adéquation avec les goûts de chacun.» Sa stratégie pour attirer le public et le fidéliser face aux autres plateformes? «Une période d’essai gratuite au démarrage pour pouvoir rentrer dans les contenus. Et après c'est un abonnement sans engagement. […] Donc c'est pas non plus très engageant pour le consommateur qui va avoir accès en illimité et sans publicité au contenu premium de Sybel.»
 

Mais l’idée d’une plateforme payante plaît déjà à d’autres: on pense à BoxSons, bien sûr, mais aussi à Tootak et à  Majelan. Comme Sybel, cette dernière proposera aussi des contenus sans publicité, une interface simplifiée et de la fiction. Son créateur, l’ex-président de Radio France, Mathieu Gallet, a d’ailleurs lancé un appel à projets à l’occasion du Paris Podcast Festival et table sur un démarrage au printemps prochain.



Alice Bouleau et Maureen Wilson


Le conseil podcast de Agnès Hurstel: 2 Dope Queens

Agnès Hurstel est humoriste, comédienne et autrice. Elle joue en ce moment son spectacle Avec ma bouche au Sentier des Halles et anime une chronique hebdomadaire dans l'émission de France Inter La Bande Originale.

Agnès Hurstel

Agnès Hurstel

«Si je devais en choisir un seul; ce serait le podcast de 2 Dope Queens. Un live show hyper drôle à Brooklyn de deux meilleures copines Phoebe Robinson et Jessica Williams. C’est à mi chemin entre un dîner de copines, du stand up, une arène de discussions entre la salle –elles– et leurs invités.»

Ce qui lui plaît c’est donc le format, mais aussi les thèmes abordés: «C’est toujours sur des sujets croustis: de cul, d’actu, de la baby shower de Beyoncé, de leurs week-ends, de leurs échecs… C’est vraiment génial.»

Elle vous en recommande deux particulièrement: «Mon préféré… Je dirais celui avec Mike Birbiglia. Ou ceux avec Ilana Glazer de Broad City qui parle d’avortement. C’est drôle et engageant.»

Le podcast, petit plaisir pas si solitaire

Il y a des choses qui se partagent, comme les repas, les histoires drôles ou les stylos du bureau. Et d’autres qui se partagent moins (les sous-vêtements et les mots de passe de nos blogs de l’an 2005, par exemple). Qu’en est-il des podcasts? Après tout, si on peut s’asseoir à deux, à trois ou à dix et regarder un film, pourquoi ne pas écouter des podcasts à plusieurs pendant deux heures? 

Parce que, quand on dit «podcast», on imagine une personne seule avec son casque. Dans sa bulle, même au milieu de la foule. À écouter quelqu’un lui parler dans le creux de l’oreille. À vivre un moment d’intimité –ce concept clef sur lequel on revient si souvent.  

On a eu envie de savoir à combien et avec qui vous écoutez vos podcasts, on a donc lancé un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. Vous avez répondu nombreux.ses –et nous avons appris à mieux vous connaître. De ce que l’on a lu, vos pratiques d’écoute varient en fonction du lieu où vous vous trouvez. Si certain.e.s d’entre vous profitent d’être en compagnie de quelqu’un pour lancer un podcast, d’autres vont au contraire organiser la rencontre pour favoriser l’écoute à plusieurs. Du plaisir solitaire aux goûters d’écoute, petit tour d’horizon de vos habitudes auditives… 

Les podcasts sur les chapeaux de roue

Le lieu d’écoute collective qui revient le plus, c’est la voiture. Que ce soit avec vos ami.e.s, votre famille ou de parfait.e.s inconnu.e.s au cours d’un covoiturage, les podcasts vous accompagnent lors de vos longs trajets en voiture.

Et si la radio a longtemps été le média de prédilection sur la route, le podcast offre de nombreux avantages. Votre écoute n’est plus contrainte par la grille, ce qui permet de réécouter des programmes radios en rattrapage, comme Maria, qui écoute souvent Par Jupiter ! (France Inter) et Sur les épaules de Darwin (France Inter) avec son chéri.

La route, c’est aussi l’occasion de gérer la lecture du podcast comme on le souhaite. «Il n'est pas rare qu'on mette en pause pour faire chacun notre commentaire en live, donner nos points de vue ou débattre un point difficile», nous explique Manu, qui écoute des podcasts avec sa compagne.
Certain.e.s d’entre vous vont même jusqu’à associer l’écoute d’un podcast particulier au fait de faire des longs trajets en voiture. C’est le cas de Marion et Romain, pour qui c’est devenu un rituel. «Nous n'écoutons jamais Transfert seul.e ou à la maison, nous faisons même des “réserves” d'épisodes pour quand nous aurons à prendre la voiture pour un trajet important.» Mais, contrairement à Manu, qui aime mettre en pause pour commenter ce qu’il entend, pour eux l’écoute est religieuse. «Nous sommes très studieux quand nous écoutons les épisodes de Transfert, pas de mise sur pause ni de discussions parasites. Nous écoutons.»

Gare cependant à ne pas vous mettre en danger sur la route! Lucie raconte: «On a écouté des podcasts France Culture sur la route, j'avoue que j'ai dû arrêter à un moment car ça me berçait, j'étais plongée dedans et ça commençait à être dangereux pour la route


À table!

L’autre moment que vous avez plébiscité pour vos écoutes à plusieurs, c’est celui du repas. Comme on regarde ses séries en mangeant, on peut consommer ses podcasts au moment du repas. Chez Thomas, c’est tous les mercredis soir. «Entre est devenu un rituel pendant le repas du mercredi soir (pas de télé en mangeant). C’était notre petit rendez-vous hebdomadaire en famille avec Justine, après une écoute préalable par mes soins.»
Et parfois, écouter en mangeant permet de gagner du temps: comme dans le cas de Lucie et sa camarade de road-trip en Sardaigne, que la découverte des fictions Sandra et Homecoming (de Gimlet Media) a plongé dans le binge-listening. «On a commencé dans la voiture; on a été complètement happées par le truc. À essayer de déceler les tenants et aboutissants des intrigues, à exprimer nos ressentis sur les personnages. Si bien qu'on les a binge-listenés les soirs en dessert, en s'enfilant un verre de rouge et une tablette de chocolat noir. C'était comme voir un film, en mieux.» Pareil pour Manu: le moment du repas vient compléter celui de l’écoute en voiture, «quand il n'y a pas de trajets de prévus, on se fait des sessions d'écoute à table».
 

Et aussi les podcasts au lit, en soirée...

Comme pour l’écoute individuelle, il semble que le podcast vous accompagne un peu partout. Plusieurs d’entre vous nous ont parlé des corvées de ménage faites ensemble ou des moments intimes, accompagnés d’un podcast. «Il m’arrive régulièrement d’en écouter avec ma copine, le soir avant que nous nous endormions», raconte Léo. Ou simplement allongé dans l’herbe, comme pour Coline lorsqu’elle a fait découvrir à son copain son podcast préféré. «J'en écoutais seule et m'étant trouvée une vraie passion pour Transfert j'en ai forcément parlé à tout le monde. J'ai voulu le faire découvrir à mon copain l'année dernière, on s'est posés dans l'herbe un écouteur chacun, et on a lancé l'histoire d'Hugo, le premier épisode, que je n'avais pas encore écouté mais dont je connaissais le potentiel. On ne s'est pas parlé, réagissant surtout par regards ou rires, dans une bulle au milieu de tout le monde. À la fin, on s'est échangés nos opinions, nos émotions, comme si on venait de le vivre ensemble.»

Et vous semblez être nombreux.ses à apprécier l’écoute à plusieurs des podcasts pour cette raison précisément: elle ouvre la voie à la discussion. «Je me souviens d’une superbe conversation que nous avons eue sur l’économie des monastères à la suite d’un épisode du podcast de Nouvelles Écoutes, Splash», souligne Léo. «Aussi, nous avons beaucoup échangé à propos des péripéties de Justine l’année dernière.» Et la force de ces conversations, il se l’explique par le fait de pouvoir échanger sur un sujet où il y a un socle commun de connaissances, grâce à l’écoute du podcast. Maria apprécie également cet enrichissement partagé: «on a l’impression d’apprendre des choses à deux, comme lorsqu’on regarde un documentaire ou que l’on fait des expos ensemble». Au-delà des connaissances communes, l’écoute à plusieurs crée un échange. «Ça crée un lien avec la personne, un souvenir commun en plus, une intimité ou un savoir partagé qui crée de la proximité», suggère Coline. Et comme on rit plus face à une comédie lorsque l’on est plusieurs, on peut ressentir les choses plus intensément lors des écoutes à plusieurs.

Pour les podcasts qui racontent des histoires tout particulièrement, le fait d’écouter à plusieurs lance des discussions. Léo: «Parfois les podcasts soulèvent de petites choses auxquelles nous n'aurions pas pensé si nous n'avions pas eu cette écoute en duo. Je pense à des petits souvenirs d'enfance que l'on pouvait se remémorer en écoutant Entre par exemple.» Et comme Léo, vous semblez être nombreux.ses à apprécier le fait de pouvoir connecter vos écoutes à votre vie, lors des écoutes à plusieurs. «Le podcast permet de faire pause là où on souhaite discuter d’un point précis, ou ajouter une anecdote personnelle à un endroit qui nous parle particulièrement», confirme Lucie. 

L’institution : les écoutes publiques

Impossible de parler des écoutes à plusieurs sans s’intéresser à ces séances d’écoutes collectives, de plus en plus nombreuses, qu’elles fassent office d’avant-première avant la diffusion sur internet ou d’événement de lancement d’un nouveau podcast. Aux États-Unis, il existe même des clubs d’écoute de podcasts, sur le modèle des clubs littéraires. Chacun écoute de son côté et vient échanger régulièrement avec d’autres amoureux.ses du podcasts –on retrouve ce plaisir du partage après une écoute commune. Le New York Times a par exemple ouvert les portes de son club d’écoute de podcasts, autrefois réservé à ses seul.e.s employé.e.s. Un épisode est mis au programme de la semaine, accompagné de pistes de questionnements.

En France, ce sont les des goûters d’écoute d’Arte Radio qui ont ouvert la voie à cette pratique. Ces séances d’écoute collective existent depuis les débuts d’Arte Radio: «Le principe d’une séance d'écoute, c’est que c’est comme une séance de cinéma ou de théâtre: tu t’inscris, tu viens à l’heure, tu ne sors pas en plein milieu», nous explique Silvain Gire, directeur éditorial d’Arte Radio. Mais toute œuvre sonore ne se prête pas forcément à une écoute collective, selon lui: «Les podcasts d’Arte Radio sont des podcasts d’auteur, très élaborés, des œuvres de radio. Pour ceux-là, c’est agréable d’avoir une écoute collective. Les podcasts plus légers, plus conversationnels sont moins pertinents à plusieurs», nous explique Silvain Gire. «Les écoutes collectives devraient, à mon sens, être réservées à des œuvres avec une certaine densité, où il y a plusieurs niveaux de lecture, un gros travail sur le son, un récit vraiment passionnant.»
Et si les goûters d’écoute d’Arte Radio durent depuis si longtemps, c’est parce que le format en lui-même apporte quelque chose à l’expérience du podcast: «Les émotions sont multipliées. On se confronte, on peut en parler», détaille Silvain Gire. C’est d’ailleurs l’expérience qu’a faite Léo, lors d’une écoute collective au festival Longueurs d’ondes de Brest: «C'était une expérience très intéressante, il me semble que c'est quelque chose de très intérieur. Je me souviens avoir conservé le regard dans le vague pendant toute l'écoute. On est avec d'autres gens, on partage la même chose en même temps mais l'écoute est très personnelle. Cela mobilise beaucoup l’imagination.»

Pour Silvain Gire, les goûters d’Arte Radio servent aussi de moment d’interaction: «À chaque fois que l’auteur est disponible et à Paris, il vient sur scène avec moi après le programme et on dialogue, on prend quelques questions du public. Ça permet d’aller plus loin et c’est très intéressant pour le public de comprendre comment on fait des choix de réalisation pour un podcast ». Et si cette expérience est valorisante pour le public, elle l’est également pour l’auteur. «L’écoute collective ne pardonne pas. Elle fait ressortir les qualités et les défauts. Il arrive qu’après une avant-première, quand le son n’est pas encore en ligne, on refasse une journée de montage et on remonte le son. Non pas en fonction des réactions des gens, mais parce que leurs réactions nous ont éclairés sur ce qu’il faut faire ».

Seul.e ou mal accompagné.e ?

Mais sortir de l’intime n’est pas forcément au goût de tous les auditeurs et auditrices. Comme Lucie par exemple, qui «pense que l’écoute publique n’est pas si facile à appréhender car personnellement, je ne saurais où poser le regard, et je crains que les interactions –de regards, justement– sortent les auditeurs de l’immersion du podcast, du fil de la narration.»

Pour d’autres encore, ce type d’écoute est incompatible avec l’essence même du format. «Pour moi, l'intérêt du podcast c'est de pouvoir faire une autre activité en parallèle. S'assoir juste pour écouter, ça ne me correspond pas, à moins d'une mise en image appropriée au thème», explique Manu. Mais il ne serait pas contre le fait d’assister à l’enregistrement en public d’une émission. «Avoir la personne en visuel, voir ses réactions non verbales, ça donne des clefs supplémentaires. C'est comme un spectacle ou un concert, avec la réaction de la salle en prime et la possibilité (peut-être) d'interagir avec des séances de questions-réponses.»

Si les podcasts se prêtent ainsi aux écoutes collectives, c’est essentiellement parce que leur portabilité nous permet de choisir quand et avec qui les écouter. Cette même flexibilité donne aux podcasts un avantage sur la radio et en fait un médium à part.

Pour celles et ceux que les goûters d’écoute intéressent, ceux d’Arte Radio se passent à la Maison de la Poésie à Paris –et le prochain (le cinquantième!) aura lieu le 7 octobre.

Merci à vous de nous avoir répondu, de nous écouter et nous lire ! 

Alice Bouleau et Maureen Wilson

Le conseil podcast de Vanessa Seward: Entreprendre dans la mode

Vanessa Seward est une créatrice de mode française, à la tête de la marque au nom éponyme. 

Crédit photo : Pierre Bailly

Crédit photo : Pierre Bailly

«Je conseille le podcast Entreprendre dans la mode. C’est un jeune garçon qui s’appelle Adrien Garcia, je trouve qu’il pose de très bonnes questions, c’est un très bon journaliste. Il travaille dans la mode, dans une maison de couture, mais il fait ça en plus.» 

Son épisode préféré ? «L'épisode avec Marie Rucki, la directrice du studio Berçot. Je ne connais que ce que j’ai vécu, alors c’est très intéressant d’avoir d’autres point de vue, de voir comment d’autres vivent ça. Et justement, là où je trouve qu'Adrien Garcia est pertinent, c’est que tout le monde peut l’écouter

Elle cite également deux autres références: «Ce n’est pas un podcast mais je voudrais le souligner, c’est une émission de radio que j’adore c’est À voix nue. Et sinon j’aime bien le podcast de Valérie Tribes, Chiffon, je le trouve marrant.»

Des podcasts pour voyager

Depuis la fête nationale, depuis la victoire des Bleus, les rues semblent se vider progressivement. Mi-juillet est arrivé, avec son lot de départs en vacances. Qui dit vacances, dit transports, et qui dit transports, dit podcasts! Et puis un podcast en faisant bronzette sur la plage, c’est pas mal aussi. On vous a concocté une petite sélection (subjective et non-exhaustive, comme d’habitude) sur et autour du voyage. Rassurez-vous, celles et ceux qui ne partent pas cet été y trouveront aussi leur compte. Fermez les yeux, écoutez, et laissez-vous emporter loin, très loin…
 

Des conseils pour vos futurs voyages

La débrouillardise, en voyage comme dans la vie, est loin d’être partagée de façon équitable. Certain.e.s sont des baroudeur.euse.s né.e.s, d’autres ont besoin de quelques conseils... Alors que ce soit en prévision de votre voyage annuel en Bretagne ou avant de partir vous expatrier à l’autre bout du monde, les récits et tips des personnes passées avant vous peuvent vous être précieux. On prend son carnet, son stylo, on écoute et on prend note.

  • La Bougeotte est un jeune podcast qui s’adresse aux femmes qui voyagent, fait de discussion, de conseils et témoignages. Loin de s’arrêter à des recommandations que l’on aurait entendus mille fois, La bougeotte propose de répondre à de vraies interrogations pas forcément abordées ailleurs (on pense à l’épisode sur le fait de voyager avec une maladie chronique par exemple). Daisy, Marine et Laura offrent une lecture subtile du voyage en tant que femmes, en y ajoutant un regard critique et en tordant le cou aux clichés!
    La Bougeotte est le nouveau protégé de Nouvelles Écoutes après avoir gagné leur accélérateur de podcasts, Wings! Raison de plus pour l'écouter!

  • On she goes est un podcast américain présenté par Crissle West qui parle voyage pour les femmes racisées. Chaque épisode aborde une thématique sur laquelle les invitées viennent échanger. On y entend parfois des personnalités américaines (Roxane Gay, l’autrice de Bad Feminist, intervient dans le premier épisode), on échange des anecdotes, des conseils pratiques, des bonnes adresses... Le ton est léger et pourtant l’émission aborde des enjeux très sérieux auxquels les femmes non-blanches peuvent être confrontées, comme l’acharnement des agents de sécurité dans les gares ou aéroports, par exemple.

  • Nomade Digital, c’est une discussion entre Stanislas et Paul, deux entrepreneurs qui voyagent… et travaillent. Ils nous partagent leurs histoires de «nomades digitaux», avec des conseils et retours sur expériences pour faciliter le quotidien de celles et ceux qui voudraient leur emboîter le pas. Le ton est léger, on rit en les écoutant, et pas de crainte, le podcast est très accessible, même si vous venez de découvrir comme nous l’expression «nomade digital».

  • Zero to travel, c’est le podcast qui veut vous faire voyager pour… le moins cher possible. Jason Moore est rejoint par des invité.e.s qui viennent partager leurs expériences, non pas de voyage «cheap», car la qualité est toujours valorisée, mais de voyage à moindre coût. Comment gagner un voyage gratuit? Voyager gratuitement en faisant du volontariat? Comment préparer son voyage version «backpacking»? On vous invite à écouter Zero to travel pour obtenir la réponse à toutes ces questions. On vous recommande particulièrement l’épisode How to Make Money, Have Fun and Travel the World, si vous hésitez encore à prendre un emploi saisonnier cet été!
     

Des récits de voyage

Les voyages font aussi rêver parce que l’on est à peu près sûr.e de revenir avec des histoires à raconter aux proches. Une belle rencontre, un moment de frayeur, une révélation existentielle ou des complications de transports… Bref, le voyage est propice aux récits en tout genre, dont voici quelques exemples.

  • À chaque épisode de Je t’emmène en voyage, Alex Vizeo accueille un.e invité.e qui nous raconte une aventure extraordinaire qu’il ou elle a vécue à l’étranger. On a souvent tendance à voir ces explorateur.trice.s comme des individus surhumains, capables de surmonter la peur de l’inconnu, des conditions climatiques très différentes, des dangers réels ou fantasmés pour vivre une expérience intense. Ce podcast a la particularité de nous les rendre plus accessibles, tout en maintenant une bonne dose de sidération en entendant le récit de ces expéditions hallucinantes. Vous pouvez écouter Sylvie raconter comment elle a nagé avec des baleines à bosse, Steven expliquer comment il a fait le tour du monde pendant deux ans sans sac à dos, ou encore Christian parler de son exploration des quatre lieux les plus extrêmes du monde (le plus chaud, le plus humide, le plus froid, et le lieu où le climat est le plus changeant).

  • Si vous trouvez plus intéressant l’aspect psychologique du voyage, plus croustillante la façon dont les péripéties ont un impact sur la personne qui les vit, voici trois épisodes de Transfert (que Louie produit pour Slate.fr) sur le voyage. Dans celui-ci, Lucille vous raconte comment un voyage en Australie a tout changé pour elle. Dans un autre épisode, Tucker vous narre l'une de ses aventures qui pose la question de la confiance que l’on doit accorder aux gens. Enfin, nous vous conseillons d’écouter la bouleversante histoire de Gabriel qui part en Inde et vit une histoire d’amour dans laquelle il n'a pas forcément le beau rôle...

  • Les récits de voyages sont tellement fascinants qu’ils constituent une part non négligeable de la littérature et de l’inspiration des écrivain.e.s. Nous vous recommandons donc d’écouter quelques épisodes de Récit de voyage, sur France Culture. L’épisode sur Jack London, David-Néel, St-Exupéry, Bouvier et Tesson est passionnant. Il en va de même pour la quadrilogie Carnets de voyage qui montre l’articulation si puissante entre le voyage et l’écriture.
     

Des podcasts qui nous font voyager

Certain.e.s d’entre nous ne partent pas en vacances cet été. On rêvait de plages, de forêts, de montagnes. Et on se retrouve dans les mêmes rues, les mêmes bureaux et les mêmes transports en commun. Mais on peut quand même s'évader un peu! Parce que les podcasts ne nous font pas que baver à l’écoute des histoires des autres: parfois, ils nous font voyager —dans notre tête et nos oreilles, certes— en nous embarquant dans des contrées lointaines. Les écouteurs fichés dans les oreilles deviennent alors des passerelles vers des terres et cultures inconnues.

  • Allô la planète est une émission incontournable sur ce point! Présentée par Éric Lange, diffusée sur plusieurs stations dont France Inter pendant quelques années, elle vit aujourd’hui sur le blog de Chapka Assurances et compte près de 200 épisodes. Le concept initial est simple et génial: recevoir des témoignages en direct d'auditeur.trice.s appelant depuis les quatre coins du globe et qui racontent leurs expériences, leur quotidien, et le pays dans lequel ils habitent.

  • Mais nul besoin d’explorer l’étranger et d’autres continents pour se sentir dépaysé.e! Sur la route, diffusé sur France Culture, vous fait voyager partout en France, vous parle de l’actualité d’une ville ou d’une commune (comme Ouvrouer-les-Champs, ce village en mal de maire dans le Loiret), de métiers locaux (comme les vignerons bourguignons) ou encore d’identité régionale (comme cet épisode sur la Corse).

  • Si vous êtes davantage branché.e musique, il faut absolument écouter Carnet de voyage, sur France Musique. L’émission propose «un atlas ouvert sur les musiques que l’on dit de tradition orale ou extra-européennes». Chaque épisode, «croquis sonore» d’ailleurs, vous embarque et vous emmène très loin à travers des mélodies, des timbres et des rythmiques jamais entendus jusqu’alors. Nos préférés: Les pleurs et la colère: poésie chantée des Amharas d’Éthiopie, De l’art du timbre vocal: au cœur du khöömii en Mongolie, et Les longs sanglots du Caucase.

  • Mayotte, voyage dans l’île aux mille parfums, est un documentaire réalisé par Laure Chatrefou et disponible sur ARTE Radio. En moins de dix minutes, il vous emmène à Mayotte, cette île tropicale de l’océan indien, département français depuis 2009, bercée par des influences culturelles très variées. Ouvrez grand les oreilles, vous allez entendre des sons auxquels vous n’êtes peut-être pas habitué.e: «jeu de dames, coco râpé, saut de baleines et chants soufis / Monsieur râleur, marteau-piqueur, musique afro et cri de Makis / Cours de Français, enfant nageur, coq affolé et muezzin».


Inclassables, mais tout aussi excellents, on vous conseille:

  • Travelogue: le podcast qui prend un pas de côté sur les voyages, de façon concrète, pour s’interroger sur les différents enjeux qui y sont liés. On y parle de l’actualité, par exemple avec un épisode-hommage à Anthony Bourdain, mais aussi de sujets plus généraux, comme cet épisode sur le tourisme du cannabis! On vous le recommande chaudement, pour la pertinence des questions posées.

  • Dans la même veine, le dernier épisode de Quoi de Meuf, le podcast de talk féministe de Nouvelles Écoutes, aborde la question du voyage. Mélanie Wanga et Clémentine Gallot s’interrogent sur les enjeux du voyage féminin solitaire, un acte féministe en soi. 

    Maureen Wilson & Elie Olivennes

Le conseil podcast de Sebastian Marx: WTF with Marc Maron

Sebastian Marx est un humoriste américain qui vit à Paris et fait du stand-up dans les deux langues. Il a aussi lancé son propre podcast, Donc Voilà Quoi.

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«Je conseille le podcast WTF de l’humoriste américain Marc Maron. Avec plus de 900 épisodes, c’est l'un des plus importants aux États-Unis, celui qui a mis la barre très haut et a vraiment lancé l’engouement pour les podcasts indépendants, surtout faits par des humoristes. J’avoue qu’il est l’inspiration pour mon podcast Donc Voilà Quoi.

Maron est un super intervieweur. Dans ces conversations intimes d’une heure environ, il arrive à faire parler d’une façon sincère et émouvante les plus grandes stars. Il a commencé avec des humoristes américains et puis a rapidement élargi à des invités de plein d’autres domaines comme Bruce Springsteen, Sharon Stone et même Barack Obama. Mon épisode préféré est celui avec Louis CK (#111 et #112, en 2 partie). On entend deux vieux amis se réconcilier et on découvre le déclic que Louis CK a eu pour devenir l’humoriste de référence qu’il est aujourd’hui.»

  • WTF with Marc Maron est aussi disponible sur iTunes

Le son binaural: Saint Graal ou gadget de la création sonore?

Enfin! Avec l'épisode 1 de Plan Culinaire, Louie s'est mis au son binaural. Oui, le mot fait peur (on dit aussi «son en 3D»), mais la réalité est encore plus impressionnante! Si vous n'avez jamais entendu de son binaural, je vous invite à écouter cette tondeuse passer près de votre nuque, vous allez tout de suite comprendre aux frissons dans votre dos. Cependant, on explique assez peu en quoi le binaural diffère du son habituel, ce que cela peut apporter au podcast et à la création sonore en termes d'ambiance et d'immersion. Je me suis donc tout naturellement tourné vers l'ingénieure du son qui s'occupe de la création sonore de Plan Culinaire.
Léa Chevrier a 25 ans et a étudié à Louis-Lumière en son. Elle a fait un mémoire sur l'utilisation du binaural pour le documentaire radiophonique, et a réalisé Sur la langue, pour ARTE Radio, ainsi qu'un long documentaire sur les phobies avec un court passage en binaural sur l'apiphobie, pour France Culture.
 

Pourquoi t'es-tu tournée vers les podcasts?

L.C. «J'ai beaucoup écouté de podcasts, et à chaque fois je suis un peu déçue parce qu'il y a surtout beaucoup de voix. Le fond est toujours intéressant mais il y a très rarement une sensibilité sonore. Cela m'étonne parce qu'aujourd'hui, dans toute la production audiovisuelle, dans toutes les séries, l'image est de plus en plus travaillée, on voit qu'il y a une vraie recherche esthétique. Je trouve qu'en radio, les journalistes ont trop peu de sensibilité au son, et c'est dommage.»
 

Alors c'est quoi exactement, le binaural ?

«Il y a deux manières de faire du binaural. La première, que j'utilise le plus souvent et qui est la plus simple et magique selon moi, consiste à mettre un micro dans chacune des oreilles et d'enregistrer. Quand on écoute ensuite au casque, on entend en 3D. Cela repose sur un principe très simple: depuis la naissance, notre cerveau corrèle la vue et l'ouïe, si bien qu'il enregistre toutes les informations de spatialisation. Cela permet, même quand on ferme les yeux, de savoir d'où vient le son, et c'est lié à la forme de nos oreilles. Le pavillon de l'oreille est orienté vers l'avant, donc lorsqu'on entend un son devant ou derrière, il ne va pas avoir le même timbre, la même couleur. Si on entend un son à gauche, l'onde sonore arrive sur l'oreille gauche avant d'arriver à l'oreille droite. Le fait de mettre des micros au plus près des tympans permet naturellement de reproduire ce phénomène, car les ondes sonores subissent un effet de diffraction et de réflexion sur notre tête. Les micros vont alors enregistrer directement et exactement les mêmes différences de son. C'est ce que l'on appelle le binaural natif. La deuxième technique, plus compliquée, consiste à utiliser des modèles mathématiques qui essaient de reproduire ces différences de son via un logiciel. C'est le binaural par traitement du signal.»
 

En quoi est-ce différent du son que l'on a l'habitude d'écouter?

«Le binaural diffère de la stéréo. La stéréo capte les différences de temps et d'intensité des sons, et cela permet d'entendre à droite et à gauche, mais pas en avant, en arrière, au dessus, en dessous, parce que tout cela repose sur les différences de timbre. Et c'est cela que prend en compte le binaural.»
 

En quoi l'écoute d'un son en binaural est alors différente?

«Le binaural apporte de l'espace, une impression d'immersion, que l'on a moins avec la stéréo. Dans tout ce qui est enregistré très proche de la tête, comme une voix qui nous chuchote à l'oreille ou un objet que l'on fait passer près de notre nuque, le binaural va très bien fonctionner parce qu'il va rendre l'impression que quelque chose nous frôle. En binaural, on projette les sons à l'extérieur de notre tête, comme dans la vraie vie. En stéréo, le son ne semble pas naturel, et le cerveau ne sait pas où le placer. Il l'internalise donc dans la tête. Le binaural se rapproche beaucoup plus de l'écoute naturelle finalement. La stéréo est faite pour fonctionner sur enceintes à la base. Elle retranscrit une image sonore que l'on pourrait avoir comme devant nos yeux. C'est pour cela que la stéréo au casque ou aux écouteurs fonctionne moins bien que sur des enceintes. Et à l'inverse, le binaural fonctionne exclusivement aux écouteurs.»
 

Pourquoi est-ce que le binaural te passionne?

«C'est quelque chose d'assez magique, même si c'est faux: c'est le fantasme de pouvoir écouter avec les oreilles de quelqu'un d'autre. Comme voir à travers les yeux d'autrui. Chacun voit et entend de façon légèrement différente. Avec le binaural natif, si j'enregistre quelque chose avec des micros dans mes oreilles et que je réécoute au casque, cela va très bien marcher. Si, en revanche, quelqu'un d'autre réécoute et si les oreilles de cette personne sont très différentes des miennes, cela risque de mal fonctionner. C'est clairement un véritable enjeu technique, mais en même temps je trouve cela génial et fascinant!»
 

Comment travailles-tu avec Louie Media là-dessus?

«Pour l'instant, je travaille sur Plan Culinaire. Je suis arrivée un peu tard sur le projet, donc tout était déjà écrit et les voix étaient enregistrées. J'ai davantage fait de l'illustration sonore a posteriori. Mélissa m'a laissé carte blanche pour faire la création sonore que je voulais, et je me suis bien amusée. Je voulais enregistrer quelqu'un qui mâche des céréales en binaural natif mais c'était un peu compliqué. On peut acheter des têtes artificielles avec des micros, mais cela coûte très cher, donc j'ai préféré fabriquer une tête moi-même! J'ai passé une journée dans ma chambre avec mon paquet de céréales à enregistrer plein de sons. Je suis aussi allée prendre des ambiances dans des supermarchés, des cafés... L'avantage, c'est qu'avec les petits micros dans les oreilles, je passe incognito, tout le monde pense que ce sont des écouteurs! Je pense qu'avec Louie, on va intégrer le son en binaural de plus en plus tôt, dès l'écriture des épisodes, parce que plaquer du son par dessus n'est pas toujours très heureux.»
 

Le binaural est-il le futur de la création audio ou un simple gadget, selon toi?

«Le binaural existe depuis les années 1970 mais ne se démocratise que maintenant parce que, sociologiquement, les gens se mettent de plus en plus à écouter au casque ou aux écouteurs. Mais je ne pense pas que le binaural soit mieux que la stéréo, et que la stéréo soit mieux que la mono. C'est juste différent selon l'utilisation que l'on en fait, et ce sont deux choses différentes. C'est comme la couleur et le noir et blanc. Un beau film en noir et blanc, on n'a pas envie de le coloriser. Le problème avec les nouvelles technologies (même si ce n'est pas si nouveau), c'est que l'on commence toujours par faire des choses un peu kitsch juste pour montrer l'effet, comme le cinéma 3D par exemple. Petit à petit, cela rentre dans la culture des gens et on commence à l'associer à une vraie écriture. Moi-même je tâtonne et je me pose tout le temps la question pour le binaural. Que peut-on faire avec, et dans quel cadre est-ce intéressant?
Pour répondre à la question initiale, c'est les deux. Le binaural n'est qu'une technique. Reste à savoir comment se l'approprier.»


Propos recueillis par Elie Olivennes

 

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Pour entendre les sons de céréales en binaural dont parle Léa Chevrier dans l'interview, écoutez le premier épisode de Plan CulinaireCe nouveau podcast Louie sera diffusé chaque premier vendredi du mois. Retrouvez Plan Culinaire sur notre site louiemedia.com,  sur iTunes (et laissez commentaires et étoiles!), Soundcloud, YouTube. N'hésitez pas à nous suivre sur Facebook, Twitter, et Instagram et à commenter. Vous pouvez aussi nous envoyer des e-mails à hello@louiemedia.com.

Le conseil podcast de Océan: À bientôt de te revoir

«J'ai une petite passion pour le podcast À bientôt de te revoir de Sophie-Marie Larrouy, auquel j'ai participé. C'est à la fois performatif –puisqu'enregistré en public à la Nouvelle Seine–, absurde puisqu'on y dit beaucoup de bêtises et de choses "inutiles" et franchement très drôle. Plutôt que de fédérer autour d'une thématique fermée, À bientôt de te revoir est axé autour de son hôte, Sophie-Marie Larrouy, qui emmène son invité dans les zones troubles de ses souvenirs, ses fétiches, ses peurs les plus absurdes.

Pour une fois, on n'a rien à acheter, on n'a rien à vendre, juste partager un moment inattendu, sans fil directeur autre que le "feeling". La légèreté tantôt feinte, tantôt réelle de Sophie-Marie Larrouy permet de découvrir autrement ses invités, dans une virée crépusculaire et ivre, loin de la marchandisation des égos à laquelle les médias nous restreignent souvent.»
 

Un nouveau podcast Louie à glisser dans vos oreilles: Plan Culinaire

Lorsque je me suis rendue compte que j’adorais parler de ce que je mange, j’avais devant moi une assiette de mozzarella (la burrata n’avait pas encore envahi nos restaurants et supermarchés), elle était accompagnée de tomates qui avaient du goût et de basilic pour parfumer le tout. J’avais toujours aimé manger mais je réalisais seulement, au début de ma vie d’adulte, toute la passion qui m’animait quand ma bouche s’ouvrait pour en débattre.

C’est aussi sûrement grâce à Nora Bouazzouni, que j’ai rencontrée en 2009 à un festival de musique en Bretagne, où l’on se nourrissait de galettes de sarrasin et de bière tiède. La suite, ce sont de longues discussions qui n’ont jamais cessé.

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                                                  Thibaud Le Floch

Pourquoi mange-t-on encore des céréales à notre âge? Pourquoi a-t-on commencé à boire du vin nature? Va-t-on au resto comme on sort voir une expo? Nora et moi avions envie de répondre à toutes les questions qu’on se posait lors de nos conversations à table –un comportement si français– et de décortiquer nos habitudes. Parce que, comme on le dit si souvent, «manger, c’est la vie». C'est une activité vitale que nos pratiques culturelles transforment constamment. «Sur l’alimentationnote si justement le sociologue Jean-Pierre Poulain, convergent des éléments qui traduisent les mutations des sociétés contemporaines. On peut l’étudier comme lieu de ces mutations. (...) Mais l’alimentation est aussi un élément qui fonde la société. Et qui la transforme.» C’est le point névralgique qui nous permet, en creux, de comprendre les sociétés que l'on habite.  

Manger, c’est aussi une expérience sensorielle particulière que l’on vit trois fois par jour, voire plus. Des sensations particulières et une excitation que nous voulions transmettre, avec un travail sur le son qui devrait vous faire de l’effet dès ce premier épisode de Plan Culinaire.

Il parle de l'une de nos obsessions, le petit-déjeuner, et de la manière dont on a toujours cru, enfants, qu’il fallait manger des céréales pour être en forme et bien grandir. Était-ce vraiment le petit-déjeuner idéal? Pourquoi en est-on resté.e.s persuadé.e.s si longtemps? Qui a mis des céréales Kellogg’s dans nos bols? Et pourquoi le Granola tente-t-il de remplacer les Chocapic?

Nous voulions élargir la discussion, au-delà de Nora et moi, au-delà de Louie, où l’on évoque nos repas à longueur de journée, qu’ils soient passés, présents ou futurs. Pour découvrir ce que notre façon de manger dit de nous, de nos sociétés et de notre histoire, la grande ou la petite. 

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Plan Culinaire est disponible chaque premier vendredi du mois. Vous pouvez retrouver Plan Culinaire sur notre site louiemedia.com, vous abonner sur iTunes (et laisser commentaires et étoiles !), Soundcloud, YouTube.
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On a hâte de vous lire !

Mélissa Bounoua