Giulia Foïs : “Jusqu’à Despentes j’étais en survie” [REDIFFUSION]

Giulia Foïs est journaliste et autrice. Dans son dernier livre, Je suis une sur deux, elle raconte le viol qu’elle a subi, en en faisant un récit combatif et un appel à la sororité. Dans cet épisode, elle nous invite dans sa cuisine, son “centre névralgique” (0’07) depuis toujours, pour nous parler de King Kong Théorie de Virginie Despentes. Cet essai féministe a une importance toute particulière pour elle puisqu’il s’agit du livre qui lui a permis de se relever, dix ans après son agression. 

“Je n’avais aucun modèle auquel me raccrocher” (5’02), confie Giulia Foïs. “Jusqu'à ce que je tombe sur ce livre qui a mis exactement des mots sur ce que je ressentais” (5’52). Pour la première fois, le récit de Despentes a fait écho au sien et l’a libérée de la culpabilité dont elle se sentait prisonnière. Cette “bouée” (9’14) à laquelle elle a pu s’accrocher, lui a permis de transformer cette blessure en “une énergie guerrière mais tournée vers l’extérieur et plus tournée contre moi” (9’23)

La journaliste explique comment les autrices telles que Virginie Despentes, Nina Bouraoui ou encore Clémentine Autain ont nourri ses réflexions sur le genre, le systémisme du patriarcat et sur sa propre identité. “Aujourd’hui, après la lecture de Despentes [...] je peux vous assurer que je préfère être une femme, parce qu’au moins j’ai eu à me poser deux trois questions sur qui j’étais” (9’31). Si le parcours des femmes est certainement plus rude et plus escarpé, elles sont, d’après elle, enrichies par l’ensemble de ces interrogations qui s’imposent à elles. “Et puis après on se lève et on se casse!” (10’34)

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Giulia Foïs a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode a été diffusé la première fois le 30 juin 2020.

Maïa Mazaurette : “C’est une drama queen Marguerite Duras” [REDIFFUSION]

Chez Louie Media, dans chacun de nos podcasts, nous essayons de faire ressentir le monde avec des histoires fortes, remplies d’émotions et d’intimité. Dans le Book Club, cette intimité, nous la retrouvons dans la bibliothèque des femmes qui nous inspirent et que nous rencontrons. A chaque épisode nous nous arrêterons sur un livre un peu spécial. Un roman, un essai ou toute oeuvre littéraire qui raconte un moment charnière de la vie de cette femme.

La lectrice que l’on découvre dans cet épisode est la journaliste et autrice Maïa Mazaurette. Elle a habité à Berlin, Copenhague ou New York. Et pendant ses expatriations, elle a perdu beaucoup de ses livres... Si pour certain.e.s passionné.e.s de lecture cette situation est un cauchemar, elle, s’en accommode très bien: “J’aime bien perdre des livres parce que j’ai l’impression qu’une bibliothèque, c’est aussi quelque chose qui nous rattache au passé” (01’20). Elle a donc troqué ses bouquins papier contre une tablette numérique. “J’ai aussi un intérêt personnel à ne pas avoir une bibliothèque sous mes yeux et en voir une justement qui disparaît au fur et à mesure” (01’55). 

Au micro de Gladys Marivat, Maïa Mazaurette nous présente L’amant de Marguerite Duras aux éditions de Minuit, un livre qui fait écho à son adolescence. Au moment où elle se retrouve avec ce récit entre les mains, elle a 15 ans, elle est en vacances en famille dans le sud de la France et s’identifie à l’héroïne du roman. “C’était une jeune fille de 15 ans qui était celle que je rêvais d’être : belle, libre...” (15’). Ce qui est fort pour cette adolescente, future journaliste, c’est que ce livre n’est pas qu’une histoire d’amour ou de sexe mais aussi celle d’une émancipation. Malheureusement, à ce même moment, elle se heurte à l’image de Jane March qui adapte le rôle de l’héroïne au cinéma : “J’ai cette actrice sublime en tête et je me dis que pour avoir cette vie là, pour avoir cette absolue indépendance et liberté, il faut être une très belle femme” (16’30). 

Dans L’amant, Marguerite Duras affiche sa hantise du temps qui passe: “Marguerite Duras dit [...] à 18 ans, elle vieillit. Et puis, elle dit qu’elle garde le même visage jusqu’à ses 80 ans, celui d’une femme qui a le visage détruit à 18 ans” (17’20). Cette phrase a profondément influencé le rapport à la beauté de Maïa Mazaurette mais surtout son regard sur les effets de l’âge sur le corps d’une femme. “A 35 ans, je me disais mais qu’est ce qui va me tomber dessus à 40 ans ? [...] Parce que j’ai l’impression que c’est le dernier moment de ma vie où je vais pouvoir faire l’amour avec l’amant chinois” (18’12). Une peur dont elle s’est aujourd’hui librement défaite. 

C’est ce même livre qui, une fois adulte, poussera Maïa Mazaurette à aller sur les traces de l’enfance de Marguerite Duras, pour finir la rédaction de son livre Sortir du trou, lever la tête aux éditions Anne Carrière. L’amant de Marguerite Duras n’aura cessé d’accompagner la journaliste et autrice, de son adolescence à aujourd’hui. 

Cet entretien a été mené par Gladys Marivat. Maud Benakcha a fait le montage. Elle était également en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix, Maureen Wilson y était responsable éditoriale et Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.

Le Book Club est un podcast de Louie Media que vous pouvez retrouver sur notre site Louiemedia.com et sur toutes les plateformes d'écoute : Apple podcast, Soundcloud, Spotify

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Cet épisode a été diffusé la première fois le 21 janvier 2020.

Sophie Fontanel : "Je traite les vêtements et les livres de la même manière" [REDIFFUSION]

Sophie Fontanel est autrice et critique de mode. Son dernier ouvrage Les fables de la Fontanel s’amuse des mœurs amoureuses au temps des réseaux sociaux et des applications de rencontre. Sophie Fontanel nous emporte dans son appartement, face à sa grande bibliothèque où les livres ne cessent de s’empiler: “c’est exactement comme les vêtements: j’ai beau ranger, une semaine plus tard c’est le bordel” (2’31). Un coin reste pourtant immuable: sa collection des romans d’Agatha Christie, reconnaissables par leurs couvertures orangées, qui sont un “refuge” (3’44) pour l’écrivaine. 

Sophie Fontanel nous parle du roman L’île d’Arturo d’Elsa Morante, une histoire d’amour et d’ignorance sur l’île italienne de Procida. Arturo, un jeune garçon de 14 ans, tombe amoureux sans savoir encore ce qu’est l’amour: “Il ne sait rien et elle, elle sait tout” (10’22). Sophie Fontanel se retrouve dans ce personnage: “le parcours d’Arturo c’est le mien en fait, je sais pas, j’ai l’impression [...] de ne rien savoir à ce que c’est ensemble le sentiment amoureux et le désir” (11’03). Lire cet aveu lui a permis de se sentir “moins seule” (11’43).

Elle nous raconte également dans cet épisode comment est né son intérêt pour l’écriture et pourquoi elle entretient un rapport très décomplexé à ses écrits. “Je me dis que puisque mon écriture et ma vie sont une seule et même chose [...] je n’ai pas à avoir honte en fait” (6’41). Vite détachée de ses propres publications, elle ne prête pas non plus une plus grande importance matérielle à l’objet livre dont elle se sépare pour le faire vivre.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier qui a également envoyé les questions de cette interview à Sophie Fontanel. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Cet épisode a été diffusé la première fois le 23 juin 2020.

Alice Zeniter : “J'ai une admiration de romancière à romancière" [REDIFFUSION]

Les tragédies que subit un pays lui appartiennent, de manière presque intime. Elles appartiennent également à sa population, habitée par la mémoire de ces événements. Mais cette capacité à porter une histoire en soi ne s’arrête pas aux frontières. L’autrice Alice Zeniter n’est pas Nigériane, pourtant, en se plongeant dans le roman de Chimamanda Ngozi Adichie L’autre moitié du soleil, publié en 2006, elle s’est sentie transportée au cœur de la guerre civile qui a bouleversé le pays dans les années 1970. “Le Nigéria devient une part de ma carte intime” dit-elle. Ce livre qui l’a tant marquée devient alors une extension d’elle: “j’ai prêté mon corps aux personnages pour ressentir ce qu’éprouvait Adichie, et donc leur souffrance, leur traversée de la guerre elle est passée par moi, par cette identification, et du coup ça devient un peu mon histoire”. 

Pour Alice Zeniter, la lecture de ce roman est une expérience, mais aussi un cours d’écriture. Elle s’enthousiasme devant la plume de Chimamanda Ngozi Adichie, sa capacité à mélanger les genres et à s’approprier le roman de guerre, que l’on associe (à tort) plutôt aux écrivains hommes: “Je trouve ça admirable qu’elle n’ait pas eu peur de ça, qu’elle ait pu dire: ceci est ma place et c’est là que je vais déployer l’immensité de mon talent”. Elle-même autrice, elle lui voue une admiration “de romancière à romancière” qu’elle décrit dans ce nouvel épisode du Book Club spécial confinement. 

Entre ses lectures et ses rendez-vous à distance avec son éditrice, Alice Zeniter se confie également sur la prochaine rentrée littéraire et se demande si son mois de septembre sera comme les autres. En attendant, elle continue de travailler sur son roman même si elle a “vraiment des problèmes pour imaginer le futur ces derniers temps”.

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique.

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Cet épisode a été diffusé la première fois le 10 avril 2020.

Nina Bouraoui : “Je suis née dans une famille où les livres mangeaient l’appartement”[REDIFFUSION]

Nina Bouraoui est autrice. Comme dans beaucoup de ses livres, son dernier roman Otages, apporte une réflexion sur la place des femmes dans la société, et sur les violences qu’elles subissent. Il raconte l’histoire de Sylvie Meyer, une quinquagénaire en apparence sans soucis, qui est employée dans une usine de caoutchouc. Après une énième demande de son patron, elle décide de le séquestrer, révélant ainsi de profondes blessures refoulées depuis longtemps.

Dans cet épisode, Nina Bouraoui nous accueille dans son salon, devant sa bibliothèque qui fait office de “matrice du lieu”. Elle nous parle de son amour pour la Méditerranée, de sa jeunesse en Algérie. La romancière se confie aussi sur ses craintes de retourner un jour là-bas. “J’ai écrit une sorte de légende autour de ce pays, et cette fiction j’aurais peur qu’elle s'éteigne, qu’elle soit déçue”. Alors entre temps, elle lit. Beaucoup. Parmi ses auteur.ices algérien.nes favori.te.s, on trouve Albert Camus, qu’elle considère comme “un père algérien, qui a décrit l’Algérie comme [elle a] pu envisager de la décrire”

Elle nous présente Le Mausolée des Amants, le journal intime posthume de l’écrivain et photographe Hervé Guibert. Cet ouvrage retrace la vie de cet homme, tiraillé entre sa passion pour l’écriture, son combat pour faire accepter l’homosexualité, et sa maladie, le Sida. Des passages très crus parfois, mais que Nina Bouraoui relit sans cesse, tant elle est admirative du travail d’Hervé Guibert. “Il a cette façon d’écrire qui fait dire que finalement lorsqu’on a en soi cette dimension poétique, cette dimension esthétique de l’écriture, et bien je crois que l’on peut tout écrire”

Figure très présente dans la vie d’Hervé Guibert, c’est aussi grâce au Mausolée des Amants que Nina Bouraoui a découvert l’écrivain Thomas Bernhard, que nous recommandait Julia Kerninon dans l’épisode précédent du Book Club.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé les questions de cette interview à Nina Bouraoui. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions. Maureen Wilson est responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

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Cet épisode a été diffusé la première fois le 1er septembre 2020.

Rebecca Manzoni : "J'écris parce qu'on n'avait plus rien à se dire" [REDIFFUSION]

Entre un téléphérique jouet, des baguettes de batterie et un tipi d’enfant se dresse la bibliothèque vivante de Rebecca Manzoni, journaliste à France Inter. Chez elle, les livres se baladent sur le sol comme une trace des pérégrinations de toute sa famille. Depuis des années, elle a pris l’habitude de vivre ses livres: de les corner, de les recopier… que ce soit pour se souvenir, ou pour lui donner de l’inspiration. Dans sa chronique Pop N' Co elle fait entendre le monde à travers la musique. Et comprendre le monde, c’est l’un de ses leitmotiv. Pour se faire, elle lit beaucoup d’auteur.ice.s actuel.le.s : “C’est important de lire les livres d’auteurs contemporains pour savoir ce qu’il se passe, en tout cas pour avoir accès à des mondes que je n’ai pas l’occasion de fréquenter.” (30:33). 

Avec La place d’Annie Ernaux, le livre qu’elle présente dans ce dix-huitième épisode du Book Club, elle nous parle d’héritage: de monde qui a été et qui n’est plus vraiment, de traditions, d’éloignement et de déceptions jamais cicatrisées. Malgré l’importance que ce livre a dans sa vie, ça n’a pas été l’amour au premier regard. C’est au lycée qu’elle le découvre: ”Je suis complètement passé à côté de ce livre au début, je l’ai lu scolairement, car c'est quand même pas un livre très aimable.”(10:35)

Ce livre, qu’elle a relu par la suite, est alors devenu fondamental pour elle: “c’est un livre tellement important pour moi qu’il faut que les mots soient justes, je ne voudrais pas la trahir, Annie Ernaux”(11:42).

Cette autobiographie incarne le concept de transfuge de classe: le fait pour une personne de changer de milieu social au cours de sa vie. L’autrice Annie Ernaux y parle de son père. C’est “l’histoire de la vie de cet homme, d’un milieu populaire”(12:43) et de l’autrice/narratrice qui ”va prendre ses distances [avec ce milieu], mais c’est une souffrance” (12:56) résume Rebecca Manzoni.

Si la journaliste a choisi de nous parler de La Place, c’est qu’elle se sent très proche du vécu d’Annie Ernaux et de ce qu’elle décrit, que ce soit dans les relations entre les membres de sa famille ou du sentiment de trahison que ressent son père face au statut de transfuge de sa fille. C’est un livre qui l’a marquée car; “c’est quelque chose qui me touche énormément” (18:20), “mon père venait vraiment d’un milieu social tel qu’elle elle le décrit, avec l’immigration italienne en plus”, (21:53) et même si mon père est venu très régulièrement chez moi, je pense qu’il y avait cette idée de “tu ne me comprends plus, tu t’es trop éloignée”. (23:21)

Cet épisode a été mené et présenté par Agathe le Taillandier. Le montage, l’édition et la coordination ont été réalisés par Maud Benakcha. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix. La musique est de Pauline Thomson.

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Cet épisode a été diffusé la première fois le 17 mars 2020.

Camille Froidevaux-Metterie : “J’ai l’impression de faire un travail collectif avec toutes ces femmes” [REDIFFUSION]

Camille Froidevaux-Metterie est philosophe féministe, professeure de science politique et chargée de mission égalité diversité à l’université Reims Champagne-Ardenne. Elle nous invite dans sa “petite grotte”, son bureau où elle travaille, lit et parfois dort. Dans cet espace à elle seule, il y a “une grande bibliothèque en trois parties. Il y a des livres d’histoire et de philosophie d’abord qui remontent à mes années d’études et puis que je complète chaque année, chaque mois, quasiment chaque semaine. Il y a une bibliothèque de science politique qui correspond à mon travail d’enseignante. Et puis, la dernière, ma préférée j’allais dire… En tous cas celle qui aujourd’hui est la plus importante pour moi: ma bibliothèque féministe qui comporte beaucoup d’essais, beaucoup de philosophie. A la fois des classiques mais aussi des ouvrages plus récents. Et puis des ouvrages qui sont en quelque sorte le fondement de tout mon travail. Des ouvrages sans lesquels je ne pourrais pas faire ce que je fais”.  

Partie pour passer son confinement dans des essais féministes, Camille Froidevaux-Metterie s’est finalement tournée vers des romans et vers une histoire d’ours. Elle nous parle de Croire aux fauves de l'anthropologue Nastassja Martin: “Elle relate comment, alors qu’un jour elle s’était éloignée de ses compagnons de voyage, pour aller marcher seule dans la forêt elle a rencontré un ours. Quand je dis “rencontrer” vous vous doutez bien qu’il s’est agit de plus que d’une rencontre, d’un véritable combat d’un duel, d’une lutte corps à corps. Dont elle est sortie victorieuse puisqu’elle n’est pas morte mais avec une partie du visage arraché, restée dans la gueule de l’ours et puis aussi une jambe très abîmée”. Lecture de “déconfinement” pour Camille Froidevaux-Metterie, cette lecture et ce récit du rapport au corps l’ont bouleversée alors qu’elle était touchée physiquement et mentalement par le virus du Covid 19. 

Cet épisode est présenté par Agathe le Taillandier, Maud Benakcha était au montage, à l’édition et à la coordination. Tristan Mazire a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Camille Froidevaux-Metterie a publié récemment Seins. En quête d’une libération et La Révolution du Féminin est disponible en Folio. Ces deux ouvrages peuvent être retrouvés en format ebook. 

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode a été diffusé la première fois le 24 avril 2020.

Diglee : "Quand je lis quelqu'un, j'aime bien aller sur ses traces" [REDIFFUSION]

Lire, pour l’autrice et illustratrice Diglee, c’est mener une enquête. « Quand je lis des romans, je retrace ce qu’il y a de vrai dans le roman.» (23’35) « Ça ne m’intéresse pas de lire une histoire créée de toute pièce. » (24’00) 

Dans ce quatrième épisode du Book Club, Diglee nous entraîne dans sa bibliothèque « toute en bazar » (2’45). On y trouve en vrac des recueils de poésie, des livres qu’elle a illustrés, mais aussi des cartes postales anciennes et – plus surprenant encore – une boule de cristal. Beaucoup d’œuvres de sa collection ont été écrites par des femmes, et pour cause : la bibliothèque de Diglee est un temple en leur honneur. « Les prêtresses, ce sont les femmes chez moi : elles sont saluées, priées, louées. » (10’01). 

Férue de poésie, Diglee explique avoir un rapport instinctif aux mots : « En lisant un poème, je vais très souvent avoir envie de faire une image. » (4’10) Dans le cadre de son travail artistique, elle trouve régulièrement son inspiration dans l’œuvre des poétesses qu’elle admire : « Je vais à la chasse aux femmes qui écrivent de la poésie, et chaque mois je les illustre. » (3’45) 

Ce sont d’ailleurs trois livres de femmes que Diglee recommande : Inceste d'Anaïs Nin, la correspondance de George Sand et Alfred de Musset et Mon évasion de Benoîte Groult. Des ouvrages à teneur autobiographique qui ont permis à l’autrice de plonger dans la vie intime de ces trois femmes qu’elle admire : « Ce qui m’intéresse, c’est la vraie vie des gens, et ce qu’ils et elles ont à dire sur leur vie. » (21’50)

Ces trois autrices fascinent Diglee. Elle cherche inlassablement à rassembler des traces de leur passage sur terre, notamment les éditions originales signées. « Ça me bouleverse », explique-t-elle, les larmes aux yeux. (6’30) C’est d’ailleurs en lisant George Sand, qui avait entamé un voyage en Italie avec Musset en 1833, que Diglee a décidé de se rendre elle aussi à Venise. « J’avais besoin d’être dans l’endroit où ça s’est passé. » (29’30) 

Dans cet épisode, Diglee raconte que ces autrices l’ont apaisée, lui ont permis de gagner en confiance, et lui ont donné envie de s’affranchir de certaines normes sociales et sexuelles. Elle souhaite désormais leur faire honneur, afin qu’elles soient reconnues comme aussi talentueuses que leurs homologues masculins. « Aujourd’hui je suis complètement décomplexée de me dire que, pour le moment, j’ai besoin de porter les femmes qui écrivent. Les auteurs hommes n’ont pas besoin de mon soutien. » (42’51) 

Cet épisode du Book Club est sponsorisé par Audible. Cet entretien a été mené par Maud Ventura. Le montage a été réalisé par Maud Ventura et Iris Ouedraogo, qui était également en charge de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix et Charlotte Pudlowski à la rédaction en chef.

Le Book Club est un podcast de Louie Media que vous pouvez retrouver sur notre site Louiemedia.com et sur toutes les plateformes d'écoute : Apple podcast, Soundcloud, Spotify

Cet épisode a été diffusé la première fois le 28 aout 2019.

Tamara Al Saadi: lire mon arabité

Tamara Al Saadi est une autrice, comédienne et metteuse en scène. Née à Bagdad, en Irak, elle vit un exil en France à l’âge de cinq ans. Presque trente ans plus tard, elle décide de mettre la lumière sur la dualité identitaire qui l’a traversée dans sa pièce Place. Une création récompensée par le Prix du Jury et par le Prix des Lycéens du Festival Impatience 2018

Par son écriture, cette femme m’a rendu mon pays d’origine”. Dans cet épisode du Book Club, Tamara Al Saadi se confie sur son rapport à sa famille et nous présente le cadeau de sa sœur pour ses trente ans; le roman Dispersés de l’écrivaine et journaliste Inaam Kachachi. Un livre qui va bouleverser sa vie en mettant le doigt sur sa carence d’irakité. La clé était là. La littérature donne accès à un endroit, des cultures qui est très intime”. Ce roman nous invite à suivre une femme, Wardiya, prestigieuse gynécologue réfugiée à Paris. Une histoire qui pose la question du déracinement et dépeint la douleur de l’exil. J’ai réussi à le lire en entier et heureusement parce que clairement, il y a eu un avant et un après pour moi...”

Le prochain spectacle de Tamara Al Saadi s’appelle Brûlé.e.s et dénonce les stigmatisations dans les banlieues en confrontant le public à ses propres projections.Il sera présenté au CENTQUATRE-PARIS dans le cadre du festival Les Singulier.e.s. Un festival qui met à l’honneur des créations transdisciplinaires et dont le Book Club est partenaire. Théâtre, danse, musique, arts visuels et cirque se mêlent autour d’un thème commun: le portrait et l’autoportrait. Et pour cette nouvelle édition, le programme prend une couleur plus que jamais féminine. 

Ces prochaines semaines, vos épisodes du Book Club donnent la parole à des créatrices programmées dans ce festival. Et plus que jamais aujourd’hui, il est important de soutenir la culture. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marie Salah a envoyé le questionnaire à Tamara Al Saadi. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Elle a par ailleurs fait le montage de cet épisode et Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage. Mélodie Lauret et Antoine Graugnard en ont composé la musique. 

Cet épisode est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Mélissa Bounoua, directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale. 

Le Book Club est une production de Louie Media

La transcription de l’épisode est disponible ici.

Chloé Moglia : invitation dans le monde des lignes

Chloé Moglia est danseuse, trapéziste et directrice artistique de la compagnie Rhizome

Dans cet épisode du Book Club, la performeuse s’enregistre à une heure du matin dans sa campagne bretonne. Cette nuit-là, elle se confie sur le livre  : Une brève histoire des lignes de l'anthropologue anglais Tim Ingold. Un ouvrage qui lui a permis d’explorer sa pratique de la suspension et progresser sur son fil d’une manière différente dans ses spectacles aériens : “C’est un livre qui m’a mis dans des états de joie complètement dingue. Tim Ingold se donne la liberté de rassembler des choses que je n’avais vu personne rassembler”.

Cette “promenade” propose une réflexion sur les lignes qu’on ne voit pas, et qui sont omniprésentes dans notre quotidien. Elle démêle les relations entre des actions banales comme marcher, chanter ou encore écrire, et considère que tout ce qu’on fait s’apparente à faire des lignes : “C'est un peu bizarre comme ça. Mais ça ouvre au fait que, quand on se balade dans la forêt ou qu'on fait un trajet dans une ville, le trajet est une ligne. On dessine une ligne”.

Une ouverture sur le monde qui permet de penser la vie comme un ensemble d’éléments homogènes et inséparables qui constituent un tout : “Il met ensemble des orages et des limaces, ça m’a fait rire ! (...) C’est comme ci ça remettait le monde ensemble. Ça tisse des liens. Ça relie. Ça fait une religion de lignes”. 

Le dernier spectacle de Chloé Moglia cosigné avec Marielle Chatain s’appelle L’Oiseau Lignes. Cette œuvre joue avec ce principe de continuité dans l’espace : “A l'époque, quand je faisais du trapèze, il y avait les figures, et tout ce qui se trouvait entre les figures était très embêtant. Finalement, ce que j'appelle désormais la suspension, ce n'est fait maintenant que de ce qui était entre les figures”. Elle sera présentée au CENTQUATRE-PARIS dans le cadre du festival Les Singulier.e.s. Un festival qui met à l’honneur des créations transdisciplinaires et dont le Book Club est partenaire. 

Ces prochaines semaines, vos épisodes du Book Club donnent la parole à des créatrices programmées dans ce festival. Plus que jamais aujourd’hui, il est important de soutenir la culture.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe Le Taillandier. Maud Ventura a envoyé le questionnaire de cette interview à Chloé Moglia. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Elle a par ailleurs réalisé le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage. Mélodie Lauret et Antoine Graugnard ont composé la musique du podcast. 

Cet épisode est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Mélissa Bounoua, directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale. 

Le Book Club est une production de Louie Media.

La retranscription de cet épisode est disponible ici. 

Lisa Guez : Les vertiges des contes

Lisa Guez est metteuse en scène, dramaturge et enseignante-chercheuse. Son dernier spectacle Les femmes de Barbe Bleue est présenté au CENTQUATRE-PARIS. Il est lauréat du prix du jury et du prix des lycéens au Festival Impatience 2019: “On a repris le conte de Perrault et on a essayé de voir, à l’intérieur de ce conte, ce qui nous parlait encore aujourd’hui et comment on pourrait tisser des trajectoires de femmes de Barbe Bleue d’aujourd’hui”

Dans cet épisode du Book Club, elle s’enregistre en note vocale dans deux lieux différents: allongée sur le grand lit d’un appart hôtel à Bordeaux et dans un appartement parisien pendant que sa machine à laver tourne. Elle nous raconte Conte de celui qui s’en alla pour connaître la peur des frères Grimm. Un conte “extrêmement étrange, très très foisonnant. Je pense que, du coup, cette dimension foisonnante et cette étrangeté fait qu’il marque moins l’esprit enfantin que des contes plus classiques”.  L’histoire d’un homme qui part découvrir le monde dans le seul but de ressentir le frisson: “On peut comparer ça à quelqu’un qui décide de devenir, par exemple, artiste”

Ces prochaines semaines, vos épisodes du Book Club donnent la parole à des créatrices programmées dans ce festival. Plus que jamais aujourd’hui, il est important de soutenir la culture. Comme le dit Lisa Guez : “Le Covid est arrivé et pour le moment on fait très peu de notre tournée. Donc le festival Les Singulie.re.s, on l’attend un peu comme le Messie parce qu’on a extrêmement envie de reprendre notre tournée au CENTQUATRE-Paris.  On a beaucoup beaucoup beaucoup de désirs et on a beaucoup beaucoup d’espoirs sur les dates qu’on va pouvoir jouer enfin”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Oriane Olivier a envoyé le questionnaire de cette interview à Lisa Guez. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Elle a par ailleurs fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage. Mélodie Lauret et Antoine Graugnard ont composé la nouvelle musique du générique du Book Club.

Cet épisode est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Mélissa Bounoua, directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale.

Le Book Club est une production de Louie Media

La retranscription de l’épisode est disponible ici.

Juliette Navis : des désirs et un livre

La metteuse en scène et comédienne Juliette Navis a un jour décidé de regarder en face ses propres désirs. Un livre lui a tendu la main: L’amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence. “Ce livre est lié à un moment charnière de ma vie de femme. Je l’ai lu à un moment où j’ai dû faire un choix qui m’a énormément coûté et qui a été décisif sur le reste de ma vie”. Ce roman est le récit d’un amour passionnel et charnel dans lequel l’héroïne découvre son corps, sa sensualité et la force d’une sexualité dont elle méconnaissait la puissance:  “Ce livre m’a dit qu’il n’y avait pas de honte à avoir envie de chercher mon plaisir. Il m’a dit aussi que le plaisir était un chemin intime, noble et puissant et qu’il me permettrait de me retrouver”

Le dernier spectacle de Juliette Navis s’appelle J.C. Il sera présenté au CENTQUATRE-PARIS dans le cadre du festival Les Singulier.e.s. Un festival qui met à l’honneur des créations transdisciplinaires et dont le Book Club est partenaire. Théâtre, danse, musique, arts visuels et cirque se mêlent autour d’un thème commun: le portrait et l’autoportrait. Et pour cette nouvelle édition, le programme prend une couleur plus que jamais féminine

Ces prochaines semaines, vos épisodes du Book Club donnent la parole à des créatrices programmées dans ce festival. Plus que jamais aujourd’hui, il est important de soutenir la culture. Comme le dit Juliette Navis dans cet épisode: “Je pense que le spectacle vivant est nécessaire à l’équilibre d’une société [...] Je pense qu’on a besoin de partager des idées dans un même temps, ensemble. Dans un même lieu et dans un même temps”.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Elle a également envoyé le questionnaire de cette interview à Juliette Navis. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Elle a par ailleurs fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode. Les talentueux.ses Mélodie Lauret et Antoine Graugnard en ont composé la nouvelle musique du générique du Book Club.

Cet épisode est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Mélissa Bounoua, directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale.

Le Book Club est une production de Louie Media

La retranscription de cet épisode est disponible ici.

Marianne Chaillan : "Cette nouvelle a joué un rôle crucial dans ma vie" [REDIFFUSION]

Marianne Chaillan est autrice et professeure de philosophie. Dans sa salle de classe comme dans ses livres, elle veille à rendre accessible la philosophie en proposant des analyses de références de la pop culture. Dans son dernier livre Ainsi philosophait Amélie Nothomb, elle propose une rencontre entre la célèbre romancière et d’éminents philosophes. Dans cet épisode, elle nous accueille dans son bureau aux allures de “joyeux chaos”

Marianne Chaillan explique séparer dans deux bibliothèques distinctes les livres qu’elle possède. Dans son bureau sont rangés les ouvrages de philosophie, et dans sa chambre “tout ce qui est littérature”. Si elle différencie ainsi ses bibliothèques, c’est à cause de ce que dégagent la présence même des livres. “Je n’ai jamais pu avoir des livres de philosophie dans ma chambre par exemple, parce que j’ai toujours pensé que cela m’empêcherait de dormir, cela me mettrait des pensées peu propices à la quiétude et au sommeil”.

Marianne Chaillan nous parle de la nouvelle “La femme adultère” tirée du recueil L’Exil et le Royaume d’Albert Camus, découverte alors qu’elle avait 16 ans, en cours de français. Dans cette nouvelle, Albert Camus raconte le parcours d’une femme, Janine, qui “a fait le choix de l’existence confortable”, et qui, lors d’un voyage où elle aperçoit le désert, va réaliser l’étendue du champ des possibles auxquels elle a renoncé au fil du temps. Face à l’infinie succession des dunes de sable, elle saisit “pour la première fois à quel point elle s’est emmurée dans sa propre vie”, privilégiant la sécurité au prix de ses libertés. 

La lecture de cette nouvelle a marqué Marianne Chaillan “au fer rouge”. Elle a immédiatement été saisie d’une angoisse: “Mon idée fixe a été: comment ne pas devenir cette femme, comment ne pas un jour me retourner sur ma propre vie à 50 ans et me dire “Quoi? C’était ça ma vie?””. Terrorisée par l’idée d’un jour faire face à cette même réalisation, le personnage de Janine a accompagné Marianne Chaillan dans tous les choix auxquels elle a dû faire face au cours de sa vie. “Cette nouvelle m’a aidée, vraiment, mais de manière diffuse, latente, à chaque carrefour, à chaque fois que s’est posé pour moi entre la facilité de la route commune et la crainte que peuvent inspirer les chemins de traverse”. Aujourd’hui encore, cette histoire la guide, lui intimant “d'affronter le risque d’exister” et d’oser s’aventurer dans le désert. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marianne Chaillan a répondu aux questions de la journaliste Maud Ventura. Lucile Rousseau-Garcia a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode a été diffusé la première fois le 14 juillet 2020.

Marina Rollman : "La littérature te réconcilie avec l’idée que la tristesse c’est chouette aussi" [REDIFFUSION]

On se sépare des gens comme on se sépare des livres: dans la douleur et la nostalgie. On tourne cette dernière page en essayant de faire durer le plaisir, en profitant de la délicatesse de chaque mot, de la force de la syntaxe et de la complexité des personnages. A la différence près que les relations ne peuvent pas toujours être reconstruites, alors que nous pouvons relire sans fin les livres. Mais: “C'est ça qui est beau, de se dire "ça ne dure pas" donc kiffez ces plaisirs terrestres”.(12’55)

L'humoriste Marina Rollman, que l’on entend au micro de Maud Ventura, nous dévoile son livre - Un bonheur parfait  de James Salter. Ce roman, elle l’a ouvert pour la première fois à 20 ou 21 ans: “dans le bus.” (10’22) et, depuis il ne l’a pas quittée. Ce livre trace l’histoire d’un couple d’américains que l’on suit tout au long de leur vie, soit pendant une quarantaine d’années. Du point de vue de Marina Rollman, c’est un livre sur la beauté du quotidien, ce genre de livres qui “font apprécier la vie” (10’43) et ces auteurs ou ces artistes qui permettent de “mieux voir" (10’53) 

"Ca ne rend pas le monde beau, ça aiguise mon oeil" (11’20)

Marina Rollman qui “essaie d’être quelqu’un de culturé mais [qui] n’y arrive pas toujours” (1’48) nous accueille dans sa bibliothèque rangée par langues “Je lis beaucoup en anglais, un peu trop je pense, mon vocabulaire français s’est appauvri en fait” (2’26). La raison de ce rangement est simple: "Parfois la littérature francophone m'impressionne, je ne sais pas par où entrer” (2’45)

A la fin de cette rencontre, ce qui nous reste, c’est notamment cette phrase de Marina Rollman: “Je trouve ça toujours très beau les gens qui arrivent à concilier un intellect fou avec quelqu’un avec qui tu as envie de passer une soirée” (2’17) C’est exactement ce que l’on s’est dit en la découvrant un peu plus, elle, dans sa bibliothèque et à travers ses lectures de femme “woke, social warrior [et] féminazie” (6’36): la sensation d’avoir passé un temps précieux avec une femme avertie, forte et engagée.

Cet épisode a été mené par Maud Ventura. Le montage a été réalisé par Amel Almia. Maud Benakcha a été en charge de l’édition et de la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet était au mix. Cet épisode est présenté par Agathe Le Taillandier. 

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 3 mars 2020.

Delphine de Vigan : “Certains livres m’ont ouvert des portes” [REDIFFUSION]

Delphine de Vigan est écrivaine, scénariste et réalisatrice. Au micro de Clémentine Goldszal, elle nous fait découvrir sa bibliothèque et nous présente trois livres qui l’ont marquée. Trois oeuvres littéraires écrites par des femmes : L’Empreinte d’Alex Marzano-Lesnevich aux éditions Sonatine, Le Présent Infini s’arrête de Mary Dorsan aux éditions POL et Tropique de la violence de Nathacha Appanah aux éditions Gallimard. 

Pour moi écrire, c’est trouver sa propre langue sans cesse et tenter, si possible, de la préserver si tenté qu’on l’a trouvé. Dans ce premier épisode du Book Club, Delphine de Vigan nous fait visiter sa bibliothèque, partiellement composée de livres de sa grand-mère et de sa mère. Elle nous explique comment ces livres, qu’elle chérit tant, l’aident parfois dans la construction de ses propres oeuvres littéraires (7’25). Elle évoque aussi sa peur d’être influencée par une voix qui n’est pas la sienne dans ses périodes d’écritures (9’55). 

Puis, l’écrivaine nous raconte sa rencontre avec l’autrice de L’Empreinte, Alex Marzano-Lesnevich, comment elle s’est jetée sur son livre (13’44) et les similarités avec son roman Rien ne s’oppose à la nuit, publié aux éditions JC Lattès (19’43). Je suis intimement convaincue que le fait que ce livre (Rien ne s’oppose à la nuit) existe, désamorce en partie toutes ces choses qui hantent les familles, tous ces secrets, tous ces non-dits qui hantent les familles et les rongent(20’07) 

Delphine de Vigan nous dit pourquoi Le Présent Infini s’arrête de Mary Dorsan est un récit qui dérange mais aussi à quel point il est juste (22’13) et comment ces livres peuvent changer le regard du lecteur (26’52).

Enfin, l’écrivaine française raconte comment Tropique de la violence de Nathacha Appanah a rythmé son été (30’40), la complexité du processus d’adaptation cinématographique de ce livre, comment faire pour ne pas perdre la beauté d’une oeuvre littéraire quand on passe de l’écrit à l’image (33’53) et en quoi Tropique de la violence est un livre politique. 

Cet entretien a été mené par Clémentine Goldszal. Pauline Thompson a composé la musique. Maud Ventura était à l'édition et à la coordination. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mix. Charlotte Pudlowski était à la rédaction en chef.

Cet épisode est sponsorisé par Audible.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 9 juillet 2019.

Lison Daniel : "On passe beaucoup de temps à se regarder passer à côté de sa carrière" [REDIFFUSION]

Lison Daniel est scénariste et comédienne. En ce moment elle participe à l’écriture d’une série pour Netflix sous la direction de Fanny Herrero, la créatrice de la série Dix pour Cent. Elle tient aussi le compte instagram les.caractères, où elle incarne avec humour une galerie de personnages du quotidien, plus ou moins caricaturaux. On y rencontre Aurélie, esthéticienne à Marseille, Isabelle, une quadra qui a très mal vécu son confinement sur la côte d’Emeraude, ou encore Yvan, psychanalyste à la mine renfrognée. 

Les ami.e.s de Lison Daniel le lui disent volontiers en découvrant sa collection de romans et de pièces de théâtre: elle “n’est pas fâchée avec la lecture”. La comédienne aime flâner pendant des heures dans la librairie en bas de chez elle, à la recherche de nouveaux ouvrages. “Je parcours les rayonnages et je laisse faire parce qu'il y a toujours un livre ou deux qui m'interpelle. Le titre, l'auteur, la quatrième, il y a toujours quelque chose qui m'intrigue”

Dans cet épisode elle nous présente le livre Martin Eden, de l’écrivain américain Jack London. Ce roman d’aventures suit le jeune matelot Martin Eden près de San Francisco dans les années 1920. De condition très pauvre, il se lance pour défi de se cultiver, afin de séduire Ruth, une jeune femme issue de la bourgeoise dont il est éperdument amoureux. Cette soif de connaissances fait naître en lui le désir de devenir écrivain. Il s’efforcera alors de réaliser son rêve, envers et contre tout. Lison Daniel découvre ce roman pour la première fois il y a trois ans. “Quand je le lis, je suis dans une espèce de brouillard professionnel horrible. Je veux être comédienne, je veux être scénariste, mais en fait, je suis surtout serveuse parce qu’aucun agent ne veut de moi, parce qu’aucune boîte de production ne veut travailler avec moi”. La “ténacité incroyable du personnage” frappe la jeune femme, qui tire de cet ouvrage la force de persévérer dans le milieu artistique. La même année, elle lance le compte les.caractères avec sa cousine Laura. “J'ai décidé de ne pas attendre qu'on vienne me chercher et de faire mes choses de mon côté”. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marine Revol a envoyé les questions de cette interview à Lison Daniel. Clémence Lecart a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination de ce podcast, avec l’aide de Lucile Rousseau-Garcia.

Marion Girard est responsable de productions, Maureen Wilson, responsable éditoriale. Mélissa Bounoua est directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

Pour que les podcasts de Louie soient accessibles à toutes et tous, des retranscriptions écrites des épisodes sont disponibles sur notre site internet. Si celle de l’épisode que vous cherchez n’est pas encore disponible, vous pouvez nous écrire à hello@louiemedia.com

Cet épisode est une rediffusion. Il a été diffusé la première fois le 18 août 2020.

Marion Montaigne : “Est-ce que je pourrais vivre en me roulant dans des frites?”

Marion Montaigne est illustratrice et autrice de bandes dessinées ainsi que blogueuse. Elle tient le blog humoristique de vulgarisation scientifique Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même), qu’elle a par la suite adapté en BD. Munie de sa plume et de son encre de chine, elle s’est donné pour mission de rendre les sciences accessibles à tous.tes.

Marion Montaigne n’est ni chercheuse, ni physicienne. Elle n’a pas de diplôme dans le domaine, et d’ailleurs elle ne cherche pas à en avoir. “Je veux juste comprendre ce qu’on fait et avoir un avis”. Plus un sujet lui paraît ardu, plus elle a envie “de le décortiquer”. Telle une détective lancée sur une enquête, elle se documente, collecte l’information, la recoupe, puis la retranscrit à sa manière. Marion Montaigne veut montrer qu’il n’y a pas besoin d’être un grand scientifique pour s’intéresser à la science.

Pour cet épisode du Book Club, Marion Montaigne nous présente le livre Milieu animal et milieu humain du biologiste allemand Jakob Von Uexkull, un ouvrage qui lui a “un peu retourné la tête”. C’est à travers cette lecture qu’elle découvre les différences de perceptions du monde par les animaux, entre eux, mais aussi entre les humains et les animaux. “Il m’a fait comprendre qu’on ne peut pas saisir le monde étranger d’un animal sans comprendre son Umwelt, son monde”. Marion Montaigne est à la fois admirative et perplexe devant cette altérité du monde animal, qu’elle aimerait comprendre. 

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Oriane Olivier a envoyé le questionnaire de cette interview à Marion Montaigne. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du Book Club. Elle a fait le montage de cet épisode avec Clémence Lecart. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique.

La retranscription de cet épisode est disponible ici.

La littérature pour éclairer l’actualité

Faire ressentir le monde, c’est ce que nous essayons de faire, dans nos productions, chez Louie Media. L’un de nos biais pour le faire, est de réfléchir grâce à la littérature. Dans cet épisode, Agathe le Taillandier est allée interviewer Magali Lafourcade. Elle est magistrate, docteure en droit spécialisée des droits humains et secrétaire générale de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme.

Pour éclairer l’actualité, la magistrate se réfère à quatre œuvres littéraires pour nourrir notre réflexion sur les libertés, les violences systémiques et sur nos droits. Elle a choisi de nous parler de: Dernière sommation de David Dufresne, 1984 de George Orwell, King Kong Théorie de Virginie Despentes et Le Massacre des innocents, les oubliés de la République de Michèle Créoff et Françoise Laborde. Dans cet épisode, plus que jamais, la littérature nous aide à penser le monde dans lequel nous vivons. 

Agathe le Taillandier présente le Book Club et a interviewé Magali Lafourcade. Maud Benakcha qui est à l’édition et à la coordination du podcast a réalisé le montage de cet épisode et Jean-Baptiste Aubonnet en a fait le mixage. 

Cet épisode est également rendu possible grâce à Maureen Wilson, responsable éditoriale, Marion Girard, responsable de production, Mélissa Bounoua, directrice des productions et Charlotte Pudlowski, directrice éditoriale. 

La retranscription de l’épisode est disponible ici.

Dima Abdallah : “Le geste créatif est profondément révolté”

Dima Abdallah est autrice. Née au Liban à la fin des années 1970, alors que le pays est en proie à la guerre civile, elle s’installe en France avec une partie de sa famille à l’âge de douze ans. En août 2020, cette archéologue de formation publie son premier roman, Mauvaises Herbes. Pour cette publication elle obtient la mention spéciale du jury du Prix de la littérature arabe 2020. Dima Abdallah y fait le récit d’une petite fille libanaise. Contrainte de quitter Beyrouth pendant la guerre pour venir en France, elle trouve refuge dans son amour pour la nature. 

L‘ouvrage que Dima Abdallah a choisi pour cet épisode du Book Club fait partie des classiques de la littérature. Elle nous présente la pièce de théâtre Les Justes d’Albert Camus. L’histoire de ce groupe d’activistes russes qui planifie l’assassinat d’un despote résonne en elle et la renvoie à son passé pendant la guerre: “on peut perdre de son humanité en croyant défendre une cause qui nous semble primordiale”. La violence peut-elle être justifiée par une cause juste? Et puis, “qu’est-ce qui est juste finalement?” Dima Abdallah trouve dans cette pièce de théâtre des pistes de réflexions à ces questions universelles et tellement d’actualité. 

Dans cet épisode, Dima Abdallah aborde aussi comment exprimer la violence à travers les livres. L’autrice, tout comme Albert Camus qu’elle admire tant, est convaincue que la littérature peut être un vecteur efficace pour en parler, la dénoncer, et surtout “lutter contre son absurdité”

Dima Abdallah recommande également la lecture d’Un jour ce sera vide, premier roman d’Hugo Hindenberg, sorti en septembre 2020. Vous pouvez retrouver l’interview de l’auteur par Charlotte Pudlowski, dans notre podcast Fracas.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Maud Ventura a envoyé les questions de cette interview à Dima Abdallah. Lucile Rousseau-Garcia  a fait le montage de cet épisode. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. Maud Benakcha est à l’édition et à la coordination du podcast.

Ce podcast est également rendu possible grâce à Marion Girard, responsable de productions. Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

La retranscription de cet épisode est disponible ici.

Uèle Lamore : “J’adore me perdre dans des mondes imaginaires”

Uèle Lamore est cheffe d’orchestre. C'est elle qui dirige l’Orchestre Orage, un orchestre français de musiques actuelles. Uèle Lamore est aussi compositrice et arrangeuse pour d’autres artistes et pour le cinéma. Pour chacune de ses créations, elle cherche à raconter "une histoire”. Dans son premier EP Tracks, sorti en septembre 2020, la musicienne retranscrit en mélodie sa propre histoire, au travers de deux villes qu’elle aime particulièrement: Kyoto au Japon et Vitry-sur-Seine en banlieue parisienne. 

Dans cet épisode du Book Club, Uèle Lamore nous parle d’un chef-d'œuvre de la littérature fantastique, et de la littérature britannique: Le Hobbit, de J. R. R. Tolkien. Enfant, c’est grâce à ce livre qu’elle apprend à lire et à écrire en anglais, avec l’aide de son père. Sur le moment, l'apprentissage est rude. Ce n’est que quelques années après, en le relisant, qu'elle est transportée par le monde que l'écrivain a inventé. “Il va vraiment de A à Z avec son univers”. Uèle Lamore est fascinée par la minutie avec laquelle J. R. R Tolkien construit ce monde parallèle, dans Le Hobbit d’abord, puis dans sa suite, la trilogie du Seigneur des Anneaux. “Tout est expliqué et explicable”. 

L'œuvre de J. R. R. Tolkien permet aussi à Uèle Lamore d’échapper à son quotidien. Durant son enfance et son adolescence, elle est beaucoup moquée pour être une “geek”, une de ces personnes “cheloues qui traînaient entre {elles} et qui faisaient des trucs bizarres avec des cartes”. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est même devenu plutôt “cool” d’avoir des références comme Le Hobbit en poche. Et la cheffe d’orchestre ne peut que s’en réjouir. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur le métier de cheffe d’orchestre et sur la place des femmes dans ce domaine professionnel encore très masculin, nous vous conseillons de vous rendre sur les sites de l'Association française des orchestres et le Fevis.

Le Book Club est un podcast présenté par Agathe le Taillandier. Marie Salah a envoyé les questions de cette interview à Uèle Lamore. Maud Benakcha  a fait le montage de cet épisode. Elle est également à l’édition et à la coordination du podcast. Jean-Baptiste Aubonnet a fait le mixage de cet épisode et Pauline Thomson en a composé la musique. 

Ce podcast est également rendu possible grâce à Marion Girard, responsable de productions. Maureen Wilson responsable éditoriale. Mélissa Bounoua directrice des productions et Charlotte Pudlowski directrice éditoriale.

La retranscription de l’épisode est disponible ici.